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Jeu, Nov
lundi, 14 avril 2014 00:00

«NÉBULEUSE» AUTOUR DE LA SUPPRESSION DU SCRUTIN DE VILLE Macky se met à dos opposition et…alliés

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A moins d'un véritable séisme, le code électoral révisé en relation à l'Acte III de la décentralisation va régir les Locales du 29 juin prochain. Malgré les sorties au vitriol de l'opposition, des partis non alignés comme de certains de ses alliés au sein de Bennoo Bokk Yaakaar récusant le mode de scrutin arrêté pour l'élection des maires principalement dans les villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès, Macky Sall persiste et signe dans son schéma de «désignation» des membres du Conseil municipal devant choisir le premier magistrat de ville dans ces localités. 

 

Pourtant, les récriminations se font au quotidien qualifiant ledit scrutin de véritable nébuleuse, voire de stratagème pour déboulonner Khalifa Sall de Dakar, Pape Sagna Mbaye et Malick Gackou (futur candidat) de Guédiawaye, voire Idrissa Seck de Thiès. Des bastions électoraux sur lesquels le nouveau parti entend poser sa mainmise en perspective de la présidentielle de 2017.
 
La disposition du Président Macky Sall de supprimer le scrutin de ville, lors des élections locales du 29 juin prochain, n’a pas encore fini de défrayer la chronique et de susciter de plus en plus les récriminations de la classe politique sénégalaise. Voté en effet sur fond de divergence à l’Assemblée nationale, le lundi 07 avril, le code électoral révisé en rapport avec l’acte III de la décentralisation inaugure un nouveau mode d’élection des maires, principalement dans les villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès, qui est en passe de créer la suspicion et la levée de boucliers de toutes parts.

Et pour cause, son arbitrage ayant été sollicité par les acteurs politiques afin de résorber les blocages constatés au niveau de la révision du code électoral, surtout pour ce qui concernait la clé de répartition à adopter pour le scrutin mixte, le chef de l’Etat et président de l’Apr a visiblement coupé…la poire en deux. Macky Sall avait ainsi décidé « de faire valoir la position de certains membres des partis de l’opposition qui ont proposé un scrutin départemental avec une clé de répartition privilégiant 55% d’élus sur la liste proportionnelle et 45% d’élus à partir de la liste majoritaire ». Et vraisemblablement, en contrepartie, le maître du jeu avait pris l’option que : « pour ce qui concerne les villes (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès), les candidats élus proviendront des scrutins majoritaire et proportionnel organisés dans les communes qui constituent l’agglomération urbaine».
 
L’incidence immédiate, décriée par l’opposition parlementaire quoiqu’elle ait choisi de faire preuve, contre tout paradoxe, de neutralité lors du vote de la loi électorale à l’hémicycle, était que les listes de villes étaient supprimées. Comme le notera d’ailleurs dans un journal de la place Amadou Sène Niang, spécialiste en décentralisation, « désormais, il n'y aura plus de candidat à l’échelle de ville. Les maires de ville proviendront des conseillers des communes ». 
 
A l’inverse des Locales de 2009 qui avaient vu des coalitions portant des projets de villes entrer en compétition pour la conquête de la mairie ( par exemple à Dakar, Bennoo Siggil Senegaal avec comme tête de liste Khalifa Sall), les joutes de 2014 prônent d’abord l’élection des conseillers dans les 19 communes de la capitale sénégalaise, avant leur « désignation » au scrutin majoritaire et proportionnel pour siéger au Conseil municipal et élire le futur maire de la capitale. Une désignation qui va se faire d’ailleurs suivant un quota déterminé par le Président lui-même, par le biais d’un décret d’application et de convocation du corps électoral. Suffisant pour déclencher la levée de boucliers contre un mode de scrutin taxé de tous les pêchés d’Israël, sinon d’essence électoraliste. 
 
Levée générale de boucliers
 
Des partis de l’opposition comme des non alignés regroupés autour de l’Initiative pour la préservation des acquis démocratiques (Ipad) n’ont pas ainsi cherché de midi à quatorze heures pour dénoncer un « système électoral rétrograde qui bafoue les règles démocratiques et les principes de la décentralisation », qui exclue « les minorités et ne favorise pas la pluralité». Au cœur de la contestation, Ndiaga Sylla de l'Alliance Jëf Jël, membre de l’Ipad et plénipotentiaire du pôle des partis non alignés à la revue du code électoral, démontrera (en référence aux articles 167 et 92 du code des collectivités locales) que la nouvelle loi est forte de gaps en totale opposition avec les principes les plus élémentaires de la démocratie participative. 
 
Tout au contraire du ministre de la Jeunesse Benoît Sambou, chargé des élections de l’Apr qui a trouvé plus « démocratique » le schéma retenu. « Avant, on pouvait être maire sans pourtant gagner sa commune. Désormais, il faudra mouiller le maillot pour être maire ». Qui plus est, dira le ministre de la Jeunesse et de la promotion des valeurs civiques, relativement à la controverse autour du terme « désigner », « il y aura une élection (des conseillers) au niveau de chaque commune. Ensuite, il y aura un décret (présidentiel) qui va fixer le nombre de conseillers qui va constituer le conseil de ville. C’est la même chose qui se fait en France». Une comparaison réfutée par les acteurs politiques dont Ndiaga Sylla qui ont argué que le schéma hexagonal a été mal copié au Sénégal, pour diverses diverses raisons sur lesquelles nous reviendrons.
 
Les bastions électoraux, en ligne de mire
 
Dans son arbitrage relatif à la revue du code électoral, Macky Sall ne s’est pas seulement mis à dos la grande majorité de l’opposition (comme Pape Diop, l’ancien premier magistrat de Dakar et leader de Bokk Gis Gis en croisade contre la suppression du scrutin de ville). Pas mal de ses alliés contestent aujourd’hui le futur mode d’élection des maires à Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès. Pour la plupart d’entre eux,  le dessein secret du nouveau pouvoir est de fragiliser les maires de ces villes et d’asseoir sa mainmise sur ces bassins électoraux en direction de la présidentielle de 2017. Du coup, la guerre promet d’être fratricide, subodorent  bien d’observateurs de la scène politique, surtout quand on sait que les visées de l’Apr sur la capitale sénégalaise et à l'entour  vont rencontrer la résistance des maires sortants, membres de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar qui a porté la candidature de Macky à la présidentielle de 2012. En l’occurrence, le socialiste Khalifa Sall à Dakar, les progressistes Pape Sagna Mbaye à Pikine et Malick Gakou (futur candidat) à Guédiawaye et dans une moindre mesure l'indéracinable Idrissa Seck à Thiès. Des esprits espiègles parleront même d’un scrutin anti-MIK (destiné à déraciner Malick Gackou, Idrissa Seck et Khalifa Sall et faire ainsi main basse sur leurs localités, ô combien stratégiques).
 
En tout état de cause, force est de constater que l’option de Macky Sall de supprimer le scrutin de villes dans ces localités, pour les prochaines locales, a la saveur d’un coup de poker pour l’Apr et son patron. Lesquels espèrent rééditer leur triomphe à la présidentielle de 2012 dans ces villes (sauf à Thiès) en obtenant le 29 juin prochain le plus grand nombre de conseillers municipaux, les nouveaux électeurs des maires de ces villes. Ce qui n’est pas donné d’avance surtout à Dakar et Thiès où trône l’indéracinable Idrissa Seck.

Dans la capitale sénégalaise par contre, le maire sortant est crédité d’un bilan positif (désencombrement des artères de Dakar, recasement des marchands ambulants, bénéfice des programmes Lait à l’école, voire Santé à l’école) et est favori à sa propre succession. Déjà,  certains partis politiques de la mouvance présidentielle (Ld de Mamadou Ndoye et Tekki du député Mamadou Lamine Diallo),voire même de l’opposition se disent prêts à se ranger aux côtés du maire de Dakar qui conduira, selon toute vraisemblance, la liste de sa formation politique (le Parti socialiste). Des « Verts » qui entendent certes aller aux Locales dans Bennoo Bokk Yaakaar, comme ressassé partout par leur leader Ousmane Tanor Dieng, mais qui ne se laisseront certainement pas fragiliser par la boulimie de l’Apr. A moins d’un clash ouvert au sein de la majorité présidentielle, synonyme d’éclatement définitif de la majorité comme annoncé pour après les Locales par la majorité des analystes politiques.
source: http://www.sudonline.sn/macky-se-met-a-dos-opposition-etallies_a_18411.html

 

 

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