C’est la conviction du commissaire Cheikhna Cheikh Sadbou Keïta. Il était hier l’invité de l’émission dominicale de Walf Tv, Opinion. Répondant à une question sur le degré d’implication de Macky Sall dans la gestion de cette affaire, l’ancien directeur de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) dit n’exclure aucune autorité étatique. «Dans cette affaire, personne ne peut être exclu de responsabilité. Tout le monde a sa part de responsabilité parce que nous sommes dans un système d’Etat. Macky Sall est un citoyen qui exerce la responsabilité de président de la République. Il n’a pas le droit et le pouvoir de faire n’importe quoi aux institutions parce qu’il a des limites objectives qui s’imposent à lui», réagit le commissaire Keïta sur les antennes de la télévision privée du Front de terre.

L’invité de Pierre Edouard Faye est très convaincu de cette responsabilité en cascade. Raison pour laquelle il se dit d’avis que «cette affaire a été jugée dès le début avant que cela ne parle». Et la transition est toute trouvée pour parler des saisies détournées. De cette manière, le commissaire Keïta semble avoir apporté des éléments de réponse à cette question : la destination des drogues saisies étant entendu qu’elles ne sont jamais présentées au procès. Ce, malgré les nombreuses plaintes et complaintes des avocats car seuls des procès-verbaux de constat sont acheminés devant les juges. «Comment pouvez-vous comprendre que de la drogue saisie soit laissée entre les mains des gens dans une administration ; le tribunal ne contrôle pas, personne ne contrôle. Ce sont des dizaines de kilogrammes qui sont jetés dans un coffre entre les mains de quelqu’un avec une petite clé qui peut tout en faire, sans être surveillé. Le jour de l’incinération, c’est toute cette drogue du Sénégal qui migre vers l’Ocrtis avec des gens qui peuvent tout en faire. Ils l’ont fait pendant longtemps». Détournement et recyclage des scellés Dans un rapport transmis à l’ancien ministre de l’Intérieur, Pathé Seck, le commissaire Keïta avait constaté que son prédécesseur était de mèche avec des trafiquants. Dans ce rapport, il expliquait que trois trafiquants lui avaient proposé un deal, comme ils le faisaient avec son prédécesseur, moyennant 30 millions de francs. C’est suite à cette accusation que Pathé Seck avait qualifiée de «règlement de comptes» que Niang a été remplacé à la tête de la police par Anna Sémou Faye.

Ensuite, l’enquête administrative a culminé avec la radiation du commissaire Keïta de la police nationale. Aujourd’hui, ce qu’il n’a pas pardonné au général Pathé Seck, c’est d’avoir proposé au poste de directeur général de la police nationale un homme visé dans une enquête, notamment le commissaire Niang. C’est aussi d’avoir tenté de sauver sa peau face à un dossier qui pourrait l’éclabousser. «Quand des individus qui savent qu’ils ont en face des dossiers qui risquent de les éclabousser, quand l’autorité, plutôt que de traiter à temps cette affaire, quand il fallait ouvrir une enquête correcte, créent le scandale pour cacher le fait d’avoir proposé quelqu’un concerné même à tort par un dossier. Quand l’autorité crée un scandale, invente une version et ouvre la porte à toutes les accusations sans tenir compte du contenu des rapports qu’il avait et qui le renseignaient sur le mode d’opérer de tous ceux qui s’intéressaient à l’argent de la drogue, il lui très facile de dire à n’importe qui il a dit ceci».

Pape NDIAYE

SOURCE:http://www.walf-groupe.com/actualites/810-affaire-de-la-drogue-dans-la-police