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lundi, 12 mai 2014 00:00

Ibrahima Diaby, Grand prix du chef de l’Etat en 1999: Un inventeur prolixe

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Le lauréat du Grand Prix du chef de l’Etat pour l’invention et l’innovation technologiques de la région de Dakar en 1999 pour la fabrication d’un réchaud à pétrole est bien  dans l’univers des inventions au Sénégal. Il a remporté plusieurs distinctions au niveau national et international pour ces travaux qui, en plus de résoudre des problèmes des populations, contribuent à la protection de l’environnement. C’est de l’invention écologique. Ce spécialiste des constructions métalliques est loin d’être un autodidacte. Il a d’abord enseigné dans les lycées techniques avant de faire un tour dans les organismes internationaux pour ensuite revenir dans les salles de classe « par accident ».

L’inventeur du four amélioré, Ibrahima Diaby jouit d’une reconnaissance  dans l’univers des inventeurs sénégalais. Cet homme de teint clair n’est pas un autodidacte. Il a suivi le chemin qu’il faut pour produire des choses originales. Ce Sénégalais est titulaire d’un certificat d’enseignement technique et pratique depuis 1981 option construction métallique. Il n’y a pas une barrière entre les connaissances théoriques et la pratique. Il essaie, lorsqu’il a le temps, de concevoir. M. Diaby a été moulé pour cela. Nous pouvons aussi dire quelque chose sur le lien qu’il entretient avec tout le matériel servant au chauffage. Nous sommes tentés d’en déduire que c’est son domaine de spécialisation. Il est l’auteur de plusieurs inventions. Parmi les plus connues, il cite  le fourneau amélioré mixte bois-charbon, un réchaud mixte pétrole-biocarburant, un modèle de fer à repasser à gaz breveté par l’Organisation africaine pour la propriété intellectuelle (Oapi) en 2004, un modèle de four mixte bois-biogaz. Ibrahima Diaby s’attarde sur la dernière invention qui a été primée en 2013 dans la catégorie des 100 meilleures inventions de l’Afrique pour le développement durable. « Le lien commun de mes inventions, ce sont les économies d’énergies domestiques. Mes travaux sont tournés vers la préservation des forêts, de l’environnement parce que c’est en préservant l’environnement que nous pouvons développer l’agriculture et assurer la sécurité alimentaire », argumente Ibrahima Diaby. Je veux, dit-il, contribuer avec passion à la valorisation de nos produits locaux.

Dans son atelier où il passe presque toutes ses heures perdues, il ne comprend pas pourquoi les inventeurs ne sont pas présentés comme des modèles dans les pays comme les nôtres qui accusent un retard de développement. « Au Sénégal, il y a des personnes qui travaillent, mais on parle peu de ces dernières. Les inventeurs manquent de visibilité au Sénégal. Nous n’avons pas de partenaires qui nous accompagnent. En réalité nous n’avons pas d’industriels à l’image de ce que nous voyons en Europe, car là-bas les industriels prennent le risque de se lancer dans la promotion des découvertes », confesse-t-il.

La passion transparaît dans  son discours. Lui est plus chanceux que d’autres inventeurs. Il a eu à bénéficier de l’accompagnement de l’Agence sénégalaise pour la promotion de l’innovation et d’Enda énergie qui a quelque part inspiré son four amélioré mixte pouvant être alimenté par le bois, le gaz butane ou le biogaz et qui est adapté aussi bien en milieu rural que  dans les centres urbains, autant pour les ménages riches que pour ceux à revenus modestes.

Une invention adaptée au contexte local
Avec ce four amélioré, on peut fabriquer entre 300 et 400 miches de pain par jour, faire de la pâtisserie, de la torréfaction du café, de l’arachide, des noix d’acajou, griller de la viande, sécher des fruits et légumes.  « Ce four est un équipement de cuisson adapté au contexte socio-économique africain. Il est fabriqué localement et s’entretient facilement. Son coût de production est relativement faible par rapport au four électrique importé et a l’avantage de présenter les mêmes qualités », défend l’inventeur. Il ajoute : « Mes inventions ne sont pas des technologies de pointe, mais des technologies adaptées pour répondre aux préoccupations locales. En général, ma création part des problèmes que rencontrent les populations. Il y a la passion  certes, mais aussi le souci du développement », répète-t-il. Au-delà, il pose des actes de réduction de la vulnérabilité et de préservation de l’environnement. Cette invention, si elle est utilisée à grande échelle en milieu rural, permettra aux femmes d’exercer moins de pression sur nos maigres réserves forestières. Ibrahima Diaby ne cache pas cette préoccupation environnementaliste.

L’exploitation de ce four, avance Ibrahima Diaby, offre des opportunités de création d’au moins 10 emplois permanents pour la production de pain et 20 autres sur la chaîne de la vente. Mais son invention, le four, n’est pas encore utilisée à grande échelle. Avec l’accompagnement de l’Agence nationale des éco-villages du Sénégal, il a vendu 10 fours mixtes.

Ces inventions lui ont valu une nomination à de hautes fonctions. Il intervient aussi dans des champs un peu éloignés de ses compétences. Il a été expert international à l’Organisation internationale du travail (Oit) et affecté en Mauritanie en qualité de chef de projet du Pnud/Oit entre 1983 et 1990. Par la suite, il devient le directeur de l’Ong américaine Appropriate technology international (Ati/USaid). L’homme est méthodique. Malgré ses hautes fonctions, il parvenait à trouver du temps pour réfléchir et sectionner des métaux dans son atelier. Puisque durant cette période, il était au four et moulin. Il était le principal artisan de la mise au point du fourneau amélioré « Diambar » et de sa vulgarisation.

Durant la même période, il fabrique la pompe à pédales pour l’irrigation des exploitations agricoles du Sénégal et des pays de la sous-région. « Je n’ai pas pris de vacances scolaires depuis 10 ans. Après mon passage dans les organismes internationaux, je suis revenu par accident dans les classes pour enseigner. Mais ce retour m’a permis de me replonger dans les inventions. Je passe plus de temps dans mon atelier, tout cela demande de l’organisation », avance-t-il. Comme tous les grands inventeurs ou les grands scientifiques, il est resté très simple. Il veut rester à côté des populations pour porter leurs préoccupations et apporter des réponses à leurs problèmes. Une telle posture, une telle mission départ avec la distanciation. Auteur de plusieurs inventions, il a fait progresser la connaissance dans la promotion des technologies moins consommatrices d’énergie fossile.

Idrissa SANE


SOPHIE GLADIMA SIBY, DG DE L’AGENCE NATIONALE DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET APPLIQUÉE (ANRSA): « LA RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT NE DOIT PAS SUPPLANTER CELLE DITE FONDAMENTALE »
Notre pays abritera du 13 au 15 mai prochains la deuxième édition du Salon africain de la recherche et de l’innovation au Sénégal placée sous la présidence du chef de l’Etat, Macky Sall. La directrice de l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée (Anrsa), Sophie Gladima Siby, a montré, au cours de cet entretien, qu’il y a des niches d’emplois dans le secteur de la recherche.  L’universitaire milite pour un équilibre entre la recherche de développement et celle dite fondamentale.

La deuxième édition du Salon africain de la recherche et des innovations au Sénégal va se dérouler du 13 au 15 mai. Quelles sont vos attentes pour cette édition ? 
Nous cherchons à créer cette synergie que le chef de l’Etat veut autour des initiatives des acteurs de la recherche. Il s’agit, entre autres, de mettre les chercheurs en contact avec les industriels ou bien les opérateurs civils et la population. Lorsque je parle de population, il y a d’abord le public, les élèves, les étudiants et les autres acteurs. Donc c’est vraiment pour créer ce cadre d’échanges. C’est une plateforme d’échanges et de discussions entre les différents acteurs. Le thème de cette année est : «synergie des acteurs et créateurs d’emplois ». Le chef de l’Etat, Macky Sall, a promis plus de 500.000 emplois. Cela est possible. Le secteur de la recherche peut apporter une contribution à la réalisation de cet objectif. C’est dans ce cadre que nous voulons exploiter tous les résultats de la recherche pour essayer de voir ce qu’il faut faire pour créer des emplois pour les femmes et les jeunes.  

Combien de chercheurs compte le Sénégal ? 
Nous n’avons pas encore fait l’inventaire. Nous travaillons sur cette question. Nous sommes en train de constituer une base de données. Ce travail va non seulement concerner ce qui est valorisable, mais aussi tous les résultats de la recherche.

Comment vulgariser les résultats de la recherche ? 
La recherche de développement n’était pas tellement le fort des pays africains francophones. On voyait bien la différence entre le Ghana, le Nigéria et les pays francophones depuis des années. Dans l’espace francophone, les jeunes attendent toujours qu’on leur donne quelque chose à faire. Ils ne cultivent pas cet esprit d’entreprenariat. Mais il y a un début de changement.

Lorsque je prends le cas de l’enseignement supérieur, toutes les réformes vont dans ce sens. Maintenant on se rend compte que ce système Lmd devrait permettre le contact entre le chercheur et le monde extérieur. Quand on dit monde extérieur, il y a plusieurs cibles. Le public que nous souhaiterions avoir, c’est le secteur privé. Les plantes comme le «Nébéday» a des atouts, mais aucun industriel sénégalais n’est venu pour essayer de valoriser ce produit. Au Kenya ou au Ghana ils font la poudre à base des feuilles «Moringa», une plante plus connue sous l’appellation « never die », qui est vendue en pharmacie. Les Allemands ont mis au point des gélules de «Moringa » pour montrer sa richesse en fer et en calcium. Au Sénégal, les religieuses de Keur-Moussa l’utilisaient beaucoup. La grande recherche serait de montrer la technologie qui permettra de soigner telle où telle autre maladie, mais aussi la composition chimique de ce «Moringa». Il en est de même pour le baobab. Tout le monde sait qu’il est riche en calcium. Les Allemands l’utilisent. J’ai déjà vu une publicité où l’on montre le fruit du baobab au petit déjeuner mélangé avec quelque chose pour donner du tonus au matin.

Donc voilà des niches où les industriels devraient pouvoir accompagner la recherche. Une fois que ce produit est vendu, il y aurait un certain pourcentage qui devrait pouvoir être réintroduit à l’Université pour l’équipement et l’amélioration de la qualité des produits.  

Il y a plusieurs structures qui s’occupent de la recherche au Sénégal. Est-ce que cette pluralité n’est pas source de dispersion ? 
A mon humble avis, je ne dirais pas que la recherche est dispersée. Il y a beaucoup de choses à faire aujourd’hui pour y arriver, il faut dissocier la recherche. Par contre je ne suis pas d’accord quand vous dites que la recherche est dispersée. Il y a plusieurs types de recherche. Il y a ce qu’on appelle la recherche fondamentale qui doit théoriquement rester à l’université, la recherche développement. Cette dernière ne doit pas supplanter la recherche fondamentale. Nous ne devons pas négliger la recherche fondamentale en ne faisant que celle orientée vers le développement. Lorsque je prends l’exemple de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), ses travaux doivent se poursuivre. Il en est de même pour le travail qui se fait dans le secteur de la santé, notamment avec l’Institut Pasteur pour la mise au point des vaccins. Donc toutes ces recherches sont complémentaires. C’est cette synergie qui devrait être créée au Sénégal. En fait, c’est ce qui manquait. L’Agence est là pour mettre les résultats de la recherche à la disposition des personnes qui veulent les valoriser.

Propos recueillis par Idrissa SANE


PROMOTION DES SCIENCES, DES INVENTIONS… : « LE SOLEIL » CRÉE  LA RUBRIQUE « INVENTEURS ET CHERCHEURS DE CHEZ-NOUS »
Le quotidien national « Le Soleil » compte donner une nouvelle dimension à la promotion des résultats de la recherche, des innovations, des inventions  avec la rubrique « Inventeurs et chercheurs de chez-nous ». Cette nouvelle rubrique, qui paraîtra tous les lundis, se veut un espace de vulgarisation des inventions, des innovations, et des résultats de la recherche qui ont eu des impacts réels sur les conditions de vie des Sénégalais. Il est admis que l’absence de promotion des résultats de la recherche est la principale contrainte à leur exploitation, à leur application.

Toutes les personnes qui ont fait des inventions, des innovations  ou qui ont contribué à faire avancer la Science peuvent nous contacter au mail suivant : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

SOURCE:http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=39355:ibrahima-diaby-grand-prix-du-chef-de-letat-en-1999-un-inventeur-prolixe&catid=140:actualites

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