Centenaire du quartier : La Médina, une vieille dame qui peine à tenir son rang
Écrit par SENETOILE NEWS
Cent ans déjà que la ville de la Médina a été créée (arrêté n° 1467 du 19 Septembre 1914 signé par le Gouverneur William Ponty). L’objectif était de déplacer une partie de la population autochtone du Plateau vers les environs immédiats. Zone de choix, la Médina suscitait alors beaucoup d’envies. Cette convoitise s’explique par deux raisons : d’une part la proximité immédiate avec le centre-ville, d’autre part une architecture de choix qui sortait de l’ordinaire, avec des bâtiments souvent construits sur le modèle typiquement colonial.
Vue d’en haut, la Médina offre un plan d’urbanisation qui sort de l’ordinaire et capte l’attention voire même l’admiration. La cité, équitablement répartie du Nord au Sud, de l’Est en passant par l’Ouest, dresse un paysage sous forme de damier. Les rues sont construites dans une perspective de droiture et s’érigent de la Rue 1 à 45. Tel est le paysage tracé à la Médina et qui devait, dans le temps, s’inscrire dans une perspective d’amélioration du cadre de vie.
Selon les propos de Bamba Fall, maire adjoint de la ville de Médina, « le modèle du plan directeur des infrastructures routières revu en 1996 est excellent ; des spécialistes sont unanimes là-dessus. La Médina n’est cependant plus extensible, nous ne disposons plus de réserves foncières, souligne le maire.
Une population galopante au fil des ans
« Au début, la localité devait accueillir 50.000 âmes, tout au plus. Aujourd’hui, nous en sommes à pas moins de 150.000, regrette le maire. Nous sommes également confrontés à un réel problème d’assainissement. Aussi, nous avons constaté la vétusté des tuyaux qui devaient contenir chacun 100 litres ; aujourd’hui c’est le triple qu’ils renferment », souligne-t-il. La gestion de l’assainissement n’étant pas transférée, nous ne pouvons que nous en tenir aux actes posés par le gouvernement. Avec l’application de l’Acte 3 de la décentralisation, la gestion de l’assainissement va revenir aux élus locaux ; et c’est seulement à ce moment-là que nous pourrons faire quelque chose dans ce sens, préconise le conseiller Bamba Fall qui fait office, depuis quelque temps, de premier magistrat de la commune d’arrondissement de la Médina.
L’élu local regrette également que la Médina ne dispose pas d’hôpital digne de ce nom. L’unique centre de santé qui se trouve ici est classé niveau III. En outre, il y a également le centre de la fondation Elisabeth Diouf, une structure privée, note-t-il. Nous ne disposons pas de lycée mais juste un Cem. Le stade Iba Mar Diop qui est dans un état déplorable est toujours géré par l’armée.
Comme pour atténuer la liste d’infrastructures à construire, le maire note : « Nous disposons cependant d’une maison des jeunes et des femmes ».
Du fait de sa position stratégique, la Médina attirent commerçants, structures privées et étatiques. La localité est également submergée par des marchés de rue qui s’érigent partout, notamment ceux des chinois occupant toute l’Allée du Centenaire. Il faudra les déloger pour donner le boulevard sa splendeur d’antan, annonce le maire. Les sièges de la Bceao, de la Rts, de la Banque de l’Habitat et du Cosec sont également établis à la Médina. Au départ, la population de la Médina était essentiellement composée de Lébous. Parmi les douze « Pencc » que comptent Dakar, les six sont logés à la Médina (Santhiaba, N’Garaaf, Kaye, Ousmane Diène, Diecko, Thieurigne, M’bakeundeu). La Médina, de par sa position géographique et la diversité de ses activités, reste un grand foyer de mouvements. Le quartier n’est cependant pas épargné par la reconstitution sociale et physique des zones urbaines du Sénégal (exode rural, phénomènes migratoires, renouvellements des générations). La majeure partie des personnes qui y vivent ne sont pas propriétaires. Cela explique, aux yeux de Ndèye Fatou Mbengue, habitante de la Médina qui a la quarantaine, « les perpétuels allers et retours de la population qui y vit ». La population est estimée à 150.000 habitants. La Médina compte actuellement treize quartiers dirigés par des délégués. La population cosmopolite est composée de musulmans en majorité et de chrétiens.
Médina, c’est aussi ces figures de leurs époques
La Médina abrite aussi le cimetière des abattoirs, où sont enterrées des figures politiques d’une grande envergure. Blaise Diagne et Lamine Guèye reposent en effet dans ce lieu.
Médina, c’est aussi ces figures religieuses, saints hommes qui ont marqué l’histoire : Seydi Hadji Malick Sy qui a d’ailleurs donné le nom de la Médina en référence à Médinatoul Mounawara, la ville sainte d’Arabie Saoudite, dernière demeure du Prophète Mohamed (PSL). Mame Limamoulaye est également passé à la Médina. Il fut propriétaire de la maison qui abrite aujourd’hui la mairie de la commune d’arrondissement.
Par Oumar BA
Etre un « boy medina » : Une fierté en perte de vitesse
L’orgueil d’être un « Boy Médina », fils de la Médina, n’a-t-il pas perdu son sens et sa signification au fil des ans ? Longtemps galvaudé par les habitants de ce quartier qui fête cette année ses 100 ans, ce terme semble aujourd’hui renvoyer à une connotation péjorative. A tort ou à raison. Pour certains, les cas de déviance et de perversion constatés aujourd’hui s’expliquent par plusieurs facteurs dont le sous-emploi, le chômage, le manque de formation et de qualification des jeunes.
Par S. Diam SY et Ndiol M. SECK
Autrefois, être issu de la Médina communément appelé « Boy Médina » relevait d’une grande fierté. Cela était synonyme de courage, d’abnégation, de vouloir-être, etc. Au fil du temps, ce terme longtemps galvaudé par des stars issues de la Médina a perdu son sens. Il est devenu péjoratif. Pour le président du comité d’initiative pour l’organisation des activités marquant le centième anniversaire de la Médina, Ousmane Ndoye, c’est l’accroissement de la population et le chômage accru des jeunes qui ont fait que ce terme a perdu son sens et sa signification.
A l’en croire, c’est cela qui explique les cas de déviance constatés à la Médina. Alors que la styliste-costumière et initiatrice du carnaval de Dakar, Oumou Sy, relativise la situation. « La perversion s’est maintenant installée partout. On la retrouve dans des endroits où on n’y pense même pas », explique-t-elle. A son avis, tout dépend de la volonté des autorités municipales et des habitants. Pour elle, cette fierté demeure toujours. « La Médina est un lieu de ressourcement et de savoir-vivre. Dès qu’on est là, on est rassuré. On sait que la bénédiction est là », ajoute-t-elle, tout en réitérant son engagement à accompagner les jeunes pour leur insertion professionnelle.
Abdou Khadre Gaye, président de l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad) et coordonnateur du festival mémoires des penc et villages de Dakar, est du même avis. Mais est-ce que cette fierté est corroborée par un bon comportement ? s’interroge-t-il. Parfois, dit-il, « c’est une fierté mal placée ». La conviction de M. Gaye est que cette fierté doit s’accompagner d’un bon comportement. « Il faut qu’on incarne des valeurs qui font la pulsion de cette fierté. Qu’on soit respectueux de la personne humaine ; qu’on ne soit jamais un menteur parce que le mensonge pervertit les mœurs ; qu’on ne soit pas un voleur ni un être traîné dans la boue. Ce sont ces valeurs qui étaient incarnées par les dignitaires de la première génération », a-t-il martelé.
Pour lui, le centenaire de la Médina doit être une occasion pour s’enraciner dans ces vertus de courage, de rigueur, qui sont des traits de caractères essentiels pour un bon Médinois. Il a également rappelé qu’au lendemain du naufrage du bateau « Le Joola » en 2002, l’Emad avait lancé le Pacte pour le civisme et pour la citoyenneté. « C’est un engagement citoyen, volontaire et personnel pour le respect des règles de la vie en communauté. Le changement de comportement est un processus assez long. La responsabilité est d’ailleurs partagée. Il faut que chacun joue son rôle pour que la prochaine génération change définitivement de comportement, car une conduite qui ne se décrète pas par un coup de baguette magique ni par un discours. C’est un travail de longue haleine », ajoute M. Gaye.
Des références
Abdoulaye Makhtar Diop, Grand Serigne de Dakar, chef de la collectivité lébou, reconnaît, quant à lui, qu’il y a une signification péjorative dans cette expression longtemps galvaudée. Chacun doit être fier de son attachement à son terroir. Ainsi compris, dit-il, « les jeunes de la Médina ont raison d’être fiers de leurs parents qui ont suivi le droit chemin, malgré qu’aujourd’hui il y a des promotions sociales douteuses ».
Citant des hommes de valeurs à l’image de Me feu Birame Sassoum Sy, El Malick Sy Souris, le Pr Ndiaye ophtalmologue, l’architecte Djiby Diagne Khaly, Marus Diagne, président des urbanistes du Sénégal, l’artiste-compositeur Youssou Ndour, l’ex-gardien de l’équipe nationale du Sénégal, Cheikh Seck, etc., que la Médina a engendré, M. Diop estime que les jeunes de la Médina ont raison d’être fiers des « boys Médina » « pour être des références et tirer les jeunes ». « S’ils le disent, c’est parce qu’il y a eu à l’époque une culture de la Médina tout comme celle de Dakar », insiste-t-il.
Quand on était jeune, ajoute le chef suprême de la collectivité lébou, « notre référence était Lamine Diack, étudiant, sportif, etc. ». Pour lui, il ne doit pas y avoir une politique de jeunesse mais des politiques de jeunesse. « Chaque jeune a son centre d’intérêt. Il y a plusieurs profils en fonction des ambitions et des milieux. C’est pourquoi il est difficile de répondre par l’affirmative en soutenant que les gens de la Médina ont tels profils ou tels autres », explique-t-il, soulignant qu’aujourd’hui, les jeunes de la Médina peuvent devenir des artistes, etc.
Selon le président du comité d’initiative pour l’organisation des activités marquant le centième anniversaire de la Médina, Ousmane Ndoye , des activités de sensibilisation seront initiées et menées au cours des festivités. « Nous allons lutter contre ce phénomène, en sensibilisant les jeunes pour une plus grande conscience citoyenne. Nous nous emploierons à leur donner une formation qualifiante pour leur faciliter leur insertion professionnelle », promet-il.
Abdoulaye Makhtar Diop, grand Serigne de Dakar : « Le transfert de Dakar à la Médina ne s’est pas fait dans la douceur »
Le colonisateur n’a pas obtenu le transfèrement de la collectivité lébou de Dakar vers la Médina sur un plateau d’argent. Les Lébous avaient opposé une farouche résistance à l’administration coloniale de l’époque. Si l’on en croit Abdoulaye Makhtar Diop, l’intervention du guide religieux de Tivaouane, Seydi El Hadji Malick Sy, a été décisive pour convaincre les Lébous de quitter le Plateau.
Selon le Grand Serigne de Dakar, chef suprême de la collectivité lébou, Abdoulaye Makhtar Diop, le visage de la Médina ne peut pas changer du jour au lendemain. Ce quartier, explique-t-il, est très caractéristique de l’habitat lébou qui se distingue par de grandes concessions où la famille au sens large s’est toujours retrouvée. « La conséquence est que la dévolution successorale est difficile. C’est pour cette raison qu’un siècle après, à part quelques poches qui sont en train de se moderniser, le reste du quartier demeure en l’état », reconnaît le Grand Serigne de Dakar qui précise que dans tous les pays du monde, « il y a des zones qui retracent l’histoire du pays, et la Médina reste une illustration de ce fait au Sénégal ».
Pour l’ancien ministre des Sports, l’initiative de célébrer ce centenaire rappelle les liens sociaux bâtis autour de la Médina par l’illustre El Hadji Malick Sy avec le consentement de la collectivité lébou. Toutefois, affirme-t-il, le transfert de cette collectivité de Dakar à la Médina ne s’est pas fait dans la douceur.
« Il y avait une forte opposition de la collectivité lébou. Le gouverneur de l’époque avait déployé les forces de maintien de l’ordre qui faisaient face aux Lébous sur le lieu où se trouve actuellement le marché Sandaga. C’est grâce à l’intervention d’El Hadji Malick Sy que les Lébous ont accepté de s’installer dans un premier temps à Tilène », rappelle-t-il. Pour M. Diop, cette partie de l’histoire mérite d’être saluée. Sa conviction est que la préoccupation des colons n’était pas l’agrandissement de Dakar, mais c’était d’accaparer le centre de la ville dans sa totalité, en prétextant un motif sanitaire, notamment la peste.
« Ce qu’ils ont développé dans les manuels est totalement faux. L’histoire de l’implantation coloniale à Dakar était extrêmement difficile parce que Dakar n’a jamais été colonisée par les Français. C’est par un accord en 1857 entre les dignitaires lébous et le gouverneur de l’époque que la France a pu mettre pied à Dakar », rectifie le Grand Serigne. A son avis, l’administration française était restée à Gorée et 30 ans après, il fallait lui trouver de l’espace pour installer une gendarmerie ainsi que d’autres institutions. « La véritable histoire du déplacement vers la Médina n’est pas une affaire sanitaire liée à la peste, mais c’était un besoin de l’administration coloniale de s’étendre et d’avoir de l’espace pour ses services », a fait savoir le député.
Pour la modernisation de la Médina, il estime que les populations doivent se rapprocher de l’autorité municipale pour voir la meilleure manière de valoriser leurs terrains sans pour autant quitter le quartier. « C’est une politique que nous voulons développer. Par exemple, si on a 1000 m2 de terrain, mieux vaut négocier avec les banques pour construire sa maison, habiter en bas et louer le reste. Parce que si on ne le fait pas, comme beaucoup de capitales, les originaires vont quitter », avertit M. Diop.
S. Diam SY et Ndiol M. SECK
La collectivité Lébou et la Médina : Au début, était un faux prétexte…
La Médina accueille le siège de la collectivité lébou. Mais ce ne fut pas toujours le cas. Retour sur une relation fusionnelle imposée par l’administration coloniale sous un faux alibi
Depuis sa création en 1914, la Médina rime avec collectivité lébou. Et pourtant la relation fusionnelle qu’entretiennent aujourd’hui ce quartier et cette communauté tient d’un faux prétexte. Un faux alibi avancé par les colons qui voulaient s’accaparer des stratégiques terres et espaces du Plateau. Dans un contexte où l’évocation de la maladie de la peste suffisait pour installer la panique dans l’esprit des « indigènes », c’était bien joué. « L’administration coloniale, voulant s’installer au Plateau où il n’y avait pas beaucoup d’espace, a tiré prétexte de la maladie de la peste pour essayer d’évacuer les populations. Et il y a eu des heurts violents. Finalement El Hadji Malick Sy est intervenu en médiateur, a calmé les dignitaires lébous et les a convaincus de s’installer à l’actuel Médina», narre le Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop. L’histoire venait de prendre un tournant décisif. La communauté lébou, plus de deux siècles après son installation au Plateau, qui s’arrêtait alors à l’actuel marché Sandaga, a été ainsi contrainte de migrer à la périphérie, à l’emplacement même de ce qui était leur champ de culture, Tilène, qui commençait alors à Reubeuss. Une déchirure ? Non, rétorque l’actuel chef de la collectivité lébou. Pour Abdoulaye Makhtar Diop, « la relation entre les Lébous de Dakar et la Médina s’inscrit dans un ordre normal d’évolution d’une société qui s’est installée depuis toujours dans le Plateau ». A l’en croire, la Médina, avec le Plateau, représente l’authenticité même de la collectivité lébou de Dakar.
L’attachement des Lébous de Dakar à la Médina se mesure à la douleur de l’enfantement de cette relation. Cette localité, c’est la Mecque de la collectivité lébou de Dakar. Et pour cause, la Médina abrite six des douze « Pinthies » de la communauté lébou. Il s’agit de Mbakendeu, de Thieurigne, de Ngaraf, de Kay Ousmane Diène, de Ndieuf et surtout de Santhiaba le siège. Lieu sanctuarisé où se déroulent les grandes cérémonies notamment l’installation du Grand Serigne, le Pinthie de Santhiaba est en effet niché au cœur de la Médina. « Le Santhiaba actuel se trouvait à l’avenue Lamine Guèye angle Faidherbe. Malgré le changement de localité, nos ancêtres ont tenu à conserver Santhiaba comme siège. Avec tout ce qu’il y a comme totems et valeurs fondamentales, c’était une décision importante et cruciale », indique Abdoulaye Makhtar Diop, qui ajoute qu’à la Médina, la collectivité lébou a ses arbres totems et ses lieux de prière ; bref toute une tradition et de valeurs chères à ce peuple de l’eau.
A l’époque zone d’excroissance de la communauté lébou, la Médina présente cependant aujourd’hui une image qui ne paie pas de mine. Surpeuplement, chômage des jeunes, problèmes d’assainissement, etc., ont sacrément balafré le visage de la coquette Médina d’antan.
« Cette situation est caractéristique de toutes les capitales du monde. La Médina, étant un point stratégique de la capitale du Sénégal, ne pouvait pas, à mon avis, échapper à la macrocéphalie de Dakar. Donc l’évolution démographique, la migration interne et externe ont fait ce que la Médina est aujourd’hui. C’est une situation qu’il faut comprendre dans ce sens et réfléchir sur une politique d’urbanisation », juge le Grand Serigne de Dakar.
Doudou Ndiaye Rose, tambour-major, fils de la medina : « C’est une initiative géniale »
Venu assister à la séance de lecture du saint Coran organisée en prélude aux festivités marquant les 100 ans de la Médina, le tambour-major Doudou Ndiaye Coumba Rose a salué l’initiative qui vise à se pencher sur le devenir de cette commune. « Elle est géniale », dit-il. Selon lui, il est bon de s’arrêter et de réfléchir sur l’avenir de la Médina, surtout sur l’éducation des enfants. « Je suis fier d’être un Médinois. C’est dans ce quartier que j’ai passé toute ma jeunesse. Tous mes enfants y sont nés. J’ai obtenu tout ce que j’ai grâce aux gens de la Médina », a-t-il indiqué. D’ailleurs, M. Ndiaye s’est dit disposer à créer un hymne pour la Médina en compagnie de ses collègues batteurs de la Médina comme Vieux Sing Sing Faye, El Hadji Masseck Fatma Ndiaye, etc. « Il faut qu’on fasse quelque chose de grandiose pour la célébration des 100 ans de notre quartier.
Journée de l’arbre pour les batteurs de tam-tam
Par ailleurs, le tambour-major a fait état de son intention d’organiser une journée nationale de l’arbre. Depuis que je suis né, a-t-il souligné, « je ne me rappelle pas avoir vu des batteurs de tam-tam s’intéresser à la plantation d’arbres, alors qu’ils en ont tellement coupé ». C’est pour cette raison qu’il est en train de mener une campagne d’information et de sensibilisation auprès de ses collègues pour l’organisation d’une journée nationale de l’arbre. « Depuis quatre mois, je suis en train de sensibiliser les batteurs du pays. Il faut vque chaque batteur de tam-tam plante un arbre et lui donne le nom de son grand-père », a-t-il conseillé.
S. Diam SY et Ndiol M. SECK
Coutumes et traditions : L’hospitalité légendaire de la collectivité lébou
Même si les temps ont changé, les Lébous sont restés constants et fidèles à leur hospitalité. L’imam de la grande mosquée de Dakar, Pape Alioune Moussa Samb, rappelle ici cette hospitalité légendaire de la collectivité lébou.
« L’histoire du Penc Santhiaba et la coutume lébou sont indissociables ». Cette précision émane de l’imam de la grande mosquée de Dakar, en marge de la journée de consultations médicales gratuites tenue au Penc Santiaba, le samedi 15 février dernier. A cette occasion, Pape Alioune Moussa Samb a précisé que ses ancêtres ont quitté le Plateau, Thieurigne, Mbackeuneu et environs pour venir s’installer à la Médina. « C’est une partie de Dakar qui est venue s’installer ici », a-t-il rappelé. Aussi, l’imam de la grande mosquée de Dakar a salué l’hospitalité agissante des Lébous. « La culture lébou n’a pas changé. Aujourd’hui, on retrouve la même tradition, les mêmes pratiques et la même hospitalité chez les Lébous », a-t-il ajouté.
« Dès qu’un hôte se présente, il est bien accueilli et traité. Même si les temps ont changé, les Lébous sont restés constants et fidèles à leur hospitalité. Leurs références demeurent le Coran et la Sunna », s’en est félicité l’imam Samb. A l’en croire, c’est grâce à cette hospitalité qu’il est rare de voir un malade mental lébou errer dans les rues. « S’il s’agit d’un homme, on lui trouve une épouse », a-t-il indiqué. « La communauté lébou est fière de ce qu’elle est », dit-il, saluant également le respect de la hiérarchie dans cette collectivité. Selon M. Samb, avant de prendre une décision qui a des conséquences d’ordre public, le dignitaire lébou consulte toujours sa supérieure hiérarchique.
« Jusqu’à un passé récent, nos mosquées avaient des chambres réservées à des étrangers. Par prudence, nous demandions la pièce d’identité de la personne avant de l’héberger. Maintenant, il y a des risques qui font qu’on est plus prudent en la matière », a ajouté le guide religieux. « C’est pourquoi, lorsque les colons sont venus ici, ils ont constaté que nous étions unis. La France ne nous a jamais colonisés. Les colons étaient nos alliés car ils ont trouvé une collectivité lébou unie et soudée. Par la suite, ils ont signé un pacte de confiance de 60 ans avec nous. Si nous l’avions voulu, la collectivité lébou n’allait plus faire partie du Sénégal », a précisé l’imam, avant d’ajouter : « mais, nous sommes des Sénégalais à part entière ».
La Médina, une tanière de sportifs
La Médina, âgée de 100 ans, a cohabité avec des figures emblématiques du sport. Le sport a toujours était une activité très prisée pour les jeunes de la Médina. De la lutte à l’athlétisme, en passant par le football et la boxe, ce quartier fut le creuset de nombreux talents.
Par Serigne Mansour Sy CISSE
Le responsable de la communication du Comité national de gestion (Cng) Thierno Ka souligne que des grands noms du sport se confondent avec le passé du quartier. Il cite à ce propos Youssou Dièye, Djiby Ndiaye, Falaye Baldé, Doudou Diatta, Niabaly (lutteur amateur), Boy Kaïré et d’autres lutteurs qui ont contribué au développement sportif de la Médina. Mieux, cette localité a toujours été un quartier de footballeur. Le célèbre chanteur Omar Pène du Super Diamono n’a-t-il pas chanté le club mythique du Diaraf qui est dix fois champion du Sénégal de 1970 à 2010 ?
Il faut reconnaître que dans les annales de la Médina, on se souvient de Doudou Ndiongue, Matar Niang, Wagane Diouf (ancien président du Diaraf), Mbaye « Elastique », Séga Cissé qui avait fini de monter sa propre équipe, Séga Sakho, ancien international de football, Maguette Ba, Cheikh Ahmet Tidiane Seck, ex-portier international des Lions de la Teranga durant les années 80 et 90.
Au courant de l’année 1970, Trésor Sporting club (Tsc), une formation de basket-ball, a accueilli bon nombre de basketteurs. A l’image d’un creuset de potentiels, ce quartier a aussi formé des boxeurs comme Bathie Dragon (poids léger) et Pierre Ammon Ndiaye qui habitait la Rue 9x16. Séduit par cette émulation, Youssou Ndour, lead vocal du Super étoile, lui aussi natif de la Médina, n’a pu s’empêcher de dire « que dans chaque réussite, il y a la main d’un fils de la Médina ».
Nostalgie des hauts faits sportifs
Par ailleurs, le porte-parole du Cng se rappelle aussi des moments où il jouait à l’Uassu, aux navétanes avec les Asc Damels et Hlm. « A notre époque, il fallait avoir une moyenne semestrielle de 12/20 pour prétendre faire le sport de son choix. Il n’y avait pas cette animosité entre les équipes adverses comme nous le voyons de nos jours», se rappelle l’ancien étudiant de Science Po Paris.
Cet ancien fonctionnaire de la Banque centrale fut un pratiquant du hand-ball dans les années 69 et 76. Mais aujourd’hui, Thierno Ka se désole du calendrier des navétanes qui empiète trop sur l’année scolaire et éloigne du coup certains élèves des classes. « Les matches commençaient au mois de juin pour prendre fin en septembre », dit-il sur un ton ferme.
En 2014, alors que la Médina commémore ses 100 ans, M. Ka constate le manque de sportivité et les divergences entre dirigeants et sportifs. L’on peut citer récemment le cas du Diaraf qui, lors d’une dernière assemblée générale, avait montré une telle pathologie avant que Wagane Diouf ne passe le témoin à Cheikh Ahmet Tidiane Seck. Quant à l’ancien international des années 70, Séga Sakho, il note : « Ce sont les supporters de nos jours qui mettent de l’étincelle pendant ou après les matches.
Il n’y avait pas de violence à notre époque». L’ex-ailier gauche qui a joué en France dans un club de 3ème division, regrette aussi l’absence de « base affective de nos clubs et Asc ».
Séga, comme l’apostrophe ses proches, rappelle que la Médina a connu des légendes du sport telles que El Hadji Malick Sy Souris, ex-président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), son frère Pape Sy, El hadji Amadou Dia Ba, vice-champion du monde à Séoul en 1988, Cheikh Ba, Mbaye Fall, (le colonel) Habib Seck frère de Cheikh Seck et Lémou Ndoye de Gorée entre 1969 et 1970.
MEDINA : Un bouillonnement culturel et des artistes de talent
Du point de vue culturel, la Médina est un quartier qui regorge de talents, qui, chacun dans son domaine, essayent tant bien que mal de représenter cette cité. De Ndiaye Lô Ndiaye en passant par Badara Mbaye Kaba, Youssou Ndour ou encore Books le rappeur, des artistes ont habité cette localité et l’on dignement représenté.
Par A. M. NDAW
Quand on parle de la Médina, un nom vient à l’esprit, Youssou Ndour. Ce dernier fait la promotion de cette localité à travers la célèbre chanson « Médine » où il exhorte les populations à la débrouillardise pour tirer leur épingle du jeu. Une attitude qui montre l’engagement de cette star pour cette zone qui l’a vu naître. La Médina, c’est également la famille Sing Sing, une lignée incarnée par le Vieux Sing Faye où « Mbacc Gueweul Ndakarou » (le griot de Dakar), père du talentueux percussionniste Mbaye Dièye Faye du Super Etoile de Dakar. La légende raconte que l’ancêtre de la famille Sing Sing a rencontré le génie protecteur de Dakar, Leuk Daour Mbaye. Ce dernier, après un échange, lui donna l’autorisation et le secret qui lui auraient permis d’être le griot attitré de la région du Cap-Vert. Depuis, de génération en génération, la famille Sing Sing qui habite la rue 22 à la Médina perpétue cette tradition jalousement gardée. Eux seuls détiennent le secret qui permet de composer les gammes en l’honneur du génie protecteur de la capitale.
Ndiaye Lô ou Badara Mbaye Kaba, des as du verbe
Pour beaucoup le « fanal », ces fêtes qui plongent la ville dans une certaine frénésie lors des fins d’année est propre à la seule ville de Saint-Louis au Sénégal. Or, rappelle Abdou Khadre Gaye de l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad), la Médina organisait souvent ce genre de manifestations durant lesquelles la musique traditionnelle était sublimée par des chanteurs de talents comme Ndiaye Lô Ndiaye ou encore son cadet Badara Mbaye Kaba. De l’avis d’Abdou Khadre Gaye, ces cérémonies permettaient aux femmes de créer de nouveaux pas de danse, aux menuisiers et autres artisans d’imiter les grands monuments. Mais, le moment fort était « certainement les participations de Badara Mbaye Kaba véritable orfèvre du verbe, une source intarissable qui faisait la fierté de la Médina », souligne M. Gaye. Nostalgique, cet enfant de la Médina se rappelle des prémonitions d’un Ndiaye Lô Ndiaye qui, sûr de son art, s’inquiétait en disant : « Quand je mourrais où iront s’abreuver les jeunes de Dakar ».
La culture urbaine bien représentée
Mais, une nouvelle vague d’artistes médinois est bien là. Cette année, le rappeur Books du groupe « Sen Kumpa », un fils de la Médina, avait remporté le trophée dans la catégorie meilleure tube de l’année. A l’image de ce rappeur qui imprime sa marque sur le mouvement Hip Hop, ce quartier est aussi bien représenté avec le 5Kième Underground, groupe à la musique très engagée et qui draine un monde fou derrière lui. Ou encore Docta le graffeur qui a fini de faire parler ses bombes de couleur sur les murs de la capitale et même au-delà de nos frontières.
La culture à la Médina, c’est également Babacar Sadick Traoré, sculpteur de talent surnommé « Bour Médina ». Cet artiste a participé à plusieurs expositions et symposiums de sculpture au Sénégal, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, en Belgique etc. Finaliste du Grand Prix du président de la République pour les Arts (1991), il fut lauréat de tous les concours de monuments publics. De son avis, chaque centenaire doit avoir un évènement phare. Dakar, en 1957, a célébré ses 100 ans avec le déguerpissement des populations pour l’érection des Allées du Centenaire (actuel Boulevard Charles De Gaulle).
Abdou Khadre Gaye, président de l’entente emad et coordonnateur du festival penc : « La Médina est un établissement humain qui étouffe »
La Médina a 100 ans cette année. Cet âge représente beaucoup dans la vie d’un homme ou d’une institution.
La Médina a-t-elle changé de visage après 100 ans d’existence ? Oui, répond Abdou Khadre Gaye, président de l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad) et coordonnateur du Festival mémoires des penc et villages de Dakar. « Depuis sa création, beaucoup de choses ont changé à la Médina. C’était un village constitué de six penc qui venaient de Dakar-Plateau. C’était des cases. Il y avait un ancrage dans les traditions, la foi en Dieu et à notre identité. Aujourd’hui, la Médina a beaucoup changé. Les cases ont cédé la place aux immeubles », explique-t-il. Cependant, dit-il, « à la place d’hommes de foi, nous avons d’hommes perdus dans la modernité et qui cherchent encore leurs repères mais qui ne les ont pas encore trouvés ».
D’où l’intérêt, selon lui, de la célébration du centenaire de la Médina qui permettra à la jeune génération de « s’enraciner dans nos valeurs traditionnelles, culturelles et de faire le bilan de leur quartier qui a donné naissance à d’autres quartiers de Dakar tels que Fass, Gueule Tapée, Grand Dakar, Pikine Dagoudane, etc. ».
Aussi regrette-t-il qu’« aujourd’hui, la Médina étouffe ». « C’est un établissement humain qui peine à jouer son rôle. Là on prévoyait accueillir 100 personnes, on en est à 500 », précise M. Gaye, qui indique que c’est la même situation qui prévaut dans l’assainissement, notamment le manque de canalisation. A son avis, les inondations durant l’hivernage s’expliquent par le défaut de canalisation du quartier. « Il est temps qu’on fasse le bilan et qu’on se mette au travail. Le prochain centenaire doit être celui de la réhabilitation et du progrès. Parce que nous devons léguer cet héritage que nous avons reçu de nos grands-pères à nos petits-fils », estime le coordonnateur du Festival mémoires des penc et villages de Dakar.
Certains n’hésitent pas à penser que les maux dont souffre la Médina sont liés à son envahissement par d’autres couches sociales. Le président de l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad) est loin d’être de cet avis. Selon lui, même si ce quartier a été fondé par les Lébous, il appartient aujourd’hui à toutes les ethnies du Sénégal. L’essentiel, soutient-il, est « qu’il y ait un pacte et que les gens acceptent de jouer le rôle d’habitant de la Médina ». « Il ne faut exclure personne ni parler d’envahissement. Il faut travailler pour que la Médina soit un établissement humain où il fait bon vivre où toutes les populations se sentiront à l’aise », ajoute-t-il. M. Gaye rappelle que les fondateurs de la Médina ont vécu en bons termes avec les colons et accueilli des grands érudits à l’image de Cheikh Ahmadou Bamba en partance pour le Gabon, de Cheikhna Cheikh Saad Bou, Massamba Coki, père de Dial Diop, intronisé premier Grand Serigne de Dakar. Son fils Elimane Diol et Alpha Diol, originaires du Fouta, ont été eux-aussi intronisés Grand Serigne de Dakar. Les Lébous, dit-il, ne connaissent pas « l’exclusion ». « L’imam Ratib Alioune Moussa Samb aime dire que ce n’est pas une ethnie, c’est une entente, un bon voisinage. Dès que la personne accepte les chartes qui régissent le fonctionnement de la Presqu’île du Cap-Vert, elle est considérée comme un lébou à part entière », a-t-il fait remarquer.
Oumou Sy, styliste-costumière et initiatrice du carnaval de dakar : « Nous voulons que la célébration des 100 ans de la Médina soit une réussite »
« Nous voulons que la célébration des 100 ans de la Médina soit une réussite sur tous les plans, notamment de la culture, de la formation, de l’innovation et des nouvelles technologies. Je suis très émue et fière de faire partie de cette organisation. Les gens de la Médina se sont souvenus de moi, ils sont venus me voir. J’en suis reconnaissante. Je ferai tout mon possible pour la réussite de cet évènement. Nous ferons le grand carnaval de Dakar. Nous ferons des ateliers pour initier et former les jeunes à la couture et l’accompagnement des élèves qui ne réussissent pas à l’école pour leur trouver un métier. On va continuer de suivre les jeunes déjà formés. La Médina c’est un grand quartier qui porte le nom de Médina toul mounawara ».
Mariame Hanne, conseillère économique, sociale et environnementale : « Nous ne ménagerons aucun effort pour accompagner la rénovation de la Médina »
La conseillère économique, sociale et environnementale, Mariame Hanne, a déploré, lors de la séance de lecture du saint Coran organisée en prélude aux festivités marquant les 100 ans de la Médina, l’envahissement de la Médina par des étrangers. « Nous ne ménagerons aucun effort pour accompagner la rénovation de la Médina », a-t-elle indiqué. Cependant, a laissé entendre Mme Hanne, beaucoup de contraintes freinent encore le processus de modernisation de la commune. Elle a cité, entre autres, le marché de Tilène qui est devenu trop exigu au fil du temps. « Il n’est pas organisé. Il est difficile d’y accéder », a déploré la conseillère économique, sociale et environnementale. S’y ajoutent les problèmes de canalisation. C’est pour autant de raisons qu’elle va plaider la cause de la Médina auprès de la présidente de l’institution et de ses collègues.
Sur la réduction du taux de chômage, elle a fait savoir que le responsable de l’Alliance pour la République (Apr, parti au pouvoir) est en train de mener des politiques en faveur de l’emploi des jeunes. La Médina, dit-il, va bientôt faire un bond en avant parce que la modernisation des communes fait partie des priorités du gouvernement.
Par S. Diam SY et Ndiol M. SECK
Ousmane Ndoye, président du comité d’initiative : « La Médina connaît actuellement beaucoup de problèmes »
1914-2014. La Médina, l’un des plus vieux quartiers de Dakar, a 100 ans. Toutefois, les problèmes ne manquent pas. Ils ont pour noms surpeuplement, défaut d’assainissement, insécurité, chômage des jeunes, etc. Dans cet entretien, Ousmane Ndoye, président du comité d’initiative pour l’organisation des activités marquant le centième anniversaire de la Médina, est revenu sur les défis qui interpellent la Médina.
La Médina a cent ans cette année. Qui est-ce qui a changé ?
La Médina a aujourd’hui connu un boom démographique. Sa population qui était très réduite au départ est aujourd’hui autour de 250.000 habitants. Devant cette situation, ce quartier connaît actuellement beaucoup de problèmes, notamment d’assainissement, de sécurité, de mobilité et d’occupation des espaces, d’infrastructures, etc. Nous avons pensé qu’en célébrant ces cent ans, il serait bon de mener une réflexion pour voir comment renverser cette tendance et permettre aux autorités de prendre en compte les défis auxquels ce quartier fait face. Nous allons également nous projeter utilement sur l’avenir, surtout avec l’Acte 3 de la décentralisation qui va consacrer une revalorisation du statut de commune. Nous avons voulu, à travers ce récital du Coran, avoir une pensée pieuse pour nos parents qui ont fait le déplacement du Plateau à la Médina et à toutes les illustres personnalités qui y ont vécu et qui ne sont plus avec nous dans ce bas monde.
Aujourd’hui, les défis qui interpellent la Médina sont énormes…
Nous voulons que le gouvernement révise le plan d’assainissement du quartier, renforce ses structures sanitaires et scolaires. Il n’existe pas encore de mesures d’accompagnement face à la démographie galopante de la Médina, notamment dans le domaine de l’éducation. Il n’y a que l’école Médina et d’autres écoles de faibles capacités d’accueil.
Quelles sont les activités que vous comptez mener à l’occasion de la célébration de ce centenaire ?
Nous allons organiser des activités festives, notamment un grand carnaval, une randonnée pédestre et beaucoup de spectacles et d’activités culturelles et sportives entre les différentes associations sportives et culturelles (Asc) du quartier. Nous allons également mener des réflexions profondes sur les grandes questions qui secouent la Médina et proposer des pistes de solution dans des documents qui seront remis aux autorités en vue d’une prise en charge de nos besoins.
En dehors de cette célébration, quelles sont les initiatives que le comité compte prendre pour participer au développement de la Médina ?
Nous comptons mener beaucoup d’actions de sensibilisation pour amener les populations à adopter un comportement citoyen. Nous allons appuyer les actions des pouvoirs publiques. Toutes les bonnes volontés sont invitées à s’investir. Autrefois, lorsqu’il y avait anniversaire, c’était un groupuscule qui s’activait sur deux ou trois activités dans un coin à l’insu de tous les autres membres de la collectivité. Mais puisqu’en ce moment nous savons que la Médina est une grande agglomération, nous avons pensé qu’il était nécessaire de toucher le maximum de personnes. Nous ouvrons la porte à tous ceux qui ont des projets pour la Médina. Nous allons les intégrer dans notre programme et les dérouler. Nous lançons un appel aux autorités, aux médias et à toutes les sociétés à venir nous appuyer dans notre démarche.
Le président de la République a initié plusieurs projets dont l’Acte 3 de la décentralisation. Comment cette initiative pourrait-elle être profitable à la commune d’arrondissement de la Médina ?
La Médina, comme toutes les autres communes du Sénégal, va en tirer profit. Nous attendons sa mise en place pour voir dans quelle mesure nous pouvons appuyer les pouvoirs publics.
On retrouve beaucoup de commerces à la Médina, notamment le marché Tilène. Est-ce que les populations bénéficient des retombées de ces installations commerciales ?
Elles profitent aux populations en ce sens qu’elles font des prestations de service. Mais au-delà de cela, nous ne sentons pas un grand impact sur le quartier. La commune d’arrondissement pourrait peut-être tirer profit de ces différents commerces, et cela n’est pas le cas pour les populations. Mais nous comptons réfléchir sur tout cela à travers des panels au cours de la célébration des 100 ans de la Médina.
Propos recueillis par Souleymane Diam SY et Ndiol M. SECK
SOURCE:http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=39624:centenaire-du-quartier-la-medina-une-vieille-dame-qui-peine-a-tenir-son-rang&catid=78:a-la-une&Itemid=255
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