Aliou Sow, candidat à la présidentielle de 2017 : «je veux perturber toutes ces fausses certitudes qu'un certain microcosme dakarois veut imposer»
Écrit par SENETOILE NEWSVous venez de sortir un ouvrage intitulé «Le courage d'agir». Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de partager votre expérience, à travers un livre ?
Moi, je me veux cohérent avec moi-même. Je rends grâce à Dieu et remercie mes parents. Et je prie pour mon défunt père. Je rends hommage à Abdoulaye Wade qui a eu la vision généreuse de miser sur la jeunesse, en dotant à une partie de cette jeunesse-là l'expérience étatique nécessaire pour qu'elle puisse aspirer à davantage de rôles dans ce pays. Il a permis à la jeunesse sénégalaise de ne pas être complexée et de comprendre que l'ambition n'est pas seulement un droit, mais un devoir pour tout citoyen.
Après avoir eu le privilège, par la volonté de Dieu et la vision d'un homme politique, de servir mon pays au plus haut niveau, j'aurais, en 2017, 42 ans. Pour avoir passé plus d'une décennie au gouvernement, pour avoir fait plus de huit fois le tour du Sénégal, pour avoir vécu les deux extrémités - parce que je suis né dans un environnement très modeste, mais j'ai partagé la table avec les grands décideurs de ce monde - je pense qu'il ne me reste qu'à me présenter à mon peuple, pour lui exprimer tout mon désir d'être à son service au plus haut niveau. Et pour cela, je pense qu'il faut être transparent. Il faut toujours dire au peuple ce que l'on cherche. Ce que l'on veut et ce que l'on compte faire.
Depuis quand vous vous êtes véritablement engagé dans le processus qui devrait vous mener à briguer le suffrage des Sénégalais en 2017 ?
Dès lors qu'Abdoulaye Wade a passé service avec son successeur, immédiatement après, je lui ai exprimé ma gratitude. En tant que libéral et Wadiste, j'ai engagé, dès ce jour, un combat qui consiste à restaurer démocratiquement sa vision à la tête de ce pays, avec des Sénégalais qui partagent avec moi que nous pouvons rendre possible l'avenir, avec des changements majeurs. On ne doit pas pouvoir aspirer aux plus hautes fonctions, sans pouvoir dire à son peuple : «Qui sommes-nous ? A quoi nous croyons ? Quelles sont nos aspirations, nos convictions et nos positions sur des questions de société, de façon transparente et claire ?». C'est ce que j'appelle une carte d'identité du candidat ou de l'aspirant. C'est pourquoi j'ai pris ma plume pour rédiger cet ouvrage qui est la synthèse de ma philosophie politique, basée sur l'action, le courage, le refus de la prudence qui annihile l'effort et qui fait crisper l'homme face à son destin et qui l'empêche de prendre des décisions, alors que, pour moi, diriger, signifie décider, arbitrer, agir concrètement. J'ai écrit cet ouvrage pour parler avec le peuple. J'y annonce les esquisses de projets et de programmes par rapport à des réformes que nous comptons mettre en oeuvre dans ce pays. Lesquelles réformes seront détaillées dans un livre-programme que j'intitule «Le Sénégal de mon rêve, le programme de développement solidaire patriotique » qui paraîtra avant l'élection présidentielle. Cet ouvrage sera suivi par d'autres ouvrages. Notamment sur mon action pour le développement local au Sénégal. J'invite simplement tous ceux qui aspirent à la fonction présidentielle de rédiger des ouvrages pareils pour dire aux Sénégalais ce qu'ils veulent, qui ils sont et ce qu'ils proposent. Pour que les Sénégalais aient au moins des éléments de comparaison entre les candidats. On ne peut se lever un beau matin et dire qu'on veut diriger les Sénégalais, alors qu'ils ignorent tout de vous. Il ne faut plus que les Sénégalais élisent quelqu'un parce que c'est une victime circonstancielle.
Vous êtes un Wadiste convaincu. Peut-on s'attendre à ce que vous reconsidériez votre position par rapport au Pds, au cas où Me Wade vous le demanderait ?
Je ne peux rien refuser au Président Wade. Mais, je l'ai assez bien sensibilisé pour qu'il comprenne que ce n'est pas une bonne chose. Je suis son disciple, qu'il prie pour moi afin que je puisse réussir dans la voie que j'ai tracée. C'est une voie libérale et Wadiste. Le Wadisme et le libéralisme ne sauraient être la propriété exclusive d'un parti. A l'élection présidentielle, c'est le peuple qui fait le classement entre les candidats. Moi, je ne suis pas victime de ces débats du microcosme dakarois, où les gens sont des futurologues qui veulent imposer des personnes qui n'ont jamais de bons scores. Quelqu'un qui vient au monde pour ne rien perturber, ne mérite pas de voir le jour. Je veux perturber toutes ces fausses certitudes qu'un certain microcosme dakarois veut imposer à l'opinion nationale et internationale. Notre travail méthodique, quotidien et organisé, fera la différence, le moment venu.
Dans votre ouvrage, vous ne ménager pas le Président Macky Sall, ainsi que l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, dans une comparaison très critique...
D'abord, tous les deux sont mes concurrents. Idrissa Seck veut devenir Président, Macky veut conserver le poste. Moi, j'aspire à être Président. Naturellement, mes rapports avec eux seront basés sur la concurrence et la compétition. Ils ont été tous les deux mes supérieurs, et j'ai été également leur supérieur. J'ai été ministre sous Idrissa Seck, ministre sous Macky Sall, alors qu'ils étaient Premier ministre. J'ai été ministre des Collectivités locales et de la Décentralisation, Macky Sall, maire de Fatick, et Idrissa Seck, maire de Thiès. Et c'est moi qui leur donnais les fonds de dotation, les fonds de concours, qui les interpellait, et ils répondaient à mes injonctions. Ils ont été mes chefs, et j'ai été leur chef. C'est ça la réalité. Personne parmi eux n'a pu être mon chef par la volonté du peuple. Ils ont été nommés par décret présidentiel, et j'ai été nommé par décret présidentiel contresigné par eux. Je pouvais être Premier ministre comme eux, si le Président Wade le voulait.
Que reprochez-vous concrètement au Président Sall ?
Macky Sall a été plus réaliste qu'Idrissa Seck. Il a su rompre, foncer vers un but précis. Mais, il a abusé de tous les Sénégalais, en donnant une image particulièrement policée d'un homme courtois, calme, ouvert, patriote, qui allait faire ce qu'il dénonçait. A l'arrivée, aujourd'hui, tout ce qu'il dénonçait, il l'incarne de la pire des façons. Avant, on reprochait à Abdoulaye Wade l'implication de son fils ou de sa fille. Ici, c'est toute une famille qui prend les leviers de tout le pays, en vérité. Tout le monde l'a constaté. On se lève un bon petit matin, les élections locales approchent, un beau-père veut prendre Rufisque, un beaufrère veut prendre Saint-Louis, un autre beau-frère veut prendre Dakar ou Grand-Yoff, une cousine veut prendre Mermoz-Sacré-coeur, un frère veut prendre Guédiawaye. Mais, finalement, si vous regardez très bien, les premières quatre communes du Sénégal, c'est sa famille et sa belle-famille qui veulent les prendre. Ca, c'est du jamais vu. Les Sénégalais ne se sont pas battus pendant si longtemps pour en arriver à installer une dynastie ou une royauté. Mais, c'est impossible. Qu'on ne nous raconte pas des sornettes du genre : «Non, ces gens étaient impliqués dans la gestion du parti, pendant que Macky traversait le désert». C'est une justification trop facile.
Et Idrissa Seck dans tout cela ?
Quant à Idrissa Seck, voilà un homme qui prend les Sénégalais pour des demeurés. Un grand manipulateur, mais aussi un revanchard, qui n'aime pas accepter, parfois, les décisions divines, en dépit du fait qu'il se cache derrière le Coran et ses versets. Idrissa Seck ne peut digérer que Macky Sall, son ancien poulain qu'il dominait, soit Président, et que lui, soit encore en errance, avec une chute vertigineuse de ses scores. C'est parce qu'il a voulu se jouer de tout le monde. C'est celui-là qui a été le premier au Sénégal à nous parler d'enregistrements de discussions, à l'insu de ses interlocuteurs. Ne serait-ce que pour ça, on ne doit pas pouvoir lui faire confiance. C'est lui qui est l'inspirateur du fait que, quand vous allez dans un bureau ministériel, on vous demande de laisser votre portable au Secrétariat, parce qu'on a peur que vous enregistriez le patron, à son insu. On ne connaissait pas ça. C'est Idrissa Seck l'instigateur de cette méthode et de ce comportement. Il veut passer pour quelqu'un de brillantissime. Je suis désolé. Qu'on me dise. Je l'interpelle. En dehors du baccalauréat qu'il a eu à faire deux fois, quel est le Cv d'Idrissa Seck ? Il nous dira qu'il a été à Princeton ou en Sciences Po. D'accord. Mais, il a eu là-bas quels diplômes ? En quelles années ? Il a traité de quels sujets ? Avoir le verbe facile ne veut pas dire forcément être compétent ou brillant. Sur le plan de l'expérience étatique, c'est l'un des moins expérimentés au Sénégal. Il n'a jamais été député. Il n'a jamais été Dg, ni Pca. Et il n'a jamais dirigé les mouvements des jeunes ou les mouvements des étudiants. Il n'a été qu'un maire absentéiste qui ne gérait rien. Un Directeur de cabinet pendant un an et demi et un Premier ministre qui terrorisait tout le monde. Qu'il fasse le tour du Sénégal, il ne pourra, à part Thiès, montrer une réalisation signée Idrissa Seck. Il ne m'impressionne pas, il ne m'inspire pas confiance. Il a eu son tour en 2007, mais il l'a bradé. Sa dernière trouvaille, c'est de jouer à la victime. Il a versé des larmes de crocodile sur une station. Un candidat qui pleure à chaudes larmes sur la base de broutilles devant les médias pour susciter la pitié, en oubliant toutes les victimes qu'il a eu à créer. Franchement, qu'il arrête.
Vous n'avez pas également raté le mouvement «Y en a marre»...
«Y en a marre» avait marre de notre régime. Le régime est tombé. L'émission est terminée, ils veulent maintenant convertir cette situation en un cadre formel pour pouvoir gérer leurs propres affaires. Au nom de quoi peuvent-ils être des donneurs de leçons au Sénégal ? Ils sont qui ? Dans ce pays de grands dignitaires religieux, de Cheikh Anta Diop, de Senghor, d'Abdoulaye Wade, on nous sort un Nouveau type de sénégalais. Moi, quand j'étais ministre, j'ai vu beaucoup parmi eux qui se sont battus publiquement, parce qu'on m'a attaqué. Certains, parmi les plus en vue - ils n'osent pas le nier - leurs premiers passeports, c'est moi qui leur ai trouvé ça. Leurs premiers billets d'avion, je leur ai offert ça, en tant que ministre de la Jeunesse. Leurs premiers voyages à l'étranger, c'est Aliou Sow. Mais, au nom de quoi doivent-ils faire la leçon aux gens ? Ils veulent terroriser les gens. Personne n'ose se prononcer sur eux. Désormais, qu'ils comprennent qu'il y a une vaillante jeunesse sénégalaise, politiquement bien formée, qui montrera que, pour donner des leçons, il faut être des modèles. D'ailleurs, la question de la source de leur financement doit être posée. Je les ai entendus dans les médias dire : «Il y a des Ong». Quelles Ong ? Au nom de quoi ? Ils roulent pour qui ? C'est un vrai débat que l'on doit poser dans ce pays-là.
On s'achemine vers le procès de Karim Wade, dans le cadre de l'affaire de la traque des biens mal acquis. Vous en dites quoi ?
Comme Abdoulaye Wade et Karim Wade, je veux que la vérité éclate au grand jour. Je suis pour un procès public. Depuis un an, on a tenu en haleine tout le pays par des accusations gravissimes contre Karim Wade qui ne propose aucune négociation, aucun deal. Il veut simplement que la vérité éclate. C'est un ami et frère. Il ne s'agit pas d'un problème de montants, mais de véracité ou pas de ces accusations contre un citoyen qui a des aspirations. Le pouvoir a échoué dans la gestion de ce dossier. Karim Wade a gardé sa dignité et son honneur. Ceux qui l'ont mis là-bas, ils pensaient que, dès la première semaine, il allait craquer. Il a tenu un an.
source:http://www.seneplus.com/article/%C2%ABje-veux-perturber-toutes-ces-fausses-certitudes-quun-certain-microcosme-dakarois-veut
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