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Même si quelques villes comme Thiès, Dagana, Touba, Ziguinchor , Kébémer, et les départements de Ziguinchor, Oussouye, sont tombés dans l’escarcelle de l’opposition, il demeure que la coalition Benno Book Yaakaar est sans conteste la grande gagnante du scrutin. Les membres de la galaxie Macky Sall (Apr, alliés et ralliés) sont ainsi en passe de contrôler plus de 400 collectivités locales alors qu’elles n’en disposaient que de 29 en 2009, soit un score multiplié par 40.
Contrairement au Pds et à ses excroissances qui voient les populations confirmer leur rejet, ils ont remporté l’écrasante majorité des communes et des départements. D’un autre côté, bien loin de ce qui avait été observé durant les dernières élections législatives, la percée de partis politiques à tonalité religieuse et de certains leaders se réclamant de la société civile, ne s’est pas renouvelée par un fort ancrage local.
L’autre enseignement qui mérite aussi d’être décrypté, est la relation tumultueuse intra Apr. Dans l‘attente de sa structuration, il s’est ainsi signalé par des luttes de positionnement avec des personnalités ou des coalitions se réclamant du président de la République qui ont fait battre l’Apr et des formations favorables à son camp, en appelant au vote sanction. Sans pour autant être réprimandés encore moins sanctionnés. Ayant les yeux plus gros que le ventre, porté par un appétit féroce, faisant montre par endroit d’un manque de respect et de considération notoires envers des alliés qu’elle ne prenait pas la peine d’ impliquer, ni dans la définition d’objectifs communs ni dans la gestion des affaires, aveuglée par une certaine ivresse du pouvoir, l’Apr les sommait pourtant de s’aligner. A ces alliés qui n’ont jamais été considérés comme des partenaires politiques, mais plutôt comme des obligés, sinon des appendices ou des soutiers, il a été reproché de ne pas se mettre en première ligne, sabre au clair, pour défendre le régime et son chef, lorsqu’ils étaient pris à parti par l’opposition. Ce qui bien sûr ne pouvait nullement tenir lieu de viatique. Aussi certaines formations de la majorité et pas des moindres se sont-elles émancipées , chacune voulant affirmer son autonomie afin de faire revenir les uns et les autres à de meilleurs sentiments. Ce qui explique, entre autres, cette grande dispersion qui a conduit à une foultitude de listes qui ont fini par déboussoler plus d’un électeur et occasionné des dépenses énormes au Trésor public.
Le Maître du jeu
Le chef de l’Etat va-t-il mettre à exécution sa menace de se passer des services de ceux qui ont été battus dans leurs localités même si dans certains cas la défaite est loin de leur être uniquement imputable. Va-t-il conserver des vainqueurs “apatrides” qui n’auront réussi leur élection qu’en pactisant avec “l’ennemi” sur des listes parallèles ? Ou alors, doit-on considérer son discours menaçant d’une double peine les responsables de son parti, du gouvernement de l’administration, comme de circonstance, tout simplement destiné à fouetter l’ardeur des troupes ? A ce propos, il faut souligner que ce discours a pu avoir des effets pervers dans la mesure où un bon ministre pouvait se retrouver ainsi exposé, non seulement à briguer un mandat électif mais à mettre en jeu un portefeuille ou un poste de direction qui lui avait été confié sur la base de sa valeur intrinsèque et de sa compétence. S’il est vrai que ceux qui auront fait montre d’une indiscipline caractérisée devront répondre de leurs actes , il reste que le président gagnerait preuve de discernement. C’est dire que cette façon de soumettre aux enchères et même à la surenchère électoraliste des cadres ayant une compétence d’Etat ou administrative ne correspond pas aux besoins d’efficience et d’efficacité de personnalités censées être au service de la nation. En tout état de cause, en prenant de la hauteur et en laissant le libre jeu de la concurrence, le président Macky Sall s’est finalement donné les moyens d’avoir et de garder les cartes en main, et à l’occasion de les distribuer à bon escient.
Gagnants et Perdants
Dans certaines localités, les électeurs n’ont pas voté pour une formation politique mais pour la personnalité qui a porté la liste, à l’image de Khalifa Sall à Dakar. Il est aussi des maires sortants qui ont gagné dans leurs localités pour avoir procédé, profitant de leurs positions, à de vastes transferts d’électeurs accompagnés espèces sonnantes et trébuchantes. Des localités où quelque 2000 électeurs avaient été recensés se sont ainsi retrouvées avec 3000 électeurs par exemple. Il est par contre des candidats qui ont remporté leur commune mais qui ont perdu au niveau de leur département. C’est le cas de Idrissa Seck à Thiès, de Oumar Sarr à Dagana et du Ps à Mbour. Il est aussi de véritables faux perdants qui, s’ils n’ont pas gagné dans leur commune, ont cependant remporté la mise au niveau du département. C’est le cas notamment de Abdou Latif Coulibaly. Battu dans la commune de Sokone par un candidat Apr, il a raflé le département dont il était la tête de liste. C’est ainsi que, selon les résultats définitifs de la commission départementale : sur 98808 inscrits, il y a eu 52219 votants. BBY creuse l’écart avec 24359 voix soit 43 sièges devant Rp, son suivant immédiat qui totalise 10943 voix soit 7 sièges.
Si l’n peut supposer que les maires qui ont été élus ont bien travaillé ou qu’ils ont bénéficié de vote sanction, il demeure que les Sénégalais ont indiqué aux prétendants ce qu’ils ne voulaient pas. Aussi, face à l’absence d’offre concrète pour apporter des solutions aux problèmes des populations ou un peu de confort, certains ont-ils fait dans le vote atavique et/ou grégaire comme à Grang Yoff
Les jeux sont loin d’être faits
Macky Sall a désormais les cartes en main puisque la suite à donner aux opérations dépend de la lecture qu’il fera des résultats du scrutin. Pour l’heure, à voir comment les choses se sont déroulées, il apparait clairement que le président a plutôt choisi de laisser faire, comme s’il y avait un accord tacite avec les alliés et ralliés sur l’idée “que le meilleur gagne” , en attendant de statuer sur la suite des affaires. A croire que c’est une autre manière de revenir au vieux principe marxiste consistant à “marcher séparément et à frapper ensemble“. Si tel était le cas, il est certainement venu le temps pour l’Apr de faire l’unité la plus large, de resserrer les lignes en mettant en place un parti structuré, en ordre de bataille , et développant une dynamique autour de son chef et d’un programme dépourvu de tout sectarisme et faisant la place à des alliés désormais solidaires. Il ne s’agit surtout pas de faire des erreurs de casting qui cette fois-ci, à quelques encablures de la présidentielle de 2017, ne pardonneront pas. Parce que les jeux sont loin d’être faits, le choix des hommes et des femmes qui accompagneront le président Macky Sall après ces élections sera forcément déterminant.
Mimi en situation
Démissionnera, démissionnera pas ? Sera-t-elle démissionnée ou alors priée de continuer à dérouler sa feuille de route en qualité de Premier ministre ? Ces questions qui taraudent les esprits comportent cependant, quel que soit le cas de figure considéré, des enjeux majeurs puisqu’ils ont trait à la poursuite ou non du compagnonnage entre le Président et son Premier ministre, à l’horizon de la présidentielle de 2017.
Vu son parcours, son engagement et partant la perception de femme à poigne, teigneuse, et prête à aller au charbon, que ses compatriotes lui colle à la peau, Mimi ne saurait se satisfaire d’une crédibilité amoindrie par les urnes ni être réduite à faire de la représentation. Ayant eu à disposition des sondages, elle ne pouvait pas ne pas se douter que toute victoire était fortement improbable. Soutenue par l’Apr comme la corde soutient le pendu, elle a décidé tout de même d’y aller et de se battre , ce qui est tout à son honneur. Il n’est en effet pas courant de voir un PM descendre à ce niveau de l’arène, arpentant les rues sablonneuses d’un quartier populaire, faisant du porte-à-porte, serrant des mains, pour porter le message et le programme du président de la République. Et puis, au-delà de ce qui pouvait prendre les allures d’une primaire avec Khalifa Sall, ne s’agissait-il pas après tout de contenir l’opposition et de reléguer aux oubliettes le Pds, l’ennemi commun?
Exit Wade et le Pds
L’un des grands enseignements des dernières élections locales, c’est que le Pds n’a toujours pas retrouvé la côte auprès des populations. A part quelques rares communes de moindre envergure comme Dagana, Kebemer, il n’a pas eu beaucoup de choses à se mettre sous la dent. Aussi Me Abdoulaye Wade qui appelait le président Macky Sall à tirer les leçons de son retour au bercail marqué par un accueil délirant, devrait-il lui même se soumettre à cet exercice. Lui qui s’est impliqué dans l’arène électorale ,comme jamais ne l’avait fait un ancien chef de l’Etat. Au bilan, ce n’est si fameux que cela, le Pds n’a pas fait de miracle. Comment en aurait-il été autrement. Le changement de régime n’a pas été sur un coup de tête. Wade a certes travaillé comme en atteste l’autoroute à péage. Mais que de dégâts collatéraux dont le plus pernicieux et le plus durable est celui d’avoir perverti les institutions et les mœurs. On se souvient encore de son fameux aveu en mars 2000 dès la confirmation de sa victoire à l’élection présidentielle: “Nos soucis d’argent sont maintenant terminés”. 12 ans après, celui qui avait initié la marche bleue, est devenu riche comme Crésus, se targuant d’avoir reçu des dons d’émirs et de rois arabes. Un président qui reçoit des dons et qui s’en réclame mériterait certainement d’être interrogé par la Dic pour trafic d’influences.
Après l’image pathétique d’un quasi nonagénaire, qui n’a pour seul obsession que de ternir l’image du régime qui l’a défait, et de sortir son fils des griffes de la justice ,gageons qu’il va tourner le dos à la scène, heureux de n’avoir pas à répondre de tous ses propos séditieux.
source :http://www.sudonline.sn/macky-ratisse-large_a_19761.html
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