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Jeu, Nov
mardi, 15 juillet 2014 00:00

ÉLECTION DES MAIRES AU SUFFRAGE INDIRECT, Quand l’électeur n’est pas maître de son choix

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On peut élire un maire sans pour autant voter lui. C’est ce qui se passe avec le scrutin indirect qui existe au Sénégal pour les élections locales. Un mode de désignation des maires qui rend flou le jeu électoral, et permet à certains prétendants d’utiliser l’arme de la corruption pour s’emparer du siège de l’édile

 

La façon d’élire les maires au Sénégal est décriée par certains hommes politiques pour qui le mode de scrutin actuel est à l’origine de beaucoup de manquements.  Babacar Gaye, porte-parole du parti démocratique sénégalais (pds) affirme que la manière d’élire les maires est la porte ouverte à des dérives : « La façon de désignation des maires aujourd’hui peut faire l’objet de beaucoup de dérives », déclare-t-il.
 Et de poursuivre : « Les conseillers municipaux qui doivent élire les maires peuvent faire l’objet de corruption et donc faire élire un maire qui, à l’origine, n’était pas leur premier choix ». Le porte-parole du Parti démocratique Sénégalais affirme que cette corruption n’est pas toujours manifeste parce que, pour arriver à leur fin, les corrupteurs s’y prennent avec subtilité : « Les conseillers peuvent faire l’objet de corruption, et cette corruption peut être active comme elle peut être passive. Par exemple, les autorités ont promis à certains des postes dans l’appareil d’État. Tout ça pour dire que la corruption exercée sur eux est multiforme et c’est mon avis, et cela n’engage pas mon parti ». 
 
Babacar Gaye affirme, par ailleurs, que par ce procédé, le choix de l’électeur n’est pas souvent respecté. Pour lui le suffrage direct est la solution : « Je suis favorable au suffrage direct, parce que là, le citoyen choisit en âme et conscience celui à qui il veut confier les destinées de sa localité. Mais dans ce système actuel, pensant élire une personne, les citoyens votent pour la liste où elle figure, ne sachant pas que son vote peut être dévoyé, et de ce fait, lui faire voter pour une personne pour qui elle n’aurait jamais votée ».
 
Cet avis est partagé par Mamadou Diop Decroix, secrétaire général d’And Jëf/ Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads), ce n’est pas seulement le système du suffrage indirect qui doit être réformé, mais aussi celui du « raw gaddu»(scrutin majoritaire) qui est beaucoup plus dangereux. Par conséquent, il ne doit pas s’agir seulement de passer au suffrage direct, mais de supprimer le système du  rawgaddu. «Le problème ce n’est pas tellement l’élection d’un maire au suffrage universel, ça c’est un aspect, mais la vraie maladie, c’est le «raw gaddu».

Et d’ajouter : « Si l’on choisit le suffrage universel sans mettre fin au système du raw gaddu, le candidat qui a quelques millions va venir les distribuer et arriver en tête, même si c’est avec 25%. S’il y a dans une localité plus de 15 listes, ce même candidat prend tout. Il lui suffit d’avoir 25% pour prendre la moitié des voix et partager le reste avec les autres ». Decroix s’est aussi insurgé contre ce qu’il appelle «  l’égoïsme du comportement des hommes politiques ». Il déclare que cette situation a été dénoncée depuis le temps d’Abdou Diouf. Et qu’ensuite, à l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir, cette même situation a été laissée comme telle : «  J’ai moi même fait des sorties alors même que j’étais dans le gouvernement d’Abdoulaye Wade, m’insurgeant contre ce système qu’on voulait lasser en place. Mais je n’ai pas été suivi ». 
 
Les craintes de l’opposition sont partagées par un homme au sein même de la majorité. Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar est d’avis que le système actuel d’élection des maires n’est pas exempt de tout reproche. Donnant un avis personnel sur la question puisque son parti, l’Alliance pour la République (Apr) ne s’est pas encore prononcé sur le sujet, il soutient que : «l’électeur doit savoir, en votant, pour qui il vote parce que cela participe de la transparence du jeu électoral. Si on adoptait ce mode de scrutin (ndlr scrutin à suffrage direct), cela reviendrait à écarter toute velléité de corruption ».

 

 

source :http://www.sudonline.sn/quand-l-electeur-n-est-pas-maitre-de-son-choix_a_19950.html

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