Avant-hier, mercredi 3 septembre 2014, quatre Tchadiens, tous des hommes, dont deux victimes et deux témoins de la sanglante répression perpétrée sous le régime de Habré, ont débarqué discrètement à Dakar en provenance de N’Djamena. Dès leur arrivée, les quatre Tchadiens ont été conduits dans les locaux des Chambres africaines extraordinaires où ils ont été confrontés à l’ancien président tchadien placé sous mandat de dépôt  à Dakar, après avoir été inculpé depuis le 2 juillet 2013 pour «crimes contre l’Humanité, crimes de tortures et crimes de guerre».

Si, du fait du secret de l’instruction, rien n’a filtré des circonstances de cette confrontation et surtout de l’attitude affichée par Habré qui avait à ses côtés ses avocats, L’Observateur est sûr de confirmer que ce face-à-face entre Habré et ses quatre compatriotes marque le début d’une longue série de confrontations. Dans les semaines qui vont suivre, d’autres Tchadiens vont débarquer à Dakar, malgré les menaces qui pèsent sur eux à N’Djamena. Ces confrontations qui constituent un moment déterminant dans l’instruction menée par le Procureur général, Mbacké Fall, et les autres juges des Chambres africaines extraordinaires (Cae) interviennent quelques jours seulement après le rejet, par ces mêmes Cae, de la demande de constitution de partie civile formulée par l’Etat tchadien.

En réaction à ce rejet, l’Etat tchadien semble avoir durci sa position en affichant une mauvaise volonté quant au transfert, vers Dakar, des complices de Habré. Une position du gouvernement tchadien qui, apparemment, n’a en rien entamé la détermination des Cae à mener à terme l’instruction ouverte pour poursuivre «le ou les principaux responsables des crimes internationaux commis au Tchad entre 1982 et 1990».

ALASSANE HANNE

source:http://www.gfm.sn/deux-victimes-et-deux-temoins-tchadiens-confrontes-a-hissene-habre-a-dakar/