Elaboré sur la base d’un taux de croissance projeté à 4,6 %, le projet de budget 2014, examiné et adopté samedi dernier « exceptionnellement » en conseil des ministres, apparaît un peu trop optimiste. Se basant sur le constat d’un « regain » de l’activité économique, le gouvernement semble cependant ne pas tenir compte de la situation jugée « difficile» des entreprises, entre autres.
L’approche est assez novatrice de tenir un conseil des ministres destiné à échanger sur le budget en cours d’élaboration aux fins de s’assurer de la concordance entre les options arrêtées et le contenu avec la vision et les engagements souscrits auprès des Sénégalais. Comme l’a indiqué le Président Macky Sall, selon le texte du communiqué des ministres qu’il a présidé «exceptionnellement» samedi dernier, la procédure budgétaire «ne doit plus être une simple opération de reconduction de crédits et d’indications de dépenses ».
Ledit texte ne permet pas cependant d’analyser dans le détail les « grandes options » et les orientations arrêtées dans le projet de budget de 2014. Tout au plus donne-t-il une idée globale sur l’ambition du gouvernement de « mettre le paquet» à travers des dépenses totales prévues dans le prochain budget qui ont été évaluées à 2 287 milliards FCfa, sur la base d’un déficit budgétaire projeté à 396 milliards (4,9 % du PIB), contre 406 milliards (5,4 % du PIB) en 2013. Reste à en connaître les emplois. Toujours est-il que les dépenses courantes ont été arrêtées à 726 milliards contre 708 en 2013, soi une augmentation de 18 milliards (quelle proportion pour les charges de fonctionnement et autres dépenses du personnel ?) tandis que les dépenses d’investissements financées sur ressources internes sont évaluées à 577 milliards, soit une hausse de 65 milliards (12,7 %) par rapport à l’année 2013.
Limites
Ces projections par trop optimistes, semblent se fonder sur le constat du gouvernement d’un « regain » de l’activité économique « soutenu principalement par les investissements dans les secteurs de l’agriculture, des infrastructures, de l’autoroute de Diamniadio, de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) à Mbour et de l’énergie (amélioration de la distribution d’énergie électrique) », ainsi que la mise en œuvre de plusieurs autres projets structurants
Conforté par une inflation qui devrait rester « modérée », le gouvernement table notamment sur un PIB nominal de 8008 milliards en 2014 contre 7484 milliards en 2013, soit une progression de 7 %.
Les hypothèses sur lesquelles le gouvernement semble se fonder pour projeter une progression de 7% du PIB nominal apparaissent quelque limitées car, à l’analyse, si le PIB nominal (PIB au prix courant évalué au prix de la même année) augmente notamment en cas de forte inflation, ce n’est pas pour autant que le PIB réel qui peut très bien chuter, suivra la même tendance. Autrement dit, c’est la production réelle qui permet d’établir si la production a réellement augmenté ou non, d’une année à l’autre. Qu’à cela ne tienne.
Pour impacter positivement le PIB réel, le gouvernement devrait… accélérer les réformes relatives à la restructuration des entreprises qui, comme on le sait, sont en difficultés.
Tenant compte de la pleine application de la réforme fiscale, le gouvernement escompte des recettes budgétaires de 1 633 milliards dont 233 milliards (42 milliards de dons budgétaires et 191 milliards de dons projets) d’appuis et de dons. En gros, les ressources budgétaires s’établissent à 1 891 milliards, «en tenant compte des impératifs du développement et des options majeures du Chef de l’Etat, en particulier dans le domaine social ».
Toutefois, le gouvernement aurait eu le beau rôle de déterminer avant le début de la discussion budgétaire, une norme d’évolution des dépenses. Celle-ci serait destinée autant à contribuer à la maîtrise des dépenses qu’à discipliner les acteurs du processus d’autant plus dans un contexte d’élections locales à venir. Une circonspection qui s’inscrit en droite ligne avec l’analyse en juin dernier, des services du Fonds monétaire international (Fmi) qui estimaient que « le principal risque est un élan de réforme insuffisant dû à la forte opposition des intérêts établis et au calendrier électoral ».
source: http://www.sudonline.sn/trop-optimiste_a_15598.html
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