C’est un front social déjà agité qui se profile à l’horizon après une période appelée «délai de grâce» dans les secteurs de l’Education et de la Santé. Les syndicats de ces secteurs stratégiques entendent croiser le fer avec le gouvernement du Sénégal pour le respect des engagements inscrits dans les protocoles d’accords signés. Pendant que les syndicats d’enseignants, notamment le Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems) décrète un mot de d’ordre de grève aujourd’hui mardi avec un débrayage et une grève totale demain mercredi pour déplorer le dilatoire, les manœuvres sourdines et le non-respect notoire du protocole d’accord du 17 février 2014 signé par le gouvernement.
En attendant des signes annonciateurs de l’application des points inscrits dans le protocole d’accords et le paiement des indemnités de déplacement des examens à l’orée des fortes recommandations des assises de l’Education et de la Formation, une année scolaire apaisée, sans grèves, s’est envolée. Au même moment l’intersyndicale des travailleurs des collectivités locales est allée en grève hier, lundi 15 décembre 2014, pour exiger le paiement de leurs salaires des agents dans les mairies érigées en communes, notamment à Guédiawaye, Rufisque, Pikine. Ils menacent de paralyser toutes les structures des collectivités locales. L’année scolaire 2015 montre déjà un éblouissement du front social.
NON-RESPECT DU PROTOCOLE D’ACCORDS, CUSEMS ENGAGE LE FRONT
Fini la période de grâce accordé au gouvernement aux lendemains de la mise sur pied d’un pacte de stabilité sociale et d’émergence économique. Las d’attendre une réaction concrète de l’Etat après la signature du protocole d’accords, les syndicats d’enseignants ont décidé de déterrer la hache de guerre avec des sorties intempestives pour charger leur ministre de tutelle. Le Syndicat autonome des enseignants du moyens et secondaire du Sénégal (Saemss) et le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants dénoncent pour le déplorer le pilotage à vue de Serigne Mbaye Thiam et la lenteur de l’application des points inscrits dans le protocole d’accords. Pendant ce temps-là, le Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems) version Abdoulaye Ndoye passe à l’acte en décrétant un mot d’ordre de grève suite à une réunion de leur directoire national. Le Cusems lance ainsi un appel à ses militants à observer un débrayage demain mardi 16 décembre à 10 heures, suivi d’Assemblée générale dans tous les lycées et collèges de Sénégal et une grève totale, le mercredi 17 décembre 2014.
Appréciant la situation scolaire nationale, suite à la revue du protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats, les camarades de Abdoulaye Ndoye, secrétaire général du Cusems constatent le dilatoire, les manœuvres sourdines et le non-respect notoire du protocole d’accord du 17 février 2014. Ils ont fustigé la mauvaise volonté du gouvernement quant à l’application de l’accord sur la validation des années de volontariat, de vacatariat et de contractualisation.
Condamnant le retard récurrent et le paiement partiel des indemnités liées au Bac et au Bfem, le Cusems s’étonne sur l’articulation faite par le gouvernement entre l’octroi de l’indemnité de logement aux professeurs et inspecteurs de l’enseignement moyen secondaire et l’étude sur le système de rémunération et de motivation des agents de l’Etat reportée plusieurs fois, alors qu’au même moment les politiciens ne se privent de rien.
Qu’à cela ne tienne. Le Saemss dans une de ses récentes a relevé à l’endroit des autorités académiques de la manipulation, du pilotage à vue, des contre-vérités, déficit d’enseignants dans le système éducatif. C’est à ce titre, ils n’avaient pas exclu de reprendre le cheval de bataille si le gouvernement ne s’adonne pas au paiement des indemnités d’examen avant le 30 novembre comme signé dans le protocole. C’est le cas aussi du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants qui était désormais en droit de croiser le fer avec le gouvernement pour qu’il passe à l’application du protocole jugé par l’Etat réaliste et réalisable.
Et ce malgré la réunion du comité ad hoc chargé d’étudier le niveau, les conditions et les modalités de la prise en charge de la validation aux 2/3 avec rappel des années de volontariat de vacation et de contractualisation pour les maitres contractuels et professeurs contractuels reclassés comme fonctionnaires. Ledit comité a relevé que plus de 20 000 agents ont été recensés après un premier toilettage.
Mauvais résultats des examens en perspective ?
En tout état de cause les dysfonctionnements relevés dans le système scolaire ont certainement eu d’énormes impacts sur les résultats des examens de baccalauréat, du Brevet de fin d’étude moyennes (Bfem) et du Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee). Ils ont été catastrophiques. Au Bac, les résultats ont été décevants. Sur 119.518 candidats à avoir subi les épreuves, seuls 37.381 (31,3%) ont pu décrocher le premier diplôme universitaire. Entre 2012 et 2013, le taux de réussite au BFEM chute à 18,4 points et s’établit à 41,2%. Sans oublier les résultats désastreux du Cfee qui avoisine simplement les 33%. Cette situation découle de la baisse des scores dans toutes les académies. Le rapport 2013 de la direction de la Planification et de la réforme de l’Education (Dpre) indique que le taux de redoublement et d’abandon dans les cycles élémentaires et moyen secondaire restent élevés. Il revient ainsi sur l’ampleur du redoublement dans les régions de Sédhiou (3,5%), Diourbel et Thiès (3,3%), Dakar (3,2%), Louga (3,0%), Ziguinchor et Kaolack (2,9%).