iGFM– (Dakar) Le régime Macky Sall éclaboussé par une série de scandales (nébuleuse du contrat d’Eurobond sur les marchés financiers offshore, affaire Petro Tim, Arcelor Mittal, contrats leasing Sénégal Airlines entre autres…) s’efforce à lubrifier sa communication jusqu’ici considérée comme le maillon faible du système post-Abdoulaye Wade. Le Premier ministre Mohamed Dione qui est allé au chaudron pour clarifier la position de l’État a rassuré mais pas convaincu. Des zones d’ombre persistent…
Le site panafricain Mediafrik, dans une édition électronique samedi dernier, parle de malaise profond qui s’empare des sphères de l’État. Face aux récurrentes critiques de l’opposition radicale, incarnée par les alliés de l’ancien président Abdoulaye Wade, et celles de la société civile, le gouvernement pris dans le tourbillon par la tonalité des sorties au vitriol et en perte de vitesse était en face de deux options : apporter la réplique vite et bien ou avaler la pilule dans la douleur. Depuis l’arrivée aux affaires du jeune président sénégalais Macky Sall, celui que beaucoup ont présenté comme l’homme de la rupture, de l’espoir et du renouveau, la République n’a cessé d’être au cœur d’un profond malaise. Tout ou presque tourne en eau de boudin. Pugilat, bisbilles, intrigues au palais s’exportent sur la place publique. Pourtant, le chef de l’État veut changer. Il l’a dit et redit et s’efforce à traduire ce changement sur le terrain. Le chemin est long. On veut le croire, mais a-t-il les hommes de la dream team ? Certains de ses ministres occupant des portefeuilles stratégiques comme les ministres de l’Intérieur, Daouda Diallo, des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, des Finances, Amadou Ba, de la Culture, Mbagnick Ndiaye font l’objet de critiques depuis plusieurs mois dans la conduite des affaires de la République et ils doivent être maintenus dans l’équipe dream team pour réconcilier le président Sall avec son peuple. C’est l’enjeu a contrario de dépolluer l’atmosphère délétère de l’establishment Sall. Sur instruction du président qui sait que le maillon faible de son système est la Com gouvernementale, le Premier ministre, Mohamed Dione, forte carapace, est allé au charbon pour tailler avec l’ancien président Wade pour clarifier les choses. Le PM devient au gré du poids des épreuves le nouveau gourou de la communication du régime Sall. A ses risques et périls ! Il le sait. En lieu et place des deux ministres, Amadou Ba des Finances et Aly Ngouille Ndiaye des Mines, qui avaient promis de s’expliquer et de démonter la thèse supposée de la corruption et des pots de vin jusque-là distillés ça et là. Samedi dernier, il s’est prêté à cet exercice à la fois subtil et difficile devant les médias, les membres du gouvernement et du corps diplomatique. Beaucoup de monde pour un point de presse classique, mais les dégâts collatéraux des affaires Petro Tim, Arcelor Mittal étaient tels que ce casting s’imposait, a priori.
La sortie du chef du gouvernement Mohamed Dione a le mérite de goupiller des affaires passées en coulisses. Car les affaires n’aiment pas le bruit. Puis, il a osé porter sur ses épaules le poids et l’enjeu de la Com. Vivre ou périr !
75 milliards de f CFA au lieu de 2 300 milliards
Le Premier ministre a confirmé que l’État a perçu la cagnotte de 150 millions de dollars, soit 75 milliards de francs CFA, à verser à l’État du Sénégal par la société sidérurgique indienne Arcelor Mittal. Où va cet argent ? Dione précise que ces fonds sont affectés à des investissements prévus dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). C’est le fruit de la condamnation de la firme Arcelor Mittal par le tribunal international à la suite d’un différend avec l’État du Sénégal. Des zones d’ombre subsistent toujours. Comment l’Etat a pu dévaloriser sa cagnotte passée de 2 300 milliards à 75 milliards ? De combien s’élèvent les honoraires de l’avocat de l’Etat ? Pourquoi l’agent judiciaire a été écarté en pleines négociations ? Le silence du chef du gouvernement sur ces interrogations agace et intrigue. Idem pour l’affaire Petro Tim. Le PM s’est évertué, exquis, à laver à grande eau le frère cadet du président, Aliou Sall, représentant de la multinationale Petro Tim au Sénégal. Quels sont les dessous du deal? Quand on sait que l’empire Frank Timis allie descente aux enfers et misères pour ce qui est de certains de ses investissements offshore au Burkina Faso, en Sierra Léone. Aux dernières nouvelles, le mentor de Aliou Sall serait black-listé sur les bourses internationales (nous y reviendrons) avec sa dernière entrée en Bourse qui a foiré… In fine, on peut dire que le gourou Dione a rassuré, mais pas convaincu…