Dans cette affaire, le pouvoir est resté suspendu à ces certitudes jouant la solidarité de corps jusqu’au bout. Le pragmatisme aurait suggéré une réaction rapide à hauteur de la faute commise. Que nenni ! Tout le dispositif gouvernemental et administratif est resté en place pour poursuivre l’opération de rafistolage du tuyau… du mensonge. Il aurait fallu limoger un ministre et un Directeur général pour mettre la pression sur tous les autres éléments du dispositif restés en place.  
Dans son discours à Keur Momar Sarr, le président de la République est resté dans des généralités et dans des propositions qui frisent encore une fois la résignation. Ce n’est pas une épreuve soumise au Peuple sénégalais. Il s’agit de l’incompétence avérée de ceux qui sont chargés de conduire le destin d’un pays. L’on sait que le président de la République ne tranche jamais en pleine crise. Du haut de sa fonction, il observe la situation se pourrir avant de prendre une décision qui n’emportera aucun gain politique et populaire. Com­me cette décision de surseoir au paiement des factures d’eau de ce mois. Les réactions sont cinglantes : On veut de l’eau. Pas plus ! Pas moins ! Parce que les attentes des populations n’ont rien de cosmétique. 
Aujourd’hui, il est temps pour le «général» de mettre les pouces. Là encore, Macky Sall fait du sur-place. Depuis le début de son magistère, il est resté en retrait des évènements qui lui indiquent le chemin à suivre. Dans l’affaire du trafic de drogue qui a éclaboussé la police et le ministère de l’Intérieur, il n’a jamais tranché dans le vif, se contentant d’observer la situation s’empirer sous le regard impuissant de son ministre emporté par son incompétence.  Là aussi, même schéma. Comme dans l’affaire Abdoul Mbaye qui a sans doute abusé de cette méthode présidentielle. L’atmosphère de contestation qui plane sur Dakar et sa banlieue est exacerbée par la gestion de ce dossier. Incontestablement, l’issue de cette crise aura un impact majeur sur la suite des évènements. 
On peut comprendre qu’il essaie de se démarquer de certaines outrances du passé et de son prédécesseur. La chute de popularité dont paraît jouir M. Sall a de quoi surprendre, compte tenu de ses 18 mois de pouvoir. Il n’y a pas de lassitude que la longévité a installée dans l’opinion. Cette chute de popularité sera exacerbée par la frilosité du pouvoir actuel et son manque d’audace dans la gestion de certaines crises. L’opposition et une partie de ses partisans n’ont, d’ailleurs pas, manqué de dénoncer le laxisme et l’incompétence des autorités en charge de l’eau dans ce pays. 
Dans l’hypothèse d’un deuxième mandat, l’avenir politique de M. Sall dépendra sans doute de son aptitude à approfondir les changements amorcés, à élaborer de nouveaux programmes sociaux susceptibles de revigorer la base populaire et à lutter contre l’insécurité. Pour l’instant, le chemin parcouru interdit de l’envisager. 

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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6160-gestion-de-la-crise-de-leau-macky-fait-mariner-les-senegalais