Son œuvre est immense. Son aura est planétaire. 29 ans après sa disparition intervenue le 7 février 1989, Cheikh Anta Diop symbolise toujours la crème de l’intelligentsia africaine. Intellectuel et humaniste, l’ancien historien, anthropologue et égyptologue s’est beaucoup investi pour la conscience historique africaine. Ses travaux prennent à contre-pied l’idéologie colonialiste sur l’infériorité de la race noire. 

Aujourd’hui, certains de ses disciples tentent de perpétuer sa pensée. Parmi eux, le Professeur  Théophile Obenga, qui animait hier la conférence annuelle à la rentrée de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), organisée par la Fondation Léopold Sédar Senghor. Cette cérémonie rendait également hommage au parrain de l’Université de Dakar. A cette occasion, l’historien congolais a invité les Africains à rompre avec les directives des institutions internationales et se référer aux travaux  du savant. «Cheikh Anta Diop a d’abord élaboré que l’Egypte antique est une civilisation. Et il a brandi les arguments pour et contre. Il a montré comment il l’a fait. Il y a ceux qui y croient et d’autres qui n’y croient pas. Le débat reste ouvert. Nous élaborons à partir des neurones. Cepen­dant, les neurones des Africains sont quasi-vides. Voilà pourquoi la Banque mondiale leur dicte ses directives parce que les cerveaux des Africains sont vides», s’insurge d’emblée le Professeur Obenga.

Prééminence de la civilisation égyptienne

Durant toute sa vie, Cheikh Anta Diop a essayé de montrer l’antériorité et la supériorité de la civilisation égyptienne sur les autres, notamment de type occidentale. Pour coller au thème de cette conférence : «L’enseignement des humanités égypto-nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ? Quelles conditions de mise en œuvre ?», Théophile Obenga a cité des exemples que la première civilisation du monde a vu naître avant les autres. Il s’agit de la circoncision, de l’écriture, du papyrus, de la médecine… Pendant ce temps, le public écoutait religieusement cette leçon magistrale qui lance par ailleurs une série d’hommages à Cheikh Anta Diop. L’attention était de mise. Les étudiants et les élèves qui ont meublé les sièges de l’Ucad 2 n’ont pas eu le temps de s’ennuyer malgré le long exposé du Pr Obenga. Ce dernier tenta à sa manière de leur inculquer la pensée de Cheikh Anta Diop. «A partir des travaux de Cheikh Anta Diop, on peut développer nos propres paradigmes comme les Européens ont développé les leurs en se basant sur leurs propres réalités socioculturelles. Mme Angela Merkel va refuser la coopération avec le Fmi, si elle estime que les termes de celle-ci ne vont pas de paire avec les intérêts de l’Allemagne. Mais les Africains, eux, acceptent tout ce qu’on leur propose. Tout ! Tout», a insisté avec amertume Théophile Obenga, qui, comme son maître Cheikh Anta Diop, clame urbi et orbi que le salut de l’Afrique passe par une union. «Nous sommes des Pana­fricanistes. Les Européens disent que l’Afrique se développe. C’est faux. Avec ce système, l’Afrique sera toujours derrière. Le développement du continent passe par le Panafri­canisme», conclut-il.  

Ses œuvres bientôt traduites en Arabe
L’Egypte rend hommage au plus grand des Egyptologues. En effet, les ouvrages de Cheikh Anta Diop vont tous être traduits en Arabe au pays des Pharaons. La révélation a été faite par le Professeur Iba Der Thiam, après s’être entretenu avec l’ambassadeur de l’Egypte au Sénégal, S. E. M. Hesham Mohamed Maher. Une annonce qui n’a pas manqué d’être saluée par l’assistance par une salve d’applaudissements. Pour le député-historien, les travaux du savant doivent être «une arme pour le développement de l’Afrique». «Notre objectif est de continuer et de perpétuer le combat de Cheikh Anta Dio qui est la réalisation du Panafricanisme», a déclaré le Pr Thiam.

source:http://www.lequotidien.sn/new/index.php/component/k2/pour-le-developpement-de-l-afrique-theophile-obenga-propose-la-pensee-de-l-egyptologue.html