Abdoulaye Wade a encore franchi le Rubicon. Cette fois, le pape de la division et de la discorde a touché le fond dans sa volonté de faire libérer son fils par tous les moyens. A dire vrai, Gorgui a complètement disjoncté face à la détermination du régime de Macky Sall d’aller jusqu’au bout, pour éviter à notre justice une issue aux allures du fameux protocole de Rebeuss de 2006, par lequel Idrissa Seck, accusé d’avoir détourné des milliards de FCfa a été libéré en plein match de demi-finale de coupe d’Afrique des nations entre le Sénégal et l’Egypte.
Devant des Sénégalais ahuris, l’ancien président de la République a tout simplement pété les plombs en accusant les parents de Macky Sall d’avoir été chassés de leur village (Ndouloumadji Funebe, Matam) pour anthropophagie.
Pis, le secrétaire général du PDS, qui a dirigé le Sénégal pendant douze ans, a soutenu que l’actuel chef de l’Etat est descendant d’esclave et qu’il n’accepterait jamais d’être au dessous de lui. Son fils, Karim, non plus. De tels propos ont soulevé l’ire et un tollé général jusque dans la famille libérale dont Abdoulaye Wade est et reste le chef de file. Ils sont condamnables, ignobles, vils et incompréhensibles, surtout venant d’un ancien gardien de la Constitution, clé de voûte du système républicain.
Notre charte fondamentale que Wade a fait voter en 2001 consacre pourtant l’égalité de tous les Sénégalais devant la loi. Mais ça, c’est ce que dit la loi. Elle a certes une portée générale et impersonnelle que nul n’est censé ignorer. Seulement, la réalité semble toute autre. On se demande même s’il ne faudrait pas s’accorder avec Serigne Mor Mbaye, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui a déclaré dans les colonnes de Sud Quotidien du jeudi 26 février dernier que «le Sénégal est bâti sur des bases racistes fondées sur la stigmatisation, la recherche de l’exclusion de l’autre».
Pour preuve, la plupart des militants de l’Alliance pour la République (APR) se sont plus précipités à démentir Wade, en brandissant l’arbre généalogique du président Sall que de fustiger ses ignobles déclarations qui n’honorent pas l’Afrique. Un continent qui a vécu des siècles de traite négrière, période durant laquelle ses hommes et ses femmes les plus valides ont été déportés vers l’Amérique pour faire tourner la machine de la canne à sucre et autres servitudes.
Mais, pour les Apéristes, il fallait d’abord démontrer que Macky Sall n’est pas un descendant d’esclave. En procédant ainsi, ils légitiment que certains fils du Sénégal, vivant parmi nous, payant leurs impôts, servant dignement et fièrement leur pays, souvent dans les plus hautes sphères de l’Etat, n’auraient pas droit au chapitre. Parce que tout simplement la société d’alors a voulu qu’il en soit ainsi. Ce qui parait très paradoxal dans un pays à plus de 99% de Croyants dont les 95% seraient des musulmans. S’il est vrai que l’Islam est une religion importée, alors qu’étions-nous tous?
Mais au-delà de la question de l’esclavagisme, d’autres tares gangrènent notre société et risquent d’inquiéter la cohésion sociale. A l’instar de la nébuleuse question des castes. Un militant de l’APR s’est même payé le luxe de déclarer, sur un plateau de télévision, qu’un des leaders de l’opposition ne pourrait devenir président de la République au Sénégal parce qu’il est «casté». Des rêves ont été anéantis à cause de cette stratification sociale établie depuis les temps immémoriaux.
Au moment où un homme de couleur est devenu président des Etats- Unis, la plus grande puissance du monde, l’Afrique, elle, et le Sénégal en particulier, s’arc-boute sur des futilités qui plombent son envol. Ce qui contribue à apporter de l’eau au moulin des détracteurs du continent qui soutiennent que l’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire.
Pis, nous avons même poussé l’outrecuidance jusque dans la catégorisation de nos ethnies. Sur quelle base pensons-nous que les Wolofs sont fourbes, les Diolas des travailleurs, les Peulhs des traitres etc. Nous oublions à quel point l’identité pouvait être meurtrière. Nous pensons que le Sénégal est à l’abri de la folie meurtrière qui a détruit le Rwanda, que le concept de «l’ivoirité» qui a installé le chaos en Côte d’Ivoire ne nous arrivera jamais. Dieu nous en garde ! Alors, pour que le Sénégal reste et demeure ce havre de paix, il faut arrêter cette stigmatisation sans fondement dont est victime une bonne partie de nos compatriotes.
source: http://www.sudonline.sn/wade-et-la-face-cachee-de-l-homosenegalensis_a_23380.html
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