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dimanche, 29 novembre -0001 23:43

Sénégal - Du dialogue de sourds au dialogue politique pouvoir et opposition sur la ligne rouge !

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Sénégal   La tension politique qui s’est exacerbée avant et après le verdict de la Crei contre l’ex-ministre d’Etat Karim Wade, comme en témoignent le bras de fer ouvert entre l’opposition et le pouvoir et par ricochet l’interpellation de plus d’une vingtaine de membres et proches du Pds dont Me El Hadji Amadou Sall, ex-Garde des Sceaux, a bien fini de remettre au goût du jour la problématique du dialogue politique au Sénégal. Dans ce large tour d’horizon, des acteurs appartenant aux grands partis de l’espace politique jaugent de manière contradictoire les contours de ce dialogue qui est avant tout «la règle normale d’une démocratie», dit-on. 

 

De Serigne Mbacké Ndiaye du Pds à Abdoulaye Wilane du Ps, en passant par le député Thierno Bocoum de Rewmi ou encore Mor Ngom, le maire apériste de Ndangalma et ancien ministre de l’Environnement, les points de vue s’entrechoquent. Stigmatisant la panne ou le déficit de dialogue politique, c’est selon, ou même l’inaptitude de l’Assemblée nationale à structurer ou viabiliser ce dialogue, ou tout simplement plaidant la nécessité de relancer la prise de langue entre pouvoir et opposition, mais aussi entre pouvoir et acteurs sociaux, quoique de manière organisée, ponctuelle et sous préalable. A contre courant des positions de parti, des analystes politiques comme Ibrahima Bakhoum, sur la base d’une analyse lucide des rapports entre pouvoir et opposition, établiront la nécessité que «quelqu’un intervienne, même si ce n’est pas en termes de dialogue, pour apaiser l’espace politique». Hymne aux porteurs d’opinions ! Par contre, pour Ndiaga Sylla, autre observateur politique, «c’est à Macky Sall de créer les conditions propices du dialogue»  

 

 

SERIGNE MBACKE NDIAYE, MEMBRE DU PDS : «Il faut un dialogue pour éviter ce qui s’est passé au Mali»
 
«Je pense que le dialogue politique est une nécessité aujourd’hui. Car, il faut arriver à une situation qui permette au pouvoir et à l’opposition de se parler. Vous l’avez constaté, dans la Constitution, sur proposition du président Wade, il est inscrit le statut de l’opposition. Mais, jusqu’au moment où nous parlons, cette disposition n’est pas encore concrétisée, c’est déjà un problème. Ensuite, à l’état actuel des choses, je pense qu’on le dise ou non, selon qu’on soit de tel ou tel autre bord, il est clair que notre pays est, aujourd’hui, sous tension.  
 
Cette tension est perceptible à tous les niveaux et il est évident que notre économie est en train d’en subir les conséquences. Il est important donc qu’il ait un dialogue entre le pouvoir et l’opposition et au-delà même, entre le pouvoir et tous les autres acteurs de la vie publique pour une solution aux multiples tensions constatées un peu partout. Ce dialogue est d’autant plus nécessaire que le président de la République parle du Plan Sénégal émergent (Pse). On ne peut pas engager une telle réforme sans pouvoir mobiliser l’ensemble des fils de ce fils.
 
Or, nous vivons une situation qui ne permette pas aujourd’hui de mobiliser tous les Sénégalais autour de l’essentiel. Je pense qu’en engageant ce dialogue, cela va nous permettre de régler un certain nombre de problèmes tels que la lisibilité et la visibilité du champ politique pour éviter ce qui s’est passé au Mali. De mon point de vue, le dialogue doit être engagé sur des questions relatives à la sécurité, à la Casamance, la crise actuelle que traverse l’école sénégalaise…»
 
THIERNO BOCOUM,DEPUTE ET PORTE-PAROLE DE REWMI : «L’Assemblée nationale est une tribune destinée à une propagande gouvernementale»
 
« Quand le pouvoir voudra dialoguer et précisera les questions sur lesquelles il veut dialoguer, on appréciera. Un dialogue est toujours bon, mais tout dépend du contenu qu’on veut donner au dialogue et, pour ça, nous apprécierons en tant que parti souverain. Rewmi n’est pas contre le dialogue, mais tout dépendra des sujets qui seront à l’ordre du jour et des aspects sur lesquels on doit dialoguer. 
 
A l’Assemblée nationale, il n’y a jamais de dialogue. Ça, c’est clair. Ce qui s’y passe, c’est de la propagande gouvernementale. C’est tout. C’est une tribune destinée à une propagande gouvernementale, il n’y a pas de dialogue. Ce que le pouvoir a initié avec le passage du Premier ministre à l’Assemblée nationale, c’est une tribune destinée à une propagande gouvernementale. De toutes les façons, c’est la majorité qui pose des questions à son gouvernement. Le gouvernement répond à des questions sur lesquelles il s’est déjà préparé avant de venir. C’est juste une tribune ».
 
MOR NGOM, MEMBRE DE L’APR : «Si nous voulons vraiment aller au dialogue, il faut un préalable»
 
« Je pense que tant que nous serons en vie, nous aurons toujours besoin de dialoguer. Parce que nul n’est parfait et c’est sur la base des échanges que l’on arrive à se bonifier. Moi, je suis de ceux qui pensent qu’aujourd’hui, quelle que soit la situation au Sénégal, quels que puissent être les intérêts crypto personnels, partisans ou  quelquefois collectifs (parce que quand on parle des organisations politiques, ça devient du collectif), nous devons pouvoir nous taire sur tout cela et voir l’intérêt général du Sénégal. L’intérêt général du Sénégal, c’est ce que le président Macky Sall propose. C’est la nécessité d’une convergence, d’une concertation autour du développement du Sénégal mettant en exergue notamment le Pse. Dans ce Pse, nous avons besoin de l’appropriation des populations d’abord. Pour en arriver à cela, je crois que rien n’est plus utile que le dialogue. De tout le temps, le président Macky Sall a été toujours ouvert au dialogue pour la construction nationale. 
 
Vous avez vécu tout ce qui s’est passé au Sénégal, ces derniers jours. Je pense que si on veut dialoguer, il y a des formes, des voies et des moyens qu’il faut utiliser. Quand on se permet de mettre à la disposition des Sénégalais des choses que personne ne souhaite entendre ni voir, ce n’est pas vouloir dialoguer. Il faut qu’on se dise la vérité. Nous tous, nous sommes des humains, c’est-à-dire que nous avons des sens. Nos sens réagissent par rapport à notre environnement. Si vraiment, nous voulons aller au dialogue, il faut ce préalable. Respectons-nous d’abord. Considérons-nous comme des citoyens. Si ce préalable est déjà assuré et garanti, je pense que rien d’autre ne doit pouvoir être un obstacle pour que les Sénégalais que nous sommes, nous puissions nous assoir ensemble et décider de notre sort de demain, c’est-à-dire développer le pays ».
 
ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PARTI SOCIALISTE (PS) : «Le Sénégal est un pays de dialogue et on doit…»
 
«Le Sénégal est un pays de dialogue et on doit dialoguer sur tout ce qui concerne le Sénégal, pas seulement parce qu’il y a crispation politique ponctuelle. Les meilleurs moments de notre vie commune ont été toujours des moments de consensus fort, alors pourquoi donc ne pas continuer à tirer les profits du dialogue. Entre majorité et opposition, il doit y avoir un dialogue politique. Si le dialogue politique veut dire échanger, partager et confronter nos idées dans l’intérêt supérieur de la nation pour s’accorder sur des grandes questions, le dialogue politique est tout à fait normal, naturel et recommandé. Au niveau des institutions que sont les collectivités locales comme l’Assemblée nationale, il doit avoir y avoir dialogue politique. Il doit en être de même entre gouvernants et gouvernés, je veux dire entre dirigeants de l’État et simples citoyens puisque la chose politique concerne tout le monde. 
 
Je considère que nous ne sommes pas en guerre de religion, nous sommes en politique et nous sommes tous au service de l’État et de la nation et de ce fait, nous devons dialoguer. Le dialogue doit être en tout lieu et en toute circonstance mais avec comme seule préoccupation,  la prise en charge des préoccupations des Sénégalais et l’intérêt supérieur du Sénégal. Je ne ferais jamais l’apologie ou la promotion des combines politiques. Il faut un dialogue responsable, sincère et loyal. Je suis dans un État de droit, je veux que chaque institution, chaque pouvoir, chaque segment de la cité fasse son travail et assume ses responsabilités. Je ne suis pas pour l’empiètement ou un mélange de genre».
 
IBRAHIMA BAKHOUM, JOURNALISTE ANALYSTE politique : «Aujourd’hui, le pays a besoin que quelqu’un intervienne»
 
«Si chacun s’occupait de ce qu’il devait faire, il n’y a même pas besoin de parler normalement de dialogue. Parce que les choses sont faites de telle sorte que chacun sait ce qu’il a faire, où il doit le faire et quand il doit le faire. Donc, quand c’est fait comme ça, il n’y a même pas besoin de parler de dialogue. L’espace de rencontre républicain, c’est le parlement. Tout ce qu’il y a à dire se trouve là bas. Maintenant, comment les choses sont réparties au sein de cette institution ? Quelles formules les gens ont-ils mis pour minorer les uns ? Ensuite, qu’est ce que l’Assemblée nationale représente véritablement ? Est-ce que c’est juste une chambre d’applaudissement ou est-ce que c’est justement une chambre d’observation, de critique, de propositions, à l’écoute des populations ? Si c’est la dernière option, généralement il n’y a pas besoin de demander un dialogue entre les uns et les autres. Ce n’est pas la peine. 
 
Maintenant qu’il y a cette tension dans ce pays, il faut que les gens se parlent. Parce que c’est ce par quoi on devait commencer et qui est la règle normale d’une démocratie. Dans un pays où tout est normal, c’était simplement que chacun fasse ce qu’il a à faire normalement. Mais aujourd’hui, ce qui se passe, c’est que l’espace est occupé par des gens qui passent leur temps à s’insulter. Le niveau est tellement bas qu’à la limite, on se demande si c’est ça, le Sénégal. On ne peut même pas parler d’institutions qui fonctionnent normalement à partir du moment où on ne voit que la main des partisans. Donc, il arrivera un moment où il faudra que les gens se disent qu’il faut des connexions entre les uns et les autres puisqu’on ne peut même pas parler de rupture de dialogue parce qu’il n’y en a jamais eu. Les gens peuvent dire donc qu’on a besoin d’une retrouvaille et que cette retrouvaille-là ne soit pas sur des bases électoralistes, des calculs. Il faut que les gens se retrouvent, mais quand ils se retrouvent, que se soit pour le pays. Une fois que chacun reste à sa place, qu’il joue sa partition dans la démocratie. Aujourd’hui, le pays a besoin que quelqu’un intervienne, même si ce n’est pas en termes de dialogue, pour apaiser l’espace politique ».
 
NDIAGA SYLLA, ANALYSTE politique : «C’est à Macky Sall de créer les conditions propices de ce dialogue»
 
«Je pense que, malheureusement, le contexte marqué par la traque des biens mal acquis à vicié le débat politique. Je pense que nous avons, aujourd’hui, une stabilité et une paix sociale hypothéquées  par des menaces de trouble à l’ordre public, l’interdiction de manifestation, la défiance à l’autorité mais surtout des invectives de toutes parts et parfois même de l’indécence dans le discours. Je pense que cela a dû justifier les différents appels à la paix sociale. Cependant, ce qu’il faut retenir, c’est que notre pays doit pouvoir renouer avec le dialogue qui découle justement de sa tradition et constitue le ciment des relations entre les différentes communautés.
 
Les images ne manquent pas, les deux alternances politiques se sont déroulées dans des conditions pacifiques. Nous nous rappelons de la visite de Wade à la maman de son prédécesseur, le président Abdou Diouf juste après son élection. Cela constitue un acte majeur dans le sens de la préservation de la cohésion nationale. Malheureusement, la deuxième alternance a été engagée sous les auspices d’une traque des biens mal acquis qui, il faut le reconnaitre, découle d’une volonté des Sénégalais à obtenir la reddition des comptes. Je pense que devons tout faire pour assurer la préservation de la paix et de la stabilité sociale des politiques. Cela, malgré le fait que le Pds avait boycotté le débat sur la réforme des institutions et celui initié par le président de la République autour de l’Acte III. Aujourd’hui, il s’impose la nécessité des porteurs d’opinions de pouvoir effectuer une médiation pour obtenir la relance du dialogue. 
 
Pour moi, la responsabilité du chef de l’État est plus importante que celle de tous les autres acteurs. C’est à lui de créer les conditions propices de ce dialogue qui serait dégagé de l’intérêt de toute affectivité puisque c’est lui, le garant du fonctionnement régulier des institutions. Au-delà de la nécessité de créer un environnement propice, je pense que le dialogue devrait être engagé autour de l’importante volonté de rupture engagée par le président de la République et qui passera nécessairement par le débat autour de la réforme des institutions. On se projette vers un référendum, il serait un grand dommage que l’essentiel des acteurs composant l’opposition ne puissent pas participer à ce débat. Si le climat de tension persiste, le Pds n’hésitera pas à boycotter cette consultation comme ils ont eu déjà à le faire, lors de la réforme des institutions avec la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) et l’Acte III de la décentralisation ».
 
source: http://www.sudonline.sn/pouvoir-et-opposition-sur-la-ligne-rouge-_a_23766.html
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