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dimanche, 29 novembre -0001 23:43

Implication de la famille dans la gestion de l’État le péché mignon des présidents sénégalais

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Sénégal   De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, à des degrés divers, les proches du président de la République sont restés très présents dans la gestion de l’Etat. Le premier président du Sénégal avait son neveu Adrien Senghor à ses cotés en tant que ministre chargé de l’Equipement, alors que son successeur, lui, nommait son frère Maguette Diouf ministre de la République. Allant plus loin, Me Wade a excellé dans le népotisme ou «clanisme», pour parler comme certains, en impliquant toute sa famille dans la gestion de l’Etat. Le débat actuel porte sur la «dynastie» dite Faye-Sall au sommet de l’Etat, même si par ailleurs Alioune Sall, petit-frère de Macky Sall, maire de Guédiéwaye et patron de l’Association des maires du Sénégal, vient de rejeter le poste de président de l’Union des associations des élus locaux (Uael).  

 

«La famille est un ennemi en politique, il faut l’en éloigner le plus loin possible», avait théorisé le chantre de la Négritude Léopold Sédar Senghor. N’empêche, à l’image des «démocraties monarchiques» qui pullulent sur le continent, le Sénégal est rattrapé par l’omniprésence de la famille du Président dans la gestion de l’Etat. Dans les couloirs des palais, les membres de cette « sainte famille » s’activent, sous la double casquette de citoyen et «proche du président».  Au vu de ce qui s’est passé pendant ces 3 dernières années, dans la conduite des affaires publiques, il ne semble pas ainsi pas exagérer d’affirmer que la rupture tant prônée ne viendra pas de là. Le «népotisme» et le «clanisme» sont en effet plus que d’actualité. 

 

 
 
La «dynastie» Faye-Sall-Gassama, en pleine bourre  au sommet de l’Etat, se reflète par la nomination du beau-frère du Président, Mansour Faye, ministre de l’hydraulique, à la suite de son élection fortement contestée à la mairie de Saint-Louis, lors des dernières Locales. Qui plus est, la «dynastie» s’est renforcée par la nomination des fils de Macky Gassama, ancien maire de Fatick et homonyme du Président, aux postes de conseillère technique du ministre de la Justice pour Aïcha Gassama, et de président du Conseil d’administration de l’Agence nationale de la maison de l’Outil (Anamo) pour son frère Mamadou Gassama. Avant eux, d’autres parents du chef de l’Etat étaient déjà servis comme Abdoulaye Timbo, oncle de Macky Sall, et directeur général du défunt Fnpj. 
 
Le propre frère du président, à savoir Alioune Sall,  maire de Guédiawaye, non moins président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), a dû faire marche arrière pour démissionner de son nouveau poste de président de l’Union des associations des élus locaux (Uael), pourtant acquis à l’unanimité, samedi dernier. 
 
Dans ce dédale, Alioune Sall fait son bonhomme de chemin en récusant les griefs de ses détracteurs, l’accusant   d’utiliser sa casquette de frère de Macky Sall pour coiffer au poteau ses concurrents aux différents postes. Pour couronner le tout, l’actuelle Première Dame, Marième Faye Sall, semble n’avoir pas tiré toutes les leçons de la défaite des Wade pour apporter de la valeur ajoutée à son mari de Président, dans le cadre de ses actions.  En effet, on lui prête déjà trop de pouvoirs. 
 
Me Wade : la patrimonialisation du pouvoir
 
Avec Wade, le pouvoir devient vraiment une affaire de famille. Jusqu’ici, les Présidents n’osaient pas placer leur fils au centre de l’appareil d’Etat, mais sous le président sortant de la République, les choses  furent totalement différentes. «Le rôle de Karim, c’est d’être... mon fils. Il m’aide provisoirement à la mise en place des services de la présidence de la République. Karim me conseille, mais il n’a pas de bureau à la présidence. Il sait des choses que je ne sais pas. C’est un homme d’action», disait le président Wade, deux ans après son accession à la magistrature suprême. De fil en aiguille, Karim Wade se retrouva à la tête d’un portefeuille ministériel hors du commun (ministre du ciel et de la terre comme disaient certains). Abdoulaye Wade allait aussi placer sa fille, Sindiély Wade,  comme conseillère en communication et coordinatrice du Festival mondial des arts nègres (Fesman) en 2010. Pour sa part, Viviane Wade, était plutôt active hors de l’espace présidentiel, sans en être trop éloignée. Avec sa Fondation, elle s’est activée de manière dynamique dans l’action humanitaire et sociale (allez demander aux populations de Nénéficha, à Kédougou). 
 
SENGHOR, DIOUF : ET POURTANT !
 
Avant eux, sous les magistères de Léopold Sédar Senghor et d’Abdou Diouf, la famille présidentielle n’a pas manqué d’être impliquée dans les affaires publiques, même si ce fut à un degré moindre. Adrien Senghor, neveu du premier président, s’était vu offrir le portefeuille du ministère du Développement rural avant d’échouer au ministère chargé de l’Equipement.  Une position qui aurait permis à son fils, Francis Senghor, de bénéficier de prêts bancaires de près d’un milliard de FCfa pour monter sa maison de disques, Golden Baobab. Maguette Diouf, propre frère du Président Abdou Diouf, a lui aussi été ministre de la République dans des gouvernements successifs de Socialistes. 
 
ECLAIRAGE SUR LE POUVOIR EXECUTIF DU CHEF DE L’ETAT : Le président nomme et limoge… à son gré
 
Le chef de l’Etat est investi, par la Constitution sénégalaise, du pouvoir de nommer et de mettre fin à certaines responsabilités comme bon lui semble. En effet, l’article 74, au Titre III, stipule que «le Président de la République nomme le Premier Ministre et met fin à ses fonctions. Sur proposition du Premier Ministre, le Président de la République nomme les ministres et met fin à leurs fonctions». Mieux, dans le même préambule, l’article 69 de ladite Constitution dit que «le Président de la République nomme aux emplois civils et militaires. Une loi détermine les emplois pourvus en Conseil des Ministres ainsi que l’étendue et les conditions dans lesquelles le pouvoir de nomination du Président de la République peut être, par lui, délégué pour être exercé en son nom». Ce qui lui donne, bien évidemment, la latitude de mettre ses proches aux postes qu’il veut. Et toujours ses prérogatives, le chef de l’Etat a la possibilité d’attribuer les distinctions dans les ordres de la République (Article71), tout comme le droit de grâce qu’il exerce après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature (Article 72). Cependant, à l’exception des actes accomplis en vertu des articles 71, 72, 120, 121 et 145, tous les autres sont contresignés par le Premier ministre (Article 68). Toutefois, le président de la République ne peut pas être suppléé ou succédé par aucun de ses ascendants, descendants, collatéraux au premier degré, ou conjoints. Ces derniers ne peuvent en aucun cas, comme le prévoit l’article 58, être candidat pour le remplacer. Ce qui met en quelque sorte un frein à toute ambition présidentielle d’un quelconque frère de chef d’Etat au Sénégal, si entre temps la Constitution n’est pas changée.
Source: http://www.sudonline.sn/le-peche-mignon-des-presidents-senegalais_a_24470.html
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