Le pari était osé. Mais, Macky Sall avait décidé de se rendre à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) pour inaugurer les trois pavillons de 1044 lits construits dans le campus social. Pourtant, il était prévenu par les Renseignements généraux (Rg). Mais, le président de la République avait mesuré les risques qu’il prenait. 

D’après des sources proches des Rg, il a été briefé que des troubles provoqués par des partis politiques issus de l’opposition pour saboter son «pèlerinage» à l’Ucad étaient envisageables. Dans leurs rapports, ils ont cité Rewmi et le Parti démocratique sénégalais (Pds). Sur place, les Rg avaient suggéré un dispositif de sécurité invisible dans l’enceinte universitaire et insisté sur la sérénité à adopter en cas de troubles. 
En visite à l’Ucad vendredi, le cortège présidentiel a essuyé des jets de pierres. Il a fallu la promptitude des forces de sécurité pour circonscrire l’incident qui a écourté la visite du chef de l’Etat au campus social. 
Aujourd’hui, on continue d’ergoter sur les raisons qui ont poussé certains étudiants à agir de la sorte. A l’Ucad, le chef de l’Etat a plaidé pour un espace universitaire apaisé où les revendications peuvent être portées en toute «responsabilité». Ce jour-là, il a admis qu’il reste encore des efforts à faire pour placer l’université de Dakar dans le top 100 des «meilleures universités du monde». «Les problèmes sont réels. Je suis venu pour vous écouter, je vous ai écoutés, entendus et je vous ai compris. L’espace universitaire est un espace de lumière. Je me permets d’ajouter que la paix est ma voie, elle est et doit demeurer un espace de paix, de tranquillité et d’études pour répondre pleinement à sa vocation de Temple du savoir», a-t-il soutenu.
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Mary Teuw Niane et Thierno Alassane Sall jettent des pierres aux étudiants
En marge de la cérémonie de remise des diplômes aux 36 ingénieurs de l’Ept, Mary Teuw Niane et Thierno Alassane Sall, ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Energie, ont affiché leur incompréhension et condamné les jets de pierres sur le cortège présidentiel.

C’est toujours les interrogations. Mary Teuw Niane est étranglé par les jets de pierres sur la personne du président de la République, ce vendredi, lors de sa visite à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). En présidant, ce samedi, la cérémonie de sortie de la 38e promotion de l’Ept, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche n’a pas caché sa frustration face à l’attitude de certains étudiants. Il dit : «Quand un Président vient vous rendre visite, il y a un esprit civique. Il y a des choses inacceptables dans une République. Je ne peux concevoir, un seul instant, je ne dis même pas un étudiant, mais qu’un individu, quel qu’il soit, ose jeter quelque chose vers le président de la République. Je crois qu’il est important que notre société se réveille et que les parents jouent leur rôle. Les enfants, il faut les éduquer.» Non épargné, avec une bonne dose de huées reçue, également, lors de la visite présidentielle, le ministre de l’Enseignement supérieur se montre ferme : «En tout cas pour nous, il s’agira de toujours leur dire la vérité. Ils peuvent nous huer, ce n’est pas un problème, mais la vérité, nous la dirons, et à chaque fois, c’est dans l’intérêt impératif de l’école. Parce que l’école, aujourd’hui, telle qu’elle est, ce sont des errements, des absences de prises de responsabilités, à différents niveaux, qui interpellent tout le monde : l’Etat, les enseignants, les parents d’élèves, les encadreurs que nous sommes. Il nous faut un sursaut. C’est à ce sursaut que le président de la République a appelé, vendredi, l’ensemble des étudiants, en leur disant que la mission première d’un étudiant à l’université, c’est d’étudier.» Pour Mary Teuw Niane, «il n’y a pas d’autres missions. Jeter des pierres, barrer des rues, ce n’est pas une mission d’un étudiant, ce n’est pas la mission d’un jeune qui veut son avenir. Je le répète et je continuerai à le répéter, tout le temps que le président de la République me fera confiance à la station où je suis. Pour toujours dire qu’il faut étudier, travailler dur. D’autant que c’est la seule voie pour la réussite de notre école». Le ministre Niane conclut par un appel pressant : «La majorité comme l’opposition, les autorités religieuses et coutumières doivent parler aux étudiants. Car il est temps de parler.» A sa suite, le ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall, présent à ladite cérémonie, de faire comprendre que quand «le président de la République, la première Institution, fait l’honneur à l’université de se déplacer pour aller rencontrer, discuter et investir, afin de répondre à des préoccupations qui ont été celles des universitaires et des étudiants pendant longtemps, consistant à mettre des pavillons et laboratoires, je pense qu’on peut montrer son mécontentement pour protester, mais par des formes beaucoup plus convenables et convenues», a-t-il dit.
Correspondante

Le Secrétaire général adjoint du Meel parmi les étudiants arrêtés
EL Hadj Diaw fait partie des étudiants arrêtés vendredi pour avoir jeté des pierres sur le cortège de Macky Sall. Le secrétaire général adjoint du Meel a reçu la visite de Oumar Sarr, entre autres responsables du Pds, au commissariat central de Dakar.

Les jets de pierres sur le cortège présidentiel prennent une autre tournure. Parmi les étudiants arrêtés, vendredi, figure le secrétaire général adjoint du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel). Aussitôt après ces interpellations, certains responsables du pouvoir avaient indexé l’opposition qui voudrait «saboter» la visite «historique» du président de la République. Le porte-parole du comité directeur du Parti démocratique sénégalais, joint par téléphone hier, explique : «Par rapport à l’arrestation d’étudiants libéraux, c’est une rumeur qui a été distillée par une certaine presse. Ce n’était pas vrai. On ne connaissait même pas ceux qui avaient été interpellés. C’est lorsque le coordonnateur du Pds a présenté le jeune El Hadji Diaw au commissaire en lui disant que c’est lui le secrétaire général adjoint du Meel que celui-ci a sauté pour lui signifier qu’il ne peut pas repartir. Il lui a dit : ‘’J’ai besoin de lui pour une enquête’’. Et c’est comme ça qu’on l’a retenu au commissariat central de Dakar depuis 48 heures.» Mayoro Faye précise que le responsable du Meel est un «avocat stagiaire» qui «n’était même pas à l’université le jour de la manifestation». Il en déduit que «c’est ce genre de pratiques qui expliquent la réaction des étudiants». «Nous appelons le régime à plus de recul, de sérénité pour procéder à la meilleure analyse selon laquelle il comprendrait que les Sénégalais, dans leur plus grande majorité, ont ce sentiment de rejet, de déception par rapport à ce régime», a ajouté M. Faye. 
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Thérèse Faye Diouf, coordonnatrice de la Cojer
«Des jeunes manipulés ont tenté de saper en vain le succès de la visite du Président»
Thérèse Faye Diouf et ses camarades de la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer) minimisent les événements survenus vendredi dernier lors de la visite du Président Macky Sall à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Dans un communiqué, la coordonnatrice de ladite structure, affiliée au parti présidentiel, note que «l’opposition, en perte de vitesse, communique sur cet évènement marginal et mineur de quelques minutes qui a été rapidement maîtrisé». Elle estime que cela ne doit pas surprendre les esprits avertis, relevant que «l’opposition et ses relais excellent dans la diversion et la désinformation pour éviter que l’opinion soit bien informée des actes majeurs et salutaires posés par le Président Macky Sall». Pour éviter que pareils actes ne se reproduisent, la Cojer considère que des «mesures fermes» doivent être prises contre les «fauteurs de troubles». Toutefois, elle dit avoir regretté les «incidents mineurs» orchestrés par un groupe de «jeunes égarés, manipulés et inconscients qui ont tenté de saper en vain le succès de la visite historique du chef de l’Etat». «Nous avons tous appris avec fierté et émotion que le temple du savoir recevait ainsi pour la première fois un chef d’Etat sénégalais», a dit Mme Diouf.

Mayoro Faye, membre du Comité directeur du Pds
«Réduire la réaction des étudiants en une simple manifestation de l’opposition, c’est passer à côté»

«Nous pensons qu’il n’avait pas à y aller lui-même en tant que Président. Et le régime n’avait pas à politiser la manifestation parce qu’il y avait des cars qui déposaient ses militants, des tee-shirts ont été distribués, des pancartes et banderoles ont été affichées un peu partout à l’université. Donc, la politisation de la manifestation était une erreur. Et le fait de vouloir réduire la réaction des étudiants en une simple manifestation de l’opposition, c’est passer à côté. Parce qu’en vérité, l’analyse doit être plus profonde, sereine, pour comprendre que c’est une expression des Sénégalais qui sont venus des campagnes, des villes, qui expriment la même chose que nous autres qui ne sommes pas étudiants. Personne ne recommande certaines pratiques. Mais le milieu universitaire a connu beaucoup de heurts et pour la plupart, la responsabilité de l’Etat est engagée par la présence des policiers, par la mort de Bassirou Faye, par la tentative de suppression des bourses et des aides et la hausse des frais d’inscription. Les étudiants ont perdu beaucoup d’acquis avec le régime de Macky Sall. Et cela devait suffire pour ne pas tenter une pareille opération en pleine université.» 
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Les élèves et étudiants de l’Uds/A
«Des comportements indignes de jeunes appelés à occuper des postes de responsabilités»
Le mouvement national des élèves et étudiants de l’Union pour le développement du Sénégal/Auth­entique (Uds/A) «déplore et condamne toutes formes de violence dans l’enceinte universitaire qui est, par excellence, un temple du savoir et non un espace où la violence doit régner». Dans un communiqué en réaction aux jets de pierres sur le cortège présidentiel, ces jeunes du parti dirigé par Adji Mergane Kanouté rappellent que le chef de l’Etat «représente la Nation» et que les étudiants devraient plutôt se sentir «honorés de la visite d’une telle institution». Souleymane Mbaye et ses camarades d’ajouter : «Une institution qui se déplace vers nous ne mérite pas de tels comportements indignes de jeunes appelés à occuper à l’avenir des postes de responsabilités dans le pays.» Après avoir salué le «courage» et la «sérénité» du Président Macky Sall, ils l’appellent à «sévir contre les coupables de tels actes et comportements passibles de la Cour d’assisses pour attentat à la vie du chef de l’Etat». M. Mbaye formule enfin une demande : «Il nous faut repenser notre jeunesse dans les partis politiques, le système éducatif et universitaire en profondeur, le statut d’étudiant et surtout d’étudiant politique.»
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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/perturbation-de-la-visite-de-macky-a-l-ucad-le-palais-jette-des-pierres-a-l-opposition