L’identité est meurtrière, si l’on en croit à Amine Malouf. Pourtant, c’est le débat politique, voire politicienne au Sénégal, depuis que les avocats de Karim Wade ont saisi la justice hexagonale, en raison de la nationalité française de l’ancien ministre d’Etat sous Abdoulaye Wade.
Pis, Me Seydou Diagne aurait même commis une «bourde de langage», selon son collègue Me El Hadji Amadou Sall en déclarant que l’ancien Chef d’Etat du Sénégal, Me Wade, aurait la nationalité française pendant tout le temps qu’il a exercé les fonctions du président de la République du Sénégal (19 mars 2000 au 25 mars 2012). Une sortie qui a déclenché un débat stérile, inutile et dangereux dans le seul but de divertir les Sénégalais et de les détourner des questions urgentes.
Nous ne sommes pas en train de dire que ce ne serait pas extrêmement grave si un tel fait s’est avéré. Loin de là ! Toutefois, soyons quand même plus conséquents avec nous-mêmes. Combien de ministres, de directeurs généraux disposeraient de nationalités française, allemande, américaine dans notre pays ?
Abdoul Mbaye n’était-il pas franco-sénégalais ? C’est lui-même qui l’a avoué devant la représentation nationale. Ca n’avait choqué personne. Pis, la majorité l’avait acclamé debout !
Vous imaginez dans le pays de Léopold Sédar Senghor, théoricien du rendez-vous du «donner et du recevoir», apôtre du mulculturalisme qu’on y traque des binationaux. Diantre !
D’ailleurs, qui ne l’est pas. D’autant plus que l’identité ne se compartimente pas. Nous sommes tous sénégalais, français, ivoiriens, ghanéens, maliens, américains…
Notre pays s’appelle le Sénégal. C’est un vrai label. Un havre de paix, de solidarité, de concorde, d’exemple typique du dialogue islamo-chrétien. Senghor était un français, mais il nous a légué un état solide.
Le vrai combat est ailleurs. Il est fondamentalement économique, notamment la lutte contre le chômage, la délinquance juvénile, les mariages précoces, les abris provisoires, le maintien de nos filles à l’école. Sans occulter la guerre du 3ème millénaire : le terrorisme.
Personne dans ce pays ne peut devenir président de la République s’il n’est pas sénégalais. S’il ne maîtrise pas nos cultures, nos traditions, s’il ne parle pas une seule de nos langues nationales, particulièrement le wolof.
Par ailleurs, ne perdons pas de vue que nous vivons dans un monde globalisé, comme l’avait prédit Léopold Sédar Senghor.
Le maire de Paris est une femme. Une première. Elle s’appelle Anne Hidalgo. Elle est d’origine espagnole. Elle dispose d’une double nationalité. La mère de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy est de la famille Mallah, qui est à l’origine venue d’Espagne comme tous les Juifs de Salonique, la Grèce du nord et a quittée avec l’expulsion des Juifs par le Roi Ferdinand. La famille de Sarkozy s’est installée initialement en France. Son arrière-grand-père, qui est mort en 1913, était un bijoutier bien connu en Salonique.
L’actuel Premier ministre, Manuel Valls n’a pas toujours été Français. Ses parents étaient installés à Paris avant sa naissance, mais il est venu au monde à Barcelone, dans l’Espagne natale de son père, alors que ses parents y passaient leurs vacances estivales. C’est à l’âge de 20 ans que le futur homme politique a décidé d’obtenir la nationalité française.
Le célèbre acteur américaine, Arnold Schwarzenegger, membre du parti républicain, a été élu gouverneur de l’Etat de Californie, en 2003. Même si en tant que naturalisé (il est d’origine autrichienne), il ne peut prétendre aux fonctions suprêmes de son pays d’adoption. Nous pouvons continuer à citer les exemples. Dans notre pays, nos dirigeants n’ont jamais rechigné à envoyer leurs épouses accoucher en Occident pour faire bénéficier à leur progéniture d’une autre nationalité.
Ils adoptent une autre stratégie pour l’éducation de leurs enfants dans le but de fuir les grèves cycliques, voire endémiques. Alors, s’il vous plait arrêtez de tenter de divertir le peuple parce que nous sommes tous des binationaux. Aussi bien dans notre histoire que notre trajectoire.
Nous pouvons être fiers d’avoir eu deux Premiers ministres femmes alors qu’en France, la première femme à occuper un département de souveraineté est Elizabeth Guigou (Garde des Sceaux, ministre de la justice sous le gouvernement Juppé 2). Nous pouvons également nous glorifier d’avoir eu un ministre issu d’une minorité arabe, Haïdar El Ali. C’est ça la sénégalité.
source: http://www.sudonline.sn/tous-des-binationaux-_a_28481.html
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