Au sortir de leur réunion du dimanche 06 mars, le Bureau politique (Bp) du Parti socialiste a condamné avec la dernière énergie les attaques dont il a fait objet la veille. Considérant ainsi que l'incident a été orchestré par des responsables socialistes, en mal de représentativité au sein du parti, le Bp a donné mandat à Ousmane Tanor Dieng et au Secrétariat exécutif national de prendre toutes les mesures disciplinaires à la hauteur des actes de violence commis. Le Bp a par ailleurs appelé au vote massif du OUI, suite aux débats contradictoires auquel ont participé 91 responsables.
Va-t-on vers une chasse aux sorcières au sein du Parti socialiste (Ps) après les incidents qui ont émaillé la réunion du Bureau politique (Bp) du samedi 5 mars? Tout porte à le croire dans la mesure où le Bp a donné mandat au secrétaire général dudit parti, ainsi qu'au Secrétariat exécutif national de prendre toutes les mesures disciplinaires qu'appellent ces actes de violence. L'information a été donnée par le ministre de l'Education nationale, non moins porte-parole du jour. En effet, à la fin des travaux du Bp, Serigne Mbaye Thiam qui s'est chargé de lire la résolution finale, a indiqué qu'à l'unanimité, le Bp condamne « ces actes de violence». Selon lui, ledit bureau « engage le Sg à entreprendre toutes les diligences requises pour situer les responsabilités et réserver à ces faits les suites politiques et judiciaires ».
Revenant sur les incidents de la veille, Serigne Mbaye Thiam a accusé certains responsables socialistes tapis dans l'ombre. En effet, de l'avis du ministre en charge de l'éducation, les nervis qui ont commis les attaques ont été recrutés et organisé par des responsables du parti. A l'en croire, ces derniers ont constaté « avec la tournure des débats, une tendance démocratique nette et claire en faveur du Oui ». C'est pour cette raison qu'ils ont activé les jeunes stationnés dans la cour de la Maison du parti, pour caillasser les vitres de la salle Lamine Guèye du Bureau politique. Pour Serigne Mbaye Thiam, en voulant cacher à l'opinion « le décalage énorme entre, d'une part, leurs prétentions et, d'autre part, leur représentativité réelle au sein du Ps, ces responsables,ont préféré l'argument de la violence à la force des arguments intellectuels et politiques et du débat démocratique ».
Abordant en outre de la question référendaire, Serigne Mbaye Thiam a fait savoir que le Bp a voté à l'unanimité pour le Oui au 20 mars prochain. S'expliquant, il a indiqué que le débat a fait ressortir une majorité de 88 intervenants sur 91 membres du Bp, ayant soutenu le Oui au référendum. Mieux, le secrétaire général chargé des élections au Ps a informé que le débat a été confirmé par un vote à l'unanimité du Bp. Au regard de tout cela et prenant en considération certains aspects, notamment la motion du Mouvement national des femmes du parti, ainsi que la conformité des mesures contenues dans le projet avec les Conclusions des Assises nationales, le Bp a dit adhérer au projet de loi portant réforme constitutionnelle. Il a par conséquent appelé à un vote massif du Oui au référendum.
OUSMANE TANOR DIENG, SG DU PS : «Peut-être que moi-même, j’ai une part de responsabilité dans cette situation»
Je me réjouis de constater que leurs manœuvres de ceux qui voulaient arrêter nos travaux ont été déjouées parce que, ce matin, on a repris les travaux du Bureau politique, là où on les a laissés hier. Et, vous le voyez, près de 90 camarades, en y ajoutant ceux qui avaient pris la parole hier, ont pu librement donner leur point de vue, faire leurs commentaires et même certains indiquaient que leur position, avant qu’on ne se réunisse, était de dire NON, mais après avoir écouté et échangé, ils ont décidé de se rallier à la position majoritaire au sein de cette instance. Je voulais exprimer ma fierté d’appartenir à ce parti, qui est un parti de débats et c’est absolument incontestable, le débat n’étant pas la division. Nous continuerons la discussion avec nos camarades qui ont une position divergente, afin qu’ils puissent rallier la majorité d’ici le 20 mars. C’est ça, la démocratie, c’est ça aussi la discipline de parti.
Je voulais ajouter que pour hier, on ne peut pas dire qu’il s’agissait de bagarre ou de tension entre pro-Massamba et pro-Mademba. Il y avait d’une part ceux qui étaient dans la salle du Bureau politique, qui se réunissaient calmement, qui ont commencé leurs échanges et qui allaient les terminer dans la paix, et qui ont été attaqués, agressés par des gens venus pour cela. De sorte que ce qui est juste, ce n’est pas de dire que le Parti socialiste est divisé en pro ou en anti. Non, le Ps n’est pas divisé de ce point de vue. Il y a ceux qui respectent la légalité, la légitimité, et qui sont totalement opposés à la violence et ceux qui sont venus nous agresser. Ils ont caillassé les voitures, le siège du Bureau politique. Evidemment, c’est quelque chose de totalement inacceptable.
Le Bureau politique n’a pas voulu agir dans l’émotionnel. On se donne le temps de la réflexion et on mandate le Secrétariat exécutif national de prendre le temps de la réflexion, d’instruire le dossier et de prendre les décisions appropriées, les sanctions que ces gens-là méritent. Ça aussi, je crois que c’est une preuve de sagesse. Nous ne sommes pas dans la vengeance. Ceux qui ont agi de cette manière ont fauté, nous condamnons leurs agissements.
Peut-être que moi-même, j’ai une part de responsabilité dans cette situation. Parce que certains membres du bureau m’ont dit qu’avec ces camarades qui sont dans la cour, il y a des risques de violence. Moi, j’ai eu la naïveté de croire que les camarades qui sont dans la cour au moment où une instance comme le Bp se réunit, c’est pour applaudir certains camarades, chahuter un peu, mais pas venir avec des armes, machettes, couteaux, gourdins pour avoir comme dessein de s’attaquer à d’autres camarades. Et peut-être même de leur faire perdre la vie. Je crois que j’avais raison d’avoir à priori ce jugement sur tous nos camarades. Je me suis trompé parce qu’on a vu des camarades faire autre chose. Si j’avais suivi ceux qui m’avaient demandé de prendre des dispositions, j’aurais pu prendre les mesures pour que la sécurité à l’extérieur de la maison du parti, qui relève de la sécurité publique, soit assurée et que nous-mêmes, nous assurons la sécurité intérieure parce que nous sommes beaucoup plus nombreux que ceux qui pensaient qu’ils pouvaient arrêter notre réunion.
BOUNAMA SALL, RESPONSABLE DES JEUNESSES SOCIALISTES : « Ceux qui étaient là, hier, ne sont pas des militants du Ps…»
Ceux qui étaient là hier, samedi, ne sont pas des militants du Parti socialiste. Ce sont des bandits et des drogués qui ont été recrutés et instrumentalisés, et missionnés pour saccager le Parti socialiste. En venant à la réunion, on n’avait pas cette appréhension que de telles pratiques allaient se passer ici. Mais comme vous le savez, nous avons derrière nous les différents responsables des jeunes du Ps des régions de Diourbel, Tamba, Ziguinchor entre autres, qui sont membres du Bureau politique. Ils ont été là pour donner la position des jeunes du Ps, qui est celle de voter massivement le Oui, au prochain rendez-vous. Nous tenons à dire qu’une certaine presse qui avançait l’idée qu’Ousmane Tanor Dieng a été désavoué par sa jeunesse s’est fourvoyée, tel n’est pas le cas. Nous nous inscrivons en faux parce que nous avons ici des responsables régionaux issus de l’intérieur, siégeant au nom de la jeunesse socialiste dans les instances régulières du parti et qui, de manière unanime, renouvellent leur confiance et leur soutien au camarade Ousmane Tanor Dieng.