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Sam, Nov
mardi, 19 avril 2016 00:00

Violations des droits humains en Gambie Yaya Jammeh au banc des accusés

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ordures ménagères   Les faits accablent l’homme. Le Président Yahya Jammeh, jeune lieutenant arrivé au pouvoir en Gambie, le 22 juillet 1994, est présenté, 22 ans plus tard, par de nombreux observateurs comme le champion de la répression. Jadis applaudi pour avoir réussi son coup d’Etat sans effusion de sang, son régime est cité dans de nombreux cas de crimes et de tortures, bref de violations des droits humains.  

Le président de la République de Gambie, Yahya AJJ Jammeh, est présenté, par de nombreux observateurs, comme un champion du non respect des droits humains, 22 ans après son accession au pouvoir, le 22 juillet 1994 à la suite d’un coup d’Etat militaire.
L’ancien président du Conseil du gouvernement des forces armées (AFPRC), venu au pouvoir sans effusion de sang, verra son règne marqué par de nombreux cas de répressions, après sa démission de l’armée et sa première élection «démocratique» à la présidence en septembre 1996. Prenant la précaution de changer la Constitution dès janvier 1997, Yahya Jammeh entame son contrôle personnel du pouvoir avec son nouvel parti l’Alliance patriotique pour la réorientation et construction (APRC) qui avait déjà gagné aux législatives 33 sièges sue les 45 que comptait l’Assemblée nationale. C’était le début du règne sans partage et sans complaisance de l’homme fort de Banjul.
 
UNE REDOUBTABLE MACHINE DE RÉPRESSION
 
Malgré son indépendance stipulée dans la nouvelle Constitution, la justice gambienne semble sous le contrôle du pouvoir du Président Jammeh qui l’utilise comme un instrument pour mieux régner sur Bathurst. Les juges, souvent étrangers et originaires pour la plupart du Nigéria ou de Sierra Leone, se sont illustrés par leur allégeance au Président Jammeh qui dispose également de l’armée nationale gambienne (GNA), de la Police nationale (GPF), mais aussi de la fameuse agence nationale du renseignement (NIA) qui était créée par un décret présidentiel en 1995. Pour preuve, cette redoutable agence ne rend compte qu’au président de la République. Les forces de sécurité gambiennes sont accusées d’être à l’origine de plusieurs exactions, de disparitions et d’exécutions de citoyens gambiens ou étrangers.
 
DES SOLDATS POURSUIVIS ET TUES DANS LES RUES
 
Nombreuses sont les familles qui portent le deuil de leurs membres, soldats de l’armée tués au cours de leur service. Ce fut le cas des dix soldats arrêtés en janvier 2000 avec le lieutenant Landing Sanneh et accusés de tentative de coup d’état. Le lieutenant Almamo Manneh, le caporal Momodou Dumbuya étaient tués en plein centre ville de Banjul, sous le regard médusé des passants, dans les alentours du marché central de Banjul alors qu’ils couraient pour échapper à leurs bourreaux. Ces soldats qui avaient été arrêtés dans le cadre de ce supposé coup d’Etat du 15 janvier 2000 n’ont jamais été conduits, pour la plupart, au tribunal et n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable. La majorité d’entre eux a péri en prison. Des soldats comme le Lieutenant Abdoulie Faal, communément appelé Dot Faal, le Capitaine Bassirou Barrow et tant d’autres soldats sont exécutés pour tentative de coup d’Etat. Le Vice-président de la junte militaire en 1994, Lieutenant Sanna Sabally est arrêté en 1997 et accusé de tentative de coup d’Etat. Il sera maintenu pendant neuf ans à la prison de Mile 2 à la sortie de Banjul avant d’être libéré en 2003. Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 décembre 2015, à l’aube, un groupe de 12 soldats exilés aux Etats Unis, en Angleterre et en Allemagne, reviennent au pays pour  une opération commando dirigée par un vétéran de l’armée de l’air américaine, Papa Faal, 46 ans, détenteur de la double nationalité américaine et gambienne. Il réussit à rejoindre Dakar le 31 décembre mais ses éléments sont décimés par la garde républicaine gambienne. On peut citer le Capitaine Lamin Sanneh, déserteur de l’armée gambienne
 
REPRESSION ET MASSACRE DE CIVILS
 
Le régime du Président Jammeh n’a jamais épargné les civils. Le 9 mars 2000, le jeune élève Ebrima Barry est décédé en détention dans des conditions douteuses à la Brigade des Sapeurs pompiers de Brikama. Les 10 et 11 avril 2000 les forces de sécurité avaient tiré sur les élèves qui manifestaient pour que la lumière soit faite sur la mort de leur camarade Ebrima Barry. Le journaliste Omar Barrow de Sud FM Banjul, par ailleurs volontaire de la Croix rouge gambienne, s’était fait tuer au moment de secourir les blessés. Ils seront 14 élèves à tomber, ce jour-là, sous les balles aveugles de l’Unité d’intervention de la Police gambienne (PIU). Le maître de Banjul était absent du pays. A son retour, il avait proféré des menaces et promis que la lumière sera faite sur cette affaire. Malgré la mise sur pied d’une commission d’enquête gouvernementale, cette affaire était classée depuis sans suite. Les auteurs de ce crime qui ont pu être identifiés par les travaux de ladite commission n’ont jamais été inquiétés. Alors qu’ils marchaient pacifiquement pour exiger plus de transparence à la prochaine présidentielle de décembre 2016, des militants de l’opposition sont arrêtés par les forces de l’ordre, au moment où Jammeh était en Turquie au sommet de l’Organisation pour la Conférence Islamique (OCI). Parmi lesquels, l’une des figures de l’opposition gambienne, Solo Sandeng, en compagnie de plusieurs dizaines de militants. Mais il (Solo Sandeng) sera tué en détention avec deux autres détenus dont l’identité n’a pas été encore déclinée.
 
DES JOURNALISTES TUES, BASTONNES, DISPARUS OU EXILES
 
La presse a beaucoup souffert en Gambie. Ils sont nombreux, les journalistes, à avoir rangé leur plume pour aller exercer ailleurs leur droit de liberté d’expression, car, disent-ils, à Banjul, Jammeh impose le silence. Beaucoup de journalistes ont souffert pour avoir voulu tester leur témérité, et d’aucuns sont hélas morts pour leur liberté d’expression. Ebrima Sillah, correspondent de la BBC à Banjul, a essuyé une tentative d’assassinat en août 2004, à son domicile situé à quelques kilomètres de Banjul. La presse avait déjà subi plusieurs cas d’intimidations dont l’arrestation de Baba Galleh Jallow, rédacteur en chef du journal The Independent, Alhaji Yoro Jallow, directeur de publication dudit journal en 1999 pour avoir écrit un article sur le mariage du Président Jammeh avec l’ex première dame de Gambie, Touti Faal Jammeh. L’imprimerie du journal susmentionné sera d’ailleurs mise à feu par des individus non identifiés. Au mois de mai 2003, selon Amnesty International, le journaliste Camerounais Mouhamed Mboyo, Correspondant de Radio France Internationale (RFI) est arrêté par la Police, détenu, battu et torturé. Le 17 juin, le journaliste Madi Ceesay, qui deviendra plus tard le président du syndicat de la presse gambienne (GPU) est arrêté à Basse avec 80 militants du parti démocratique uni (UDP), alors qu’il couvrait la campagne électorale. 
 
Le 16 décembre 2004, après avoir bouclé son journal The Point et accompagné de son staff dont ses deux secrétaires, Deyda Hydara, virulent critique du Président Jammeh se fait abattre à bout portant par des hommes armés et encagoulés. Le crime a eu lieu sur la route de Kanifing Estate. Malgré la protestation  du syndicat de la presse gambienne (GPU) avec l’implication des organismes des droits de l’homme et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qui avait envoyé des émissaires à Banjul à l’occasion de la marche de protestation organisée à la suite de l’assassinat de Deyda Hydara, il n’y a pas eu de résultats probants auprès des autorités de Banjul qui avaient même tenté de faire croire à un crime passionnel pour détourner la piste qui mène vers le pouvoir. Car des gardes rapprochés du Président Jammeh sont cités dans cette affaire qui n’est pas encore élucidée, douze ans après. Plusieurs journalistes gambiens se sont exilés aux Etats Unis, au Royaume Uni ou au Sénégal pour fuir la répression du régime de Jammeh. 
 
Après le coup d’Etat supposé du 21 mars 2006, le journaliste Chief Ebrima Manneh est porté disparu. Des témoins avaient signalé qu’il a été pris à son lieu de travail par des individus en civil. Il ne sera plus revu depuis lors par ses parents et ses proches. Dans ce triste répertoire d’atteinte à la liberté d’expression, figure la fermeture de plusieurs médias privés à Banjul. C’est le cas de la radio Citizen FM de Baboucar Gai accusée de conspiration contre le gouvernement en 1998, et Radio ONE FM de George Christensen sera elle victime d’un acte de vandalisme en 2000. Quelques années plus tard, à la suite du blocus transfrontalier de 2005, la station Sud FM Banjul du Groupe Sud Communication sera fermée le samedi 19 octobre 2005, au lendemain du retour du Président Jammeh des négociations de Dakar (vendredi 18 octobre) avec son homologue Maître Abdoulaye Wade. 
 
En somme malgré la présence de l’Institut africain pour les droits humains sur son territoire, la Gambie, par la voix de son Président Yahya Jammeh est devenue un grand champion dans les violations des droits humains. L’opposant Solo Sandeng vient d’être tué en prison dans des conditions non encore élucidées et des détenues violées, à l’image de Fatou Kamara, première vice-présidente des femmes de l’UDP et de Fatoumata Jawara, deuxième vice-présidente du parti de Me Ousainou Darboe, lui aussi arrêté samedi dernier lors de la marche de protestation du décès de son militant et directeur de campagne.
 
source: http://www.sudonline.sn/yaya-jammeh-au-banc-des-accuses_a_29474.html
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