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mardi, 22 novembre 2016 00:00

Révision de la loi pour condamner à la perpétuité tous les auteurs de meurtres au Sénégal Macky Sall clôt le débat sur la peine de mort…

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Sénégal   Alors que le débat sur le retour ou non de la peine de mort pour sanctionner les «criminels» fait rage en ces périodes de recrudescence des cas de meurtres barbares et autres crimes crapuleux, le président Macky Sall a dévoilé sa position. Le président de la République qui a présenté hier, ses condoléances à la famille de feue de Fatoumata Mactar Ndiaye, vice-présidente au Conseil économique social et environnemental (CESE) annonce une révision du Code pénal pour condamner à perpétuité tous les auteurs de meurtre au Sénégal, sans possibilité d’être élargi.  

 

L’Etat envisage une révision de la politique judiciaire afin de condamner à perpétuité tous les auteurs de meurtre au Sénégal. Le chef de l’Etat, Macky Sall clôt ainsi le débat sur le retour ou non de la peine de mort pour faire face à la criminalité galopante dans le pays avec une série de 12 cas d’assassinats en l’espace de moins de 2 mois, en dévoilant la position de l’Etat par rapport à cette «polémique». 

 

 
 
Le président de la République Macky Sall qui a présenté hier, lundi 21 novembre 2016, ses condoléances à la famille de feue de Fatoumata Mactar Ndiaye, vice-présidente au Conseil économique social et environnemental (CESE) assassinée le week-end dernier à son domicile à Pikine Khourounar, a décidé de sévir contre les criminels. Lors de la cérémonie, le président Sall a annoncé la volonté de l’Etat de réviser la politique judiciaire afin de condamner à perpétuité tous les auteurs de meurtre au Sénégal. Macky Sall qui a condamné «avec fermeté les meurtres notés ces derniers temps au Sénégal» va demander à son gouvernement, lors du prochain Conseil des ministres, de voir comment durcir les peines contre les  crimes de sang. 
C’est un président très affecté par la perte d’une des militantes de 1ere heure de son parti (APR au pouvoir) qui s’est adressé à une foule immense venue aussi pour les obsèques de la vice-présidente du CESE. Des trémolos dans sa voix, le chef de l’Etat a promis de rendre justice aux familles des victimes. «Ce prochain conseil ministre-ci, nous allons revoir la politique judiciaire pour renforcer la sécurité, durcir les peines, pour que les peines à vie, à perpétuité» soient appliquées a d’emblée déclaré le chef de l’Etat qui est ovationné par la foule qui adhère à cette nouvelle mesure. 
 
Poursuivant sur les mesures, le président de la République a évoqué l’exemple du taximan tué froidement devant la foire et d’autres crimes commis sur des personnes innocentes. Analysant les causes, le chef de l’Etat a demandé aux populations de mettre l’accent aussi sur l’éducation des citoyens. Pour lui, l’indiscipline caractérisée de certaines personnes poussent à la dérive, au maniement facile des armes blanches, des mots déplacés qui peuvent virer au drame.
 
…ET APPELLE A UNE REMISE EN QUESTION ET UN SURSAUT NATIONAL 
 
«Nous allons sévir. La justice sera rendue à toutes les familles des victimes. Nous devons arrêter de mettre la pression sur les jeunes, leur demander l’impossible les pousse à commettre  des actes regrettables. On voit les jeunes, sous la pression de leurs familles, emprunter les bateaux dans les océans au péril de leurs vies. On doit arrêter la pression sociale», a indiqué le chef de l’Etat qui ajoute qu’une remise en question et un sursaut national s’imposent.
Revenant sur la sécurité publique, le chef de l’Etat a souligné que 10.000 policiers et gendarmes ont été recrutés en moins de 3 ans, les commissariats qui sortent de terre, entre autres. «Nous allons renforcer les patrouilles dans les places publiques et dans toutes les rues pour la sécurité publique». Le président Macky Sall s’est offusqué du crime odieux sur la vice-présidente du CESE qui est inhumée au cimetière de Pikine. Une foule immense l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure.
Fatoumata Mactar Ndiaye, par ailleurs coordonnatrice départementale des femmes de l’Alliance pour la République (APR, pouvoir) de Pikine, a été retrouvée égorgée chez-elle à Khourounar, un quartier de Pikine, dans la banlieue de Dakar. Le chauffeur et présumé meurtrier a reconnu les faits et sera déféré pour être présenté au juge d’instruction dans les meilleurs délais, a annoncé, dimanche, à Dakar, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye.  “La personne soupçonnée, le chauffeur de la victime, a été entendu. Il a reconnu les faits et a indiqué le mobile du crime. Il sera déféré et présenté au juge d’instruction pour assassinat”, a-t-il dit lors d’un point de presse.
 
REACTIONS... REACTIONS... REACTIONS....
 
ME AMADOU SALL, ANCIEN MINISTRE DE LA JUSTICE ET MEMBRE DU COMITÉ DIRECTEUR DU PDS : «La peine de mort ne correspond pas aux valeurs du monde actuel»
 
Il ne faudrait pas que les Sénégalais cèdent à la panique même si c’est vrai qu’il y a des problèmes de sécurité liés à la fois à l’insuffisance des forces de police. Nous sommes tous d’accord qu’il y a un effort à faire sur ce domaine de la sécurité. Mais, ce n’est pas parce qu’il y a recrudescence de l’insécurité qu’on va céder à la panique. Ce n’est pas juste dans un pays comme le nôtre de céder à la panique. Il faut qu’il y ait plus de collaboration, de relation, d’entente entre la police et les citoyens. Il faut également une plus grande présence de la police dans les quartiers. Sinon, il est bien de rappeler que tous ceux qui s’agitent aujourd’hui autour de la question du retour de la peine de mort sont exactement les mêmes personnes qui, au moment de l’abolition de cette mesure, avaient voté contre. Ils continueront à profiter de toutes les occasions pour revenir sur cette question qui doit être derrière nous. La peine de mort ne correspond pas aux valeurs du monde actuel.
 
En plus, ce qui est important, ce n’est pas le retour de la peine capitale mais plutôt la capacité de la police à assurer la sécurité des citoyens. Il y a des pays où la peine de mort existe mais pourtant cela n’a pas empêché une recrudescence de la criminalité. Il ne faudrait donc pas créer un lien entre la recrudescence de la criminalité et la peine de mort. La recrudescence de la criminalité est liée à plusieurs facteurs dont la paupérisation, la désorientation au niveau social, la pauvreté, l’absence de perspective mais aussi la présence peu visible des forces de police. C’est ça qui explique la recrudescence de l’insécurité. Il y a également des efforts à faire au niveau de la justice. En plus de ce qui a été déjà fait comme effort au niveau des chambres criminelles, il faut qu’on arrive à augmenter le nombre de magistrats et de sessions pour que les Sénégalais puissent voir que la justice est en train de faire son travail. 
 
ABDOULAYE SECK, ADMINISTRATEUR GÉNÉRAL DE LA CONVERGENCE DÉMOCRATIQUE BOKK GIS GIS : «Je fais partie de ceux qui sont très réticents par rapport à la question de la peine de mort…»
 
Je pense qu’il se pose un réel problème de sécurité au Sénégal. Certes, la situation n’est pas si alarmante mais si l’État qui a la prérogative sur les questions de sécurité au niveau national ne prend pas garde, les choses peuvent s’empirer. L’État a le devoir d’assurer la sécurité à tous les Sénégalais avec la collaboration et la participation de tous les citoyens. Actuellement, la sécurité au Sénégal est sur une mauvaise pente. 
 
Je pense qu’on doit aller vers la prise de certaines décisions allant surtout dans le sens de la prévention et de la lutte contre la prolifération des armes. L’État doit revoir le dispositif réglementaire sur les conditions d’autorisation de port d’armes pour voir quelles sont les personnes qui doivent accéder à ces autorisations. À mon avis, le problème n’est pas dans l’aspect technique de la sécurité proprement dit mais plutôt politique notamment dans le processus de prise de décision dans ce domaine. Il faut que nos agents de sécurité soient bien outillés, armer mais aussi dotés de moyens qui leur permettront de bien faire leur mission de sécurisation des personnes et de leurs biens. Bien qu’on ne puisse pas mettre un policier à tous les abords, on peut faire en sorte qu’il y ait une crainte des forces de sécurité pour que nul n’ignore leur présence mais aussi leur disposition à intervenir rapidement au cas où on serait tenté de faire quoi que ce soit en contradiction avec la loi.
 
S’agissant de la question liée au retour de la peine de mort, je fais partie de ceux qui y sont très réticents. Mais, toujours est-il qu’elle peut être une épée de Damoclès au-dessus de la tête des gens qui sont tentés de passer aux actes ignobles et crapuleux. Maintenant, je pense que c’est une décision qui doit être prise après mûre réflexion mais pas dans le feu de l’action. Si cette mesure devait un jour revenir, elle doit être encadrée de façon très stricte parce qu’autant on doit être très ferme face à certains crimes comme celui de Madame Fatoumata Mactar Ndiaye ou du chauffeur de taxi tué à la station d’essence de la Foire, autant on doit encadrer les peines à infliger à des personnes qui ont tué suite à des accidents qu’ils n’ont pas provoqués délibérément. 
 
MODOU DIAGNE FADA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PARTI LES DÉMOCRATES RÉFORMATEURS (LDR) «YESSAL» : «La peur doit changer de camp et se trouver du côté des malfaiteurs»
 
C’est un constat fait par tout le monde. Il y a une recrudescence des tueries, des assassinats et souvent les mobiles sont assez dérisoires… Je pense que le gouvernement est interpellé parce que c’est lui qui doit assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Dans ce cadre précis, ce qu’on a annoncé comme mesure, à savoir l’augmentation du nombre de personnes à recruter dans la police ou la gendarmerie ne suffit pas comme réponse à ce fléau parce que, malgré ces efforts, nous avons tous constaté que les gens continuent à être assassinés. Donc, le gouvernement doit comprendre que le monde a changé, le Sénégal fait partie de ce village planétaire et qu’il y a des agglomérations particulièrement sensibles comme les agglomérations de Dakar, de Pikine, de Touba et certaines villes comme Kaolack qui doivent être particulièrement surveillées.
 
On se rappelle du conducteur de la moto Jakarta qui a été tué vers Kaolack, du jeune garçon assassiné vers Yeumbeul et bien entendu, la goutte qui a fait déborder le vase, c’est l’assassinat de ce membre du Conseil économique social et environnemental. Donc le gouvernement est interpellé plus que jamais à assumer ses responsabilités pour assurer la sécurité des personnes et des biens. À mon avis, en sériant les localités où nous notons de tels actes parce que depuis 2015, ils connaissent les localités ciblés par les malfaiteurs. En augmentant les dispositifs sécuritaires dans ces différentes localités par des rounds réguliers, par des déplacements réguliers des forces de l’ordre. Et pour cela, il faut que les effectifs dans les commissariats ou brigades de recherche soient augmentés et qu’on prenne le taureau par les cornes pour pouvoir y faire face. Si la banlieue était sécurisée, si Dakar en même temps que Touba, Kaolack était sécurisé, on ferait un grand pas dans la sécurisation des personnes et des biens. Mais si on veut sécuriser toutes les localités en même temps, ça peut être difficile. Il faut d’abord définir les priorités, ensuite y aller progressivement et faire changer le camp de la peur parce qu’aujourd’hui la peur est au niveau des populations et des quartiers. Maintenant il faudrait que la peur change de camp et se trouve du côté des malfaiteurs.      
 
MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «L‘Etat doit rendre le système judiciaire plus efficace et plus dissuasif»
 
A propos de la série de meurtres de ces derniers temps, je souhaite avant tout exprimer ma compassion et présenter les condoléances des militants de la Ligue Démocratique aux familles éplorées. Ensuite, j’estime qu’il est urgent, au-delà de la légitime émotion suscitée par cette violence barbare, d’en saisir les causes pour lutter efficacement contre ce fléau. 
 
Dans ce sens, l’Etat est fortement interpellé en ce qu’il a en charge la sécurité individuelle et collective des citoyens. En période de crise, comme c’est le cas de notre époque, bon nombre de citoyens notamment les plus jeunes sont portés le plus souvent à la recherche de solutions les plus faciles possibles. Les causes de cette violence inacceptable sont entre autres le chômage, le désœuvrement et la perte de repères crédibles. C’est pourquoi, l’emploi et l’éducation des jeunes doivent être des sur-priorités dans les politiques publiques. L’Etat qui a la responsabilité de la redistribution des richesses nationales doit relever sans cesse le défi de la réduction de l’écart entre les riches et les pauvres. Toute économie qui favorise toujours les nantis au détriment du plus grand nombre de pauvres porte en elle même les germes de la violence. D’où l’impératif de lutter absolument contre la pauvreté.  Mais  il faut se garder de penser que le chômage est la cause absolue de la criminalité. C’est dans l’esprit des hommes que la violence naît, c’est alors à ce niveau qu’il faut agir. 
 
Et dans cette perspective, il importe de mettre en œuvre une synergie entre  l’Etat et toutes les organisations représentatives des citoyens. En clair, il faut construire un consensus national autour de la question de la sécurité. L’Etat n’aura jamais les moyens suffisants pour mettre un agent de sécurité derrière chaque citoyen. Nous sommes donc tous interpellés. Aucune compétition démocratique n’est possible dans un contexte d’insécurité généralisée. Je le répète : réalisons un consensus sincère autour de notre propre sécurité. 
Le rétablissement de la peine de mort est il une panacée ? Je  ne sais pas. En revanche,  je soutiens que l’Etat doit rendre le système judiciaire plus efficace et plus dissuasif. Aucun groupe de pression ne doit imposer le retour ou le maintien de la peine de mort. C’est au terme d’un débat serein qui tienne compte des intérêts du Sénégal actuel qu’il nous faut prendre la meilleure décision. 
 
PR MOUHAMAD MAWLOUD DIAKHATE, RESPONSABLE AFP : «La recrudescence des meurtres mérite un durcissement des sanctions prévues par la loi»
 
Le jeune taximan, Ibrahima Samb, tué à Yoff par balle par Ousseynou Diop, Fatoumata Matar Ndiaye, 5e vice-président au Conseil économique, social et environnemental, égorgée, son fils luttant contre la mort, poignardé par le même tueur Samba Sow, à qui le tour demain? C’est à croire que le crime de sang est devenu une banalité dans notre pays. Les fondements de notre société sont ébranlés. Pour en comprendre les raisons, il faudrait peut être procéder à une étude à la fois économique, sociologique et géographique du crime. Si on ne tue pas pour les mêmes motifs à Saraya qu’à Dakar, il reste vrai que les villes les plus criminogènes sont celles où sont consommées les drogues comme la cocaïne, le cannabis, l’alcool, etc. Il s’y ajoute la question de la criminalité transfrontalière comme l’immigration clandestine ou le vol de bétail et les effets, que nous subissons, de la circulation des armes de guerre dans l’espace de la Cedeao. Face aux menaces internes et externes, le Sénégal a l’obligation d’une réaction proportionnée au-delà des politiques de prévention. 
 
Au Sénégal, la dernière exécution capitale date de 1967, c’est-à-dire il y a environ 50 ans. La peine de mort n’a été abolie qu’en décembre 2004 par le Président Abdoulaye Wade pour des considérations humanistes portées par la communauté internationale… Il n’empêche que dans beaucoup d’Etats des Etats-Unis d’Amérique, des dizaines de condamnés sont dans les couloirs de la mort. Donc, donner un avis sur la peine de mort revient à trancher un débat philosophico-religieux sur le droit de la société des hommes à “ôter la vie de quelqu’un qui a commis un crime de sang”. Dans l’Islam, on parle de “Kassas” c’est-à-dire la loi du talion: si quelqu’un tue, par préméditation, un être humain, le seul châtiment prévu est la mort (Si je ne me trompe, verset 178 de la sourate “La Vache”). Cependant, si quelqu’un tue un être humain par accident ou par erreur, il peut se racheter en appliquant un certain nombre de mesures (affranchir un esclave croyant, jeûner deux mois d’affilée, etc.) relatées explicitement par le verset 92 de la sourate “Les femmes”. N’étant pas un spécialiste, je laisse ce débat aux sages en me posant une question: l’insécurité et la recrudescence des meurtres ne méritent-elles pas un durcissement des sanctions prévues par la loi? Ma réponse est affirmative». 
 
PR IBA BARRY CAMARA (UCAD) SUR LE RETOUR DE LA PEINE DE MORT AU SENEGAL : «Il faudrait s’entourer de toutes les garanties possibles»
 
De plus en plus agité, avec notamment la recrudescence des cas de meurtre au Sénégal, le retour de la peine de mort doit se faire avec tout un préalable. C’est en tout cas la conviction du professeur en droit pénal à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, El Hadj Iba Barry Camara, qui pense qu’il ne faut pas s’emporter sous l’effet de la pression suscitée par les nombreux meurtres enregistrés ces derniers mois. Interpellé sur la question, M. Camara a laissé entendre  que «même si on réintègre cette sanction ultime qui est la peine de mort, il faut qu’une telle mesure soit accompagnée pour ne pas laisser aux juges, aux seuls magistrats, la possibilité de déclarer une personne coupable ou pas». En effet, le professeur à l’Ucad pense qu’il ne faut pas laisser les auteurs de meurtre à la merci des magistrats. Qui plus est, poursuit-il, il ne faut pas prendre la mesure de la peine de mort à la hâte.
 
Par conséquent, El Hadj Iba Barry Camara est d’avis qu’il faut réunir toutes les conditions permettant de sanctionner efficacement le meurtrier, même s’il le faut, prononcer la peine de mort. Comme mesure d’accompagnement, il trouve nécessaire la mise sur pied d’un jury au niveau de la chambre criminelle. Pour lui, «il faudrait permettre aux juges de pouvoir vérifier et de revérifier toutes les circonstances de la commission de l’infraction». D’autant plus que, selon lui, pour condamner une personne, il faut les faits, mais il faut également l’environnement et connaitre sa personnalité. C’est la raison pour laquelle, il propose aussi «qu’une enquête de personnalité soit obligatoire pour poursuivre une personne pour meurtre». Ce qui est, à son avis, facultatif à ce jour.   
 
Sur les voies et moyens pour la réintégration de la peine de mort dans l’arsenal pénal du Sénégal, M. Barry reste persuadé que rien ne doit constituer un obstacle pour son retour. Selon lui, «il suffit simplement que les députés le votent». Cela, même si par ailleurs, le Sénégal a ratifié certaines dispositions internationales qui sont de nature à abolir totalement la peine de mort dans ce pays. Pour lui, «c’est toujours possible, lorsque les pouvoirs publics le décideront, avec le soutien des populations, il n’y a aucun obstacle». 
 
SEYDI GASSAMA, AMNESTY INTERNATIONAL SENEGAL : «La peine de mort, c’est répondre à la barbarie criminelle par la barbarie»
 
«Je suis choqué par tous les meurtres qui ont eu lieu au Sénégal et qui sont fortement médiatisés. Face à cette recrudescence de la criminalité, l’Etat doit apporter les réponses nécessaires. Il a l’obligation d’affiner sa mission régalienne de protéger les personnes et les biens en augmentant les moyens de la Police et de la Gendarmerie pour qu’ils puissent faire la guerre aux criminels. Il faut s’attaquer aux causes profondes de la criminalité. Ce n’est pas en augmentant l’arsenal répressif qu’on règle le problème de la criminalité. Il y a l’exclusion sociale et le chômage qui frappent durement certaines couches de la population. Il faut que l’Etat apporte des réponses adéquates aux besoins de formation et d’emploi des jeunes dans les quartiers populaires. 
 
Il faut que l’Etat veille sur la drogue qui envahit le pays et qui n’est pas amenée par les petits revendeurs. L’Etat doit traquer ceux qui amènent et revendent cette drogue au Sénégal. L’Etat doit réglementer le commerce de l’alcool. Dans tous les coins de rue, au Sénégal, il y a des débits de boissons. Et, un enfant de tout âge peut aller acheter de la boisson alcoolisée. Il n’y a aucun contrôle sur l’âge. Et ce contrôle se fait dans beaucoup de pays européens. Et pourquoi on ne peut le faire dans un pays à majorité musulmane comme le Sénégal. 
Il faut aussi réglementer strictement la vente, l’importation et la fabrication des armes blanches. Malheureusement, cette réglementation n’est pas appliquée par les Forces de sécurité. Dans tous les marchés du Sénégal, on peut acheter des couteaux. Et l’arme du crime par excellence, au Sénégal, c’est le couteau et le coupe-coupe. 
 
Il faut aussi s’attaquer à certaines pratiques culturelles comme par exemple dans certaines ethnies, les gens se promènent avec des armes blanches, cela ne peut pas continuer. Si ces réponses sont apportées, on va diminuer la criminalité. Il ne peut pas y avoir zéro criminalité, c’est impossible. Mais, on réduira considérablement le taux de criminalité pour que les gens se sentent en sécurité. 
En tout état de cause, la peine de mort n’est pas la solution parce que dans les pays où on applique la peine de mort depuis des siècles, mais on n’est pas arrivé à régler le problème de la criminalité. Il faut affronter la réalité. Il faut des politiques répressives et non pas d’appliquer la loi du talion. Tuer celui qui tue n’a pas pour but de dissuader des criminelles, mais de venger la société. C’est répondre à la barbarie criminelle par la barbarie. Et, aucun Etat moderne ne doit s’y lancer. 
Avec la peine de mort, il y a le risque d’exécuter des innocents. Tant que la justice est rendue par des êtres humains, elle ne sera jamais parfaite. Les premières victimes de la peine de morts, sont des pauvres. Il faut appeler au calme et à la sérénité. On ne prend pas les grandes décisions sur le coup de l’émotion».  
 
OUSTAZ ALIOUNE MBAYE, PRECHEUR A SUD FM SEN RADIO : «La peine de mort est la meilleure solution»
 
«Si les lois sur les meurtres étaient des lois dures, autrement dit, quand quelqu’un tue, on le tue; qui vole, on coupe son bras, sans interventions; donc on ne va pas facilement tuer les gens comme ça. Mais, si quand tu tues une personne, ta peine ne dépasse pas 10 ans, ou bien tu écopes des travaux forcés, cela ne peut pas résoudre le problème. Dieu (SWT) dit: «Quiconque tue, qu’on le tue», c’est ça qui amène la paix. Le retour de la peine de mort est la meilleure solution et celle que tout le monde attend. La peine de mort, ce n’est pas l’Islam, ni pour les musulmans, mais c’est la meilleure des lois. Et, c’est ce qui est normal. Tuer la maman d’autrui, la femme d’autrui ou la grande sœur d’autrui à cause de quelques sous et on te met dans un quelconque lieu de privation de liberté où tu manges et bois, ça c’est encourager les meurtres. La peine de mort est la seule solution et tant qu’on ne l’applique pas, les prisons seront remplies, les meurtres vont augmenter, et on va même aller jusqu’à avoir peur de sortir dans les rues».
 
PERE ARMEL DE L’EGLISE NOTRE DAME DU CAP-VERT  DE PIKINE : «La peine de mort n’est pas la solution»
 
«Je ne peux pas admettre la peine de mort. Dieu nous dit: «tu ne tueras point». La deuxième chose, la peine de mort n’est pas la solution. Et, si je demande à l’Etat de tuer celui qui tue son frère ou sœurs, je suis complice et ça devient assassinat. Donc, si Dieu nous demande de respecter la vie de mon prochain et nous dit: «tu ne tueras point», on doit établir la peine de mort pour faire  peur au gens. Mais, on a remarqué que dans les pays où on a voté la loi sur la peine de mort, les gens continent de tuer. Alors, ce n’est pas la solution. Je pense que la solution, c’est de s’attaquer au cœur de la violence remarquée dans la société sénégalaise, dans nos familles, la violence verbale, au chômage... mettre l’argent en seconde positon. Il y a trop de l’inégalité dans le pays, impliquer même les medias aussi pour lutter contre ce phénomène. Il faut éviter l’alcool, la drogue… La solution, ce n’est pas de rétablir la peine de mort, mais que chacun d’entre nous, là où il se trouve, s’évertue de lutter contre la violence et cherche d’éduquer les gens là où ils sont, dans la famille, la société, le quartier, le lieu de travail et même dans les associations».
 
source: http://www.sudonline.sn/macky-sall-clot-le-debat-sur-la-peine-de-mort_a_32272.html
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