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dimanche, 04 juin 2023 11:56

Le Nigeria se dirige-t-il vers un défaut de paiement ?

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Le Nigeria se dirige-t-il vers un défaut de paiement ? Le Nigeria se dirige-t-il vers un défaut de paiement ? Le Nigeria se dirige-t-il vers un défaut de paiement ?

Tandis que le Nigeria consacre une part croissante de ses revenus au service de la dette, le nouveau président Bola Tinubu est confronté à un défi de taille pour remettre les finances publiques sur la bonne voie.

Bola Tinubu prête serment ce 29 mai comme président du Nigeria. Prend-il la tête d’un pays au bord de la faillite ? Avec des emprunts considérables et des dépenses explosant sous la présidence de Muhammadu Buhari, des économistes, des analystes et d’anciens gouverneurs de la banque centrale suggèrent que le Nigeria, la plus grande économie africaine, pourrait se diriger vers un défaut de paiement.

 

Lamido Sanusi, ancien gouverneur de la Banque centrale et Emir de Kano, a déclaré à plusieurs reprises que la santé financière du Nigeria est en danger et que le pays se dirige vers la faillite”. Il a réitéré cet avis lors d’un récent événement coorganisé par le Carnegie Endowment for International Peace et Agora Policy, un groupe de réflexion basé à Abuja.

« Avec les grandes économies d’Afrique subsaharienne montrant des signes de tension, les investisseurs pourraient ne pas être disposés à accorder la marge de manœuvre dont Abuja a besoin pour résoudre ses problèmes fiscaux », redoute le chercheur Ikemesit Effiong.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Buhari en mai 2015, les « avances sur les moyens et ressources » – les découverts de la Banque centrale du Nigeria (CBN) – ont augmenté de manière exponentielle, passant de 790 milliards de nairas à 23,8 billions de nairas (1,7 milliard de dollars à 51 milliards $), selon les données de l’institution.

Le pays a augmenté ses emprunts pour financer son déficit budgétaire. Ils sont passés de 2,41 billions de nairas en 2016 à 11,34 billions de nairas en 2023, selon les données du Bureau de gestion de la dette du Nigeria (DMO).

Une récente approbation des législateurs permettant à Buhari de convertir un découvert de 22,7 billions de nairas (49 milliards$ ) en obligations à rembourser sur environ 40 ans est une tentative de résoudre le problème.

« Un taux d’intérêt élevé et le remboursement des découverts sont en partie les raisons pour lesquelles le service de la dette a explosé récemment », explique Waziri Adio, fondateur d’Agora Policy. Un paiement d’intérêts plus bas pourrait probablement « réduire la part des revenus engloutie par la dette et, par extension, réduire le besoin de contracter de nouvelles dettes et libérer des ressources supplémentaires », poursuit l’économiste. Le Nigeria n’en prend pas le chemin. La Banque centrale a relevé son taux directeur de 50 points de base, le 25 mai 2023, pour le porter à 18,5% !

Le service de la dette absorbe plus de 96% des recettes du budget fédéral !

Certes, la titrisation du prêt pourrait aider le gouvernement à réduire son déficit budgétaire. Bien que cela signifie que le gouvernement paiera des taux d’intérêt inférieurs à ceux du découvert (9% au lieu des 21% actuels) – cela signifie également que la dette du pays a augmenté, pour atteindre un montant projeté de 77 billions de nairas ce mois-ci. Cela se situe dans la fourchette de ratio dette/PIB de 40% à 45% fixée par le gouvernement, mais les analystes restent inquiets.

« Le gouvernement essaie de donner une connotation positive en disant que la dette du Nigeria reste dans des limites gérables », explique Waziri Adio à African Business. « Si l’on utilise le ratio dette/PIB, la dette publique du Nigeria représente environ 35% du PIB, contre 23% du PIB (avant l’intégration des avances de la CBN). Un seuil de 45% à 60% est autorisé pour les pays en développement. Mais cela peut être une mesure trompeuse car les dettes sont remboursées sur la base des revenus du gouvernement, et non sur la base du PIB.

Le gouvernement fédéral a consacré 96,3% de ses revenus au service de la dette en 2022. En d’autres termes, pour chaque 100 nairas que le gouvernement fédéral a gagné en 2022, il a dépensé 96,3 nairas pour le service de la dette. Cela signifie que les salaires, les frais généraux et les investissements ont dû être empruntés, ce qui augmentera non seulement le stock de la dette, mais également le montant nécessaire pour le service de la dette. « Le Nigeria a donc un problème de dette majeur qui est lié à son incapacité à générer suffisamment de revenus pour rembourser sa dette et répondre à d’autres besoins pressants. »

Joachim MacEbong, analyste  chez Stears Insight, partage cet avis : « Ceux qui utilisent le ratio dette/PIB et des exemples comme le Japon sont malins, car la collecte des revenus du Nigeria ne reflète pas son PIB. Cette limite de 40% est très astucieuse car le Nigeria dépense déjà tous ses revenus pour le service de la dette. Si les revenus étaient beaucoup plus en phase avec le PIB, alors la limite de 40% serait probablement assouplie. »

Moins d’argent pour les dépenses essentielles

L’aggravation du déficit fiscal du gouvernement « écarte les dépenses essentielles pour les services sociaux et les infrastructures », constate un rapport de l’Agora Policy.

« Malgré des conditions favorables sur le marché mondial du pétrole, les chocs de production pétrolière nationale ont freiné les entrées de recettes pétrolières et ont considérablement augmenté le coût de la subvention sur l’essence, élargissant ainsi le déficit fiscal du gouvernement fédéral. »

Les niveaux croissants de la dette publique font également concurrence à l’investissement privé, car l’emprunt du gouvernement rivalise avec les fonds des marchés de capitaux. « La dette publique fait actuellement obstacle à l’accès du secteur privé au crédit, car pour les institutions financières, il est plus logique de détenir des dettes gouvernementales plutôt que de fournir réellement des crédits au secteur financier. Ainsi, d’un point de vue de la croissance économique globale, on entrave l’accès du secteur privé pour qu’il réinvestisse dans ses entreprises et embauche davantage de personnes », explique Ikemesit Effiong, chercheur chez SBM Intelligence.

La société de renseignement Pangea-Risk indique que le Nigeria pourrait tenter de restructurer ses dettes en 2023, mais qu’il existe des obstacles significatifs. « Si la banque centrale du Nigeria ne met pas fin à ses politiques controversées de financement direct du budget et de financement du développement, la position de la dette du pays se détériorera considérablement et rendra une douloureuse restructuration inévitable », met en garde Robert Besseling, PDG de Pangea-Risk.

« Le risque de faillite est important, car la charge de la dette par rapport aux revenus est insoutenable, dépassant les 100% », Joachim MacEbong. « Cela signifie que tous les revenus actuels sont consacrés au service de la dette. Le pays a besoin de plus de revenus provenant de quelque part rapidement, tout en ralentissant l’accumulation de nouvelles dettes. »

Waziri Adio prévoit que « le risque de faillite ou de défaut est faible à court terme. Mais il y aura la tentation de continuer à emprunter pour combler le fossé. Il se peut que le Nigeria doive emprunter pour rembourser ses dettes. Il est clair que le Nigeria ne peut pas s’endetter pour  sortir du piège financier dans lequel il s’est mis. Nous avons la plus grande économie d’Afrique, en fonction de la taille de notre PIB. Mais nous avons le taux d’imposition le plus bas d’Afrique, peut-être le plus bas au monde. Le taux moyen d’imposition par rapport au PIB en Afrique est de 18%. Notre ratio est compris entre 6% et 8%. »

« Nous devons donc générer plus de revenus en élargissant l’assiette fiscale, en augmentant certains taux d’imposition (en particulier les taxes sur les articles de luxe et les produits nocifs tels que l’alcool, le tabac et même les boissons sucrées), en luttant contre le vol de pétrole et en augmentant les revenus pétroliers. Nous devons nous assurer que les organismes générateurs de revenus versent ce qu’ils devraient verser conformément à la loi. Et nous devons bloquer les fuites et les gaspillages tels que les subventions sur l’essence qui absorberont à elles seules 6,72 billions de nairas en un an ».

@AB

 

source:https://magazinedelafrique.com/african-business/le-nigeria-se-dirige-t-il-vers-un-defaut-de-paiement/?mc_cid=94e410920a&mc_eid=c75cc7b72a

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