PROJET DE 5000 SOCIAUX A BAMBILOR La coopérative agricole Saame Sa Moomel refuse d'être l'agneau du sacrifice
Écrit par SENETOILE NEWS
Le collectif des 1000 exploitants agricoles de Bambilor s'opposent à la construction des 5000 logements sociaux annoncés par le Premier ministre dans sa Déclaration de politique générale. Après les premiers coups de balai des engins de terrassement, ils se sont retrouvés hier dimanche, à leur siège à Bambilor, pour annoncer leur détermination à s'opposer au terrassement de leurs champs sur la base d'une transaction basée sur un faux document administratif. Le pire n'est pas à écarter à Bambilor tant les prochains jours risquent d'être gros de danger.
Le contrat de confiance entre les exploitants agricoles de Bambilor et le Macky Sall est désormais rompu. En assemblée générale hier dimanche, ces derniers ont dénoncé « le mutisme et le laisser faire » du président de la République sur le dossier qui les oppose à la Caisse de Dépôt et de Consignation, la Caisse de Sécurité Sociale et la Comico, dans le cadre du projet d’installation de logements sociaux dans les champs qu’ils exploitent depuis des dizaines d’années et qu’ils ont hérités de leurs ancêtres ou acquis par des délibérations du conseil rural datant du régime socialiste.
Après le discours de politique générale du Premier ministre annonçant la poursuite du projet d’installation de 5000 logements sociaux dans la zone de Bambilor, le préfet du département de Rufisque, Moustapha Dieng, a ordonné le lancement des travaux de terrassement des exploitants agricoles au nombre de 1020 personnes, sous escorte des éléments de la gendarmerie. Mais les exploitants refusent de l’entendre de cette oreille car disent-ils, le document de base sur lequel se fondent les acquéreurs, en l’occurrence un titre foncier appartenant au colonel français Bertin qui s’étendrait sur 25km2, est un faux.
Et c’est l'ancien Président Abdoulaye Wade qui serait à l’origine de tout cet imbroglio juridique qui risque de se transformer en une vraie bombe sociale si on n'y prend garde. Car, de l’avis de Bira Cissé, descendant direct du fondateur de Bambilor et porte parole de la Coopérative agricole « Saame sa moomel », « c’est une terre pour y vivre ou pour y mourir ». Et ils sont prêts à y laisser leur vie, comme l'ont exprimé tous les exploitants qui ont pris la parole au cours de cette assemblée générale. Le cœur contrit par le début des travaux lancés, ils disent qu’ils iront jusqu’au sacrifice suprême pour défendre leurs exploitations. Des exploitants dont on a commencé à raser les champs ont invité l’État à mesurer les conséquences de l'installation des promoteurs immobiliers sur leurs activités.
L’un d’eux, Ahmet Ka, le regard livide, les yeux embués, avec une mine d’enterrement, nous conduit dans son périmètre de plus de 3 hectares, dont une partie appartient à un grand marabout mouride. Il nous montre comment une partie du champ a été entamée par les bulldozers. Des exploitants dont on a commencé à raser les champs ont invité l’État à mesurer les conséquences de l'installation des promoteurs immobiliers sur leurs activités.
Selon Ahmet Ka, « c’est avant-hier qu’ils ont commencé à raser le champ, lorsque je suis venu j’ ai dit au conducteur si tu n’arrêtes pas cet engin, c’est sur mon cadavre que tu va devoir passer pour finir ton travail, si auparavant je ne t’enlève pas la vie ». C’était dit-il, en présence du préfet du département de Rufisque et de gendarmes venus pour intimider les exploitants. Heureusement, suite à l'intervention du responsable des Eaux et Forêts, qui a menacé de poursuites à l’endroit du conducteur , les gens ont arrêté. Mais explique M. Kâ, « le lendemain, ils sont revenus. Alors que j’étais de l’autre côté, sur mon périmètre de maraîchage j’ai entendu le bruit du moteur de l’engin et j’ai couru et j’ai trouvé le conducteur et je lui ai dit si tu franchis le portail de ce chams l’un de nous deux devra quitter ce bas monde. Arrête et attend que toute cette affaire soit tirée au clair. »
L’exploitation en question abrite des manguiers et le propriétaire y cultive également du niébé , du manioc et de la pastèque. A l’en croire c’est un champ qui appartient à Serigne Cheikh Ibn Moustapha Bassirou Mbacké. Il y a des centaines de pieds de mangue qu’il exploite moyennant une contrepartie financière et c’est sa femme qui se charge d’écouler les fruits au marché de Rufisque et à Thiaroye. « Ils avaient déjà commencé à s’attaquer aux manguiers en coupant les branches pour permettre à leur engin d’entrer dedans. Moi je veux juste alerter les autorités, je ne laisserai personne prendre mes terres comme ça sans réagir, croyez moi, il faudra d’abord me tuer pour cela ! »
Son compagnon d'infortune, Mody Ba, chef du village de Ngendouf, de renchérir : "Ce terrassement que vous voyez là c’est ce que nous combattons, on ne peut pas comprendre qu’on puisse prendre des centaines d’hectares de champs en exploitation pour les donner à une personne qui les morcelle en parcelles de 150m2 pour les revendre à des centaines de millions et laisser leurs exploitants dans la misère et le dénuement, c’est ce qui nous a motivé pour mettre sur pied notre coopérative agricole « saame sa moomel » pour défendre notre bien. »
Des indemnisations sont proposées mais elles n’agréent pas les exploitants qui les jugent insuffisantes et préfèrent que le projet soit transféré vers des zones proches de la région de Thiès et qui sont moins favorables aux activités agricoles. « Ils nous ont certes proposé une indemnisation mais nous ne sommes pas d’accord sur les modalités et les conditions, car il nous propose de dédommager les aménagements faits sur les champs, les arbres plantés ou encore les poulaillers et refusent de parler des terres or c’est la terre qui est notre principale richesse, et c’est elle qui est la source de l’indemnisation qu’on nous propose. Nous ne sommes pas contre l’indemnisation, mais nous voulons que tout soit fait sur la base de concertations.
Et mieux, si c’est pour faire des logements sociaux pourquoi ne pas chercher ailleurs vers Thiès, dérriere Diamniadio, là- bas il y a assez de terres qui peuvent accueillir ces logements. Et elles ne sont pas favorables aux activités agricoles contrairement à Bambilor et toute la zone de Sangalkam qui a des microclimats propices à ce genre d’activités agricoles », a-t-il expliqué. Il ajoute que « les éleveurs, les pécheurs et les agriculteurs ont toujours été ceux qui ont fait vivre le monde. Ils ont pour ce faire besoin d'espaces pour exercer leurs métiers. »
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