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Ven, Nov
samedi, 28 décembre 2013 00:00

«Sénégal émergent» mis au frigo : Macky redessine son plan

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Les 2,5 milliards que ce plan aura coûtés sont passés par pertes et profits, et le gouvernement a chargé l’administration sénégalaise de réfléchir à marches forcées à un autre plan de remplacement. Ce dernier devra toutefois intégrer les éléments positifs de la Sndes et du Pse, pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Surtout que l’eau aura coûté si cher.

Afin de préparer le Club consultatif de Paris avec les différents bailleurs de fonds, quasiment tous les services de l’Administration sénégalaise sont mobilisés. Des réunions se tiennent régulièrement, et rassemblent tous ceux qui sont jugés susceptibles d’apporter une touche positive au document qui sera soumis par le Sénégal à ses partenaires à Paris. Car, depuis qu’on avait commencé à parler du Plan Sénégal Emergent (Pse), tout le monde avait compris que, dans l’esprit du chef de l’Etat Macky Sall, la Stratégie nationale de développement économique et social (Sndes) n’entrait plus dans ses projets pour le développement du pays, et par conséquent, ne devait pas servir de base de discussion avec les bailleurs de fonds à Paris. 

Malheureusement, ce Pse dont le coût a paradoxalement aidé à mettre en exergue les failles, n’a même pas eu l’occasion de prendre son envol.
Les critiques suscitées par les faiblesses manifestes du Plan, mises à nu par des membres du gouvernement eux-mêmes, ainsi que le secteur privé, ont fini d’enfoncer le Pse, au point que même Macky Sall son premier défenseur, a fini par entendre raison. S’il est encore officiellement question de continuer avec ce document, dans les faits, le gouvernement a rangé le Plan Sénégal Emergent dans le tiroir des dossiers oubliés. Des fonctionnaires assurent même que le temps est aux «brainstormings» dans les différents départements, surtout aux Finances, pour trouver un nouveau nom au document économique du Sénégal qui est en préparation. «Le Pse est devenu négativement connoté, mais Macky ne veut plus entendre parler de la Sndes. On est donc obligés de chercher autre chose», déclarent ces cadres de l’Administration.
Et en conséquence, ce sont des acrobaties intellectuelles pour récupérer ce qui peut l’être entre les deux documents, chercher une articulation entre la vision de l’un et de l’autre. Les fonctionnaires ont eu beau jeu de rappeler que plusieurs des idées brassées dans le Pse, et qui se retrouvent dans la Sndes, étaient déjà parties intégrantes du Document de prospective Sénégal 2035. Ce qui a permis d’inclure celui-ci dans les bases de la réflexion. Car il faut aller vite, parce que, février, c’est demain.

Plus de Disso cette fois-ci
Le plus admirable, si l’on veut, c’est que pour ce travail-là, il n’est plus question cette fois-ci de faire appel à «des compatriotes de la Diaspora», ou à un cabinet étranger de consultance. Tout le travail est fait au sein de l’administration sénégalaise. Quasi­ment tous les services et directions du Ministère de l’Economie et des Finances, auxquels se joignent au besoin, des structures des autres ministères, dont le Plan, les Infras­tructures, l’Energie, en plus de la Présidence et de la Primature, ainsi que de certaines agences comme l’Apix ou l’Asepex, se retrouvent régulièrement, pour des séances assidues de réflexion. Oubliés, la vie de famille et les loisirs. Même la longue période du magal et de Noël n’a pas été synonyme de recueillement pour ces différents cadres de l’Administration ; certains étaient en séminaire dans un grand hôtel de Dakar au même moment.
Tout ce monde travaille maintenant sous la supervision du Ministre de l’Economie et des finances Amadou Ba, qui en préside le comité de pilotage. Il avait d’ailleurs dit lui-même, le 16 décembre dernier, lors du Conseil présidentiel de suivi des politiques publiques que le Sénégal va présenter aux bailleurs des fonds, un dossier technique qui compte 61 supports documentaires. 
Il s’agit, pour tout le monde, de mettre en forme «les projets porteurs et chers au président de la République, et qui concernent, sans être exhaustif : l’Agriculture, les Infrastructures, le tourisme, les Ntic, sans oublier, bien entendu, les programmes sociaux essentiels à l’amélioration des conditions des couches vulnérables». Amadou Ba dixit. 
Les priorités d’un mandat
Cela rejoint ce que disent des proches du président de la République, qui assurent que Macky Sall, du fait qu’il a pris l’engagement de réduire son mandat présidentiel, n’a pas de temps à perdre, et se trouve obligé de se focaliser sur des secteurs porteurs de croissance, et où il a plus de chance de marquer très nettement son empreinte. Dans ses priorités de développement, le président a donc retenu 5 secteurs-phares, sur lesquels il compte «mettre le paquet» et focaliser son action.
C’est ainsi, indiquent ses proches collaborateurs, que Macky Sall compte sur l’agriculture, en particulier l’agro-business, l’énergie, les transports ferroviaires, et les projets à haute teneur sociale comme la Couverture médicale universelle (Cmu) et logements sociaux. Sur ce dernier point, le président compte, avec l’appui d’institutions comme la Caisse de dépôt et de consignation (Cdc), l’Ipres, la Caisse de sécurité sociale (Css), les institutions bancaires et des promoteurs privés, réaliser au moins 50.000 logements sociaux dans les deux ans, dans la grande banlieue de Dakar.
Le financement de tous ces projets devra aussi être trouvé, pour une bonne partie, auprès des partenaires financiers. Quelle que puisse être la couverture sémantique qui portera le projet.

CONTREPOINT : Un cercueil à 2,5 milliards de francs

A quoi auront servi les 2,5 milliards qui auront servi à payer le Club Disso pour l’élaboration du fameux programme Sénégal émergent (Pse) ? Voilà qu’aujourd’hui, après avoir constaté la faiblesse du contenu du travail de ces «experts», les autorités sénégalaises mettent enfin la charrue derrière les bœufs et reprennent les choses au point  elles auraient dû démarrer. Le plus bête, c’est qu’elles auront donné raison à Moubarak Lô, qui a eu là une occasion à moindre frais de se gausser d’elles.
Car enfin, que va-t-il rester de ce travail ? Même l’idée de mettre en place une sorte d’agence du Sénégal émergent pour le portage institutionnel ne semble plus trop de mise, Amadou Ba ne semblant pas être dans une logique de se laisser imposer encore un autre «machin».
Et pour placer les derniers clous sur le cercueil de ce Pse mort-né, il faut se demander ce qui, sérieusement, pourrait être retenu des plus des 5000 documents que ceux qui ont produit ce «plan», se vantaient d’avoir consulté. Un ministre de la République, pour tenter de prouver leur expertise, étalait le Cv de certains d’entre eux, disant qu’ils ont été formés aux meilleures écoles du monde occidental. Certains de ces  gens, pour tenter de convaincre du caractère participatif de leur travail, déclaraient à certains membres du secteur privé, qu’ils avaient consulté les chefs d’entreprises les plus représentatifs du patronat sénégalais, dont… l’un de ceux qui étaient dans la salle, et qu’ils ne connaissaient manifestement pas, pour ne l’avoir jamais vu, contrairement à ce qu’ils déclaraient. Un mensonge qui expliquait quelque peu la légèreté des propositions du document.
Tout ceci pose néanmoins un défi à l’administration sénégalaise. Celui de produire enfin un bon document qui, dépassant le chahut généré par le Pse, va convaincre les partenaires financiers à Paris, pour qu’ils acceptent de mettre leur argent dans ce plan qui est destiné à contribuer au développement de ce pays. Ce sera une double victoire que d’y parvenir. D’abord, en montrant aux dirigeants de ce pays que rien ne vaut l’expertise locale, et surtout pas celle dont regorge l’administration sénégalaise, pour avoir une bonne vision du développement du pays. Et aussi, aux étrangers que quand il s’agit de l’avenir de leur pays, les Sénégalais savent se retrouver autour de l’essentiel. Et faire réellement preuve de bonne gouvernance financière.
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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6421-senegal-emergent-mis-au-frigo--macky-redessine-son-plan

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