Cela ne me surprend pas ! Après toutes les frustrations que j’ai su­bies à cause de mon engagement auprès de Idrissa Seck, si j’en suis arrivée à le quitter, je pense que personne ne pourra rester à ses côtés. Avec tout ce que j’ai subi sous le régime de Wade à tous les points de vue, ces départs ne me surprennent pas comme cela ne peut surprendre tout observateur averti de la scène politique. 
Donc les méthodes de Idrissa Seck posent problème ?
Tout à fait ! Et je vous dis que d’autres suivront, ça c’est moi qui vous l’affirme. C’est un leader qui ne respecte personne, il n’a de respect que pour sa propre personne et sa famille. Je pense qu’il n’a pas changé entre-temps. En général, c’est lui qui appelle les gens quand il en a envie, mais personne ne peut le joindre. Il y a peu de gens qui ont contact avec lui. 
Vous en faisiez partie à l’époque ?
Oui ! Moi au moins, je faisais partie du cercle restreint de ses collaborateurs, contrairement à d’au­tres. Il continue à diriger son parti comme sa maison, où les gens font ce qu’il dit. Il fait ce qu’il veut et ne consulte personne. Donc, cela ne me surprend pas que des gens partent. Je vous dis que d’autres départs suivront, et sous peu. 
Aujourd’hui, vous regrettez d’avoir milité dans son parti ?
Non ! C’est une expérience qui me servira dans la vie. Moi, je pense qu’il n’y a pas eu de trahison dans mes rapports avec lui. Pour moi, au contraire, c’est lui qui m’a trahie en manquant de reconnaissance par rapport aux sacrifices que ma famille et moi avons consentis pour lui. Donc, quand les gens disent que je l’ai trahi cela me fait rire. J’ai été suspendue, je ne travaillais plus. J’étais seule à nourrir mes enfants et à payer leurs études. J’ai été traînée dans la boue, on a fermé mon cabinet. 
Est-ce qu’il vous a soutenue dans ces moments difficiles ?
Jamais ! Il ne m’a jamais soutenue, ni matériellement ni financièrement. Il n’était même pas au Sénégal, il était en France où il continuait ses activités. Quand on m’a traduite en conseil de discipline, je ne l’ai pas vu. Quand la Dic m’avait convoquée, je ne l’ai pas vu. Pendant une semaine, si vous vous rappelez bien, j’ai été auditionnée par la Dic sur l’affaire des chantiers de Thiès. Il n’a même pas payé un avocat pour moi. Parmi la dizaine d’avocats qui me défendaient en conseil de discipline, seule l’Asso­ciation des femmes juristes a payé deux avocats pour ma défense. Je n’ai jamais reçu le soutien de Idrissa Seck. 
Pensez-vous que Rewmi n’a plus d’avenir politique ?
Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais pour moi Rewmi, c’est fini ! Il ne reste que six ou sept personnes qui essaient de s’accrocher à ce navire. Je pense que Rewmi n’a pas d’avenir. On ne peut pas en tant que Sénégalais, être chef de parti, ne pas se présenter au magal, au gamou ou à Popenguine et dire qu’on veut diriger ce pays. On reste en France, on ne communique pas, on s’emmure dans le silence quand il y a il y a un évènement national,… et dire qu’on se préoccupe des Sénégalais. Les problèmes des Sénégalais ne l’intéressent pas ! Des fêtes aussi importantes que la tabaski, le magal, le gamou, Pâques, ce sont des moments particuliers pour les Sénégalais. 
On lui a reproché de n’avoir pas pris part à la manifestation du 23 Juin 2011…
Effectivement, le 23 juin, il n’était pas là. Comme tout militant de Rewmi, je reconnais que je n’ai pas manifesté ce jour-là. Non seulement les notaires avaient un congrès ce jour-là, mais en plus notre parti n’a pas voulu manifester. On n’a reçu aucun mot d’ordre de notre leader. Je pense que, quand on veut diriger les Sénégalais, il faut au moins se soucier de leurs problèmes. On nous a toujours reproché cela. Idrissa Seck est dans son monde à part ! Moi, je ne lui en veux pas. Il m’a trouvée notaire, il m’a laissée notaire. 
Donc il est différent de votre nouvel allié ?
Oui ! L’homme (Macky Sall) est humble et modeste. Ce sont deux personnages différents. Ce n’est pas pour jeter des fleurs à Macky Sall. C’est un homme qui écoute ses collaborateurs et qui les respecte. Il est très humble et pas arrogant ! Je ne regrette pas du tout d’avoir choisi de l’accompagner. 
Où en êtes-vous avec le Fonsis ?
 On a eu un conseil d’administration il y a quinze jours et les choses commencent à bouger. Je pense que le 1er février, on s’adressera aux Sénégalais.

source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6497-nafissatou-diop-cisse-sur-les-departs-du-parti-de-idrissa-seck--rewmi-na-pas-davenir