C’est une «journée noire». A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), les étudiants ont commémoré hier dans la division le treizième anniversaire de la mort de Balla Gaye. Vêtus de tee-shirt blanc laissant apparaître : «Balla Gaye, 13 ans déjà» et une photo du défunt, les étudiants, divisés en deux camps à cause des réformes, faisaient recours à la violence pour solder leur division. Rouges de colère, ils se lancent des jets de pierres, échangent des discours musclés, des insultes etc.

 Effrayés, certains étudiants prennent d’assaut le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) pour échapper à la violence déchaînée des deux camps. Sur place, les agents du (Coud), tout de noir vêtus, leur interdisent l’accès. «Déplacez-vous, quittez les escaliers…», ordonnent-ils. Yeux rivés sur cette scène, un journaliste de taille moyenne raconte : «On m’a donné un coup de poing sur le visage. Ça me fait mal». «La division est liée aux réformes parce qu’il y a des étudiants qui continuent de les contester. Pour nous, les étudiants doivent se réunir, former une seule force et essayer d’aller de l’avant. Nous ne prônons pas la violence. Dans la forme, on peut dire qu’il y a paradoxe mais je pense que tous les étudiants sont sensibles à la commémoration», rassure Elimane Bâ, président de l’Amicale des étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg). 
Déçus, M. Ba et Cie font savoir qu’ils «sont un tout petit peu indignés» par le comportement de leurs camarades qui, disent-ils, font recours à la violence pour se faire entendre. Porte-parole du jour des étudiants qui décrient l’application des réformes, Apolli­naire Diatta, très en verve, avance qu’ils ont préparé cette commémoration avec une «très grande sérénité». «Une semaine durant, nous avons eu à nous donner corps et âme pour cette journée de commémoration. Aujourd’hui, en notre grande surprise, nous avons vu un groupuscule d’étudiants, signataires du  Protocole d’accord avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, parler au nom des étudiants. Nous leur avons interdit la parole parce que nous avons l’impression qu’ils ont tué de nouveau Balla Gaye», soutient-il. Pour lui, Balla Gaye s’est battu, et a combattu pour la généralisation des bourses. «Et, je pense que, avec la signature du Protocole d’accord, ils ont bafoué tous les acquis que nous avons eu à travers la mort de Balla Gaye. C’est pourquoi nous leur avons empêché de parler à la communauté estudiantine», détaille M. Diatta. Ainsi va la vie à l’Ucad. 

Stagiaire