C’est en gardant en ligne de mire les promesses que le président Macky Sall s’est engagé à respecter que la toute nouvelle locataire du neuvième étage du Building administratif a démarré, hier, ses consultations pour former le nouveau gouvernement qui, à n’en pas douter, sera composé d’anciens et de nouveaux hommes et femmes à qui il sera demandé un engagement sans failles dans la satisfaction des attentes des millions de Sénégalais qui aspirent à de meilleures conditions de vie.

La tâche est ardue, les urgences sociales et économiques sont lancinantes. S’il est vrai que l’ancien Premier ministre quitte la station primatoriale après une mission qu’il a tenue à honorer, surtout avec une loyauté remarquée et des résultats positifs dans divers domaines, il reste que le président Macky Sall a voulu, en nommant un nouveau chef de gouvernement, accélérer le rythme de travail et la cadence des performances de celui-ci. L’équipe de Abdoul Mbaye avait ouvert de nombreux chantiers de réformes dans divers domaines, avec comme objectif la satisfaction des aspirations légitimes des Sénégalais pour une vie meilleure. Le nouveau Premier ministre a une pleine et claire conscience des urgences et des attentes de ses compatriotes.

Technocrate qui a affiné son expérience dans des institutions internationales, Aminata Touré a milité très tôt et s’était engagée en politique depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle était déjà, lors de l'élection présidentielle de 1993, directrice de campagne du candidat Landing Savané, secrétaire générale d’Aj/Pads. Son militantisme pour les causes patriotiques, la justice, l’équité et la transparence ne date pas d’aujourd’hui. Sa forte personnalité épouse ses convictions politiques qu’un pays ne doit compter que sur la qualité, le dévouement et le travail de ses enfants, hommes et femmes. La récente réforme du Code de la famille, qui permet désormais aux femmes de faire bénéficier à leurs époux et enfants la nationalité sénégalaise, a marqué les esprits. Son engagement et sa détermination dans la lutte contre la préservation des ressources publiques, à travers ce que la presse dénomme « traque des biens mal acquis », montrent une autre facette de sa personnalité.

Aminata Touré fait preuve d’une farouche volonté de lutter contre la prévarication des deniers publics et ne s’en cache point. Son compagnonnage avec le président Macky Sall ne date pas de la campagne électorale de février et mars 2012. Leur estime et appréciation mutuels s’expliquent par un partage de valeurs, de convictions politiques et de vision. Ainsi, comme elle l’a indiqué, hier, son viatique sera de travailler à concrétiser le programme « Yonou Yokouté » que le chef de l’Etat s’engage à matérialiser, pour que les Sénégalais puissent, dans un effort commun, participer à la construction d’un pays prospère où chacun pourra accéder au bien-être par son mérite personnel, et non pas par des voies détournées de malversation.

Le temps presse et les défis sont nombreux. L’horizon 2017 approches à grands pas et le président Macky Sall devra présenter un bilan avec des réalisations attendues par des millions de Sénégalais. Nul doute que le Premier ministre Aminata Touré aura les yeux rivés sur les réformes à engager et le tableau des diligences. Aujourd’hui, l’équipe de ministres qu’elle va présenter au président de la République sera composée d’hommes et de femmes qui vont intégrer cette donne dans les politiques que leurs départements respectifs vont mettre en œuvre : l’efficacité sera le maître mot de chacun d’eux.

L’accès aux soins de santé, une éducation de qualité, un pouvoir d’achat conséquent, un cadre de vie sain, un toit décent, une justice équitable, etc., les priorités sont multiples pour les Sénégalais qui aspirent à vivre dans un pays où tous seront égaux devant la loi, qu'ils soient riches ou pauvres, citadins ou paysans. La route du développement étant longue et parsemée d’embuches, à travers des contraintes endogènes et exogènes, Aminata Touré à traduit, hier, sa conviction qu’il faut, dans la « course pour le développement », accélérer le tempo des réalisations.

Ayant pris le témoin des mains d’Abdoul Mbaye, nul doute que mesurant bien les attentes placées en elle par le président Macky Sall, elle s’emploiera, avec rigueur et efficacité, à bien mériter la confiance réaffirmée qui lui vaut, après Mame Madior Boye, nommée le 3 mars 2001, d'être la deuxième femme Premier ministre du Sénégal.

C’est un honneur que le président Macky Sall rend encore aux femmes sénégalaises qui peuvent se réjouir de compter parmi elles, et pour des postes de prestige jusqu’ici occupés par les hommes, un Premier ministre, un président du Conseil économique et social et une directrice générale de la Police nationale. Pour le nouveau Premier ministre, le défi sera double : d’abord prouver au chef de l’Etat qu’elle a les capacités de l’accompagner dans la réussite de sa mission, ensuite prouver aux Sénégalais que les femmes peuvent atteindre de hauts niveaux de performance et d’efficacité lorsqu’elles occupent des postes stratégiques.  

• Par Cheikh THIAM

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