Désormais, que les Sénégalais se mettent au travail pour mériter leur salaire. Que les Sénégalais arrêtent d’aller au bureau en faisant semblant de travailler, adoptant des comportements clandestins, pour ensuite créer des problèmes quand le Gouvernement réagit. Les Sénégalais doivent aussi arrêter de demander des commissions sur le travail pour lequel ils sont payés. Je demande à tous les citoyens de dénoncer ce genre de pratiques et le gouvernement prendra les mesures nécessaires.» Ce discours, le président de la République, Macky Sall, l’a tenu au salon présidentiel de l’aéroport Léopold Sédar Senghor au retour du périple qui l’a conduit en Chine, en France et au Qatar.

CONSTAT - Macky Sall n’a pas tenu ces propos ex-nihilo. Il lui a été donné de constater un laxisme effrayant dans les départements ministériels. Des investigations et autres surveillances des ministres et des membres de leurs cabinets ont été discrètement commanditées par le chef de l’Etat lui-même, à l’insu de plusieurs de ses collaborateurs les plus proches, puis savamment menées par les préposés à la tâche, les Renseignements généraux. Les résultats obtenus et les exploitations qui en ont été faites ont motivé la sortie publique du président de la République sur ce plan, même s’il a choisi de parler dans un cadre beaucoup plus général, en s’adressant à tous les Sénégalais. 

D’aucuns disent que la façon de parler du chef de l’Etat, l’usage du style indirect, lui est dicté par le fait que de hautes personnalités étatiques, membres et non membres de sa formation politique (Apr) ont été nommément désignées comme faisant beaucoup de bruit, reprenant à satiété le refrain de la loyauté au chef de l’Etat, alors que leur rendement est des plus faibles au niveau des portefeuilles ministériels qu’ils détiennent ou des Directions qui leur sont confiées. Ce qui a motivé sa décision de sortir une note le 17 février 2014 demandant aux ministres de lui faire «l’état du suivi et l’évaluation des directives issues des différentes réunions du Conseil des ministres» au plus tard le 7 mars. 

CONCERTATIONS - Nos interlocuteurs soutiennent que le chef de l’Etat ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Il engagera des concertations avec les leaders des partis membres de la coalition «Benno Bokk Yaakaar» représentés dans le gouvernement ou ayant eu un quota de directeurs de société afin que cessent les manquements constatés. 

Macky Sall a confié à un cercle restreint de conseillers politiques, ainsi qu’à une poignée de personnalités de la société civile et à deux grosses pointures parmi ses alliés, son envie d’apporter des changements en profondeur dans l’attelage gouvernemental actuel. Sa décision serait irrévocable. Aminata Touré restera à la station primatoriale, mais elle devra composer avec des ministres choisis par Macky Sall lui-même.  

Le président de la République qui a informé lundi le Conseil des ministres qu’il mettra en place une «Delivry Unit» conçue comme mécanisme de suivi-évaluation de l’exécution du Pse, installée au sein de son Cabinet à la Présidence, articulée à la Primature et à des points focaux sous forme de cercles de qualité, ne s’en cache plus. Il va se mettre au-devant de la scène politique et de l’action gouvernementale proprement dite, pour tout conduire et, au besoin, faire appliquer directement les politiques sectorielles par les ministres concernés. Il est convaincu d’être habilité à imprimer la cadence souhaitée à la marche des affaires publiques, tâche qu’il avait confiée, à haute et intelligible voix, au Premier ministre Mimi Touré, un soir de 1er octobre 2013, après avoir mis fin à son compagnonnage avec Abdoul Mbaye, jugé très peu engagé politiquement et considéré comme un fusible peu protecteur de son mentor contre les attaques de ses adversaires.

MACKY-MIMI- Seulement, la mayonnaise tarde à prendre, au goût du tombeur de Me Abdoulaye Wade. De plus,  les faucons de l’Apr, revenant inlassablement à la charge, semblent avoir réussi leur besogne après plusieurs coups de semonce restés sans effet des mois durant. 

Les promesses de décaissements des bailleurs constituant une sorte de stimulant, Macky Sall a senti le besoin de s’investir personnellement pour le pilotage de plusieurs actions du gouvernement, histoire de mieux coller au quotidien des populations afin que celles-ci se souvienne de lui au moment du choix. 

Ainsi,  Mimi Touré devra s’éclipser pour faire place au chef. Pour une bonne exécution du Plan Sénégal émergent, qu’il est allé négocier lui-même auprès des bailleurs. Là où les Premiers ministres du Sénégal avaient l’habitude de s’adonner à un tel exercice, Macky Sall s’engage à descendre sur le théâtre d’application et d’accélération des politiques qu’il a lui-même définies, même si son Premier ministre avait réussi avec brio sa Déclaration de politique générale (Dpg) devant l’Assemblée nationale.

Daouda MINE

RESTRUCTURATION DE PIKINE 

Plus de mille personnes seront déplacées pour un coût évalué à une cinquante de milliards 

On s’achemine vers l’un des plus importants mouvements de personnes que la banlieue n’a jamais connu jusqu’ici. Plus d’un millier de personnes, des places d’affaires et des équipements collectifs seront déplacés dans le cadre d’un vaste programme dénommé «projet de restructuration des quartiers de Pikine irrégulier-Sud» dont le coût est évalué à près de cinquante milliards de francs Cfa dont 26,5 milliards versés par l’Agence française de développement (l’Afd) et 23 milliards par la Banque mondiale. Les travaux vont démarrer au mois de juin 2014 et  à terme, dans un délai de trois ans (2014-2017), c’est une nouvelle configuration de Pikine, avec un nouveau cadre de vie lesté des inondations et des bidonvilles, qui va sortir de terre. Hier, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, des responsables de l’Apix, maître d’œuvre du projet ont procédé dans la commune de Diamaguène-Sicap Mbao à une séance de partage avec les populations portant sur la consistance des travaux prévus pour assurer cette grande restructuration urbaine.  Le projet tel que déroulé hier par le coordonnateur des grands travaux de l’Apix, devant plusieurs centaines de personnes, sera axé sur trois volets : Des équipements collectifs (école, poste de santé, maison de la femme…) seront affectés, mais vite remplacés en concertation avec les populations, la voirie locale sera mise à niveau pendant que le volet le plus important va porter sur la prévention des risques contre les inondations avec notamment des canaux d’évacuation des eaux pluviales. Les populations de cinq communes (Diamaguène-Sicap Mbao ; Tivaouane Diacksao ; Guinaw-rails-Nord ; Guinaw-rails-Sud et Thiaroye-Gare)   seront concernées par les déplacements massifs. A l’étape de Diamaguène-Sicap Mbao, ces populations ont été rassurées quant à leur dédommagement. Ce sont les mêmes principes d’indemnisation retenus dans le cadre des travaux de l’autoroute à péage qui seront reconduits. Propriétaires de maisons, locataires comme titulaires de places d’affaires seront tous indemnisés, l’opération de recensement ayant été bouclée sous la supervision d’un groupe opérationnel présidé par le Gouverneur de la région de Dakar.

ALASSANE HANNE   

source: http://www.gfm.sn/actualites/item/11822-mise-en-oeuvre-du-plan-senegal-emergent-macky-sall-enfile-son-treillis-de-general.html