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lundi, 17 mars 2014 00:00

Visite du chef de l’Etat à Ziguinchor: Les grands axes du Pôle de développement de la Casamance

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PR Zig 1C’est aujourd’hui que le chef de l’Etat effectue une visite de trois jours, à Ziguinchor, pour le démarrage des pôles de développement économiques. Toute la ville se prépare à lui réserver un accueil populaire et chaleureux.

ZIGUINCHOR FIN PRÊTE POUR ACCUEILLIR MACKY SALL
La place Aline Sitoé Diatta offre un nouveau visage. Une grande tente aux couleurs vert, jaune et rouge est en train d’être dressée par plusieurs ouvriers qui déchargent, en même temps, des bâches, des chaises et d’autres matériels d’installation. La célèbre place publique de Ziguinchor qui connaît, ces dernières heures, une ferveur inhabituelle, renseigne sur un grand évènement qui se prépare. Au-delà de ces installations, c’est une ville entière qui fait peau neuve, avec la visite du chef de l’Etat Macky Sall, à partir d’aujourd’hui, à Ziguinchor.

Les grandes artères, les avenues célèbres et autres lieux publics sont entièrement rénovés. Balai à la main, des brouettes et autres instruments servant à ramasser les ordures, plusieurs jeunes filles travaillant pour le compte de la commune sillonnent les rues et ruelles. La consigne est claire : Ziguinchor veut réserver un accueil chaleureux au président de la République. Pour ce faire, la mairie n’a pas lésiné sur les moyens. « Nous comptons réserver un bel accueil au président Sall qui est le président de tous les Sénégalais. C’est pourquoi, le maire nous a donné des instructions pour rendre la ville propre. Aujourd’hui, nous sommes sur la dernière phase de cette opération », soutient Balla Moussa Diallo, le responsable du nettoiement à la mairie de Ziguinchor. A bord de son véhicule, M. Diallo brave la forte chaleur qui règne dans la capitale du Sud pour superviser les 400 personnes, majoritairement des femmes, qui ont été mobilisées par la commune.

Set Setal PR ZigSur les avenues Emile Badiane, Ibou Diallo et la rue 54, ce sont parfois des opérations de terrassement qui sont effectuées. D’autres s’affairent à renouveler le tracé de certaines routes, encore en mauvais état. Egalement, dans les différents quartiers comme Escale, Santhiaba, Boucotte ou Néma Kadior, quelques travaux d’embellissement sont entrepris. De même qu’aux abords de la mairie, au Conseil régional et à la place Jean-Paul II.

Les réceptifs affichent le plein
Les hommes politiques affiliés à la mouvance présidentielle « Bennoo Bokk Yaakaar » ne sont pas en reste. Par le biais des stations radios de la localité, chacun fait le rappel des troupes pour réserver un grand accueil au président Macky Sall. Parfois, ils s’affichent à travers des banderoles attachées dans les différentes artères. Les projets et autres programmes de développement intervenant à Ziguinchor magnifient cette visite du chef de l’Etat et entendent jouer pleinement leur partition. Cette préparation est nettement visible à la gouvernance, située au quartier Escale, où le service de sécurité de la présidence a pris ses quartiers depuis quelques jours. Les réceptifs hôteliers affichent le plein. Hôtels, campements et même les résidences sont sollicités. Cette visite placée sous le signe du développement économique de la zone sud offre sûrement des lendemains meilleurs pour la population qui souffre de son enclavement.

De nos Envoyés spéciaux à Ziguinchor, Maguette NDONG 
et Assane SOW (photos)

 

 

Abdoulaye Balde Zig 1ABDOULAYE BALDE, MAIRE DE ZIGUINCHOR: « NOUS ATTENDONS LES RÉPONSES DU CHEF DE L’ETAT SUR BEAUCOUP DE QUESTIONS »
Le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, entend réserver un accueil chaleureux au chef de l’Etat. Pour autant, il ne se privera pas de mettre sur la table les nombreuses doléances pour lesquelles les populations de la Casamance attendent des solutions du chef de l’Etat.

Le chef de l’Etat sera à Ziguinchor pour trois jours, en tant que maire de la commune, comment entendez-vous l’accueillir ?
Je me félicite de cette visite. J’ai demandé d’ailleurs à toutes les populations, à tous mes partisans et de façon générale à tous les Casamançais de lui réserver un accueil chaleureux, un accueil digne de son rang et j’ai invité tout le monde à ne faire montre de signes d’hostilité que ce soit verbal ou des actes à l’endroit du chef de l’Etat. Il est l’hôte de toute la Casamance, de la ville de Ziguinchor et par conséquent, nous allons l’accueillir comme il se doit.

Un tour effectué dans la ville de Ziguinchor nous a permis de voir que des travaux sont entrepris par la mairie. Ces travaux sont-ils liés à la visite de Macky Sall ?  
C’est un processus continu, parce que la visite du président coïncide aussi avec la célébration de la fête de l’Indépendance qui est prévue le 4 avril. Nous avons donc voulu profiter de cette visite du président pour faire des travaux, surtout concernant les axes routiers qu’il va emprunter. Mais de façon générale, nous avons accentué les opérations de nettoiement de la ville pour la rendre propre, non seulement pour le président, mais aussi pour tous les hôtes que nous allons recevoir. Je pense qu’il est important de donner une image très positive de notre ville. Il y a la ville, mais aussi il y a les jeunes au niveau des quartiers qui font des opérations de nettoiement pour accueillir tous nos hôtes, y compris le chef de l’Etat.

Cette visite est certainement l’occasion pour vous de faire part au chef de l’Etat de certaines de vos doléances…
De façon générale, les doléances sont connues et c’est la deuxième fois que le chef de l’Etat vient en Casamance, depuis son élection. La première fois, c’était pour le conseil des ministres décentralisé au cours duquel, l’ensemble des problèmes de la Casamance ont été exposés. Que ce soit les infrastructures routières, rurales, agricoles, la relance du tourisme, le problème de l’agriculture, de l’élevage, tout a été évoqué. Et à l’occasion de ce conseil, 360 milliards de FCfa ont été annoncés pour la relance de l’économie de la région, mais nous attendons toujours.

Abdoulaye Balde Zig 2Quelle est la particularité de Ziguinchor, quand on sait que le président va lancer, à partir d’ici, les pôles de développement économique ?
C’est une satisfaction. Nous sommes honorés d’être les précurseurs d’un programme de réforme globale de la gouvernance locale. Le pôle territoire Casamance qui sera lancé à l’occasion de la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation qui est aujourd’hui précédé par le lancement du pôle développement de la Casamance. Nous osons espérer que cela va se poursuivre dans les autres régions. Car, le Sénégal, dans sa globalité, a besoin de se développer, mais je considère que les moyens de départ sont des moyens modestes pour trois régions que sont Sédhiou, Kolda et Ziguinchor. Nous avons considéré que 23 milliards de FCfa ne nécessitaient pas tout un tintamarre et un lancement en fanfare. Il faut beaucoup plus que cela pour développer la Casamance, relancer l’économie, le tissu industriel, le secteur agricole, la pêche, désenclaver les zones frontalières, le Nord Sindian qui est abandonné ; la zone se trouvant entre Diouloulou et la Gambie qui est une zone dépourvue de tout, le réseau téléphonique n’est même pas fonctionnel à ce niveau. C’est le réseau gambien qui marche là-bas. Cette zone est dépourvue d’infrastructures routières, d’infrastructures sociales de base (pas d’écoles, pas de postes de santé). Aussi, il y a le secteur du tourisme qui est à l’agonie et le problème des visas électroniques est venu aggraver les choses. Il faut donc un véritable plan pour relancer l’industrie touristique, au Cap Skiring, Abéné et à Kaffountine. Je considère qu’il y a beaucoup de questions qui attendent le président de la République et nous attendons des réponses.

Le président va également profiter de sa visite pour inaugurer l’université Assane Seck de Ziguinchor, n’est-ce pas là un motif pour lui de venir en Casamance ?
Cette université a été construite depuis longtemps. Il vient surtout pour le baptême. Nous avons participé à sa conception et le processus continue. Aujourd’hui, nous allons vers une faculté de médecine. Nous nous réjouissons de sa venue pour le baptême, mais il aurait été plus important qu’il procède à l’inauguration de l’hôpital de la Paix qui attend depuis plus de 15 ans, parce que c’était depuis 1999 avec Abdou Diouf. Il y a de cela deux ans, juste avant la perte du pouvoir, Abdoulaye Wade avait donné des instructions pour que les travaux reprennent aussi bien pour l’hôpital de Ziguinchor que pour l’hôpital de Fatick. Je pense que l’hôpital de Fatick a été inauguré, nous attendons celle de l’hôpital de Ziguinchor. Le problème de la paix est important ici et le président Macky Sall avait dit que l’une de ses priorités était la paix. Certes, il n’avait pas dit 100 jours comme son prédécesseur, mais je pense que cela va faire bientôt deux ans. L’accalmie persiste, mais nous considérons qu’il n’y a pas d’avancée sur ce processus. Il y a plusieurs intervenants, notamment le groupe de réflexion Robert Sagna, Amsatou Sow Sidibé, le groupe San Egidio et une kyrielle d’intervenants. Il n’y a pas d’harmonisation de toutes ces actions. On n’a pas de planning, on ne sait pas où l’on va. Le Mfdc de son côté est divisé. Ses membres ont toujours réclamé ce qu’ils appellent les assises inter-Mfdc pour faire l’unité. Une unité sur le plan militaire et sur le plan politique avant de dégager un agenda et de désigner des négociateurs sur des points qui ont été validés par l’ensemble du Mfdc, au-delà de la société civile casamançaise et tous les cadres casamançais. Je pense que c’est important qu’on puisse procéder, de façon scientifique pour résoudre ce problème, au lieu de s’épancher dans les médias sur des questions qui n’apportent pas de solutions à ce conflit qui a duré plus 30 ans et qui est un des plus vieux du monde.

De nos Envoyés spéciaux à Ziguinchor, Maguette NDONG 
et Assane SOW (photos)

 

 

Abdoulaye Bibi Balde ZigACCUEIL DE MACKY SALL: ABDOULAYE BIBI BALDÉ APPELLE À UNE GRANDE MOBILISATION
Le chef de l’Etat est attendu aujourd’hui dans la capitale du Sud pour le lancement du programme économique de la région. Pour l’accueil de Macky Sall, Kolda ne veut pas être en reste. Les responsables de l’Apr, sous la houlette  d’Abdoulaye Bibi Baldé, sonnent la mobilisation. « Le président de la République vient en Casamance. Ce n’est pas seulement Ziguinchor qui est concernée mais toute la région  sud. C’est pourquoi, je lance un appel à la mobilisation de tous les responsables et militants pour lui réserver un  accueil chaleureux », a déclaré, hier, au cours d’une conférence de presse M. Baldé.

Selon lui, compte tenu de l’ambitieux programme qui sera lancé par Macky Sall, il est important qu’il sente la mobilisation de tous les habitants de la Casamance. «C’est un programme très important qui nécessite la mobilisation de tous. A Kolda,  nous avons  mis en place une commission pour réserver un  accueil populaire  à Macky Sall. Nous comptons mobiliser vers Ziguinchor plus de 500 personnes», a-t-il ajouté.

Abordant les élections locales, Abdoulaye Baldé a invité les différents responsables à l’unité. «Nous sommes conscients qu’il faut l’unité des responsables pour gagner les élections locales. C’est pourquoi, nous avons tenu, samedi dans la nuit, une réunion d’harmonisation. Mais il y a quelques difficultés liées à un manque d’informations au niveau de la base», a-t-il précisé. Mais, M. Baldé reste optimiste et soutient que les responsables trouveront une solution avant les élections. «Ce n’est pas seulement à Kolda où il y a des problèmes entre responsables de l’Apr. Mais nous sommes assez majeurs. Nous allons nous parler  pour se réconcilier», a-t-il déclaré.

Correspondance particulière de Aliou KANDE

 

 

Village Artisanal ZigCRISE DU SECTEUR TOURISTIQUE, CLIENTELE ABSENTE… LES ARTISANS SOUFFRENT LE MARTYRE
Les artisans de Ziguinchor ne manqueront pas de transmettre au chef de l’Etat leurs nombreuses doléances. Au village artisanal où logent la plupart d’entre eux, les activités tournent au ralenti. Les nombreux coups de marteaux des sculpteurs et le bruit des fourneaux des bijoutiers ont laissé la place à la discussion à l’intérieur des ateliers. Désœuvrés, les artisans ne savent plus à quel saint se vouer. « Comme vous l’avez constaté, les affaires ne marchent plus. On peut rester 15 jours sans voir le moindre acheteur », renseigne le sculpteur Oumar Ntap. Le même discours est servi par Cheikh Faye, un tailleur qui fréquente le village depuis 1975.  « Nous vivons une véritable crise actuellement. Pourtant, même quand la rébellion était beaucoup plus active, on enregistrait l’arrivée de nombreux touristes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ».

Cheikh Faye informe qu’il avait des ateliers à Ziguinchor et à Cap Skiring, alors qu’actuellement, il ne lui reste qu’un seul atelier. Aujourd’hui, les hôtels ferment un à un dans ces deux sites. Les hôtels comme Royal Cap, Savana et Cabrousse ont mis la clé sous le paillasson. Le Club Med qui est le seul grand réceptif  cesse ses activités avec la fermeture de la saison touristique, indique-t-on. Le tisserand Kékouta Keita, un des membres fondateur du village est nostalgique des années fastes du village. C’était la période où des jeunes sculpteurs arrivaient à gagner 200 000 Fcfa dans la semaine et réalisaient un bénéfice assez consistant à la fin du mois. Aujourd’hui, tel n’est plus le cas,  les artisans ne rivalisent plus de créations pour attirer les touristes et autres acheteurs férus d’arts. Oumar Ntap ne se prive pas à montrer son second atelier où il a exposé un mobilier pour salon d’une grande qualité. « Aujourd’hui, si je demandais 300 000 Fcfa pour cela, les gens vont me faire courir, ce n’est pas facile », dit-il.  Au manque de clientèle, s’ajoute le problème de la commercialisation des produits. Avant, la chambre des métiers de Ziguinchor leur permettait d’écouler leurs produits, à travers des foires ou des voyages à l’étranger. Ce n’est plus le cas à l’heure actuelle. Pour eux, il faut une véritable politique pour redonner aux secteurs touristique et artisanal, leurs véritables lettres de noblesse.

M. NDONG

 

 

Papis Toure ZigPAPIS TOURE, PRÉSIDENT DU REGROUPEMENT DES TRANSPORTEURS DE ZIGUINCHOR: « UN CONTOURNEMENT DE LA GAMBIE SERAIT UNE BONNE CHOSE POUR LA CASAMANCE »
« Nous avons de nombreux problèmes, à Ziguinchor, dont le principal reste le non renouvellement du parc automobile. Depuis 1975, le parc n’a pas été renouvelé, nous avons l’impression d’être des laissés pour compte, nous qui sommes dans la région de la Casamance naturelle. Que ce soit les taxis, les transports interurbains ainsi que les poids lourds, nous n’avons vu aucune transformation depuis de nombreuses années. Seulement, nous pensions que le renouvellement qui est en train d’être fait dans d’autres localités du pays doit profiter à la Casamance qui est une zone très enclavée. Egalement, la traversée de la Gambie sur laquelle nous observons un blocus depuis le 1er janvier, à nos jours, doit trouver une solution. Nous sommes toujours en train de négocier avec les autorités gambiennes pour mettre fin à cela, mais nous pensons que l’Etat doit aussi nous aider à partir d’ici pour aller à Dakar ou dans les autres localités, sans pour autant passer par la Gambie.

Pourquoi ne pas créer un contournement à Koungheul qui nous permettra d’aller de Dakar en Casamance et vice-versa. Cette distance ne fait même pas 150 km. Si l’Etat fait cela, il aura fortement libéré la Casamance. D’autant qu’en Gambie, les bacs qui sont mis à notre dispositions ne sont pas en bon état. Ce qui reste à faire, c’est de négocier avec l’Etat gambien pour la modernisation des bacs, sinon créer un pont pour nous permettre de traverser ».

M. NDONG

 

AGRICULTURE, INFRASTRUCTURES, EDUCATION, SANTÉ: LES GRANDS AXES DU PÔLE DE DÉVELOPPEMENT DE LA CASAMANCE
Après avoir annoncé le démarrage imminent du Projet pôle de développement de la Casamance dans son message à la nation du 31 décembre 2013, le président Macky Sall passe à l’acte. C’est aujourd’hui qu’il lance ce projet, à Ziguinchor.

Le projet Pôle de développement de la Casamance, initié par le chef de l’Etat et qui vise le développement de la région naturelle de la Casamance, repose sur trois axes : la réconciliation, la reconstruction et le développement durable (Rrdd). D’un coût de 23 milliards de FCfa, le projet bénéficie d’un financement de la Banque mondiale d’un montant de 20 milliards de FCfa, soit 40 millions de dollars, les trois milliards de FCfa restants constituant l’apport de l’Etat du Sénégal. L’objectif ici est d’accroître la productivité agricole dans différentes filières ciblées, en faveur des jeunes et des femmes, mais aussi améliorer l’accessibilité des zones rurales.

Agriculture CasamanceAccroître la productivité de cette partie sud du pays est devenu plus qu’une urgence, la Casamance a toujours été considérée comme une partie qui peut jouer le rôle de Californie du Sénégal, tant elle regorge de potentialités hydrauliques, foncières et agricoles inexploitées. La première cause de cette sous-exploitation de ces potentialités est, sans conteste, le conflit armé qui a secoué la région depuis 1981. En effet, cette guerre a entravé le développement agricole de la zone, des villages entiers ont fui les zones de combat, délaissant en même temps leurs terres et les activités agricoles. La dissémination de mines vient compliquer la situation. En ciblant les jeunes et les femmes, le Projet pôle de développement de la Casamance donne une chance aux forces vives de la région de contribuer davantage au développement du Sénégal. Occuper sainement la jeunesse casamançaise est un devoir et un défi de taille du gouvernement sénégalais, dans la quête d’une paix définitive.

C’est, par ricochet, combattre la pauvreté. La Casamance est riche de ses ressources, mais ses habitants sont pauvres. D’après la deuxième Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal produit par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd, Esps III 2011), la région de Ziguinchor (56 %) arrive en 10ème position dans le classement des régions les moins pauvres alors que Sédhiou est en 12ème position (58,4 %). Kolda est la région la plus pauvre avec un taux de 64,1 %. Au Sénégal, le taux national de pauvreté des ménages est de 35,5 %. En réhabilitant, comme prévu, près de 30.000 hectares de rizières, le Projet pôle de développement de la Casamance vise à faire passer la production rizicole de la région naturelle de 80.000 tonnes par an à 260.000 à la fin du projet. Il est aussi prévu l’aménagement de 30.000 hectares de périmètres horticoles. Ainsi, le Sénégal prend résolument l’option de réduire sa facture des importations de riz et d’impulser ses exportations horticoles. Mais tous ces objectifs ne sauraient être facilement atteints sans les infrastructures routières. Ce volet n’a pas été oublié, puisqu’il est prévu la construction d’infrastructures routières.

Les communautés rurales les plus isolées seront désenclavées grâce à des pistes. Ces villages seront connectés ainsi aux routes menant aux marchés locaux, rendant possible l’écoulement de produits agricoles qui sont jusqu’ici condamnés à pourrir dans certaines contrées. Le projet prévoit aussi la réalisation d’infrastructures sanitaires et scolaires. Ainsi, un développement socioéconomique de la Casamance pourrait être la meilleure manière, pour les fils de la région, d’oublier les décennies cauchemardesques.

Malick CISS

 

 

Infrastructure CasamanceLES INFRASTRUCTURES, UN PRÉALABLE POUR LE DÉSENCLAVEMENT
Dans l’ensemble, les infrastructures en Casamance vont non seulement désenclaver cette partie sud du pays, mais elles vont aussi booster son développement. Ce sont des infrastructures structurantes qui concernent notamment la mobilité.

Une bonne partie du compact signé le 16 septembre 2009 entre l’Etat du Sénégal et les Etats-Unis par le biais du Millenium challenge corporation (Mcc) est consacré à la région naturelle de la Casamance. Ce Millenium challenge account (Mca-Sénégal), d’un montant de 540 millions de dollars, soit environ 270 milliards de FCfa sur une période de cinq ans, vise à contribuer à la réduction de la pauvreté au Sénégal par la croissance économique.

En Casamance, il s’agit notamment de réhabiliter la Route nationale 6  (Rn 6). Cette route longue de 280 kilomètres va relier Ziguinchor à Vélingara en passant par Goudomp, Kolda et Diaobé Kabendou. En effet, au-delà de la réhabilitation de la Rn 6, le pont de Kolda sera également entièrement reconstruit. Et tout se fera selon les normes de la Cedeao. Conformément à la directive OP4.12 de la Banque mondiale, toutes les personnes affectées par le projet (Pap) sont indemnisées. Mieux, le Mca-Sénégal est en train de construire des infrastructures sociales le long de la Rn 6. C’est le cas à Diaobé où le marché, qui est l’un des plus importants de la sous-région, sera reconstruit et légèrement décalé.

Deux bateaux de fret attendus 
La Rn 6 est  une route stratégique qui permet le transport des produits agricoles locaux et autres biens et services de la Casamance vers les autres villes du Sénégal, sans avoir à traverser la Gambie. Elle constitue le seul accès terrestre national vers la Casamance. Sa réhabilitation va stimuler le trafic interne et transfrontalier et faciliter le commerce en rendant fiable l’accès durant toute l’année. De façon générale, le projet de réhabilitation des routes vise à accroître l'accès des bénéficiaires aux marchés nationaux et internationaux grâce à l’amélioration de la qualité des routes et la réduction des temps de voyage et des coûts.  Outre la Rn 6, les axes routiers de Ziguinchor-Cap-Kabrousse et Ziguinchor-Mpack sont déjà réhabilités. C’est aussi le cas concernant le pont Emile Badiane. En effet, les infrastructures au Sud du pays concernent également la liaison fluviomaritime vers Ziguinchor qui est assurée par le bateau « Aline Sitoë Diatta ». Récemment, le directeur d’exploitation et commercial du Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama), Abdou Salam Kane, annonçait l’arrivée prochaine de deux navires cargos fret « Aguène » et « Diambone en service vers fin 2014. Ces navires, acquis grâce à la coopération avec la Corée du Sud, ont chacun une capacité de 210 places, une capacité d’emport de 450 tonnes en conventionnel. Ils peuvent supporter chacun 13 camions chargés entre 25 et 35 tonnes, ainsi qu’une quarantaine de véhicules utilitaires. Leur ligne d’affectation est Dakhonga et Ziguinchor. L’arrivée de ces navires va augmenter la flotte du Cosama qui pourrait passer de 200 tonnes à plus de 1.200 tonnes. Cela va hausser aussi les capacités de transport des populations de la Casamance et de leurs produits. Les infrastructures concernent aussi le sport. C’est le cas du stade de Kolda qui est entièrement rénové grâce à la coopération chinoise. C’est d’ailleurs dans ce stade que l’équipe de football fanion du Sud, à savoir la Casa Sport, reçoit ; en attendant la réhabilitation du stade Aline Sitoë Diatta dont les travaux ont déjà commencé. D’un coût de quatre milliards de FCfa, la réhabilitation du stade Aline Sitoë Diatta va, en principe, durer 14 mois. L’aire de jeu sera reprise et les deux tribunes reconstruites et couvertes ; les vestiaires, les toilettes et l’éclairage seront réhabilités. Il y aura un terrain de basket et une piste d’athlétisme. Bref, le stade sera mis aux normes internationales.

Aly DIOUF

 

LE DÉVELOPPEMENT DE LA CASAMANCE, AU CŒUR DE LA VISION DE MACKY SALL
C’est lors du Conseil des ministres décentralisé de juin 2012 à Ziguinchor que le président Macky Sall a défini sa vision pour la Casamance. Une vision qui se résume en ce triptyque : paix, désenclavement, développement. De là, découle un plan de développement économique global de la verte Casamance. Ce qui passe par la construction d’infrastructures de développement économique et social, notamment la construction et la réhabilitation des routes, de deux bateaux, du pont sur le fleuve Gambie et le renforcement de la centrale électrique de Boutoute.  Dans la vision du président de la République, une fois la paix revenue, la verte Casamance, riche de son potentiel naturel et humain, offrira toutes les possibilités d’investissements publics  et privés. « Le retour définitif de la paix en Casamance constitue, pour moi, une des premières priorités », déclarait Macky Sall le 3 avril 2012. Lors de son discours à la nation du 31 décembre 2013, il avait également évoqué la situation de crise en Casamance et avait promis, à cet effet, la mise en place d’un Projet pôle de développement de la Casamance (Ppdc) dans la région à hauteur de 20 milliards de FCfa. « Au seuil du nouvel an, l’espoir d’une paix définitive en région naturelle de Casamance se consolide. Les négociations se poursuivent. Je renouvelle toute ma confiance aux facilitateurs. Avec le soutien de nos partenaires, les mesures de réinsertion pour tous ceux qui acceptent de déposer les armes restent en vigueur », avait-t-il expliqué à cette occasion. C’est ainsi que le chef de l’Etat, qui a dit « aborder cette douloureuse question avec prudence et lucidité dans un esprit d’écoute et d’ouverture », a tendu « une main fraternelle aux dirigeants et aux combattants du Mfdc ».

Dans cette même veine, Macky Sall a promis que « toutes les bonnes volontés et toutes les compétences nationales seront mobilisées pour le règlement pacifique de ce conflit  qui n’a que trop duré ». Auparavant, le 3 avril 2013, il avait assuré poursuivre résolument les négociations pour que la paix, « tant désirée en région naturelle de Casamance, revienne, enfin, et lui redonne tout l’éclat de sa beauté ». S’agissant de l’aménagement du territoire,  du  développement local  et  de  la décentralisation,  le Plan Sénégal émergent (Pse)  vise la promotion de la viabilité des territoires et des pôles de développement et le renforcement des capacités des collectivités locales. C’est sans doute dans ce cadre que s’inscrit le lancement du Ppdc.

Seydou KA

 

REACTIONS… REACTIONS… REACTIONS…
CHERIF DAHA BA, HISTORIEN, ENSEIGNANT-CHERCHEUR/UCAD: « LE CHEF DE L’ETAT A COMPRIS QUE C’EST PAR L’ÉCONOMIE QU’IL FAUT REDRESSER LA CASAMANCE »
« En effectuant une visite en Casamance, le chef de l’Etat se montre cohérent avec ses discours », a fait remarquer l’historien Cherif Daha Bâ. A son avis, le président de la République a compris que le redressement de cette région du sud du pays passe par un développement économique. Pour cet enseignant-chercheur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), avec les conflits armés, les mines, les meurtres et les attaques, les populations de la Casamance se trouvent dans une situation d’instabilité. « Elles n’ont plus le temps de produire, ni le temps de cultiver des noix d’acajou par exemple. Ce qui fait qu’il y a une déstabilisation du tissu économique de la région », relève-t-il. Cette région devait dépasser la situation dans laquelle elle se trouve actuellement, estime M. Bâ. « Si toutefois, les financements sont acquis et que le redéploiement des activités économiques est fait, les populations retrouveront la paix et la justice », espère M. Bâ. Selon lui, le Projet pôle de développement de la Casamance (Ppdc) que Macky Sall va lancer vient à son heure. « Il vient avec des programmes de développement bien réfléchis, ciblant des secteurs d’activités à redémarrer ». Pour cet historien, les populations casamançaises ont besoin qu’on reconnaisse leur personnalité culturelle ainsi que leur patrimoine. Il se dit convaincu qu’avec le redémarrage des activités économiques, les populations casamançaises vont se sentir beaucoup plus en sécurité.

MOUHAMADOU MBODJ, COORDONNATEUR DU FORUM CIVIL: « DES RÉFORMES POLITIQUES ET INSTITUTIONNELLES SONT DES PRÉALABLES »
De l’avis du coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj, l’expérimentation de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation pourrait être un facteur déterminant pour que la région de Casamance puisse retrouver une stabilité. « Cette réforme devrait être une réponse majeure pour asseoir politiquement la paix en Casamance », estime M. Mbodj, soutenant que la promotion d’un nouveau modèle économique dans cette région du sud passe par des réformes politiques et institutionnelles.  Selon lui, pour que l’Acte 3 puisse donner un résultat tangibles dans la recherche de la paix, il faut qu’on mette en place des pôles de développement, qui sont les réponses les plus essentielles dans cette réforme. Ces pôles, dit-il, vont réunir les trois régions actuelles (Sédhdiou, Kolda et Zinguinchor) et permettre de recréer la Casamance historique. Evoquant les ressources naturelles de cette région, M. Mbodj juge nécessaire d’organiser un conseil interministériel décentralisé sur la forêt et sur les conditions économiques de la Casamance.

MAMADOU DIOP «DECROIX», AJ-PADS: « L’ÉMERGENCE ÉCONOMIQUE DE CETTE RÉGION PASSE PAR UN DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES »
Le député Mamadou Diop « Decroix », responsable du parti Aj/Pads, invite l’Etat à concrétiser les engagements pris en 2012 lors du conseil des ministres décentralisé tenu à Ziguinchor. Il estime que l’émergence économique de la Casamance passe par un développement des infrastructures. A ce titre, le parlementaire préconise la création d’un chemin de fer Tambacounda-Vélingara-Kolda-Sédhiou et Ziguinchor. Ce qui permettra, dit-il, de construire un espace de convergence économique avec le marché de Diaobé. Il ajoute qu’un autre chemin de fer reliant Dakar-Kaolack-Banjul-Ziguinchor et Bissau serait également nécessaire. Cette voie ferroviaire, indique-t-il, constitue une dorsale d’intégration pour la Guinée Bissau, la Gambie et le Sénégal. « Ce sont ces infrastructures de transport qu’il faut mettre en place, et la politique agricole viendra faire le reste », explique le député.

MOUBARAK LO, ECONOMISTE« LE PLUS IMPORTANT DEMEURE LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES IDENTIFIÉS ET LA RÉUSSITE DU PROJET DE PÔLE ÉCONOMIQUE »
Le président Macky Sall cherche à innover en articulant l’appui à la Casamance autour du concept de pôle économique, avec pour objectif de donner plus de cohérence aux interventions. En effet, il est prévu l’aménagement de six pôles économiques au total dans le pays. Cette idée est à « saluer », selon l’économiste Moubarak Lô, expliquant que, si elle réussit, elle pourra être répliquée dans les autres régions du pays. « Le plus important demeure, bien évidemment, la mise en œuvre des programmes identifiées et la réussite du projet de pôle économique », soutient l’économiste. Il ajoute que le plus grand défi consistera à réussir à faire travailler l’ensemble des services de l’Etat, au niveau central et déconcentré, pour fournir une offre commune à la Casamance naturelle. Du point de vue de Moubarack Lo, la Casamance dispose de potentialités « insoupçonnées, qu’il faut recenser, puis identifier pour les mettre en valeur.

A. DIAW

 

source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=37387:visite-du-chef-de-letat-a-ziguinchor-les-grands-axes-du-pole-de-developpement-de-la-casamance&catid=78:a-la-une&Itemid=255

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