Tout se passe comme si, depuis la terrible défaite de Me Wade en 2012, les grandes décisions étaient oubliées dans les meetings de campagne pendant que des innocents meurent souvent dans des conditions atroces lors de pluies diluviennes. 
Dans l’euphorie de sa nomination, l’ex-ministre de la Justice s’est jetée sans filet dans l’arène des urgences sociales. Et elle l’a fait sans doute dans la perspective de devenir un Premier ministre de rupture.  Elle sait que le retard pris à l’allumage contrarie les Sénégalais pressés par tant de souffrances et de déceptions. Abdoul Mbaye a essuyé de nombreuses critiques depuis sa nomination. Ses détracteurs lui ont reproché son «arrogance», son côté trop policé, pas assez politique, «pas assez imprégné» des réalités sociopolitiques sénégalaises. On change de cap ! 
En parcourant les zones sinistrées de Fatick dans les prochains jours, Amina Touré va mettre les pieds dans l’eau pour mesurer la profondeur des attentes et des chantiers. Les inondations constituent une préoccupation nationale qui nécessite une politique publique ambitieuse. Dès son accession à la tête de l’Etat, Macky Sall a promis de transformer ce problème structurel en un impair conjoncturel par l’érection de milliers de logements sociaux. Mais, l’on constate que le rythme auquel le gouvernement s’est astreint n’a pas permis de réaliser cet ambitieux projet déjà au rabais avec 460 logements réalisés sur les 2 000 promis en août. Alors qu’ils ne sont pas encore réceptionnés. Elle ne peut pas compter sur un existant de son prédécesseur qui pourrait lui faire pâlir de jalousie et d’envie. 

Emploi
Ici, et ce n’est pas la première fois, les enjeux sociaux intérieurs entravent la marge de manœuvre de tous les autres secteurs. Même si la fragilité des compatriotes est parfois mise à nu par les pluies diluviennes, le Premier ministre sera mis sous l’éteignoir par l’emploi des jeunes. Chaque matin, l’on perçoit la détresse des diplômés-chômeurs et les réclamations d’un travail décent d’autres milliers de jeunes étreints par leurs dures conditions de vie. En promettant 500 mille emplois durant son quinquennat, le président de la République s’est mis une pression que sa «dame» doit desserrer en créant les conditions de sa création. Alors que l’économie sénégalaise n’affiche pas des signaux verts. Autant de préoccupations à transformer en atouts pour escorter l’enthousiasme nourri par le changement de gouvernement.  
Il est vrai que les promesses servies lors des soirées électorales par le candidat de Macky 2012 et consignées dans Yoonu Yokkuté  sortent de leur processus embryonnaire. La Couver­ture médicale universelle et les bourses sociales, d’ambitieux et nobles projets, ne sont pas encore insérées dans les réalisations concrètes du gouvernement. Au milieu de ce brouhaha social, elle doit essayer de faire entendre sa voix pour porter les aspirations sociales de ses compatriotes qu’elle a jugées urgentes. Cette fermeté affichée pourrait laisser croire à un engagement sans faille de l’ex-ministre de la Justice dont l’aura obtenue par la traque des biens mal acquis risque de partir en fumée en cas de contre-performance et d’échec. 
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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6097-le-chef-du-gouvernement-face-aux-attentes-sociales-mimi-aux-urgences