Le quatrième président sénégalais est un homme modeste qui s’emploie à replacer l’action étatique au centre des préoccupations citoyennes. Gouvernement réduit, avantages limités, coupes sombres dans les budgets de fonctionnement, gouvernance vertueuse… Bref, l’Etat modeste prôné par Macky Sall est aux antipodes de la flamboyance du régime précédent.
GOUVERNANCE SOBRE, VISION politique, TRANSPARENCE...: LE STYLE MACKY SALL AU RÉVÉLATEUR DU POUVOIR
« Avec moi, tout va changer. » Alors que la deuxième alternance sénégalaise apprend, difficilement, à poser un pied après l’autre, le quatrième président de la République ne se montre pas économe en peinture pour dessiner les contours de son action dans l’un des rares entretiens qu’il a accordés depuis son accession au pouvoir. Sur les colonnes de l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique (n° 2685 du 24 au 30 juin 2012), Macky Sall, habitué à maîtriser son verbe, donne un gros coup de vent dans la fourmilière politique de son pays : « La rupture n’est pas qu’un slogan.
C’est un comportement, celui que les dirigeants de ce pays doivent adopter. Humilité, sobriété et rigueur doivent régir notre action politique. Je vous assure qu’il s’agit bien là d’une rupture, profonde, avec les pratiques en vigueur sous mon prédécesseur... » Rupture et sobriété. Pour les Sénégalais, qui ont été dopés, voire drogués au wadisme, jusqu’à saturation, la nouvelle médication « mackyste » toute faite de sobriété est un motif d’espoir. Le nouveau président est un homme modeste qui s’emploie à replacer l’action étatique au centre des préoccupations citoyennes.
Dans un univers dans lequel le pouvoir politique ne cesse de vampiriser toute la vie publique, l’horizon dessiné par le nouveau président est comme un respirateur artificiel tendu à une société qui étouffe. Dans sa foulée vers une prise en charge des problèmes de ses concitoyens, Macky Sall propose de se passer des fastes sans découronner le pouvoir. Sa démarche, pour surprenante qu’elle soit dans un pays où l’on sacralise le pouvoir, est compréhensible. Au moment de se forger une solide carapace de présidentiable, le candidat a sillonné le pays, tâté le pouls de cette partie du Sénégal dont ne parle que de manière circonstancielle, serré des mains, écouté moult histoires, éprouvé la dure condition de gens attachants, candides et persévérants, mais pauvres comme Job. Cela façonne les caractères les plus trempés.
Formé dans la flamboyance des années libérales, Macky Sall ne veut pas défendre des chasses gardées, à l’abri des échos et des grondements de la société. Il écoute ses compatriotes : « J’ai renoncé à deux ans de pouvoir, en ramenant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et en m’appliquant immédiatement cette mesure, comme je m’y étais engagé. J’ai tenu, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, . (…) À la fin de mon mandat, je ferai le même exercice, et l’on pourra comparer... Les Sénégalais ont réclamé une gouvernance plus vertueuse, plus éthique. Nous avons l’obligation de rendre des comptes, de réduire le train de vie et les dépenses naguère somptuaires de l’État. » (JA n° 2685 du 24 au 30 juin 2012).
Transparence
Alors que l’impératif de transparence dans la gestion des biens publics a été jusqu’ici clamé par tous les régimes, les différents présidents sénégalais ne se sont pas singulièrement signalés par leur volonté de punir les contrevenants des lois de la République. Nombre d’audits et des rapports des corps de contrôle ont été rangés dans les tiroirs de l’oubli. Le successeur de Me Wade à la tête de l’Etat sénégalais n’a pas hésité à bousculer une société engoncée dans ses dogmes – impunité des dirigeants – et à transgresser les tabous. « Personne n’est au-dessus des lois. Le temps de l’impunité est révolu », confie-t-il à nos confrères de Jeune Afrique. La chronique judiciaire, marquée par les déboires d’anciens pontes de l’ancien régime, confirme sa volonté de faire du pouvoir une maison de verre.
Cette quête de rupture se lit aussi à travers les rapports, parfois heurtés, qu’il entretient avec la longue liste de ses souteneurs lors de la dernière présidentielle. « La patrie avant le parti », nouvelle estampille de sa gestion du pouvoir, a été houspillée par des franges de sa famille politique, soucieux de siéger au banquet des vainqueurs du 25 mars. Les cris d’orfraie de ses camarades ont consolidé l’image de réformateur rassurant qui lui colle à la peau depuis son accession au pouvoir. Le cabinet B-coaching avait, d’ailleurs, révélé ce trait de caractère dans une note publiée à la veille de la présidentielle : « S’il vit ses sentiments avec trop d’intensité, cela le rend nerveux et engendre de sa part des réactions extrêmes, notamment à l’égard de ses proches avec lesquels il peut avoir un caractère rude. Ces derniers sont d’ailleurs patients avec lui sachant que malgré cette attitude, c’est un amoureux de la justice et qu’il essayera à un moment ou à un autre de se racheter. »
En deux années, le président Sall est parvenu à imprimer son style à la marche du pays : équidistance avec le pouvoir religieux, refus du trafic d’influence, gouvernance sobre et vertueuse, promotion d’une politique sociale au profit des populations, etc. Il a compris, comme Claude Imbert, que « le politicien se fait homme d’Etat quand il oublie ce qu’il fut pour épouser la Nation ».
Elu triomphalement le 25 mars 2012 avec 65 % des suffrages, Macky Sall se distingue de son successeur par la place qu’il accorde à ses alliés dans la gestion du pouvoir. Nombre d’observateurs et certains de ses proches estiment que le candidat Sall pouvait se passer de « Bennoo Bokk Yakaar » au deuxième tour de la dernière présidentielle. Aucun leader n’aurait osé aller à l’encontre de la volonté de changement du peuple, défendent-ils.Il s’est ouvert à ses concurrents, gagné avec leur aide et s’inscrit aujourd’hui dans une gestion partagée du pouvoir. A sa place, Abdoulaye Wade s’est débarrassé un à un de ses alliés du FAL dont un certain… Moustapha Niasse. On lui reproche, dans les rangs de son parti, de faire la part belle à ces « alliés de la vingt-cinquième heure ». Mais le patron de l’Alliance pour la République (Apr) cultive un ADN rebelle acquis durant les années de braise de son compagnonnage avec le pouvoir libéral et s’accroche à ses principes.
Homme de principes
Ingénieur géologue, géophysicien formé à l’Institut des sciences de la terre (Ist) de Dakar, puis à l’École nationale supérieure du Pétrole et des Moteurs (Enspm) de l’Institut français du pétrole (Ifp) de Paris, Macky Sall a cédé aux sirènes du Libéralisme sur le tard. C’est dans la Gauche sénégalaise qu’il s’est frotté au feu ardent de la politique.
Maoïste d’abord, militant d’And-Jëf, d’obédience marxiste-léniniste, ensuite, en 1983, il rejoint le Pds en 1988 pour répondre à l’appel de Wade aux cadres sénégalais. C’est le début d’un long compagnonnage. Pour administrer le Pds après les débâcles électorales du « Sopi » en 1998 et l’exil de son chef de file en France, Idrissa Seck s’appuie sur Macky Sall, alors coordonnateur de la Cellule Initiatives et Stratégies (Cis) regroupant les cadres libéraux.
Macky, pourtant, n’est pas un as de l’épanchement sentimental. C’est un homme de principes très fier, qui cultive l’intégrité et tient à sa liberté. Un introverti au flegme rarement démenti.
« Macky, c’est sujet, verbe, complément. Rarement sujet, verbe, compliment » (Rémi Carayol : « Macky Sall, Monsieur le Président ? », mis en ligne sur le site de Jeune Afrique le 16 mai 2011).
Il est l’invité-surprise dans l’huis-clos du « jeu d’échecs » entre Wade et Idy. Car, rien dans le scénario du feuilleton « Lui et moi » ne prévoit l’irruption de Macky Sall dans la dernière saison qui aboutira aux joutes électorales de 2012. Le boubou de leader de parti, croit-on dans le Pds, est trop ample pour lui.
La posture la plus haute, taillée pour lui dans la caillasse des certitudes libérales, est celle d’un « proche serviteur du patron ». Quand il fut alors nommé Premier ministre le 21 avril 2004, en remplacement d’un certain… Idrissa Seck, ses frères de parti avaient clos le chapitre de sa fulgurante ascension dans le Pds et dans l’Etat. Le Pds lui tourne, en effet, le dos. Le Sénégal, par contre, lui tend grandement les bras.
Par Sidy Diop
GAGNER ENSEMBLE, GOUVERNER ENSEMBLE: JEU D’INTÉRÊTS À « BENNOO BOKK YAKAAR »
L’image est encore fraîche dans les têtes. Tous les candidats de l’opposition, excepté Idrissa Seck, annonçant fiévreusement la naissance d’une nouvelle coalition dénommée « Bennoo Bokk Yakaar » (BBY), surgeon politique né sur les flancs du monstre à deux têtes, « Bennoo Siggil Senegaal » (BBS). C’était entre les deux tours de la présidentielle de février-mars 2012 dans un hôtel de la place. Tous pour Macky Sall ! Le résultat qui sortira des urnes au soir du 25 mars est une parfaite addition des scores des leaders de BBY : 65%.
Le nouveau président de la République clame alors sa volonté de gouverner avec ses alliés. Une intention traduite dans la composition du premier gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye et dans la composition de la future Assemblée nationale dirigée par Moustapha Niasse. Beaucoup d’eau a coulé sous les fondations de cette nouvelle majorité depuis.
A maintes reprises BBY a montré d’inquiétantes lézardes, au point de faire dire à nombre d’observateurs que sa mort était programmée. Idrissa Seck, le maire de Thiès, a été le premier à donner des coups de corne dans les défenses apéristes pour en tester la consistance. Devant la méfiance suscitée par ses sorties médiatiques, il a fini par s’exclure de la coalition, perdant au passage ses lieutenants Oumar Guèye et Pape Diouf. Les autres alliés se sont montrés très peu diserts sur certaines questions nationales au point de pousser le président Macky Sall à appeler à « plus de solidarité » de leur part.
Des voix se lèvent aujourd’hui dans le parti présidentiel, et pas des moindres, pour conjuguer cette coalition au passé et appeler à la constitution d’une nouvelle Alliance pour la majorité présidentielle (Amp).
A l’Alliance pour la République (Apr), on ne voudrait pas nourrir des partis qui se dresseront demain en face de leur leader. C’est tout l’enjeu de BBY : une consanguinité d’intérêts qui se traduirait en 2017 par l’unique candidature du président Macky Sall. Moustapha Niasse, le secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp) y est favorable. Il reste à savoir si les autres partis membres de BBY, le Parti socialiste notamment, acceptera de reporter ses ambitions présidentielles à plus tard.
S. DIOPPour lire l'intégralité de ce dossier, CLIQUEZ ICI
source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=37706:an-2-de-macky-sall-les-chemins-de-lespoir&catid=78:a-la-une&Itemid=255
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