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Il faut exiger l’arrêt immédiat des agressions Israéliennes contre la Palestine, et le retrait de ses troupes
Le 12 juin, survient l’enlèvement des trois jeunes Israéliens qui sont retrouvés tués le 30 juin. C’est ce que Israël a considéré comme un casus belli pour justifier l’opération « Barrière protectrice » contre Gaza.
Cette nouvelle agression contre le peuple de Palestine, en réalité, n’a rien à voir avec une réaction punitive contre ce peuple au nom de ces trois jeunes Israéliens enlevés puis tués par des Palestiniens. Cette nouvelle agression entre en droite ligne dans les intérêts économiques et stratégiques des gouvernements israélien et états-unien dans le Moyen Orient. En attestent, si besoin en était, l’ampleur des forces militaires déployées par Israël, et le soutien unanime et public des puissances occidentales que ce pays a reçu, y compris de la part du gouvernement français qui n’a pas hésité d’interdire et de réprimer à Paris une manifestation de démocrates français de soutien à la Palestine.
Ces intérêts stratégiques ne sont autres que la volonté d’Israël de prendre le contrôle des réserves énergétiques de la totalité du Bassin du Levant, que constituent les réserves palestiniennes, libanaises et syriennes comprises. Washington, en soutenant Israël, vise le contrôle de tout le Moyen Orient. Mais Tel Aviv et Washington ont vu leurs stratégies menacées par la rencontre du président palestinien Abbas avec le président russe Poutine le 23 janvier 2014, rencontre durant laquelle ils ont jeté les bases d’une coopération dans le secteur énergétique pour l’exploitation, par GAZPROM , d’un gisement de gaz et d’un gisement pétrolifère dans les environs de la ville palestinienne de Ramallah en Cisjordanie, et par Technopromexport , la construction d’un site thermoélectrique d’une puissance de 200 MW. Le retour de la Russie dans le Moyen Orient est devenue cauchemardesque pour Israël, les États-Unis et l’UE, le gouvernement français en tête. La formation du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale le 2 juin 2014 renforce la possibilité que l’accord entre la Palestine et la Russie puisse être mise en œuvre. La menace sur les plans impérialistes dans la sous-région devient ainsi de plus en plus réelle.
L’enlèvement des trois jeunes Israéliens intervenu le 12 Juin et retrouvés tués le 30 Juin, n’a donc été qu’un prétexte pour faire passer pour une guerre d’auto défense contre le terrorisme, unevéritable guerre d’occupation de Gaza pour faire tomber ce gouvernement d’union nationale, et barrer la route au retour de la Russie dans cette partie du monde, d’où elle a été exclue depuis la chute de l’Union Soviétique.
Ce qu’il faut donc exiger d’Israël et de ses soutiens occidentaux, ce n’est pas des trêves humanitaires pour soigner les blessés et enterrer les morts, c’est plutôt l’arrêt immédiat de cette nouvelle agression inqualifiable, et le retrait des troupes d’invasion de la Palestine. Car, il s’agit bien d’une violation flagrante de la souveraineté du peuple de Palestine, en droite ligne avec le refus d’Israël de reconnaître le gouvernement d’union nationale de Palestine, et la désignation du Hamas comme « organisation terroriste » par les grandes puissances occidentales.
Le tort du Hamas n’est pas seulement d’avoir refusé de reconnaître l’existence de l’État d’Israël tant qu’il ne libère pas la Palestine, mais c’est aussi dans le fait que, dès son accession au pouvoir dans la bande de Gaza après y avoir gagné les élections de 2006, il a rejeté l’accord avec Israël préparé par de l’ex-Premier ministre Tony Blair, envoyé du « Quartet pour le Moyen Orient », qui enlève aux Palestiniens les trois quarts des futurs revenus du gaz, en versant la part qui leur revient sur un compte international contrôlé par Washington et Londres, et avait exigé sa renégociation ! Dans ces conditions, accuser le Hamas de « terroristes » était un moyen commode pour Washington et ses alliés Européens pour justifier leur soutien à Israël dans l’invasion de Gaza pour y chasser le Hamas qui empêche de tourner en rond. Il ne s’agit donc pas de problèmes entre « musulmans radicaux » et « juifs radicaux», ni entre « Arabes musulmans et Juifs », mais il s’agit bel et bien d’un problème de continuation de la colonisation menée par Israël depuis 1967 !
C’est face à cette guerre de colonisation, que les Nations Unies ont décidé de mettre en place un « Comité pour l’exercice des Droits inaliénables du Peuple Palestinien » dont elles ont confié la Présidence, à notre pays, le Sénégal. Notre pays recevait ainsi une légitimité internationale pour intervenir dans la crise Israélo palestinienne, que ni la Ligue Arabe, ni l’OCI, encore moins les Etats Unis, ou l’Europe, n’ont jamais eue.
C’est en conformité avec ce statut, que le Sénégal ne peut pas prendre des décisions unilatérales au plan diplomatique, pour sanctionner Israël. Le Sénégal est devenu, avec ce statut, une« puissance politique et morale » au plan mondial, et ne peut donc pas, au plan diplomatique sur la question de la Palestine, avoir le même comportement que les autres pays. Par contre, face à cette nouvelle agression d’Israël, le Sénégal est tenu de réunir les pays membres du Comité qu’il préside, pour prendre des mesures diplomatiques collectives contre Israël, et l’obliger à cesser sa sale guerre, à retirer ses troupes, et à respecter les frontières de 1967 reconnues à la Palestine par les Nations Unies.
Mais dans l’immédiat, Israël doit satisfaire ces conditions de rétablissement du droit et de la justice brandies par le Hamas, à savoir :
- La fin de l'agression contre le peuple palestinien » ;
- La levée complète du blocus de Gaza, en place depuis 2006 ;
- L'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Egypte ;
- La liberté de mouvement pour les Gazaouites à la frontière avec Israël ;
- La suppression de la « zone tampon » interdite aux habitants de Gaza ;
- L'autorisation de pêcher jusqu'à 12 milles marins des côtes de Gaza ;
- La libération de prisonniers (ceux qui avaient été dans un premier temps libérés en échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011).
Cependant, étant à la tête d’un État souverain et d’un peuple solidaire avec le peuple de Palestine, le Gouvernement du Sénégal peut prendre des mesures économiques et culturelles en rétorsion contre la guerre qu’Israël mène contre ce peuple. Mais ces rétorsions économiques n’ont pas de portée significative sur Israël dans le domaine du commerce des marchandises entre nos deux pays; d’où une action de boycott des produits israéliens a peu de sens. En revanche, comme l’a souligné le M23 dans une Déclaration en date du 22 juillet 2014, le tableau est tout à fait différent dans la « e-économie », où la coopération de notre pays avec Israël dans le domaine du « contrôle des communications » est économiquement et stratégiquement significative compte tenue de sa position géostratégique en Afrique. C’est là où le Sénégal peut prendre des mesures de rétorsions significatives dans le « portefeuille » des entreprises israéliennes, et dans le « renseignement » pour la politique sécuritaire de cet État. Le Sénégal devrait donc résilier sans tarder tous les contrats qui le lient aux entreprises israéliennes dans le domaine du « contrôle des communications », pour participer à la solidarité mondiale visant à contraindre Israël à arrêter son agression et à retirer ses troupes, et deles exclure de tout marché public, tant qu’Israël ne respecte pas l’existence de l’État de Palestine indépendant dans ses frontières de 1967 reconnues par L’ONU, avec Jérusalem comme capitale.
C’est pour ces raisons que, tous ensemble, il faudrait exiger de notre Gouvernement qu’il s’assume pleinement dans la pression des peuples du monde sur Israël, pour qu’il mette fin à son invasion de Gaza, retire ses troupes, et se conforme aux résolutions onusiennes pertinentes sur la Palestine. Sans cela, la place de notre pays à la tête de cette mission des Nations Unies n’aura guère plus aucun sens.
Ibrahima SENE
PIT/SENEGAL