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Jeu, Nov

L’IGE, sert à quoi alors, si ses rapports ne sont pas suivis de sanctions nécessaires ?

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L’Inspection Générale d’Etat (l’IGE), l’un des corps de contrôle de l’Etat formé d’élites très compétentes, elle-même, est d’une compétence indiscutable et constitue un outil indispensable et irremplaçable dans son rôle de contrôle à postériori. Créée fort justement pour une raison fondamentale, comme celle de  traquer et débusquer ces fonctionnaires et autres agents indélicats de l’Etat, de véritables délinquants véreux  de haut vol. Elle deviendra pratiquement inutile, malgré cependant son rôle capital dans un pays de scandales comme le nôtre, si toutefois ses rapports le sont.

En effet, le Sénégal, pays de scandales gravissimes, de corruption à outrance, de malversations de toutes sortes, etc.,  où les occasions d’enrichissement illicite semblent être facilitées, à cause de l’impunité des auteurs qui y règne depuis 1962. Il est d’ailleurs plombé dans son développement économique et social, par ces pratiques et autres irrégularités inacceptables, dans un Etat de droit respectable. En vérité, les scandales persistants dans notre pays sont entretenus par  des lobbies puissants incrustés dans tous les secteurs d’activité de notre société. Voilà pourquoi, il faut croire que la fin de l’impunité a de beaux jours devant elle et, s’agissant de la rupture, son avènement n’est pas pour demain. Un tel corps de contrôle d’Etat, comme l’IGE, structure de contrôle absolument nécessaire, a été opportunément créé pour déceler justement les manœuvres et autres pratiques nébuleuses commises dans la gestion des affaires publiques, par ces individus nuisibles à leur pays.

Malheureusement, malgré son autonomie et sa liberté d’action proclamées dans son statut par l’Etat, son efficacité, son utilité et son rôle capital dans une situation comme celle du Sénégal, se trouvent annihilés de fait par le président de la République. Dans la mesure où c’est lui qui a l’initiative d’ordonner l’application de ses résultats d’investigation.  Alors, si le président de la République qui doit à la suite du rapport de l’IGE, mettre en œuvre par des mesures idoines concrètes les conclusions et recommandations édictées, ne le faisait pas, il en assume effectivement toute la responsabilité.

Précisément, pourquoi donc, les présidents de la Républiques qui se succèdent à la tête du pays n’appliquent pas,  ou ne font que très rarement  suivre d’effets concrètement, pour ne pas dire jamais, les recommandations de l’IGE édictées par ses rapports ? Notamment les sanctions qui s’imposent à l’encontre des incriminés auteurs de graves fautes de gestion ou de violations des lois et règles administratives de la République.

Généralement, depuis 1962 au Sénégal, quasiment tous les rapports  d’inspection, déposés sur le bureau des présidents successifs de la République, ont été pratiquement tous rangés provisoirement  et de manière récurrente, dans leurs tiroirs. Alors qu’il fallait en lieu et place, appliquer  immédiatement aux contrevenants, les sanctions qui s’imposaient. Mais non, au lieu de cela, ils servent entre les mains des présidents, comme un moyen de chantage politique, menaces ou d’épée de Damoclès contre les adversaires politiques auteurs indélicats, en vue de les obliger à faire acte d’allégeance ou de transhumer dans leur parti.

Assurément, notre pays est bien celui qui, systématiquement est pillé et de manière récurrente par ceux-là mêmes qui, justement sont chargés de devoir veiller scrupuleusement sur ses deniers publics. Mais singulièrement, le spectacle ressemble fort bien à une bergerie, confiée à des loups. Et allégrement, puisque les incriminés ne couraient aucun risque, si ce n’est éventuellement, celui  d’un court séjour en prison, le temps de négocier leur sortie, pour  ensuite disposer de leur butin à leur aise.

Le dernier  rapport 2014 de l’IGE vient d’être remis au président de la République le 25 dernier. Il faut noter cependant, que le peuple sénégalais ne sait jusque-là pas, quel est le sort qui a été réservé à celui de 2013 ? Autrement dit, quelles sont les sanctions réelles qui ont été prises à l’encontre des incriminés, qui avaient été épinglés par les rapports précédents ? Alors la réponse coule de source, aucune ! Et plus grave, non seulement, ces derniers n’ont pas été sanctionnés sévèrement comme il se devait, à la dimension de la gravité des fautes commises, mais certains d’entre eux et parmi les cas les plus graves, comme par exemple celui d’Awa Ndiaye, ont été même recyclés et remis politiquement dans le circuit sans la moindre sanction, par le président Macky Sall lui-même. C’est une décision grave qui sème l’inquiétude à juste titre chez les Sénégalais, qu’effectivement le président ne s’est point engagé dans la voie de sanctionner les fautifs, quels qu’ils soient.

Quand le directeur de l’IGE suite à son constat dit au président de la République : « Il n’y a pas les hommes qu’il faut à leur place » C’est tout de même un message très clair et fort que le président doit parfaitement décrypter. Et quand il lui répond par : « Je suis conscient  qu’il y a beaucoup d’insuffisances, de lenteurs, de carences et de dysfonctionnements… »  Une telle réponse du président est un aveu et un constat qui réaffirme à vrai dire, l’impunité et le maintien du statuquo face aux nombreuses incriminations, interrogations et anomalies relevées par le rapport. C’est une réponse largement insuffisante et en deçà des attentes des honnêtes citoyens, qui sont une fois de plus déçus par l’absence de fermeté au moment opportun de leur président. Parce qu’au regard des exigences de la situation présente, les Sénégalais s’attendaient  à des mesures radicales et énergiques, qui rompent totalement avec ce passé malheureux connu jusque-là. Cette réponse  de désolation est synonyme d’impuissance  ou de crainte du chef de l’Etat, face à ses responsabilités. Mais le président aurait peur de quoi et pour quelle raison ? Alors qu’il devait prendre immédiatement les justes mesures édictées et tout à fait conformes aux lois de la République par le rapport de l’IGE, il se met à tergiverser et bégayer, en adoptant l’immobilisme face aux urgences.

En vérité, les scandales que le colonel Abdoul Aziz Ndaw révèle dans son livre, ne sont  rien d’autre que la confirmation d’un état de fait qui date depuis longtemps et perdure encore chez nous, sans que malheureusement  jusqu’ici, aucune solution radicale contre ce mal devenu fléau, soit trouvée.

Le Vérificateur général  de l’IGE a fort justement relevé dans son rapport, les graves manquements de l’administration, qui devaient particulièrement retenir l’attention du président de la république, sur  la gravité de la situation dans l’administration et en général dans le pays. Ceci pourrait se résumer succinctement en ces termes: « De la création à la dissolution des agences de l’Etat, en passant par les nominations clientélistes, le manque de rigueur dans la rédaction des documents administratifs, pour atterrir à la violation par l’Administration de ses propres règles, le Vérificateur général, par ailleurs Directeur de l’Inspection générale d’Etat (IGE), a procédé à un état des lieux sans complaisance de la gestion des affaires publiques » Devant un tel diagnostic accablant, mais objectif, clair et net, il ne devait revenir logiquement au président, qu’à prendre les mesures qui s’imposaient, à savoir celles préconisées avec force et conviction par le rapport . Toute autre démarche  que celle-là, est une fuite en avant du président, exprimant dans une certaine une volonté voilée de maintenir malgré tout, l’impunité et le statuquo, c'est-à-dire laisser se poursuivre le pillage systématique de nos ressources par des fonctionnaires véreux qui en ont la garde, sans qu’aucune sanction prévue par les lois ne leur soit appliquée.

En se désolant seulement d’avoir constaté les graves manquements et dysfonctionnements sans prendre les mesures appropriées, le président Macky Sall  laisse les choses en l’état, avec tous les risques possible que la situation s’empire davantage.  Il marche ainsi sur les traces de Me Wade. Donc, tout le contraire de la rupture promise et vivement réclamée avec force et détermination par les 65% du 25 mars 2012, comme exigence et priorité.

Nous avons noté au passage dans le rapport, cette remarque très pertinente  et retentissante qui s’adresse particulièrement au président de la République. Il s’agit de l’utilisation abusive de la prise de décrets par le président de la République, qui constitue en fait, une technique ou un moyen efficace et légal de contournement et violation des lois et règlements en vigueur dans la République.

Il est heureux de constater que le rapport de l’IGE ait noté et soit revenu sur des points d’irrégularité et de dysfonctionnements que certains citoyens ont eus maintes fois, à dénoncer dans leurs contributions, comme par exemple : La maison du Sénégal à New York ou sur les causes principales de la malgouvernance économique et financière. Ces causes  évidemment, sont à rechercher dans la propension à dilapider les ressources foncières, la violation de règles de passation des marchés publics et bien d’autres irrégularités dans la gestion financière et comptable des affaires publiques.

Il y a lieu en fait, de sauver effectivement l’IGE. En effet, la revalorisation de L’IGE, la nécessité de son utilité et  la raison de son  existence comme structure indispensable de contrôle à postériori doivent être fondées et intimement liées à l’application stricte et irrévocable des conclusions et recommandations édictées par son rapport, sinon, elle deviendra sous peu de temps, qu’une caisse de résonnance malgré tout ce qu’elle nous coûte comme entretien.

Un adage pular nous dit bien ceci : « mo susa bone lamootaako » sans garantir de la traduction fidèle, cela veut dire à peu près ceci : « Celui qui craint les difficultés ou est habité par la peur, ne peut gouverner  un pays»

BONNE FETE DE KORITE A TOUS !

Mandiaye Gaye

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