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Il nous semble utile et nécessaire de faire un petit rappel historique relatif aux porteurs de pancartes, pour la bonne compréhension des jeunes générations et d’autres qui ignorent.
Voici quelle était la situation concrète à cette époque ! Et à ce propos je cite Alla Kane et Sadio Camara dans leur article intitulé « A propos du 26 Aout 1958 » : « Jusqu’au 26 août 1958, et même après, le PAI était la seule organisation politique à côté de celles de la jeunesse, de syndicats, de femmes, à se battre pour l’indépendance nationale. Un peu plus d’un an après la naissance du PAI, le Parti du Regroupement Africain, Section du Sénégal (PRA-Sénégal) naissait sous la direction de Abdoulaye Ly, mouvement issu de l’éclatement de l’UPS de Senghor – Dia le 20 septembre 1958, marquant ainsi la fidélité de ses membres aux décisions du congrès de Cotonou.
En outre, il faut noter le Mouvement Populaire Sénégalais, Section Sénégalaise du Rassemblement Démocratique Africain (MPS/RDA) sous la direction de Doudou GUEYE et de Gabriel d’Arboussier qui, sous la foulée du référendum gaulliste, avait opté pour l’indépendance nationale. » Et ils poursuivent en apportant ces précisions de taille : « Au Sénégal, Senghor leader du PFA et Mamadou Dia Président du Conseil de gouvernement de la Loi-cadre s’éclipsèrent prétextant de vacances : l’un en Normandie, l’autre en Suisse pour des soins médicaux. Ils laissèrent sur place, selon l’expression du camarade Madické Wade, « libre cours aux hommes et aux choses ».
Ce fut dans le cadre du « Comité de défense des libertés démocratiques » où le PAI se retrouva ave la plus grande centrale syndicale de l’époque, l’UGTAN et les organisations de jeunesse (le RJDA) et le Conseil de la jeunesse du Sénégal (CJS), estudiantine (UGEAO) et des femmes que l’accueil au Général de Gaulle fut conçu, organisé et dirigé à la place Protêt le 26 août 1958. Le leader incontesté fut Majmout DIOP, 1er secrétaire du PAI.
Madické WADE, ancien responsable du PAI, acteur et témoin encore vivant parmi nous, rapporte dans son livre cité plus haut, le passage de De Gaulle en ce jour du 26 août 1958 en ces termes :
« Lors de ce passage de de Gaulle, le PAI s’affirma d’une façon encore plus concrète et plus déterminée. Non seulement il mobilisa tous ses membres pour venir à Dakar et à manifester à de Gaulle notre besoin d’indépendance, mais en plus, il dirigea toutes les manifestations le long du parcours du cortège officiel et organisa les porteurs de pancartes jusque sur la place Protêt où de Gaulle devait tenir son discours ».
« Les cadres du PAI, Khalil SALL, LY Tidiane Baïdy, Malick KAMARA… en tête avaient entraîné toutes les masses et avaient inculqué aux populations sénégalaises la seule notion qui pouvait leur donner l’espoir en faisant recouvrer la dignité que le colon leur avait arrachée, l’indépendance nationale » (p. 28, paragraphes 2, 3 et 4).
Voilà qui est clair ! « Les porteurs de pancartes » à la Mbaye Jacques DIOP, même s’ils étaient à la place Protêt, ils ne pouvaient pas jouer un rôle significatif.
Et le camarade Madiké Wade de s’indigner à juste titre, de voir aujourd’hui.
« D’autres organisateurs des rencontres de ce glorieux jour du 26 août, des figures qui ce jour la défendaient encore l’UPS (Union Progressiste Sénégalaise) qui ne voulut plus de l’indépendance malgré les décisions du PRA, leur parti, s’approprient de cette héroïque journée et crièrent à tort et à travers qu’ils étaient « les porteurs de pancartes » de la place Protêt sans même vouloir citer le PAI, cela me donne des nausées et me trouble : les usurpateurs ont la voie belle dans des régimes où les tenants dissimulent leur passé honteux » (page 28, avant dernier paragraphe). » Vous aurez remarqué que l’ombre de Me Wade n’est apparue nulle part dans cette période et sur le théâtre de la lutte pour l’indépendance nationale.
Et Mbaye Jacques Diop, dans son obstination forcenée, tente frénétiquement de falsifier les faits à tout prix sur un point précis, plus exactement, celui relatif à l’histoire de la lutte pour l’indépendance de notre pays en particulier, et de l’Afrique en général.
Paradoxalement, à partir de sa posture de témoin –contesté par certains- de l’arrivée du Général De gaule le 26 Aout 1958 à la place Protêt, actuelle Place de l’Indépendance, il décide de se faire passer pour l’un des véritables porteurs de pancartes, en osant s’arroger outrageusement, le rôle historique d’en être même « le principal organisateur ». Et ce, malgré cependant, que tous les témoignages des véritables porteurs de pancartes, des organisateurs- acteurs et les investigations sérieuses d’historiens incontestables s’accordent tous à infirmer ses allégations fallacieuses. Parmi ceux-là, nous pouvons citer feu Madické Wade, Abdou Kane, Amath Dansokho Malick Camara comme acteurs et témoins vivants d’une part et d’autre part les Professeurs d’histoire de notoriété incontestable Cheikh Faty Faye, Ibrahima Thioub, actuel Recteur de l’UCAD et leur collègue, le Pr Oumar Sankharé.
A cet effet, M. J. Diop se fait une fixation paranoïaque sur cet évènement du 26 Aout 1958, en se démenant comme un beau diable depuis quelques années, pour en faire une question d’amour propre finalement. Il lui consacre quasiment d’ailleurs, toute son énergie, à partir de l’alternance 2000 et en faveur de celle-ci, à vouloir l’ancrer par forcing dans l’esprit des Sénégalais non avertis. Pour y arriver, tel un baroud d’honneur, il décide de faire feu de tout bois pour faire admettre son association bidon de « porteurs de pancartes », comme une réalité historique, tout en dissimilant son rôle d’usurpateur et de falsificateur. Dans cette entreprise d’arnaque, M.J. Diop cherche à s’attacher le concours de certaines personnalités crédibles, mais qui n’ont en réalité, eu aucun rapport ni de près ni de loin avec cet évènement en question. Egalement avec d’autres gens, certes témoins ou même acteurs, mais qui, pour des raisons sentimentales, de scrupule ou par compassion pour le mettre à l’aise, ont accepté son invitation sans arrière-pensée ou se douter de ce qui pouvait bien se cachait dans ce Cheval de Troie.
Rappelons qu’entre temps, avec la perte du pouvoir du P S, M. J. Diop était politiquement en perte de vitesse. Et après son départ du PS, il a fait un bref passage à l’AFP avant de créer son propre parti, le Parti pour le Progrès et la Citoyenneté (PPC). Ensuite, il transhume au PDS, et mieux, il dissoudra d’ailleurs une bonne fois pour toutes, son parti dans les eaux du PDS, sans doute pour donner gage à son acte d’allégeance à Me Wade ou une assurance sans réserve. En contre partie et certainement en guise de salaire, il obtient de ce dernier un poste de sinécure juteux, un véritable gâteau en l’occurrence la CRAES. Une institution qui lui a offert effectivement d’énormes possibilités financières pour son avenir. Et assurément, la Craes a dû beaucoup lui servir, pour asseoir les bases son association de « porteurs de pancartes », sur tous les plans. Placé à la présidence de la Craes durant toute la période, il avait le bénéfice de disposer à sa guise comme toutes ces institutions de la République, au-delà du budget, de fonds politiques aussi, dont la justification de leur utilisation n’était nullement exigée obligatoirement sous forme de reddition des comptes et d’audit postérieur.
Il faut noter au passage, que la plupart des témoins qu’il cite et qui pourraient attester de sa présence et participation à cet évènement, qui, bien qu’historique, n’est pas pour autant une fin en soi, ne sont même plus de ce monde. Il a institué alors avec son association, la commémoration de l’anniversaire du 26 Aout, des « porteurs de pancartes ».
M. J. Diop, président autoproclamé des « porteurs de pancartes », a choisi ce prétexte fallacieux, autour duquel il veut édifier, au-delà d’un fait symbolique historique, que la jeunesse patriotique et progressiste sénégalaise avait saisi pour manifester au général De gaule toute sa volonté d’aller à l’indépendance, toute une histoire à lui fabriquée de toutes pièces. Mais pourquoi autant de démesure pour cet évènement? Et pourtant, la Guinée a organisé une réception similaire et même plus intense et réussie le 25 Aout 1958, au cours de laquelle, c’est Sékou Touré en personne face à De gaule, qui lui a exprimé de vive voix sa ferme décision de voter NON, pour l’indépendance de la Guinée. Et, c’est ce qui fut ainsi fait le 28 Septembre 1958. En Guinée, cette date, tout autant historique qu’elle soit comme celle du 26 Aout 1958 au Sénégal, n’a jamais été célébrée. Alors on peut bien se demandait à juste raison, pourquoi M. Diop accorde t-il tant d’importance à cet évènement ? Evènement qui ne fut point une révolution, même s’il fut un acte fort courageux et louable, il n’a pas été concrétisé par un vote favorable au NON, comme en Guinée. Il ne serait pas faut au demeurant, de dire que c’est à cause de la trahison du parti de M. Diop, l’UPS, dont les dirigeants avaient fui Dakar, avant de retourner leur veste pour appeler à voter honteusement pour le OUI à De gaule.
Alors c’est celui-là qui nous tympanise chaque année avec cet évènement, certes significatif et important en son temps, mais qui a beaucoup dépéri à cause de l’exploitation que lui, il en fait. Il est même devenu ridicule et banalisé à force de vouloir lui attribuer une importance outre mesure, par une célébration folklorique chaque année avec des thèmes variés, des parrains choisis opportunément et des nominés déclarés pompeusement, « compagnons des porteurs de pancartes ». Alors que la plupart d’entre eux ne le furent pas du tout, et d’autres moins encore, parce qu’ils n’étaient pas de la même génération et ne se connaissaient pas non plus, pour être des compagnons en quoi que ce soit.
Mais il faut le reconnaitre, la presse, tant publique que privée, lui a beaucoup facilité la tâche dans cette entreprise, par le fait d’être quasiment à son service exclusif, sans nullement chercher à lui poser les questions pertinentes ou gênantes au préalables, à savoir comment en est-il arrivé là ? La presse a pris presque pour de l’argent comptant, tout ce que M. Diop leur a raconté. Et jusque-là, elle n’a pas organisé à notre connaissance, un débat contradictoire ou simplement donner aussi la parole à ceux qui contestent ses allégations. C’est, il faut le dire tout net, une démarche biaisée et unijambiste de notre presse, qui ne milite pas objectivement en faveur de la manifestation de la vérité. Autrement dit, servir une information plurielle et équitable. En tout cas, jusqu’à plus amplement informé, aucun contradicteur de M.J.Diop n’ a été invité par l’un quelconque de nos médias, pour exposer enfin, la version des vrais porteurs de pancartes.
La particularité de la commémoration de cette année 2014, porte sur le choix d’un nominé très spécial. Bien que nous n’ayons rien, contre certains choix de nominés, mais celui d’Ousmane Camara quand même, nous semble être une provocation de mauvais goût. Car, si l’on en croit la direction du P A I, c’est ce dernier, ancien militant du parti, que Senghor aurait utilisé pour décapiter le parti, dans ses nouvelles fonctions de Directeur général de la Sureté nationale. Monsieur Camara, quoi qu’il en soit, ne fut pas lui aussi de la partie des porteurs de pancartes, car selon des sources sures, il se trouvait en Chine à l’époque.
Au demeurant, il y au Sénégal, certains concitoyens, qui sont habités par la convoitise démesurée de promotion et de notoriété publique qu’ils cherchent à tout prix. Attitude que la décence et la morale réprouvent formellement en société et vivement déplorable. Comme du reste par ailleurs, il en existe d’autres, qui eux, sont atteints de cette friandise immodérée de l’honneur, même immérité ou complaisant. Cet état de fait, constitue malheureusement pour M.J.Diop, un terrain fertile pour assouvir ses ambitions inavouées. Mais fort heureusement, il en existe aussi d’autres, qui refusent ou plutôt rejettent catégoriquement, ce genre d’offres d’honneur, synonyme de corruption et traquenard. Nous en voulons pour preuve, l’exemple du président Amadou Makhtar Mbow, qui a décliné l’offre poliment, bien qu’étant un acteur confirmé pourtant. Ce qui est tout le contraire de cette armée complaisante de nominés sans grade ni mérite. Et ces derniers le savent parfaitement, en âme et conscience.
Mais logiquement, cela ne devrait surprendre personne, car depuis la survenue de l’alternance en 2000 chez nous, notre pays a malheureusement inauguré cet acte contrenature, d’honorer les contrevaleurs et d’offrir des privilèges aux partisans de moindre effort et sans éthique, au détriment des patriotes qui bossent honnêtement pour l’intérêt général. Autrement dit, nous sommes dans un monde à l’envers. Et c’est cela, qui permet malencontreusement à des personnages comme M.J.Diop, de plastronner en ce moment dans le pays.
Mandiaye Gaye
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