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Sénégal - Mise en œuvre du pse : l’apprentissage, une voie pour la croissance et l’emploi

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apprentissage

Afin d’accélérer son processus de développement, notre pays met en œuvre le Plan Sénégal Émergent (PSE) pour la période 2014-2035 avec le plan d’actions prioritaires (2014-2018) et ses 27 projets phares. Le PSE ambitionne de réaliser un taux annuel de croissance de 7% au minimum pour éradiquer le chômage, contribuant ainsi à l’atteinte de l’objectif de création de 500.000 emplois du Président Macky Sall durant son mandat.

 Compte tenu de l’urgence à répondre aux besoins d’emploi des Sénégalais, des jeunes en particulier, l’apprentissage semble être une voie pertinente pour créer ces 500. 000 emplois. Cette orientation a fait ses preuves dans des pays comme la France où 60% des apprentis trouvent un emploi en CDI à l’issue de leur formation. Il s’avère plus efficace que la formation classique. On entend par apprentissage, la possibilité de poursuivre des études, tout en apprenant un métier sur le terrain. Les apprentis suivent une formation théorique à l’école et bénéficient des savoir-faire de l’organisation qui les emploie.

 

 Les actions entreprises par le gouvernement dans ce sens sont à encourager. S’il est symboliquement valorisant d’offrir aux apprentis ayant suivi une formation pratique un certificat, en guise de reconnaissance de leur savoir-faire, la vocation principale de la formation professionnelle reste l’insertion à l’emploi ou la création d’activités économiques. L’apprentissage est à rapprocher de l’amélioration du capital humain. Il s’agit de deux sources d'externalités positives et, par conséquent, de croissance pour la collectivité comme le démontrent les modèles de croissance endogène.

 

Dans une perspective à long terme (2019-2035), la capacité du Sénégal à être compétitif et à devenir émergent dépendra de l’investissement dans le capital humain et de l’efficacité dans l’utilisation des ressources selon la Banque Mondiale. Le système éducatif sénégalais a été identifié par les décideurs privés comme étant une des causes premières du retard de développement du pays. Il y a une inadéquation entre le contenu des formations et les besoins du monde du travail. Par ailleurs, le Sénégal manque plus de personnel technique qualifié que de personnel administratif. L’absence de corps intermédiaires (ouvriers spécialisés, techniciens, agents de maîtrise) est problématique car on dispose d’une main d’œuvre soit très hautement qualifiée soit très peu qualifiée.

 

Il convient également de noter qu’à long terme, l’alphabétisation universelle et les niveaux d’éducation de plus en plus sophistiqués sont nécessaires pour exploiter les progrès techniques et améliorer la productivité du travail. La faiblesse de cette productivité au Sénégal est liée au fait que la plupart des salariés sont des agents de l’administration sénégalaise dont la caractéristique est d’être pléthorique et inefficace. En outre la dégradation des services publics d’éducation contribue à réduire la productivité individuelle du travail, et partant la productivité globale de l’économie. L’efficience des dépenses publiques d’éducation est plutôt contrastée au Sénégal et nécessite des corrections.

 

La réforme de l’administration et la structuration de l’offre de formation s’imposent donc à l’économie sénégalaise caractérisée par la prépondérance du secteur informel. Ce secteur devrait dépérir progressivement avec la forte croissance prévue dans le PSE. En effet, au plan macroéconomique, il semble exister une relation inverse entre la proportion de l’emploi dans le secteur informel et le niveau du PNB par tête. Cette relation inverse révèle le caractère involutif de l’économie informelle; autrement dit, plus les effectifs augmentent dans l’informel, moindres seraient les recettes qui en sont tirées. Ainsi, ce ne serait pas en réduisant la réglementation ou en introduisant des normes de comptabilité et de gestion que l’on réduirait l’essor de l’informel. Celui-ci serait tout simplement lié à la faible croissance économique.

 

Dans une perspective à court et moyen termes (2014-2018), une politique éducative plus soutenue et orientée vers l’apprentissage s’avère urgente pour améliorer la productivité du travail et créer massivement des emplois surtout dans l’industrie, cible importante de l’investissement direct étranger (IDE) dans le PSE. Les IDE visent en priorité les industries à forte intensité de travail pour lesquelles les pays émergents ont un consistant avantage comparatif.

 

Pour rendre le dispositif de l’apprentissage opérationnel et efficace, il est nécessaire d’opérer une pédagogie pour changer sa perception auprès de l’opinion. Dans l’entendement général, l’apprentissage renvoie aux métiers manuels avec une image dégradante et aux filières de courte durée alors qu’on le retrouve dans tous les secteurs d’activités et avec la possibilité d’obtenir des diplômes de CAP au Bac + 5. A travers le PSE, le gouvernement, en collaboration avec le patronat, gagnerait à communiquer sur les débouchés et les avantages de l’apprentissage en mettant en exergue la diversité des formations et les parcours professionnels possibles pour inciter les jeunes à suivre cette voie.

 

Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place quelques mécanismes opérationnels tels que les organismes de branches d’activités pour le secteur informel capables d’accompagner les acteurs de ce secteur dans la définition et l’analyse de besoins de formation professionnelle et de suivre les apprentis jeunes comme adultes afin que ces derniers puissent accéder à un emploi et disposer d’un véritable métier. C’est un moyen de tirer l’informel vers le formel. Ces organismes viendront ainsi appuyer le FONDEF (Fonds de Développement de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle) dans sa mission de financement de la formation, du développement de l’employabilité des ressources humaines et de l’insertion et de la réinsertion des jeunes. Ils aideront les petites unités informelles à se doter de moyens humains et techniques en matière de réglementation et de procédures administratives et organisationnelles (élaboration des contrats d’apprentis, suivi et rémunération etc.).

 

Le concours des entreprises est fondamental si on veut rendre l’apprentissage opérationnel. C’est dans cet esprit qu’il faut assouplir les charges sociales des entreprises en contrepartie d’un engagement de recrutement de jeunes apprentis.

 

Préconisations :

- La mutualisation des fonds issus de la CFCE (Contribution Forfaitaire à la Charge de l’Employeur) d’autant plus que cette dernière vient d’être récemment revue en hausse. A titre d’exemple, l’Etat a collecté 16 milliards de FCFA au titre de la CFCE ou de la CGU (Contribution Globale Unique) en 2011. La mutualisation des fonds prélevés au titre de la taxe professionnelle permettra aux petites et moyennes entreprises d’allonger leur budget de formation pour former leurs salariés notamment les employés et ouvriers car ce sont eux qui en ont plus besoin.

 

- Faire profiter aux entrepreneurs évoluant dans le secteur informel tels que les artisans de l’avantage de se former et former leurs collaborateurs en contrepartie d’un accueil d’apprentis indemnisés par l’Etat et/ou les collectivités locales.

 

- Mettre en place des mécanismes d’exonération des cotisations sociales pour les employeurs (crédit d’impôts, primes à l’apprentissage, contribution financière au titre de la formation) en fonction de la taille de l’entreprise.

 

- Renforcer les capacités financières des Centres de Formation d’Apprentis (CFA) et la formation continue des maîtres d’apprentissage, en accompagnant les CFA dans l’encadrement et le suivi des apprentis.

 

- Créer et favoriser un environnement dans lequel l’esprit d’entreprise chez les apprentis se développe en vue de produire des richesses nouvelles et des emplois substantiels et rémunérateurs, facteurs de réduction de la pauvreté monétaire.

 

- Assurer un meilleur accès au marché du crédit (FONGIP, BNDE, Crédit Agricole notamment) des jeunes apprentis créateurs de PME et PMI.

 

- Assurer un service de proximité, par le biais des organismes de branches, auprès des agriculteurs en finançant leur formation avec un budget issu de la taxe professionnelle.

 

 

Dr Omar NDIAYE & Amadou BA, CCR France