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Le XVéme Sommet de la Francophonie du 29 au 30 Novembre à Dakar, va consacrer l’épilogue du différend entre le Président Macky Sall, et son prédécesseur, le Président Abdoulaye Wade, au sujet de traque des biens mal acquis, pour laquelle son fils, Karim Wade est inculpé et traduit devant la CREI.
Le Président Wade avait décliné très tôt, sa feuille de route pour libérer son fils, qui consiste à gagner la bataille d’opinion devant le peuple et les grandes puissances, et non la bataille judiciaire devant les juges.
Pour ce faire, depuis son retour à Dakar à la suite de sa longue absence et de son long silence sur la traque des biens mal acquis, il a usé de toutes les opportunités pour mobiliser les foules afin d’empêcher la tenue de tout procès contre son fils, ou, le cas échéant, contraindre le pouvoir à négocier sa libération.
Cependant, son projet de mobilisation populaire a été plombé par l’attitude des Chefs religieux du pays, qui à l’unisson, lui ont demandé de ne pas perturber le pays par des manifestations publiques
C’est alors que Wade a pensé faire des élections locales un « troisième tour » de l’élection présidentielle de Février 2012.
Au résultat, non seulement il a échoué d’en faire un« troisième tour », mais il en est sortifortement déplumer de la majorité des collectivités locales qu’il contrôlait depuis 2009.
A son corps défendant, il assistait impuissant à le tenue du procès contre son fils, et à sa continuation inexorable, malgré l’énorme bataille de procédures menée par les avocats qu’il a commis pour la défense de son fils.
Malgré les couacs rencontrés dans le déroulement du procès, une tendance lourde se dégage peu à peu vers la condamnation de son fils, qu’il a voulu, en vain, présenté comme un « prisonnier politique », pour occulter qu’il s’agit, en fait , d’ un procès pour reddition de compte, comme une exigence du peuple sénégalais.
C’est en tirant les leçons des échecs de ses différentes tentatives, que Wade a vu dans la tenue du XVème Sommet de la Francophonie à Dakar, l’ultime opportunité pour faire pression sur le Président Macky Sall, par la rue, pour obtenir des négociations pour libérer son fils.
Et cela n’est politiquement possible, que s’il démontre dans la période, à la face du monde, par une vaste et puissante mobilisation populaire, qu’il peut rendre le Sénégal ingouvernable.
Pour ceux qui connaissent bien Wade, et son objectif de libérer son fils, sa décision d’organiser une grande manifestation le 21 Novembre relève donc d’un secret de Polichinelle.
Mais cette manifestation ne peut être massive et pacifique pour impressionner les 50 Chefs d’Etat et de Gouvernements devant participer au Sommet, et la presse internationale, que si elle est autorisée et bien encadrée par les forces de sécurité.
D’où le piège qu’il a tendu au Chef de l’Etat en proclamant haut et fort, qu’il va manifester autorisé ou pas, avec l’espoir qu’il sera autorisé par souci du Président Macky Sall de préserver l’image d’un pays de liberté que répand le Sénégal en Afrique et dans le monde !
Wade pense , qu’avec ce piège, l’accusation de violation de la liberté de manifestation va faire tomber Macky dans son jeu, mais oublie, que dans un Etat de Droit, ce n’est pas par ce qu’une manifestation de l’opposition est interdite, et même réprimée, que l’opinion internationale en déduit de l’absence du respect des libertés démocratiques dans ce pays.
En effet, la France vient d’en donner l’exemple en interdisant des manifestations et en réprimant les contrevenants, sans être taxée de pays liberticide, même après mort d’homme du fait de la Police.
Ainsi l’interdiction de la manifestation du PDS, malgré son caractère anti démocratique, ne ferait pas pour autant, du Sénégal, un pays liberticide aux yeux de l’opinion internationale.
Mais le Président Wade, ce faisant, a semblé aussi avoir oublié, que le Chef de l’Etat Macky Sall, ne pourrait pas lui ferait un tel cadeau, qui serait un puissant moyen de pression sur lui à la fin du Sommet, pour l’obliger, avec l’appui des grandes puissances impressionnées par l’ampleur de la manifestation, à transiger la libération de Karim, au nom de la préservation de la stabilité légendaire du pays.
D’où le piège que Macky , à son tour, lui a tendu, en interdisant la manifestation « pour des raisons de sécurité » du Sommet, en mettant ainsi Wade devant ses responsabilités de faire un recours devant les juridictions habilités contre cette interdiction, ou passer outre, pour troubler l’ordre public, à la veille de l’arrivée des 50 Chefs d’Etat, qui serait perçu comme une tentative de Wade de saboter la tenue de leur Sommet.
Ainsi Wade, qui veut user de ses droits constitutionnels à la manifestation publique dans un Etat de Droit, est placé devant ses responsabilités de devoir respecter les devoirs que lui impose un Etat de Droit en la matière, qui est le devoir de recours juridictionnel, pour éviter de tomber dans la violation des principes de l’Etat de Droit en passant outre l’interdiction de manifester, et se placer dans l’illégalité totale.
De victime de la violation de ses droits constitutionnels, il se transformerait en coupable de violation des principes de l’Etat de Droit.
Donc le piège de Wade s’est refermé sur lui, avec le risque d’une forte désaffectation des populations du fait de l’interdiction, et de l’aggravation de la détérioration de son image dans le pays et à l’étranger, ce qui risque de compromettre définitivement ses chances d’exercer la pression nécessaire pour faire libérer son fils.
Mais le piège de Macky s’est refermé aussi sur lui même, avec le risque de troubles durables durant le Sommet, et même au-delà, compte tenu du contexte national dans lequel l’interdiction de la manifestation du PDS est prise, alors qu’il a motivé cette interdiction dans le souci de préserver la stabilité et la sécurité du pays et du Sommet.
Ce contexte est marqué par une prise en charge insuffisante de la demande sociale, et d’un malaise profond dans les rangs de la Police et de la Gendarmerie, suite au non traitement judiciaire des affaires de la drogue soulevées par le Commissaire Keïta, et des scandales dans la Gendarmerie ,dénoncés par le Colonel NDAO, qui laissent au sein de la troupe, un goût inacceptable d’impunité des Chefs.
Dans pareil contexte, l’interdiction de la manifestation du PDS, qui peut être perçue comme une provocation délibérée du pouvoir pour qu’il passe outre, risque, le cas échéant, d’avoir des conséquences politiques qui vont au delà de ce qu’attendent les stratèges du pouvoir qui ont conçu ce piège.
Le PDS, avec l’appui du Commissaire Keïta qui a rejoint ses rangs, peut surfer sur la vague du mécontentement au sein des populations et des forces de sécurité pour réaliser son « Novembre » au Sénégal, suite à la « Révolution d’Octobre » au Burkina.
Le Coordinateur du PDS, Oumar Sarr, rêve ouvertement et publiquement de sa « Révolution » de Novembre au Sénégal.
La volonté proclamée du Chef de l’Etat d’éviter des troubles se transformerait ainsi en prétexte de troubles, avec des conséquences incalculables sur la stabilité du pays et la sécurité du Sommet.
Devant cette situation grosse danger pour le pays et pour le peuple, les Républicains et Démocrates, et notamment les organisations de Défense des Droits Humais dans un Etat de Droit, ne peuvent pas ignorer les enjeux véritables de ce bras de fer entre le pouvoir et l’opposition, qui ne sont nullement le sort du respect des libertés, mais fondamentalement, celui de l’obligation de la reddition des comptes.
Si Wade, par son piège infernal, arrive à ses fins, ce serait le triomphe de l’impunité au détriment de l’Etat de Droit.
Ainsi, ceux qui parmi les forces de sécurité s’insurgent contre l’impunité dont bénéficieraient certains de leurs Chefs, devraient se rendre compte, que leur aspiration est incompatible avec l’atteinte des objectifs de Wade, qui va légitimer l’impunité.
Il faudrait donc une large bataille d’opinions pour amener Wade à se conformer à ses devoirs constitutionnels en respectant la décision d’interdiction pour l’attaquer par voie de recours juridictionnels, et non par la rue.
C’est ce qu’exige l’Etat de Droit en pareilles circonstances.
Le pouvoir, en interdisant la manifestation, par le biais de son Administration, a usé de ses prérogatives constitutionnelles dans un Etat de Droit, qui lui reconnaissent le droit d’apprécier l’opportunité d’une manifestation publique. Ce faisant, il est conforme au Droit.
Et c’est cette même exigence de se conformer au Droit qu’il faut opposer au PDS, pour l’amener à renoncer à vouloir faire respecter ses droits constitutionnels à la manifestation publique, par la rue.
Dans ce cadre, il faudrait éviter de tomber dans l’amalgame que certains pourraient faire, entrele Droit à la manifestation publique des citoyens et de leurs organisations que l’Etat de Droit encadre, avec le Droit des peuples à l’insurrection, lorsque sa souveraineté est menacée.
Les principes de l’Etat de Droit, en vigueur dans notre pays, ne donnent aucun moyen de recours juridictionnel à notre peuple en cas de violation, par un pouvoir, de sa souveraineté. D’où son Droit inaliénable à l’insurrection le cas échéant.
C’est cette lacune que le Projet de Réforme des Institutions proposé par la CNRI cherche à combler, pour donner à notre peuple la possibilité de défendre sa souveraineté par des voies juridictionnelles.
Les Démocrates et Républicains de ce pays, qui ont engagé des décennies de lutte pour le triomphe de l’Etat de Droit, sont fortement et gravement interpelés par cette situation explosive.
Il faut que le respect des principes de l’Etat de Droit prévale en toutes circonstances, à la place du recours à la rue pour faire respecter ses droits.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 11 Novembre 2014
source:http://www.dakaractu.com/XVeme-Sommet-de-la-Francophonie-a-Dakar-Qui-de-Macky-ou-de-Wade-tombera-dans-le-piege-de-l-autre_a78308.html