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Sénégal - La paresse intellectuelle au cœur du système éducatif ( par Mamadou Daffe )

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La crise profonde, complexe du système éducatif s’est encore illustrée dans ses manifestations par trois faits majeurs qui l’ont fortement secoué dans ses racines et sa fondation : il en a fallu de peu qu’il soit enterré vivant avec le peu de souffle de vie qui lui reste encore dans son âme lui permettant de survivre au gré des circonstances  calamiteuses créés et animées par ceux-là mêmes, hélas, qui devraient être à l’avant-garde du combat pour un système éducatif qualitativement performant et culturellement valorisant dans lequel l’éthique, comme  l’a si bien pensé Pierre Reverdy, est la mesure de l’esthétique du dedans et que Feu le Juge Kéba MBAYE magnifia dans cette brillante et éloquente formulation   « L’Ethique devrait être adoptée par notre pays comme la mesure de toute chose car accompagnant le travail ; elle est la condition sine qua non de la paix sociale, de l’harmonie nationale, de la solidarité et du développement ». 

Je voudrais, à travers cette contribution et à la lumière de ces trois faits énumérés  ci-dessous, porter une analyse critique sur le système tel  qu’il fonctionne, comprendre la perception de l’ensemble des acteurs qui y évoluent et proposer quelques pistes de revalorisation permettant d’entrevoir et d’élaborer le canevas d’une solution consensuelle, durable, efficace et efficiente.   

 
1-       Les résultats catastrophiques au bac avec un taux de réussite de 31% au niveau national.
2-       La fraude enregistrée au concours des élèves maîtres avec l’annulation de l’admission de 690 auditeurs.
3-       La crise universitaire avec le décès de l’étudiant Bassirou Faye lâchement abattu dans les circonstances qui décrivent de manière éloquente la division qui est entrain de prendre corps dans notre société et qui pourrait engendrer des clivages très profonds à l’avenir si l’on y prend garde.
    Mon propos va d’abord axer  sur les aspects conjoncturels de la crise, ensuite  les aspects structurels seront abordés de manière à cerner les causes essentielles sur lesquelles on pourrait agir permettant ainsi d’ouvrir la voie aux pistes de solutions.
        I-  Analyse des aspects conjoncturels
      Depuis plus de quarante  ans, l’école sénégalaise se débat dans une crise caractérisée par une série de grève récurrente qui a finalement plongé le système dans une instabilité chronique et inquiétante et plombé tous les efforts communautaires consentis. De nouvelles méthodes de lutte syndicale, comme les rétentions de notes, viennent davantage noircir le tableau de l’actualité dans les écoles. Dans l’état actuel du conflit qui semble avoir atteint un niveau jamais égalé, il sera difficile de trouver un accord durable à long terme entre le Gouvernement et les Syndicats quand ces derniers  se regardent en chiens de faïence et un climat de méfiance difficile à corriger prend des proportions inquiétantes. En plus de la lutte syndicale d’une manière générale, le système éducatif est en proie à des scandales à répétition qui ont sapé le moral des acteurs et mis à rude épreuve les valeurs cardinales  qui fondent la charte de  tout système éducatif performant et valorisant. Je voudrais à travers cette contribution donner un regard croisé des événements dans la posture de l’enseignant retraité que je suis et qui reste un observateur avisé, averti et adepte de la promotion d’une école qualitativement performante et culturellement valorisante.     
        Pourquoi tant de grèves dans le système éducatif ? Je voudrais tenter de donner des réponses qui certes ne reposent pas sur une étude exhaustive de la situation, mais qui découlent des observations personnelles que j’ai notées au cours de ma carrière et  les entretiens que j’ai eus avec des collègues enseignants, des parents d’élèves, des élèves et divers partenaires qui interviennent dans le secteur.
        Historiquement, c’est au début des années soixante dix que les grèves sont devenues incontrôlables dans le système éducatif sénégalais au point qu’une année blanche est intervenue en 1988 et une année invalide en 1994. Mais jusque là, il s’agit de grèves d’enseignants avec deux ou trois syndicats puissants qui rivalisaient sur le terrain de la lutte. La décentralisation n’était pas encore née, l’Etat était encore jaloux pourrait-on penser de ses prérogatives régaliennes. C’est justement la situation explosive qu’a connu le pays dans les années soixante dix à quatre vingt qui a poussé le Gouvernement à opter pour la politique de décentralisation par le transfert de compétences telles que la santé, l’Education et la Culture au profit des Collectivités locales. Ces collectivités ont donc hérité d’une situation déjà incontrôlable et n’avait aucune expérience pour proposer des réformes de manière à satisfaire les besoins des populations en matière d’éducation. La croissance vertigineuse de la population scolaire, l’adoption de la Loi d’orientation sur l’Education, l’application des accords sur les engagements de l’Etat du Sénégal en matière d’Education  ont contraint l’Etat à adopter des programmes tels que le PDRH, le PDEF… qui ont mis en place de nombreuses réformes que le Système éducatif a connu. Les CEM et les Lycées de proximité, la naissance des corps émergents sont les conséquences de ces différentes réformes pour satisfaire l’accès. L’Université a produit beaucoup de diplômés qui sont à la recherche d’emplois devenus de plus en plus rares. On retrouve ainsi dans l’enseignement des agents sans qualifications professionnelles et sans profils pédagogiques. Les règles  d’éthique et de déontologie professionnelles se réduisent comme peau de chagrin dans le système éducatif. Les syndicats se créent à la pelle et les rivalités syndicales sont exacerbées par la volonté des Gouvernants de contrôler les différents syndicats. Le favoritisme et le clientélisme politique se font jour dans le recrutement des enseignants et un réseau de corrupteurs et de corrompus a infiltré le système jusqu’au sommet de la hiérarchie. La tricherie est devenue une voie sure de la réussite quid du niveau. L’essentiel est d’avoir le Diplôme peu importe la manière par laquelle on y est parvenu. Des années durant plusieurs générations d’élèves ont reçu des enseignements insuffisants, bâclés et n’ont pas été évalués à la hauteur des programmes officiels. Un élève qui se présente à un examen avec un programme inachevé se voit contraint de tricher pour réussir. Par la passivité  et l’absence de rigueur de leurs professeurs, les élèves   sont habitués à tricher pendant les évaluations en classe.  Un professeur qui a réussi  par la tricherie ne peut pas installer des compétences de rigueur et d’éthique dans le comportement de ses élèves.
        Pendant ce temps, la paresse intellectuelle, phénomène pernicieux et contagieux, s’installe chez nos élèves et même gagne la plus part de nos professeurs. En réalité la majorité de nos  professeurs présentement en exercice ont subi le même sort que vivent en ce moment leurs élèves. Naturellement le sentiment de banalisation de la grève s’accentue aussi bien chez les élèves que chez certains professeurs : des grèves sans motifs sont devenues monnaies courantes  chez les élèves et peut être bientôt ce sera chez les enseignants. Il faut en urgence arrêter ces grèves si on veut sauver notre école.
       La paresse intellectuelle est bien installée dans le comportement de nos élèves comme chez beaucoup  de nos professeurs. Cette catégorie d’élèves et de professeurs est prompte à observer toutes les grèves qui leur sont proposées quel que soit le motif servi, non pas pour le bien fondé du motif mais par ce que simplement ils sont à bout de souffle et peinent à respecter le rythme de travail qui figure sur les emplois de temps. Ils sont incapables de supporter un rythme de travail d’un mois sans répit : la fréquence des grèves est liée essentiellement à cette paresse intellectuelle qui a élu  domicile pernicieusement dans l’état d’esprit de nos élèves et chez bon nombre de nos professeurs. Il faut aussi souligner que beaucoup de professeurs n’ont aucune maitrise des programmes d’enseignement en vigueur et pour éviter d’étaler leur carence ils sont toujours enclins à appliquer des mots d’ordre de  grèves illimitées : ce sont des enseignants militants à la fois de plusieurs syndicats prêts à suivre à la lettre les décisions souvent prises par les tous puissants Secrétaires Généraux des Syndicats.
      Pour conclure cette analyse sur la paresse intellectuelle, nous vivons une époque où  l’intérêt et le goût pour les études baissent chez nos élèves avec une très forte propension à la croyance du marabout faiseur de miracle. Nos élèves ne croient plus en leur potentialité intellectuelle propre devant des professeurs qui se trouvent dans le même état d’esprit, ce  qui développe en eux  des attitudes paresseuses se plaisant dans la routine pédagogique, la facilité, la corruption et la tricherie. Le système a besoin d’être assaini pour espérer atteindre des objectifs de rentabilité et de qualité. L’école souffre de la paresse intellectuelle qui est devenue  une  maladie chronique et contagieuse. Il faut l’extirper de notre état d’esprit pour être en possession de la plénitude de nos potentialités intellectuelles. Quelle thérapie pour guérir ce mal si profondément ancré dans la conscience individuelle et collective de la communauté scolaire ?  Faut-il recourir au Marabout faiseur de miracle, ou au charlatan du coin, ou au diable du bois sacré ? Ce sont autant de tentatives diverses que les uns et  autres essaient sans résultats probants.  Et pourtant chacun de nous a une thérapie infaillible à sa portée qui s’appuie sur trois principes de vie : l’estime de soi, la confiance en soi, la fierté de soi.  Ensuite il s’agit de se connaître soi même en adoptant la citation  célèbre de Socrate « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » mais aussi et surtout  de s’approprier le postulat  « Vouloir, c’est pouvoir » et en faire une  Devise pour orienter, guider et enrichir sa réflexion en vue  d’agir efficacement sur son environnement extérieur pour mieux le maîtriser. Dans notre vie, nous cohabitons avec la paresse intellectuelle qui est en perpétuel conflit avec notre conscience symbolisée par notre état d’esprit. Il s’agit pour chaque individu d’auto évaluer son état d’esprit intellectuel, d’en mesurer sa portée pour appliquer la thérapie qui convient le mieux en s’auto-administrant les remèdes appropriés pour guérir. En résumé il s’agit simplement de réveiller en chacun de nous le sentiment que nous pouvons faire mieux et plus que le niveau actuel de nos activités intellectuelles. Nous pensons que c’est à ce prix et seulement à ce prix que nous pouvons espérer franchir le saut  qualitatif tant attendu. Présentement nous vivons et dormons avec une mauvaise conscience, il s’agit maintenant de prendre conscience individuellement et collectivement que nous portons tous la responsabilité de la situation que nous subissons. Dans un de mes cours de citoyenneté sur le Gouvernement scolaire, je rappelais avec force à l’adresse des élèves les principes suivants :
 « Le 7 décembre 2011, vous aviez procédé à l’élection du Président de votre Gouvernement scolaire, de quatre Vices Présidents et de trois délégués au Conseil de gestion. De l’avis général le processus s’est déroulé démocratiquement et dans la transparence et la régularité la plus totale. A travers cette lettre, je voudrais féliciter ceux qui ont été choisis et élus pour mettre en exécution ce Projet de Gouvernement scolaire qui constitue une révolution dans l’histoire du Lycée Ibou Diallo. Le Lycée Ibou Diallo est devenu une référence et un modèle à travers tout le Sénégal. Ce Projet devrait restaurer l’image glorieuse de notre établissement  et promouvoir la bonne gouvernance scolaire. Le processus enclenché bien avant le 7 décembre devrait être conduit à terme jusqu’aux choix des ministères. Bien entendu  les nostalgiques d’un passé obscur s’activent à faire échouer la mise en œuvre du Projet. Nous devrions être vigilants pour combattre avec la plus grande détermination et la plus implacable volonté ces aventuriers et ces fossoyeurs de la démocratie et de la paix. Il faut les débusquer, les repérer  et prendre position par rapport à leur campagne nuisible et rétrograde. Nous devrions comprendre que ceux qui s’agitent ainsi ont déjà échoué dans leur cursus scolaire et sont jaloux du chemin de la réussite scolaire que l’écrasante majorité des élèves du Lycée Ibou Diallo a ainsi adopté dans cette nouvelle ère du Gouvernement scolaire. Ils sont  foncièrement  égoïstes et sacrifient ainsi des générations entières d’adolescents qui n’ont pas la maturité de les dénoncer  pour qu’ils soient traduits devant la justice. Nous avons la certitude que des adultes corrompus sans scrupules, politicards de circonstance sont  quelque fois derrière ces mouvements qui minent la vitalité du système éducatif. Voilà des individus qui arrivent péniblement à assurer leurs responsabilités professionnelles dans leurs services respectifs qui malgré tout voudraient se donner en exemples aux yeux des hommes. Je les invite humblement à interroger leur propre conscience et à se dire intérieurement qu’ils n’ont pas le droit de se comporter ainsi à l’égard qui de leurs frères qui de leurs enfants qui de leurs élèves. Une véritable introspection de leur part peut les aider à se ressaisir pour arrêter de faire mal. »
      Dans un autre Cours j’ai évalué qualitativement les potentialités intellectuelles des élèves en ces termes :
   «  Nous sommes à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2011/2012. Je voudrais saisir cette opportunité pour vous souhaiter une excellente  année scolaire qui signifie pour nous une année de réussite scolaire. Puisse Dieu vous accorder une santé de fer, une volonté inébranlable, l’intelligence et la force nécessaire vous permettant de réaliser les meilleurs résultats de votre cursus scolaire. Aussi je vous exhorte à s’engager résolument et rigoureusement dans un élan d’abnégation et de détermination sur la voie d’un avenir radieux. Vos parents, après avoir accompli leur devoir pendant onze années  et consenti tant de sacrifice  et de privation,  sont en droit de tirer une légitime fierté des résultats de votre scolarité.
       Le postulat : « Vouloir, c’est pouvoir » devrait guider toute votre réflexion sur les stratégies et programmes à mettre en œuvre pour vous voir réussir. Chers élèves, vous êtes capables de réussir et de bien réussir. J’ai la certitude et la conviction que vous n’utilisez que 10% de votre potentiel intellectuel. En clair cela veut dire qu’en chacun de vous un génie dort à 90%. Dés lors il vous suffit de réveiller 50% seulement de votre potentiel pour être les meilleurs : Mention Très Bien au bac, lauréats au Concours général, réussite aux Grandes Ecoles …. Et j’en passe. Votre premier ennemi dans votre vie est la paresse intellectuelle qui vous habite. Il faut l’extirper de votre état d’esprit pour être en possession de la plénitude de vos potentialités intellectuelles.
     A présent, je voudrais m’adresser aux parents d’élèves. Mes chers parents, je voudrais à mon nom personnel et celui de tout le  personnel du Lycée Ibou Diallo vous remercier de la confiance que vous nous faites dans l’éducation de vos enfants. Je voudrais vous inviter à une plus grande coopération et un partenariat de proximité. Le système éducatif traverse une crise qui ralentit le niveau de développement du pays. Le taux de réussite  et l’intérêt pour les études baissent fortement pour des raisons sociales et économiques. Il faut trouver un palliatif pour amener les  élèves à aimer les études et à y réussir.  J’ai la conviction que nous pouvons encore sauver l’essentiel dans le cadre d’une nouvelle orientation sur la mise en place d’approches pédagogiques innovantes, sur une bonne gouvernance scolaire reposant sur une gestion participative à tous les niveaux. 
Au Lycée Ibou Diallo, nous nous évertuons à atteindre ces objectifs en mettant en place  un projet éducatif comprenant les éléments suivants :
Ø Un projet d’établissement sur :
1-      La mise en place d’un Club d’éducation à la vie citoyenne chargé de veiller à l’instauration d’une bonne gouvernance scolaire, à négocier avec tous les acteurs une stabilité pérenne du système par un renforcement de  la communication, du dialogue, de  la médiation et de  la tolérance.
2-      La réalisation d’un Parcours sportif pour populariser la pratique sportive et combattre le stress et l’ennui.
3-      La réalisation d’un Jardin botanique pour améliorer la culture scientifique des élèves
4-      La mise en valeur des fonctions éducatives de la bibliothèque. Il s’agit de diversifier l’offre éducative d’une bibliothèque pour la rendre beaucoup plus attrayante et attractive. L’objectif est d’amener les élèves à utiliser la bibliothèque comme outil de recherche et de documentation.
5-      Mise en valeur des fonctions éducatives de l’outil informatique. On peut beaucoup gagner avec l’utilisation de l’outil informatique par les élèves. Le Lycée doit s’acheminer résolument vers la création d’un site web et même introduire l’enseignement de l’informatique dans les programmes scolaires.
                      Je voudrais inviter et associer tous les acteurs de la communauté à la mise en œuvre de ces projets ou à la poursuite de ceux qui sont en voie de réalisation. Ensemble nous accomplirons un devoir républicain. Il faut que l’école puisse jouer pleinement un rôle de  vecteur  de développement, de sensibilisation et de promotion de la citoyenneté. Nous y arriverons dans la dynamique d’une synergie d’actions et de partenariat efficient et efficace. Le Gouvernement scolaire mis en place et l’Amicale des Anciens et Sympathisants devraient contribuer  dans une grande mesure à mettre en chantier ces différents projets.    
Ce projet d’établissement s’inscrit dans un cadre beaucoup plus général d’un projet éducatif qui restaure les valeurs civiques et morales, qui instaure la saine compétition intellectuelle entre les élèves, qui favorise le mérite et l’excellence. Notre communauté cherche une voie de son épanouissement harmonieux et intégral par un renforcement des capacités des élèves  dans les domaines de la citoyenneté, de l’hygiène, de la santé et de la paix. Il s’agit de définir ensemble des repères culturels solides dans un environnement social favorable à une saine émulation intellectuelle et morale engendrant l’acquisition de compétences indispensables à la formation d’un citoyen accompli. Avec l’appui de toutes les bonnes volontés, le Lycée voudrait construire un système éducatif performant conduisant l’élève à s’épanouir pleinement dans un environnement culturel valorisant et attractif. »
       Dans un troisième Cours cet autre énoncé des principes qui interpellent les professeurs dans leurs responsabilités :
«  Une salle de classe est un espace de réflexion, de concentration, de quiétude et d’échange intellectuel  entre le professeur et ses élèves. Un élève vient en classe pour apprendre, pour acquérir des connaissances et renforcer ses capacités intellectuelles et morales afin de devenir un citoyen responsable  utile à sa famille, sa communauté et son pays. L’école est ouverte pour assurer notre propre développement et par ricochet celui de notre nation et de notre pays. Pour bénéficier pleinement  des enseignements d’un professeur, un élève se doit d’être attentif, concentré et respectueux dans la classe. Il doit se fixer un objectif et se donner les moyens intellectuels d’atteindre cet objectif dans le respect des règles disciplinaires et de bonne conduite. Les rapports entre un professeur et ses élèves doivent être des rapports respectueux, confiants et communicatifs. Un élève qui se sent en sécurité devant un professeur se trouve d’emblée dans les meilleurs dispositions intellectuelles pour recevoir cinq sur cinq les connaissances livrées par le professeur. Le professeur doit être le principal animateur de sa classe ; il doit être attentif aux préoccupations légitimes de ses élèves : compréhension du cours, voix audibles, réceptions bienveillantes des questions et  réponses éducatives, pédagogiques et appropriées. Le Professeur doit organiser sa classe et mettre à l’aise ses élèves dans une bonne ambiance  intellectuelle et pédagogique favorable à une saine émulation rendant la classe studieuse et vivante. Dans un tel espace, un téléphone portable ne doit pas sonner, les élèves ne doivent pas se livrer à des jeux qui les détournent du sujet du cours, les cours commencent  à l’heure indiquée sur l’emploi du temps, les retards sont bien gérés et les absences sont bien contrôlées. Cette réglementation doit s’appliquer dans toutes les classes et à tous les niveaux pour une plus grande efficacité et une plus grande efficience des mesures qui pourraient être  annoncées dans le règlement intérieur. Le professeur est autorisé à prendre toute mesure disciplinaire permettant un fonctionnement normal et paisible de sa classe. A la demande du professeur, le Conseil de Discipline peut être convoqué pour statuer sur les cas d’indisciplines notoires et de manquement aux règles de fonctionnement  harmonieux de la classe. Le Professeur est autorisé à demander aux surveillants généraux de venir chercher un élève pour  le mettre à la disposition du Censeur des études qui peut instamment prendre un arrêté provisoire d’interdiction de suivre les cours en attendant la convocation du Conseil de discipline. »
           Je voudrais conclure cette première partie par la question suivante qui revient souvent dans les débats : les moyens colossaux (40% du budget national)  mobilisés, les réformes en profondeur d’orientation du système éducatif, les nombreux programmes et projets d’envergure réalisés ont-ils réellement servi le Système au plan de l’accès, de la qualité et de la gestion? En partie oui mais au vu des nombreux scandales qui ont ponctué la marche du système éducatif sénégalais, force est de reconnaître que beaucoup d’hommes du système ont commis le parjure de se servir des biens de l’Etat plutôt que d’être au service de l’Etat.   Au demeurant les petits et gros scandales sont devenus tellement fréquents que personne ne s’en émeut. Dans la conscience du citoyen ordinaire, l’utilisation du bien public à des fins personnels est dans l’ordre normal des choses. La nature ayant horreur du vide, certains chasseurs de primes se spécialisent à créer des scandales où il n’en existe pas. Le système éducatif est infecté des maux tels que la tricherie,  la corruption,  la flagornerie,  les déperditions scolaires, les grossesses et mariages précoces, les perturbations récurrentes. Pour répondre aux attentes d’un système performant, l’approche attendue devrait tenir compte du contexte national pour l’adapter aux particularités régionales. Nous voudrions garder l’espoir que  le véritable débat doit se situer à un niveau où des nervis et des chasseurs de primes, même payés au prix fort avec des espèces sonnantes et trébuchantes, ne devraient en aucun cas  porter la parole des intellectuels. Tout le mal de notre système en mal de repères  réside dans cette équation. Le constat est que nos élèves se référent à des anti-modèles et ne réfléchissent plus dans leur culture propre mais construisent leurs réflexions à partir de soubassements culturels étrangers. Nous devons par une réflexion approfondie corriger tous ces impairs pour bâtir de manière participative un système éducatif qualitativement performant et culturellement valorisant. Je voudrais conclure cette partie  par deux citations : « L’intelligence est presque inutile à celui qui ne possède qu’elle » de Alexis Carrel et Paracelse qui approfondit en disant que « C’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer ». Acceptons d’être ce que nous sommes et arrêtons de se croire  plus intelligents que les autres pour progresser lentement mais sûrement.
II- Analyse des aspects structurels
            Nous allons aborder cette question en mettant l’accent  sur les nombreux dysfonctionnements notés à plusieurs niveaux  dans le pilotage du Système. A ce propos le scandale dans le concours de recrutement des maîtres en est une excellente illustration. Dans cette histoire il faut saluer les décisions  courageuses et responsables prises par le  Ministre de l’Education qui ont permis dans un premier temps de crever l’abcès en attendant que la Justice situe les responsabilités. Gageons que cette fois-ci, au moment où les  Assises de l’Education se déroulent, la Justice sera dite dans la plus grande impartialité et la plus grande régularité et que les responsabilités  seront déterminées. Combien de scandales sont restés dans l’impunité la plus totale ? Quelque fois ce sont les boucs émissaires qui dorment en prison sous le coup d’un mandat de dépôt qui s’éternise à l’infini. J’ai été un témoin dynamique du scandale des vacataires fictifs à l’Académie de Kolda et celui du détournement des reliquats pendant les années 2005 jusqu’à 2009. A l’époque on se rappelle des sanctions administratives prises à l’encontre d’un agent de la DAGE du Ministère de l’Education et de l’arrestation du billetteur de l’Inspection d’Académie de Kolda qui attend toujours son jugement. Je voudrais ici relever les dysfonctionnements que j’avais soulignés à l’époque en proposant des procédures administratives  de correction qui sont restées sans suite.  En 2008 pour dénicher les vacataires fictifs, j’avais proposé à l’attention de l’Académie un fichier comptable établissant le budget annuel du salaire de tout le personnel du Lycée (Voir extrait ci-dessous tableau I)  avec tous les renseignements d’identification de l’agent, son salaire annuel mettant ainsi le chef d’établissement devant ses responsabilités sur le personnel mis à sa disposition. A terme le projet d’établissement du Budget salaire établi localement devrait pouvoir renforcer l’autorité du Chef d’établissement sur son agent. Il permettra aussi d’évaluer le coût d’une journée de grève dans un établissement pour qu’en définitive une meilleure approche dans la sensibilisation puisse être élaborée. En conclusion de ce chapitre, il est peut être temps d’écouter un peu plus les chefs d’établissement en leur permettant de  jouer véritablement leurs rôles dans  le pilotage du système : ils sont présentement ravalés au rang de simples exécutants des directives prises par la hiérarchie. Pendant un passé assez récent, ils étaient interdits même de paroles et d’initiatives. Si nous étions suivis et appuyés dans ce Projet on n’aurait pas eu besoin de faire l’audit du personnel en 2013 qui a finalement révélé près de 2000 agents fictifs qui émargeaient sans coup férir dans le budget de l’Etat.
            Pour un pilotage rationnel et performant, les responsabilités des Chefs d’établissements devraient être étendues et renforcées pour donner de la cohérence, l’efficience et l’efficacité dans la gestion du personnel mis à leur disposition. Le Collectif des chefs d’établissement devrait pouvoir mener ce combat pour une valorisation de la fonction de Chef d’établissement. Le Collectif est un cadre de réflexion, d’échange  et de partage contribuant  ainsi à l’effort de construction nationale du système éducatif. Il participe à concevoir et élaborer des projets éducatifs permettant d’améliorer l’accès, la qualité et la gestion dans nos établissements respectifs. Dans le dispositif de pilotage du système éducatif, le chef d’établissement en est un maillon essentiel, un élément fédérateur et incontournable de la chaine. Cette position lui donne des responsabilités difficiles à assumer isolément. Voilà pourquoi un Collectif des chefs d’établissement est né. Il s’agit de mutualiser les compétences individuelles, de créer une synergie d’actions, d’adapter les orientations nationales aux stratégies régionales permettant de rendre le système plus efficace, plus efficient et plus attractif. Le Collectif doit pouvoir transmettre au niveau le plus haut de la hiérarchie les fortes vibrations que le système ressent dans les coins les plus reculés des CEM de proximité.
       Dans ce dossier des vacataires fictifs comme dans celui des reliquats, j’ai travaillé dans le sens d’une gestion transparente et rationnelle des ressources financières et éviter des suspicions à l’endroit de nos autorités de l’époque. Par rapport aux reliquats des vacataires, nous avions proposé à l’Académie la maquette d’un bulletin annuel du reliquat établi dans l’établissement d’origine du vacataire en l’impliquant directement dans la procédure. Il faut souligner que cette démarche avait été même suggérée par le DAGE qui avait publié les règles de calcul du reliquat et implicitement le mandat était donné aux chefs d’établissement d’accompagner les vacataires.
    Pour les besoins de la confidentialité j’ai éliminé les colonnes des prénoms et noms, des matricules et des indices. Ce travail a été réalisé par le service comptable du Lycée Ibou Diallo de Sédhiou. Il faut dire aussi que tout le personnel a adhéré au projet en acceptant de mettre à la disposition du service leurs bulletins de salaire. Si le Projet avait été agréé par l’autorité il était question de le prolonger dans la deuxième étape par la prise en compte des indemnités complémentaires particulièrement les heures supplémentaires et déplacements.  
contribution
contribution
contribution

 Dans le même cadre que l’évaluation du budget des salaires, nous avions aussi établi pour chacun de nos vacataires à l’époque un bulletin de reliquat qui a permis de déceler la différence entre ce qu’ils perçoivent et les montants calculés sur le bulletin. 

                       TABLEAU II : MAQUETTE D’UN BULLETIN POUR RELIQUAT

        PROJET DE BULLETIN DE RELIQUAT DU VACATAIRE 1 & ANNEE  SCOLAIRE 2006/2007

NOM   :

 

PRENOMS:

   

DICIPLINE :

             
 

AVANCES

RETENUES

NET PERÇU

NBRE H.

TAUX

SALAIRE BASE

MOIS

EFFECTUEES

TABASKI

DU MOIS

EFFECT.

HORAIRE

20H HEBDO.

 

 

 

 

 

 

 

OCTOBRE

0

0

0

0

1 506

0

NOVEMBRE

100 000

0

100 000

65

1 506

97 890

DECEMBRE

100 000

0

100 000

82

1 506

123 492

JANVIER

100 000

0

100 000

93

1 906

177 258

FEVRIER

100 000

10 000

90 000

80

1 906

152 480

MARS

110 000

10 000

100 000

87

1 906

165 822

AVRIL

110 000

10 000

100 000

86

1 906

163 916

MAI

110 000

10 000

100 000

92

1 906

175 352

JUIN

110 000

10 000

100 000

82

1 906

156 292

 

 

 

 

 

 

 

TOTAUX

840 000

50 000

790 000

667

 

1 212 502

   

 

 

 

 

 

RECAPITULATIF

CREDIT HOR.

667

 

IMPO.(7,2%)

94 575

AVANCE/SAL

840 000

SALAIRE BRUT

1 212 502

 

TRIMF

3 600

RELIQUAT

375 369

DOUZIEME

101 042

 

TOTAL IMPOS.

98 175

PERCUE

268 800

SOUS/TOT1

1 313 544

 

SOLDE 1

1 215 369

DIFFERENCE

106 569

               

 

Ce bulletin correspond à celui d’un vacataire qui a effectué 667 heures au total dans l’année scolaire. Il devrait percevoir un reliquat de 375369 FCFA mais il n’a perçu que 268800FCFA. En 2006/2007, le Lycée Ibou Diallo comptait quinze (15) vacataires et pour chacun d’eux un bulletin identique leur a été établi. En plus des bulletins, toutes les pièces justificatives  attestant de l’effectivité des heures susmentionnées ont été établies. Ce travail, nous l’avons fait pour défendre des principes de bonne gouvernance dans la gestion administrative et financière des ressources humaines et financières. Mais face au Pouvoir exorbitant des Inspecteurs d’Académie à l’époque, ils se croyaient tout permis et n’hésitaient pas à mettre au carreau toutes les personnes susceptibles de porter atteintes aux privilèges indus qu’ils percevaient sur le dos de ces pauvres vacataires. Dès lors  comment  peut-on demander à ces jeunes professeurs débutants dans la carrière de respecter les règles d’éthique et de déontologie dans l’exercice de leur responsabilité. Ils sont venus dans le marché de l’emploi sans formation professionnelle ignorant complètement les rudiments de la législation du travail. Les Chefs d’établissements, les Inspecteurs de l’Education, les Inspecteurs d’Académie devraient être des exemples, des modèles  pour eux. Mais malheureusement  certains parmi les chefs d’établissement,  les Inspecteurs et même les Directeurs nationaux ont déçu par leurs comportements indélicats.

 

Le tableau III donne un récapitulatif des reliquats des 15 vacataires de l’année 2005.2006 qui étaient en poste au Lycée et qui ont tous été spoliés de leurs droits. Par quel miracle pourrait-on restaurer le système ? Les Assises constituent une étape importante mais le plus difficile reste à faire. Comment faire prendre conscience à chacun de nous que notre avenir ou mieux notre devenir dépend de la performance, à tout point de vue, de notre système éducatif. Ce réveil de conscience est un impératif  et constitue l’étape la plus difficile à accomplir.  

contribution

J’ose espérer que les Assises de l’Education vont se pencher sur tous ces impairs pour proposer des corrections  dans le pilotage du système. Au sortir de ces Assises, le peuple sénégalais  voudrait voir émerger un nouveau type d’enseignant : celui-là qui regardera son élève avec les yeux d’un éducateur bienveillant, qui considérera ses connaissances comme un bien public et les mettra gracieusement à la disposition de tous ceux qui en auront besoin. Un nouveau type d’élève qui est conscient de son niveau et décidé à se remettre en cause en s’auto-évaluant pour s’approprier un état d’esprit apte à conquérir les merveilles de la connaissance et du savoir. Au dessus de l’élève et du maître, les Administrateurs scolaires devraient être les modèles de probité morale et intellectuelle, de compétence avérée dans le management. Dans cette chaine de valeurs intimement liées, les responsabilités des uns et des autres doivent être clairement définies en évitant la confusion et l’enlisement dans l’insubordination ou la subordination. Chacun doit être conscient de ce qu’il doit faire et s’en limiter à ses responsabilités et éviter d’empiéter sur celles des autres.

Dans ce pilotage, quelle doit être la place des parents d’élèves ? Que devrons-nous attendre des parents d’élèves dans cette refondation du système éducatif ? Ont-ils déjà évalué leurs responsabilités dans la crise ? Quels sont les impacts et les enjeux significatifs de leurs rôles dans le système ? Ces différentes questions concernant les parents d’élèves peuvent être formulées vis-à-vis des collectivités locales : quel est le sort réservé à l’éducation dans l’acte III de la décentralisation ? Les bourses scolaires vont-elles réapparaitre dans les paquets de services des collectivités ?  Est-il possible pour les collectivités de prendre en charge   la gratuité des fournitures scolaires y compris les tenues scolaires ? Voilà des questions essentielles auxquelles les Assises devraient trouver des réponses.

          Notre pays est connu pour la stabilité et la solidité de ses Institutions Républicaines fruit d’une longue et riche tradition démocratique. Le système éducatif en vigueur aujourd’hui et qui est diagnostiqué par les Assises de l’Education résulte des applications issues des recommandations des Etats Généraux de l’Education tenus en 1984 qui a sonné le glas de l’école élitiste héritée du colonialisme et qui a adopté la vision d’une Ecole Nationale, Démocratique et Populaire. Pour sa matérialisation et sa survie, cette école devrait être financée par les ressources propres du Budget national. Confronté à l’insuffisance des ressources propres, l’Etat a alors sollicité les financements extérieurs à travers le Programme Décennal de l’Education et de la Formation,  et d’autres Projets. De nombreuses réformes portant sur les institutions et les programmes d’enseignement sont intervenues mais dans  l’application des difficultés majeures et contraintes ralentissent le processus de mise en œuvre de ces changements. Je voudrais illustrer ces propos en prenant l’exemple du Décret N°337 du 16 mars 2000 portant création des Conseils de gestion dans les établissements d’enseignement moyen et secondaire général. Dans son application, les premières contraintes sont liées à l’interprétation du texte sur la classification des ressources additionnelles en fond public et la réglementation qui sied à leur utilisation. On se rappelle des conflits qui ont éclaté dans certains établissements entre les parents d’élèves et l’administration.

         Dans l’optique d’une refondation du système, la  réactualisation de ces textes pour les adapter aux réalités socio-économiques et socioculturelles est une impérieuse nécessité. Dans le même registre il s’agit  de faire un  toilettage systématique des textes obsolètes et désuets  qui ne répondent plus aux normes d’une gouvernance locale participative. Dans cette réforme en profondeur qui va remettre le système éducatif sur les rails de la performance et de la qualité, je voudrais insister particulièrement sur la révision des textes réglementaires  qui régissent le fonctionnement des services. Il est vraiment navrant de constater que le texte qui réglemente l’organisation des tests d’entrée date de 1992 alors que les attributions du Conseil de Gestion couvrent  l’organisation et le contrôle des activités pédagogiques et éducatives. Paradoxalement le Corps des Inspecteurs Vie Scolaire est spécialement créé pour visiter l’univers de ces textes réglementaires pour les réviser, les réactualiser et en proposer de nouveaux permettant d’avoir un dispositif réglementaire de qualité performant et valorisant. Il est vraiment temps que  ce corps d’élite  joue à fond la carte de la réflexion pour accélérer la cadence des réformes et ne pas se contenter de jouer le second rôle dans la traque des Chefs d’établissement. Sinon il risque d’attraper le virus de la paresse intellectuelle qui n’épargne plus personne dans le système.

Les Assises devraient aussi se pencher sur les enseignants politiciens qui sont regroupés dans les organisations informelles mais qui en réalité sont détenteurs de pouvoirs et de privilèges indus leur permettant d’exercer une autorité sur la marche du système. L’idée n’est pas d’interdire aux enseignants de faire la politique, mais aussi le système éducatif ne devrait pas servir d’escalier pour conforter des positions politiques. L’Etat devrait éviter de politiser une profession : on se rappelle que le Président Abdoulaye Wade a présidé une Conférence des enseignants de la Génération du concret et le Président Macky Sall en a fait aussi pour les enseignants qui se réclament de l’APR.  Dans la pratique ces enseignants qui se réclament du Parti au Pouvoir font croire aux populations qu’ils sont investis d’une mission officieuse de contrôle de l’administration scolaire. Pour éviter à l’avenir les conflits de compétence, les nouveaux textes qui seront pris et qui vont devoir réglementer le fonctionnement optimal de l’école devraient dépouiller les structures officielles de toutes ces organisations politiques parasites, nuisibles qui n’ont aucun apport significatif à la bonne marche du système. Ils sont complètement absorbés par la mise en œuvre de projets politiques au point d’oublier qu’ils sont enseignants ou éducateurs. Ils sont les véritables  agents incubateurs du virus de la paresse intellectuelle dans le système éducatif.

      En conclusion de cette deuxième partie, l’accent est mis sur les dysfonctionnements dans la coordination du pilotage du système trop centralisé. Pour un succès éclatant des réformes qui vont intervenir issues des recommandations des Assises de l’Education et de la Formation, les réticences notées ça et là nécessitent d’aplanir les points d’achoppements  pour un accord définitif et un engagement total de toutes les parties prenantes.

 

III- BANQUE D’IDEES POUR UNE SORTIE DE CRISES

 

         Pourquoi au Sénégal en général et particulièrement dans le Système éducatif, les scandales se répètent sans arrêt ? Pourquoi au Sénégal les corrompus et les corrupteurs sont des citoyens classés honorables et honorés ? Pourquoi au Sénégal la Patrie est une notion galvaudée et un concept creux que les politiciens utilisent dans l’unique but d’assouvir leurs instincts de domination ? Pourquoi au Sénégal la mystique du travail est un vain mot ? Pourquoi au Sénégal l’accent est mis sur nos différences plutôt que sur notre Identité? Pourquoi au Sénégal l’éthique est  perçue comme un défaut et non comme une qualité ?

          Les bonnes réponses à ces questions permettront d’avancer dans la recherche des solutions à la crise. Compte tenu de sa complexité et de sa profondeur, il est peut être prudent de procéder par palier pour garantir le succès de la démarche.

        Le premier palier doit être consacré au Pacte de stabilité prôné par les Assises de l’Education et de la Formation : il s’agit de réduire la fréquence des grèves au strict minimum et permettre au système de retrouver sa compétitivité et sa croissance.

       Eléments de contenus du Pacte :

Ø  Mise en place d’une Commission de rédaction du Pacte de stabilité

Ø  L’Etat doit respecter les accords qu’il a signés avec les syndicats en renégociant au besoin  les délais d’application.

Ø   Les syndicats observent une trêve de deux ans dans les grèves pour retrouver la stabilité dans le système et permettre une renégociation des délais d’application

Ø  Réorganisation du plateau syndical dans la limitation du nombre et dans leur structuration

Ø  Projet de Loi à l’Assemblée Nationale pour la réorganisation du  Mouvement syndical en limitant leur nombre, en les restructurant et en créant les conditions de paiement par les syndicats des  salaires des jours de grève de leurs membres.

    Le deuxième palier doit prendre en charge la restauration et la sauvegarde  de la bonne gouvernance en élaborant une charte de la bonne gouvernance.

Eléments de contenus de la Charte :

Ø  La restauration et la sauvegarde de l’Ethique et de la Déontologie dans le système éducatif. Il s’agit particulièrement de mettre en valeurs nos potentialités culturelles propres qui sont particulièrement riches et variées pour leur donner une dimension éducative moderne. Il s’agit aussi de faire connaître notre Pays et notre Nation au travers de ses symboles, emblèmes, hymnes, nos différentes ethnies et leurs cultures, notre histoire, nos figures emblématiques. La création de Club d’Education à la Vie Citoyenne dans tous les établissements scolaires pourrait prendre en charge la vulgarisation de ce volet de la charte.

Ø   Mise en place d’une commission de révision, réactualisation et reformulation des textes réglementaires en vue d’une adéquation avec les réalités socio-économiques et socioculturelles locales. Revoir la composition du Conseil de gestion et élargir ses compétences.

Faire un toilettage de tous les textes obsolètes et désuets.

      Le troisième palier sera consacré à la composante  formation et pédagogie :

 Eléments de contenus du volet formation et pédagogie :

Ø  Mise en place d’une commission formation et pédagogie

Ø  Régulariser tous les professeurs contractuels qui ont des problèmes d’intégration notamment les professeurs de philosophie avec des diplômes de sociologie

Ø  Ouvrir la section de la formation des professeurs dans le CRFPE, mais aussi celle des laborantins, des comptables matières, des gestionnaires et même des surveillants.

Ø  Permettre aux établissements de prendre en charge directement le volet formation continuée des professeurs.

Ø  Mise en place de cellules-classes (Voir les Termes de Références) ; chaque classe doit être à mesure de se doter d’un projet de classe et l’organisation par la classe d’un atelier d’évaluation des résultats de la classe. La cellule-classe aura en charge de combattre la paresse intellectuelle en mettant en œuvre un projet de recréation et revitalisation  de l’intelligence intellectuelle d’une masse critique.

Le quatrième palier a trait à la gestion du budget de fonctionnement des services. Il est établi que la très forte concentration de moyens dans les Inspections départementales et les Inspections d’Académies ont favorisé les dérapages et scandales qui ont eu lieu dans ses services. Il est venu le moment de poursuivre la politique de décentralisation des moyens au profit des établissements scolaires directement en renforçant leurs budgets.

    Eléments de contenus du volet budget de fonctionnement

Ø  Réaffecter le budget des déplacements, le carburant, les dépenses permanentes

Ø  Allocation d’un budget pour la formation continuée

Ø  Allocation d’un budget pour les Projets d’établissement

Ø  Définition, affectation et contrôle des ressources extrabudgétaires

 

    En résumé j’ai simplement voulu apporter et partager l’expérience que j’ai acquise dans l’exercice de mes responsabilités. Je voudrais aussi dire que j’ai la certitude que ce travail ne saurait être parfait. Je voulais certes le rendre utile, cohérent et acceptable par la description fidèle de la situation. J’ai le sentiment que nous dormons profondément d’un sommeil lourd, très lourd même et le réveil pourrait se révéler fatale pour notre système si rien n’est fait pour limiter les dégâts. Les Assises de l’Education et de la Formation peuvent être la lueur d’espoir de l’avenir du système éducatif et même peut être le signal fort qui installera définitivement l’Ethique dans la conscience individuelle et collective des sénégalaises et sénégalais qui auront sur leurs langues deux mots sacrés et mythiques : « Sénégalais Debout ».

 

Mamadou Daffe enseignant à la retraite

Téléphones : 776518169, 339950288

Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Président de GADEF (Groupe d’Appui au Développement, à l’Education et à la Formation)



PLAN DE COMMUNICATION SUR LA CRISE SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE

 

 

DOMAINES D’INTERVENTION

POINTS FORTS

POINTS FAIBLES

 

 

 

I

Introduction : définition du contexte

1-       Fraude au Concours du CRFPE

2-       Résultats faibles aux examens scolaires (31% au bac 2014)

3-       L’intervention des Forces de l’ordre à l’Université

4-       Les perturbations récurrentes

5-       La tenue des Assises de l’Education et de la Formation

1-Les recommandations des Assises

Ø  Le Pacte de stabilité

Ø  La charte de bonne gouvernance

Ø  Code de déontologie

Ø  Serment de l’enseignant

2-Existence d’accords signés

Ø  Paiement des indemnités avant le 30/11

Ø  Validation des années de contractualisation

1-Faiblesse des niveaux

Ø  Niveaux des apprenants

Ø  Niveaux de qualification des enseignants

Ø  La paresse intellectuelle

Ø  Inadéquation formation-emplois

 

 

 

 

 

 

II

 

 

 

 

1-Aspects conjoncturels de la crise   

 

Ø  Récurrence des grèves

Ø  Rétention des notes

Ø  Scandales à répétition

 

2-Aspects structurels  

 

Ø  Pilotage du système

Ø  Révision des textes : Lois, Décrets, Circulaires

Ø  Fonctionnalité des structures pédagogiques et de gestion (CGE, APE, Gouvernement scolaire, cellules, Clubs… etc)

Ø  Le budget de fonctionnement des Services

Ø  Equipement des établissements

1-Approche inclusive du dialogue social

Ø  Regroupement partiel autour du Grand Cadre

Ø  Implication des facilitateurs (FENAPES, COSYPED, les Religieux…)

Ø  Implication de la Présidence de la République dans les négociations

2- Volonté politique affichée pour le respect des engagements du Gouvernement

Ø  Déclaration du Président de la République et du Premier Ministre aux Assises de l’Education et de la Formation

Ø  Appel du Président au dialogue inclusif

 

 

1-Le non respect des accords

Ø  Accords sur les indemnités

Ø  Accords sur les salaires

Ø  Accords sur les avancements

Ø  Perspective de carrière pour certains agents

(professeurs de philo avec diplôme de sociologie etc )

Ø  Blocage dans la signature du Pacte de stabilité

2-La révision des textes réglementaires

Les Lois, les Décrets, les Circulaires

3-Facteurs de blocage de la fonctionnalité optimale des structures

4-Raréfaction des moyens (Insuffisance des budgets)

 

 

III

 

 

 

Esquisse d’un plan d’actions de sortie de crise

1-Pacte de stabilité

2-Bonne gouvernance

3-Formation et Pédagogie

4-Budget de fonctionnement

1-Respect des accords signés et des engagements

2-Restructuration dans le fonctionnement, la gestion et la gouvernance (Mise en place des Clubs Education à la Vie Citoyenne, des Cellules classes)

3-Elargir les compétences des CRFPE

4-Révision des budgets de fonctionnement

5-Comité de veille et d’alerte

1-Engagement conditionné des syndicats

2-Pesanteurs sociales (corruptions, tricherie, grossesses et mariages précoces,)

3- Faible implication de l’Assemblée Nationale et du Conseil économique et environnemental dans le processus du dialogue social