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Les dangers qui planent sur l’Ecole publique se sont, aujourd’hui, accentués du fait de la prolongation de la crise scolaire au niveau du moyen, second et élémentaire de notre système d’Education nationale.
Sont en cause, les revendications des enseignants liées aux « statuts », aux indemnités de logement et à la gestion démocratique du personnel.
Les syndicats d’enseignants viennent d’obtenir un gain historique, qui est la « titularisation des corps émergents », avec des rappels de salaire de 26 milliards prévus dans une Loi des Finances Rectificatives, en juillet 2015.
Cependant, la question de l’augmentation des indemnités de logement pour plus de justice sociale entre les agents de l’Etat de même catégorie, est encore non résolue, du fait des engagements pris par le gouvernement en matière d’équilibre budgétaire pour 2015.
Ces engagements prévoient « le blocage des indemnités, la non création de nouvelles, et le recrutement de nouveaux agents au prorata des départs à la retraite. »
Pourtant, ces engagements étaient connus des principales organisations syndicales des enseignants bien avant le vote, en Décembre 2014, de la Loi des Finances pour 2015.
Mais, plus préoccupés par les questions liées aux « statuts », ils ne s’étaient pas mobilisés pour éviter que l’Assemblée nationale n’entérine le projet d’équilibrage budgétaire proposé par le gouvernement.
Aujourd’hui qu’ils ont obtenu des avancées substantielles sur leurs revendications liées aux « statuts », à l’étape actuelle du calendrier scolaire, il leur faudrait un sursaut patriotique pour savoir qu’ils n’ont plus, pour ce qui reste de l’année scolaire, de marge de manœuvre pour se battre la sans compromettre, afin d’amener le gouvernement à modifier l’équilibre budgétaire voté par l’Assemblée nationale.
Un constat de désaccord sur la question de l’augmentation des indemnités de logement s’impose donc à eux, s’ils ne veulent pas sacrifier les études des enfants qui leur ont été confiés par des parents, aujourd’hui dans le désarroi.
Ce constat lucide devrait déboucher sur la fin de la grève et autres perturbation de ce qui reste pour l’année scolaire, pour créer les conditions de son sauvetage et de la mise en œuvre des acquis liés aux « statuts ».
Cette décision patriotique est attendue d’eux par toute la Nation.
D’autant plus que celle-ci est déjà fortement remontée contre leur usage d’une forme de lutte non conventionnelle qui consiste à « retenir les notes des compositions des élèves ».
Autant les syndicats d’enseignants ont droit de faire la grève des cours et des examens, autant ils l’ont pour les compositions. Mais nullement, ces droits ne les autorisent à « confisquer les notes des élèves » qui sont la propriété privée de ces derniers.
Ces « notes » ne sont ni la propriété de l’Etat ou de l’Ecole avec lesquels les enseignants sont en conflit, mais bien celles de l’élève que l’enseignant a fait subir une composition.
L’on assiste donc à une prise d’otage d’enfants, pour la plus part mineurs, que des parents leur ont confiées pour leur éducation.
Cela est d’autant plus inacceptable que cette prise d’otage est contraire à la morale et à l’étique de l’enseignant, mais aussi elle assimilable à un « délit de vol d’un bien d’autrui ».
Ainsi, le CUSEMS et le Grand Cadre devraient éviter que leur combat légitime pour plus de justice sociale à l’égard des enseignants, ne se fasse au dépends des droits aussi légitimes des enfants qui leur sont confiés, et de la défense de l’Ecole publique pour laquelle ils prétendent lutter.
Il est certain que sauver l’année scolaire ne signifie pas sauver l’Ecole publique, mais en sacrifiant l’une, l’on creuse une tombe pour l’autre.
Donc, le CUSEMS et le Grand Cadre devraient se rendre compte, qu’à l’heure actuelle, la bataille pour l’augmentation des indemnités de logement pour plus de justice sociale est encore devant nous, et aura plus de chance de réussite, si l’on en évite de sacrifier l’année scolaire encours.
Cette bataille, à la lumière du "pré-rapport" sur "le système indemnitaire et de rémunération des agents de l’Etat" qui sera publié en mai prochain, pourrait être reprise durant les vacances scolaires en perspectives de la Loi des Finances pour 2016, dont le projet sera soumis à l’Assemblée nationale dès Octobre prochain.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL /CDS
Dakar le 26 Avril 1015