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Les musiciens sénégalais ne sont-ils pas en train de se détourner du «mbalax» pur et connu des Sénégalais ? En tout cas, au vu des titres de certains artistes comme Viviane Chidid, Waly Seck, le groupe Maabo ou encore Fada Freddy, de nouveaux styles de musique comme l’Afrobeat envahissent la scène musicale. Si certains pensent qu’il s’agit juste pour les artistes de pouvoir exister au niveau international, d’autres quant à eux soutiennent l’enrichissement du « mbalax » où chacun peut le faire à sa manière. Cependant, nos interlocuteurs nous ont fait savoir que le « mbalax » est loin d’être en danger face à l’Afrobeat. Les férus de la musique ont peut-être fait la remarque dans les derniers albums de certains artistes Sénégalais.
Un style musical bien particulier à celui qu’on avait l’habitude de voir ou d’écouter est en train d’émerger. L’Afrobeat, «mélange de jazz, de highlife, de funk et de chant» qu’on voyait souvent interprété par les artistes nigérians ou autres, est emprunté par nos artistes. Le dernier en date, le nouveau morceau de Waly Ballago Seck intitulé « Faramareen », ou encore « C’est la vie » de Queen Biz, sans oublier d’autres morceaux de Viviane Chidid comme « Mariage forcé » ou « No stress ». En effet, outre l’Afrobeat, les « mbalaxmen » ont décidé de s’immiscer dans d’autres types de musique. Une manière que la journaliste Oumy Régina Sambou explique par le « souci de nos artistes de s’internationaliser ». Selon elle, le fait que beaucoup de musiques arrivent difficilement à percer dans le reste du monde en est la principale raison. «C’est juste qu’à un moment donné, les artistes se sont rendus compte de l’unité du mbalax qui est le genre musical qui définit le Sénégal même si à une certaine hégémonie, le mbalax dans sa version pure et dure ne se consomme pour la plupart qu’au Sénégal », a fait savoir la présidente de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs).
L’Afrobeat qu’elle définit comme un «mélange de tout et de n’importe quoi» est devenu la «nouvelle tendance» des artistes pour pouvoir donc exister au niveau international. Avec l’Afrobeat, la musique essaime un peu partout. «On a du mal à exporter le mbalax dans la plupart des zones d’Afrique et quand vous entendez la musique que ces artistes sont en train d’exporter, ça n’a absolument rien à voir avec le mbalax pur et dur qui reste dans nos murs et entre nous Sénégalais », a déclaré Oumy Régina Sambou. Toutefois, cette musique populaire du Nigéria choisie par nos artistes ne saurait anéantir le mbalax. Et le journaliste Alassane Cissé en est convaincu.
«Le mbalax n’est pas du tout menacé»
«De manière générale, le mbalax n’est pas du tout menacé », s’est-il contenté de dire. L’ancien chef de desk culture à Sud Quotidien ira même plus loin. Ce, en disant que faire de l’Afrobeat n’est qu’une façon d’enrichir le « mbalax ». « A mon avis, ce n’est qu’une richesse contrairement à ce que les gens pensent parce que le style mbalax doit être ouvert. Il peut être diversifié et dans le mbalax, il y’a différents styles », a affirmé Alassane Cissé. Il cite des artistes qui ont ajouté leurs styles au mbalax. « Salsa mbalax » pour Fatou Fall, « Rock mbalax » pour Demba Dia, « Jazz mbalax » pour Omar Péne et « Folk mbalax » pour Ismaila Lo. Mieux, dit-il, « Youssou Ndour fait du mbalax pur et dur et de temps en temps, il fait du mbalax soft ».
Etalant ses arguments, l’agent au ministère de la Culture dira qu’il faut laisser libre cours aux inspirations des artistes surtout que « l’Afrobeat vient de l’Afrique ». Non sans relever qu’il ne s’agit pas de copier une autre musique pour exister. Car, la « musique sénégalaise est internationale et d’ailleurs toutes les musiques sont internationales. C’est des questions d’émotion et de sensation parce que le mbalax peut intéresser des américains, des guadeloupéens. La musique de Ndiaga Mbaye peut ébranler des français parce que c’est de la création », a-t-il tenu à préciser. Sur cette question de menace ou non sur le « mbalax », Oumy Régina Sambou embouche la même trompette que son confrère. « Je ne trouve pas que le mbalax serait en danger, c’est juste une alternative au mbalax et qui peut être consommée par les couches populaires », dira-t-elle. Quoi qu’il en soit, l’Afrobeat qui porte l’empreinte des artistes nigérians, est devenu une musique très populaire dans le monde.
Mame Goor Diazaka, artiste : «LE MBALAX EST PLUS RICHE QUE L’AFROBEAT»
« Le mbalax ne serait jamais en danger. Parce que nous, on est né avec le mbalax. On l’a trouvé ici et on le laissera ici. La musique n’a pas de langue ni de couleur. C’est des sensations et des émotions. C’est peut-être que le monde est arrivé à un moment où les gens ont senti de faire de l’Afrobeat.
C’est Viviane Chidid qui l’a fait en premier, ensuite on a Waly Seck et d’autres. Bien vrai qu’ils sont en train de le faire, mais ils n’ont pas laissé ce qui est là (le mbalax). C’est un autre style qu’ils essaient seulement. Pour moi, aucune menace ne pèse sur le mbalax. Afrobeat, c’est pour l’international. Quand tu fais de l’Afrobeat, un européen pourra le danser, un nigérian aussi, les gens de la sous-région aussi. Le plus grand chanteur au Sénégal, c’est Youssou Ndour. Il joue tous les styles musicaux mais il est toujours resté mbalaxman.
L’Afrobeat n’est pas comme le mbalax parce que le mbalax a plusieurs façons. Il y’a la percussion, la voix, des claviers. Mais pour l’Afrobeat, tu vas juste dans l’internet, tu sors un beat, c’est facile. Ce n’est pas une musique extraordinaire comme le mbalax où tu utilises la kora, le xalam et d’autres instruments qui pourront faire sortir une sonorité. Le mbalax est plus riche que l’Afrobeat », soutient Mame Goor Diazaka.
SOURCE:http://www.sudonline.sn/quand-les-musiciens-decident-de-contourner-le-mbalax-authentique_a_37928.html