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Quelques jours après le retrait du livre controversé «Le coran et la culture grecque» du professeur Oumar Sankharé, le débat sur la censure refait encore surface au Sénégal avec les rumeurs portant interdiction du nouveau livre du colonel Abdoul Aziz Ndao, «Pour l’honneur de la Gendarmerie sénégalaise».
Il sera censuré, il ne le sera pas. A peine annoncé, le nouveau livre du colonel Abdoul Aziz Ndao, «Pour l’honneur de la Gendarmerie sénégalaise» suscite déjà pas mal de commentaires au sein de l’opinion publique sénégalaise.
Quatre jours seulement après la publication par le journal EnQuête des bonnes feuilles, le même quotidien dans sa parution d’hier revient à la charge, en titrant: «prête à tout». La question de la commercialisation de ce bouquin, considéré par certains acteurs de la vie politique nationale comme une bombe à retardement au sommet de la Gendarmerie, alimente les débats.
Pour certains observateurs, ce livre ne vise qu’à créer une cacophonie au sein de la gendarmerie. Ils estiment alors que l’Etat à le devoir de tirer au clair cette affaire, au regard de la gravité des faits évoqués. Notamment les accusations de corruption, d’escroquerie, de complicité avec le mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC, rébellion) que l’auteur, ancien haut commandant en second de la gendarmerie nationale, porte contre son ex-patron, le général Abdoulaye Fall.
Dans sa parution d’hier, mercredi 16 juillet, le journal Las, citant une source militaire, a indiqué que «la Douane aurait reçu des instructions pour interdire l’entrée du fameux livre au Sénégal». Toutefois, il faut rappeler que cette mesure n’a, jusqu’ici fait objet d’une confirmation ou d’une infirmation de la part des autorités étatiques.
Cette mesure rappelle également le règne d’Abdoulaye Wade. Qui, pendant douze ans s’est offusqué contre les critiques de la pensée libre, en tant que protecteur des arts. Pendant son règne, beaucoup de livres étaient frappés d’interdiction sur le territoire national. On peut citer, entre autres, les 4 livres du journaliste écrivain Abdoul Latif Coulibaly : «Wade, un opposant au pouvoir», «Contes et mécomptes de l’Anoci », Sénégal affaire Me Seye : «un meurtre sur commande», du journaliste écrivain Abdoul Latif Coulibaly ; «Wade-Mecum ou le Wadisme en 15 mots-clés de Fadel Dia»; L’immolation par le feu de la petite fille du président Wade : «crimes trahison et fin du régime libéral de Mame Marie Faye» ; Une succession en démocratie. Le Sénégal face à l’inattendu d’Abdoul Aziz Diop ; Le Sénégal sous Abdoulaye Wade: «Banqueroute, corruption et liberticide de Mandiaye Faye». La liste est loin d’être exhaustive.
Les professionnels en rang dispersés sur la question
Chez les bouquinistes la question de la censure est loin de faire l’unanimité. Les avis sont tout simplement partagés. Si certains considèrent la censure comme une atteinte à la liberté d’expression, voire même un déni de liberté d’expression de l’écrivain sénégalais, d’autres par contre soutiennent le contraire. Evoquant les risques de déstabilisations sociales, Julbert Faye et Maurice Sarr, libraires à Clairafrique, garantissent que la censure existe dans tous les pays du monde et à des degrés différents. «Le devoir d’un Etat, c’est de protéger à tout prix son climat de stabilité social. Cependant, on voit que certains ouvrages vont en l’encontre de cette cohésion. Même aux Etats-Unis, il y’a des documents qu’on ne laisse jamais circuler au nom de la paix sociale». «On ne peut pas, au nom de la liberté d’expression autoriser tous les ouvrages au Sénégal. Je peux vous assurer que l’Etat n’est pas le seul à faire de la censure. Nous, également, il arrive qu’on censure certains ouvrages qui sont contraires à notre déontologie. Vous ne verrez jamais un ouvrage qui s’attaque à la religion chrétienne ou encore des livres pornographiques dans les rayons de nos librairies», a renchéri pour sa part Maurice Sarr.
Contrairement à cette position des deux pensionnaires de la librairie Clairafrique, Khady Ndiaye de la librairie Athena, trouve cette restriction «absurde» et contraire à la «liberté d’expression». « Pour moi, cette mesure n’a pas sa raison d’être. On est dans une société où la liberté d’expression est garantie. Je ne vois pas, au nom de quoi, l’Etat doit censurer certains ouvrages. Très souvent, on voit la douane Sénégalaise bloquer les commandes de nouvelles publications à l’aéroport alors que les livres n’ont jamais été officiellement interdits au Sénégal, aucun arrêté n’a été prononcé. Nous-mêmes, avons été victimes de ce forfait. Jusqu’à l’heure où je vous parle, des livres sur le génocide rwandais que nous avions commandés dans le cadre de la commémoration de cet événement ont été confisqués par les soldats de l’économie, sous prétexte qu’ils sont sensibles. Car montrant l’implication de la France».
SOURCE :http://www.sudonline.sn/le-senegal-encore-a-l-epreuve-de-la-censure_a_20007.html