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Sénégal REFONDATION NATIONALE - Déclaration sur "Quelle Politique Linguistique ?"

CULTURE
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 Dans le cadre de ses activités, un groupe de citoyens sénégalais partageant sur Facebook et en présentiel un espace de discussions, s’est réuni à Dakar autour d’une réflexion de haut niveau sur la politique linguistique au Sénégal à la veille de l’ouverture des Assises de l’éducation et de la Formation.  Cet Atelier, tenu à Enda Tiers Monde les 26 et 27 août 2014 a impliqué les plus grands spécialistes des langues ainsi que des auteurs et écrivains de renommée mondiale.

Langue

 

NOUS, PARTICIPANTS A L’ATELIER « REFONDATION NATIONALE : QUELLE politique LINGUISTIQUE ? »

 

 

 

 

CONSIDERANT QUE

  • L’utilisation des langues maternelles et du milieu dans le fonctionnement des  institutions  ainsi que dans l’Enseignement est un droit inaliénable et permet une récupération de notre souveraineté et un meilleur fonctionnement de notre démocratie ;
  • L’apprentissage par les langues nationales est une condition de notre développement économique, culturel et social ;
  • Les langues nationales peuvent permettre de conjuguer l’unité et la diversité de la nation / consolider l’unité nationale dans la diversité linguistique ;
  • Une bonne gouvernance linguistique permet d’assurer cohésion sociale ;
  • La prise en compte de la diversité culturelle et linguistique permet de réaliser une intégration nationale conviviale pour chacun et pour tous ;
  • Les recherches sur les langues sénégalaises ont atteint un niveau de maturité permettant leur codification et leur vulgarisation ;
  • Des expériences de promotion et d’enseignement des langues nationales et une documentation fournie de ces expériences existent depuis plusieurs décennies ;
  • La promotion des langues nationales souffre d’un manque d’une volonté politique affirmée des décideurs ;
  • Les Assises nationales sur l’éducation, de même que la Réforme des politiques de décentralisation, constituent un moment propice d’inflexion positive de la politique linguistique.

RAPPELONS QUE :

  • Tout groupe sociolinguistique a droit à un enseignement qui permette à ses membres d’acquérir une connaissance des langues liées à leurs propres traditions culturelles ;
  • Les enseignements apprentissages dans la langue première (ou maternelle) sont à la fois plus efficaces et plus légitimes et permettent une meilleure appropriation et créativité en matière de sciences et techniques ;
  • Les matériaux existent déjà largement qui démontrant les capacités de nos langues africaines à véhiculer les contenus scientifiques, technologiques, etc. ;
  • La première priorité pour le développement, c’est de parler avec le citoyen, dans une langue qu’il comprend ;
  • Une meilleure interaction entre école et la vie est nécessaire et il n’y a pas de meilleure modalité telle que la valorisation de nos propres langues ;
  • Le plurilinguisme n’est pas un frein au développement économique encore moins une quelconque entrave à la performance de l’élève/étudiant dans son processus d’apprentissage ;
  • L’impérieuse nécessité de reconnaître le droit au multilinguisme et d’asseoir notre développement sur la promotion de nos langues nationales, et par-là la valorisation de notre culture et l’affermissement de notre identité ; ceci comme une base solide pour se déployer dans et à travers le monde ;
  • Etc.

 

APPELONS A :

-          L’ouverture d’un dialogue politique et citoyen élargi, inclusif et structuré, pour faciliter les décisions politiques à propos du statut des diverses langues nationales, de façon à concurremment promouvoir le pluralisme linguistique et l’intégration nationale.

 

RECOMMANDONS :

a)      Le respect des engagements pris par notre pays avec la signature de la convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle, par une mise en œuvre efficiente de celle-ci et un suivi-évaluation régulier ;

b)      La mise en place d’une  politique linguistique, garante du respect de la pluralité linguistique, contribuer au renforcement de l’intégration nationale, favoriser émergence économique, politique, culturelle ;

c)       Inscrire dans la constitution la promotion des langues nationales comme langue officielles, utilisées dans l’administration, les transactions économiques, etc. ;

d)      Réformer le système éducatif de façon à rendre systématique l’enseignement de la langue première (ou maternelle) pour tout élève, puis progressivement la langue du milieu, la(les)  langues nationales, les langues africaines et d’autres langues étrangères ;

e)      Amener l’Etat à jouer un rôle régulateur assez affirmé dans la normalisation et la validation des initiatives de codification des langues nationales ;

f)       Assurer une dotation suffisante en ressources humaines, financières, moyens didactiques, etc., aux innovations concernant les langues nationales dans le cadre de l’expérimentation du nouveau curriculum de l’éducation de base ;

g)      Accompagner la mise à l’échelle des expériences concluantes en matière d’introduction des langues nationales dans le système éducatif (cycle fondamental), mais aussi dans le renouvellement de la didactique des langues par des approches innovantes culturelles mieux ancrées ;

h)      Exploiter les opportunités actuelles pour l’intégration de nos langues dans les systèmes informatiques ;

i)        Mettre en place une Commission de normalisation et veiller au respect des systèmes orthographiques des langues nationales dans l’Administration, la Presse, les panneaux et spots publicitaires, etc. ;

j)        Développer une politique hardie d’édition et de diffusion des productions en langues nationales ;

k)      Veiller à l’inclusion des daaras dans les nouvelles stratégies de promotion des langues nationales.

 

Par y arriver, il faudrait notamment:

a)      Mener une étude pluridisciplinaire sérieuse faisant le point sur la situation linguistique du Sénégal pour aider à trouver des bases solides à la classification, codification et recensement des langues et communautés,

b)      Travailler à une meilleure accessibilité des productions en langues nationales au niveau du grand public,

c)       Introduire l’enseignement bilingue (langue nationale/français) dans des lycées pilotes, en enseignant les matières scientifiques dans les langues nationales (à l’aide de manuels conçus dans ces langues),

d)      Assurer un suivi-évaluation des expérimentations et réformes curriculaires au plan scientifique, avec sérieux et régularité,

e)      Relever le défi de l’information en menant des activités de sensibilisation et d’information des populations sur l’état d’avancement des travaux sur la promotion des langues et les emmener à exiger des candidats aux élections présidentielles de décliner leur politique linguistique,

f)       Promouvoir une presse écrite en langue nationale,

g)      Faire un usage approprié des technologies de l’information et de la communication pour améliorer l’apprentissage des langues nationales,

h)      Evaluer constamment le niveau d’effectivité des droits linguistiques, etc., et engager des actions de recours pour mieux affirmer la responsabilité des acteurs étatiques.

 

Fait à Dakar, le 26 août 2014

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