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ENQUÊTES - Pratiques du lévirat et du sororat : Des facteurs de propagation du Vih / Sida à Kédougou

CULTURE
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S’il est vrai que le lévirat et le sororat sont deux pratiques liées à notre  héritage traditionnel, culturel et recommandées dans le but d’améliorer la qualité du tissu social d’une part et d’autre part, de garantir l’assurance d’une pérennisation dans la prise en charge des enfants du défunt ou de la défunte, ces pratiques peuvent néanmoins avoir des inconvénients sur le foyer et à plus grande échelle sur la société. Dans des régions comme Kédougou, par exemple, ces pratiques sont citées comme l’un des principaux facteurs de propagation du Vih/Sida.

20,90% et 14,90%, c’est respectivement les taux de prévalence du lévirat et du sororat à Kédougou. Pour ce qui est du département de Salémata, les deux pratiques réunies font 29,20%, alors que pour le département de Saraya, le taux de prévalence du sororat est de 22,60% et 19,40% pour le lévirat. Ces taux sont assez illustratifs de l’importance de ces pratiques culturelles au sein de la société et leur rôle dans la forte propagation de la pandémie du Sida. 
Selon une enquête de l’Eds, les prévalences les plus élevées se trouvent dans les  régions du sud-est à l’image de Kédougou (2,5% pour les femmes et 0,7% pour les hommes). C’est pourquoi, dans la cadre de la réponse contre le Vih/Sida dans une région frontalière comme Kédougou et de surcroît minière avec la prolifération sauvage des sites d’orpaillage traditionnels, il urge de prendre les décisions idoines pour freiner ces pratiques, quoique ancrées dans notre société. 
En fait, le lévirat est le remariage d’une veuve avec le frère de son mari. Alors que, le sororat est le remariage d’un veuf avec la sœur de son épouse. Ces pratiques coutumières, léguées par les ancêtres dans certaines communautés, sont vivement conseillées en cas de décès d’un des conjoints. Elles sont le plus souvent recommandées en vue d’améliorer les relations parentales, mais surtout la garantie d’une pérennisation dans la prise en charge des enfants du défunt ou de la défunte.
Même si ces pratiques sont recommandées dans certains peuples, dans la pratique, le lévirat se fait sous diverses formes. En effet, d’après la loi hébraïque, il est l’union entre un homme et la veuve de son frère, mort sans enfant. Cela se fait dans le but de perpétuer le nom du défunt et assurer la transmission du patrimoine. Cependant, tel peut ne pas être toujours le cas, notamment dans les sociétés africaines. Ce type particulier de mariage est une pratique coutumière, selon laquelle une veuve, ayant ou non des enfants, épouse le frère de son défunt mari. Dans certains cas, la pratique est souvent forcée. C’est ce qui l’assimile au mariage forcé et même quelques fois au mariage précoce. Le lévirat est la plupart du temps combiné à la polygamie, recommandée par la religion musulmane.

L’excision, la scarification, la prostitution aussi indexées
Si pour le secteur de la santé, notamment le Conseil national de lutte contre le Sida établi à Kédougou, le lévirat est un vecteur de transmission du Vih/Sida, tel n’est pas le cas pour certaines populations, très ancrées dans les us et coutumes, légués par les ancêtres. Pour ces dernières, le lévirat présente des avantages et est un stabilisateur social. Mariama Bâ, âgée de 42 ans est mère de 4 enfants. Les deux sont issus de son remariage avec le frère de son défunt époux. Cette habitante de Sinthiouroudji, village situé à quel­ques encablures de la commune de Kédougou raconte qu’elle s’est mariée très jeune : «J’ai eu 2 enfants avec mon premier époux avant d’être reprise par son frère.» Très en phase avec les pratiques anciennes, elle brocarde : «Je me suis soumise quant on m’a demandé de prendre le frère de mon défunt mari pour l’éducation de ses enfants.» 
Dans une interview dans la presse locale, l’ancien sous-préfet de l’arrondissement de Dakatély, disait qu’il est fréquent de constater qu’au niveau de chaque famille à Dakatély, il y a une femme qui a été mariée par le frère de son défunt époux et vice versa. Et malgré la menace que ces pratiques constituent sur la santé des populations, elles sont acceptées par certaines communautés conservatrices à Kédougou, notamment chez les peuls et se font sans problème. Les populations vivent ces pratiques sans problème en dépit de l’alerte des agents de santé et des acteurs qui luttent contre la pandémie du Vih/Sida. Dans ce registre, l’ancien sous préfet de Dakatély, M. Kandji faisait remarquer que : «Nous sommes en Afrique et que toute société à des règles sociales. Si les gens se font des codes de conduite qui sont acceptés par la communauté et créent la stabilité au sein de la même société, ils deviennent un régulateur social et la situation devient un mal nécessaire.»
En tout état de cause, ces pratiques socioculturelles sont des écueils auxquels le secteur de la santé est confronté dans le cadre de la réponse au Vih/Sida, dans une région frontalière comme Kédougou. Même si les avis sont partagés sur la question, la constance est que les forces doivent être combinées pour mettre un trait à cette pandémie. Ce, d’autant que dans le rapport de restitution de la vulnérabilité de la région de Kédougou fait au mois de mai dernier par l’unité du Cnls / Kédougou, les acteurs ont désigné le lévirat/sororat, l’excision, la scarification, la prostitution entre autres, comme étant les principaux facteurs de propagation de la maladie à Kédougou.

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Correspondant à Kédougou

source:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/34880-enqu%C3%AAtes-pratiques-du-l%C3%A9virat-et-du-sororat--des-facteurs-de-propagation-du-vih---sida-%C3%A0-k%C3%A9dougou