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L’OBS – Comme beaucoup de pèlerins, les envoyés spéciaux du Groupe Futurs Médias ont enduré les dures épreuves du Haj. En compagnie du reporter de l’Obs, Mamadou Seck, Barka Ba de la Tfm raconte dans le récit suivant, le long chemin de croix que fut leur voyage, de la ville de Mouna à La Mecque.
Mamadou Seck, l’envoyé spécial du journal L’Observateur, un obsédé des scoops, est un spécialiste des bons plans. Il a été ainsi surnommé par Ndatté Diop, l’envoyé spécial de la RFM, « le Gouverneur de Sara Mansour », du nom d’un quartier pauvre de La Mecque promis à la démolition, où se concentre une population d’immigrés, en majorité des Nigérians.
Dans ce capharnaüm improbable, Seck, en un temps record, a réussi la prouesse de se faire des amis. Des gars à qui on ne donnerait pas, a priori, le bon Dieu sans confession, mais qui se révèleront être de bons tuyaux. Chaque nuit, il entame à Sara Mansour une sorte de « tournée d’inspection ». Ramenant à chaque fois de ses mystérieuses virées nocturnes, des anecdotes qui nous font rigoler à nous fendre la rate. Au risque d’attraper une intoxication alimentaire, il a ainsi réussi à me convaincre de déguster un « dibi » au cœur de son « gouvernorat ». Une grillade de viande de bœuf au clair de lune dans un taudis de Sara Mansour tenu par des Haoussas, qui m’a rappelé furieusement les échoppes de fortune des « Maïga » de mon quartier natal. Avec Seck, nous n’en étions pas à notre première folie.
A Mouna, une des étapes les plus éprouvantes pour les pèlerins, évitant de justesse à chaque pas mal assuré de nous rompre les os, nous étions parvenus à escalader une montagne qui surplombe cette ville. Donnant une vue magnifique sur le campement fait de bâches à la forme conique qui, de loin, font penser à des soucoupes volantes. Dans ce sommet qui donne le vertige, nous avions éprouvé la même sensation que Sir Edmund Hillary et son sherpa, Tensing Norga, quand ils atteignirent les hauteurs de l’Everest. Comme compagnons de cordée, nous avons des pèlerins yéménites. Très chaleureux, ces rugueux montagnards, qui campent là à la belle étoile sur des nattes de fortune, nous invitent gentiment à casser la croûte. Miracle de la mondialisation, dans un anglais plus proche du sabir que de l’accent d’Oxford, nous échangeons même avec eux nos coordonnées via Facebook. Le lendemain, on doit procéder à la troisième et dernière séance de lapidation de Satan, communément appelée « Jamarat« . Après ce rituel, ce sera la ruée vers les voitures en direction de la Kaaba et avec les dizaines de milliers de pèlerins qui empruntent le tunnel qui y conduit, ce sera, si l’on ose dire, la croix et la bannière pour trouver une place.
Donc quand le « Gouverneur » me propose son nouveau coup de poker pour rallier La Mecque, je me fie à sa débrouillardise. Nous décidons de partir tôt le matin pour éviter le soleil de plomb qui transforme les cerveaux en chaudières. Au bout d’une vingtaine de minutes, en compagnie des inévitables pèlerins indonésiens, toujours disciplinés, marchant silencieusement en bon ordre, nous arrivons dans le fameux tunnel où se dressent les trois murs où chaque pèlerin doit lancer sept cailloux contre Satan. Théâtre de drames à répétition, souvent dus à des bousculades qui ont fait des centaines de morts il y a quelques décennies, le tunnel de la Jamarat est devenu un vaste chantier où le gouvernement saoudien a investi des milliards de dollars pour contenir le flux toujours croissant de candidats au pèlerinage. Avec comme point d’orgue, un métro électrique ultra moderne. Mais en phase test pour l’heure, cette ligne n’est empruntée que par les Saoudiens et quelques ressortissants de pays arabes triés sur le volet.
« Haram! Haram! »
Indiquant la direction de la Kaaba, dans un charivari indescriptible, les chauffeurs et leurs rabatteurs, qui n’ont rien à envier à nos « coxeurs », essaient d’embarquer le maximum de clients, criant à tue-tête « Haram! Haram! » Mais à 50 rials (environ 7000FCFA) le tarif, pour une distance à peine de 15 kilomètres, ça sent l’exploitation à plein nez. Seck et moi, nous essayons du côté des conducteurs de motos « Jakarta », pas les moins excités. Mais en voyant la manière dont ils conduisent leurs engins, se prenant pour des Mad Max, on y réfléchit à deux fois. On se dit qu’il y a quand même une manière un peu plus glorieuse de tirer sa révérence aux lieux saints que de mourir à La Mecque en tombant d’un « Jakarta ». Il est 6 h. Les premiers rayons du soleil commencent à mordre. La foule grossit à vue d’œil et il devient encore plus ardu de trouver une place libre. Reste une seule solution : monter sur le toit des minibus, mode de déplacement préférée des pèlerins du sous-continent indien, qui paient ainsi un tarif réduit. Si on ne veut pas arriver à la Kaaba sur les jantes comme lors de notre première lapidation, il ne reste plus que cette solution qui rappelle les « Njembët » du Magal de Touba ou du Maouloud. Par chance, le toit de notre véhicule n’est occupé que par un jeune Pakistanais. Tout en nous agrippant solidement au porte-bagage, nous engageons rapidement la conversation avec Youssef. Originaire de Peshawar, à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, ce jeune homme de 23 ans travaille dans le bâtiment en Arabie saoudite, comme beaucoup de ses compatriotes émigrés. A chaque coup de volant de notre irascible chauffeur, qui lance en arabe des noms d’oiseaux à chaque fois qu’un autre conducteur tente de le doubler, nous manquons de peu de tomber. La trouille au ventre, on essaie pourtant de crâner en immortalisant par Youssef notre abracadabrantesque virée avec nos smartphones. Au bout de 20 minutes qui paraîssent interminables, les superbes minarets de la grande mosquée de la Kaaba pointent à l’horizon. Terminus, tout le monde descend. «Ma chaallah!»
BARKA BA
source: http://www.gfm.sn/de-mouna-a-la-mecque-en-njembet/