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Ven, Nov

Hommage à Samir Amin chemin de foi d’un infatigable «prolétaire»

CULTURE
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Samir Amin   Il y a deux jours, les «samedis de l’économie» rendaient hommage à Samir Amin, «l’un des plus brillants et des plus influents économistes du Sud des 50 dernières années». L’initiative est de l’Africaine de Recherche et de Coopération pour l’Appui au Développement endogène (ARCADE), aux côtés de la Fondation Rosa Luxembourg. Samir Amin est un franco-égyptien vivant à Dakar au Sénégal et qui, à 83 ans, n’a pas renoncé à lutter «pour l’émancipation politique, économique et intellectuelle du Sud». Au cours de cette cérémonie, l’on a surtout rendu hommage à un homme qui croit profondément au socialisme et qui incarne l’espoir, un ennemi du capitalisme et de l’eurocentrisme, un esprit libre qui n’aime pas les cloisonnements.  

 

Il est de coutume que l’on rende hommage à des personnes défuntes, hommage posthume à quelqu’un qui n’est plus de ce monde, parti trop tôt ou éternel immortel. Il y avait donc quelque chose d’à la fois cocasse et peu courant, parce que samedi 25 octobre, Samir Amin était bien présent dans cette salle de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) où l’on parlait de lui, en bien…Mais comme s’il n’était pas vraiment là par moments. 

 

 
 
A 83 ans et une toux rebelle dans la voix, ses convictions n’ont pas pris une ride. Il faut dire qu’il lui a sans doute fallu beaucoup d’audace- c’est un mot qui lui est cher- «pour s’affirmer socialiste, communiste, dans un monde où les anciens marxistes rasent les murs, parce que c’est passé de mode». C’est du moins ce qu’en pense Dr Bernard Founou, un collaborateur de Samir Amin, puisqu’il est membre, comme lui, (Samir Amin en est le directeur) du Forum du Tiers-Monde (FTM). Mais, il connaît tout aussi bien Samir Amin l’écrivain, auteur de près d’une trentaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’articles. Par exemple, c’est en lisant Itinéraire intellectuel (1990), un texte autobiographique, qu’il apprend que Samir Amin a lu Karl Marx au lycée déjà, et «dans un univers familial plutôt libéral ». Il lui a aussi fallu «de l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace», comme dirait Samir Amin lui-même, «pour devenir communiste dans une société égyptienne dominée par le nationalisme et le culturalisme islamique ». Ou alors, «pour dire aux Européens qu’ils n’étaient pas le centre du monde ».
 
 On retrouve justement dans sa pensée les notions de Centre et de Périphérie. Si le Centre est plutôt capitaliste, riche et dominateur, la Périphérie concerne surtout les pays pauvres et dominés, ceux du Sud en général. Samedi, Samir Amin n’a pas trahi les idées qu’il a toujours défendues. Il dit par exemple, que si les pays «sous-développés sont en retard, (que) s’ils sont du mal à rattraper ceux du Centre», c’est que le modèle capitaliste, malgré ce qu’en dit une certaine «idéologie dominante»,  n’est pas la seule voie de développement pour tous les peuples. Ce serait plutôt «une impasse (…), un système décadent et pas viable » qui a montré ses limites et qui n’a plus rien à offrir. 
 
C’est un frein qui bride les pays « périphériques », les empêchant de migrer vers le « Centre ». Parce qu’il ne leur correspond pas, tout simplement. La seule voie selon Samir Amin, c’est le socialisme, synonyme chez lui de «niveau de développement avancé». A un capitalisme sénile et moribond, il oppose la civilisation du socialisme.
 
Au-delà du discours et du combat, l’économiste Ndongo Samba Sylla, de la Fondation Rosa Luxembourg, s’est surtout laissé séduire par l’homme Samir Amin, fasciné qu’il est par ce qu’il appelle «son indiscipline». Parce qu’il va au-delà des cloisonnements, refusant de s’enfermer dans une discipline scientifique comme dans une camisole de force, et parce que ce serait même réducteur de n’en faire qu’un «économiste». 
 
Demba Moussa Dembélé, membre d’Arcade, parle, lui, d’un homme que la vie n’a pas changé et qui est demeuré fidèle à ses convictions idéologiques et intellectuelles, apportant toujours son soutien à «toutes les formes progressistes et anti-impérialistes ». De lui toujours, Dr Ebrima Sall du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) dira qu’il est tout sauf «un penseur de salon». Aux yeux de quelqu’un comme Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), le discours de Samir Amin  est «une contribution à la nécessité de poursuivre le combat et de se dire que c’est possible ».
 
Nombreux sont ceux qui ont tenu à être présents à ce moment-là : autorités de l’UCAD et hommes politiques, intellectuels et syndicats, membres du mouvement social et membres du corps diplomatique etc. Au cours de cette cérémonie d’hommage, Samir Amin est resté assez imperturbable, même s’il s’est dit très ému. A quelques rares occasions on lui arrachera quelques hochements de tête et même quelques éclats de rire. Ce sera le cas par exemple lorsque Dr Ebrima Sall citera un professeur qui s’adressait à ses élèves en ces termes : «Vous avez entendu parler de Samir Amin…Alors vous avez la chance de le rencontrer, allez le toucher. »
 
source: http://www.sudonline.sn/chemin-de-foi-d-un-infatigable-proletaire_a_21373.html