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Le tata de Maba Diakhou Ba et les mégalithiques de Sine Ngayenne des sites historiques livres à eux-mêmes

CULTURE
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 culture Le tata de Maba Diakhou Ba et les mégalithes de Sine Ngayenne font partie du riche patrimoine du Nioro. Ces édifices bien que classés patrimoine national et mondial ne sont pas bien entretenus. Compte rendu d’une visite organisée dans le cadre de la troisième édition du festival Ciné Rip.

Les sites mégalithiques de Sine Ngayenne, patrimoine mondial en détresse 
 
Bien que classé patrimoine de l’humanité, le site des mégalithes de Sine Ngayenne n’a pas de faveur particulière due à son statut. Hormis la clôture des lieux, la délimitation des tombeaux par de grosses pierres rouges et une petite chambre qui sert de musée, rien d’autre n’est visible sur les lieux à part de hautes herbes et des baobabs.   

 

Le sort du conservateur, El Hadji Guèye, n’est lui non plus pas des plus enviables. Son salaire n’est que de 20000 F Cfa, et il est quand même resté 9 mois sans percevoir son  argent. Pourtant, raconte-t-il, l’Etat s’était engagé à lui verser un salaire mensuel… « Après que le site a été classé patrimoine de l’Unesco et après son inauguration par le ministre de la Culture et de la Francophonie, Serigne Modou Bousso Lèye. En 2008, l’Etat s’était engagé à (lui) verser un salaire à chaque fin de mois ».  De cet espoir il ne reste que désolation. El Hadji Guèye, la cinquantaine, traine une main enflée, un fardeau qu’il est obligé d’allier à ses travaux champêtres, son moyen de survie. S’il travaille encore pour le site, c’est parce qu’il est attaché aux  mégalithes.
 
Le site des mégalithes de Sine Ngayenne, classé patrimoine de l’Unesco, aurait fonctionné sur environ deux millénaires et demi, soit près de 3000 ans avant J.C. Il abrite des tombes dont la plus célèbre est appelée « la tombe du roi ». Les mégalithes de Sine Ngayenne sont des vestiges qui ont souvent étonné les visiteurs qui les ont examinés, parce que savamment taillés et érigés sous forme de cercles ou autres alignements.  Le périmètre du site est estimé à un millier de mètres. Sine Ngayenne est le plus grand site mégalithique du Sénégal avec 52 cercles inventoriés. Trois cercles ont été fouillés par G. Thilmans et C. Descamps, portant les numéros 32, 25 et 28. La fouille des cercles mégalithiques a permis de constater une opposition entre les inhumations centrales profondes et les inhumations périphériques superficielles. La disposition des corps est souvent anarchique, même si on constate certaines constances comme l’hyperflexion des jambes ou la position en losange, pieds joints et genoux écartés. L’inhumation collective et simultanée des cercles mégalithiques fait penser à des sacrifices humains. Les corps sont jetés dans une fosse circulaire, membres supérieurs et inférieurs apparemment liés. 
 
Sine Ngayenne, après un voyage pénible
 
Rallier les sites mégalithiques de Sine Ngayenne est un véritable parcours du combattant.  A seulement 21 km de la ville de Nioro, il faut deux tours d’horloge pour accéder au site. Les véhicules assurant la desserte entre Sine Ngayenne, les villages environnants et Nioro, arpentent un goudron crevassé. Une voie du reste meilleure que la piste sablonneuse qui dicte sa loi aux moyens de locomotion  qui « dansent » suivant son rythme. 
 
Tantôt heurtées par les arbres qui bordent les voies sablonneuses,  les voitures se perdent dans ce décor, impitoyable pour les pneus.  La piste latéritique en profite pour imposer sa couleur rouge aux arbres et aux passagers blottis dans un véhicule dont on ressent vivement les moindres mouvements. Les voies presque identiques font perdre le nord au «GPS » ou au guide, qui se vantait pourtant de sa maitrise de la zone. S’engouffrant péniblement dans une piste latéritique, la voiture dépasse  les villages  de Pakane,  Senthiou Mamou Ndary, Keur Ibrahima Touré. En ces lieux, le décor est le même. 
 
Des amas de foins d’arachides attendent les mains vigoureuses des hommes, des femmes de tout âge, qui assiettes en main séparent les graines d’arachides du foin. Les bambins, eux, sont laissés à eux-mêmes et pieds nus, à la merci des épines. On croise aussi parfois des femmes qui reviennent des champs, leur charge sur la tête. Des cases en toit de chaume, entourées de palissades servent de domiciles, des branches d’arbres transformées en bancs accueillent des personnes âgées qui se réfugient à l’ombre des arbres pour se protéger des rayons du soleil. Le vrombissement de la voiture pousse  les enfants hors des maisons. 
 
Le Tata de Maba Diakhou Ba dans l’oubli
 
Le tata de Maba Diakhou Ba, patrimoine national est en ruine. Des différentes bâtisses il ne reste quasiment que des débris qui ont su tenir tête au temps.  Le lieu niché près de la place publique de Nioro est devenu le point de retrouvailles des animaux en divagation. La saison des pluies favorisant le développement des herbes sauvages, serpents et autres reptiles ont fait des restes des murs leur refuge. La seule place du legs de l’Almamy du Rip, encore fréquentée est la mosquée dont un  de ses petits-fils Ndiogou Ba,  révèle qu’elle a été réhabilitée à trois reprises par les descendants du guide. A défaut d’un musée, les souvenirs de Maba Diakhou Ba, ses objets personnels ainsi que son armement ont été conservés dans son village natal. Seuls ses canons de guerres sont gardés à Nioro par un de ses petits-fils, Ndiogou Ba. 

source: http://www.sudonline.sn/des-sites-historiques-livres-a-eux-memes_a_21842.html