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Ven, Nov

Remise du trophée Aime Cesaire à des poètes en herbe écrire s’apprend par le nez…dans les bouquins

CULTURE
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culture   L’Association sénégalaise des professeurs de français remettait hier jeudi 27 novembre au Grand Théâtre National le Trophée Aimée Césaire à de jeunes poètes encore élèves. Les lauréats de la dictée sms organisée la veille sont aussi repartis heureux et comblés. Surtout qu’ils ont eu la chance de rencontrer le poète Henri Lopes, auteur d’une œuvre, le Pleurer-rire, que certains d’entre eux ont au programme de cette année scolaire.,

Dans quelques années, vous verrez peut-être leurs noms sur un recueil de poésie, à moins que d’autres muses les appellent. Peut-être même qu’ils écriront à plusieurs, qui sait ?  

 

Mame Coumba Sankharé, Assamaw Bâ et Maïmouna Diop sont les trois lauréats du Trophée Aimé Césaire que l’Association sénégalaise des professeurs de français remettait à ses «Poètes en herbe au service de la Francophonie». Car c’est ainsi qu’on les appelle, sans doute parce qu’ils sont encore à l’école. Mame Coumba est en 3ème au Collège d’Enseignement Moyen (CEM) Moustapha Ndiaye de Kaolack, Assamaw Ba en classe de première au Lycée Mixte Maurice Delafosse. Maïmouna Diop est en première elle aussi, à la Maison d’Education Mariama Bâ de Gorée. Dans l’après-midi d’hier jeudi 27 novembre, c’est dans la grande salle du Grand Théâtre National qu’ils ont reçu tous les honneurs. 

 

 
 
Lors de cette après-midi, ils ont aussi eu la visite d’un invité surprise, quelqu’un qui ne s’attendait pas à repartir les mains pleines de cadeaux. L’écrivain Henri Lopes était le parrain de ce trophée, même s’il faut préciser qu’Henri Lopes lui-même porte une autre casquette, car il est l’un des candidats à la succession d’Abdou Diouf au poste de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Sa «double vie» comme il dit n’a rien de contradictoire quand il pense que Senghor et Césaire ont su être les deux : écrivain et homme public. Mais c’est l’écrivain qui s’est adressé aux jeunes élèves présents dans la salle. Pour écrire dit-il, il n’y a point  d’autre secret que la lecture.
 
Une dictée… sms
 
Certains d’entre eux l’avaient sans doute bien compris, lorsqu’ils se rendaient au Grand Théâtre. Puisque ce sont eux les lauréats d’une dictée bien particulière, la dictée sms. Adja Ndèye Khoury Diack a seulement 11 ans, mais c’est une grande. Elève en classe de 5e à la Maison d’Education Mariama Bâ, elle n’a fait que deux fautes, sur un texte de seconde, extrait du Père Goriot d’Honoré de Balzac. Ce fameux passage où l’auteur décrit Madame Vauquer, la dame qui tient la pension où vit le personnage éponyme du roman. Betty Sira Habib Diagne, élève de première au Lycée Seydina Limamoulaye, décroche le 2e prix. 
 
Le principe de cette dictée est à la fois simple et original, explique Madame Mbengue Aïssatou Bâ, membre du Réseau des professeurs de français pour l’éducation des filles et la formation des femmes en Afrique (REPROF-EFFA). «Le but du jeu consistait pour les élèves à traduire ce qu’ils entendent en langage sms. L’essentiel étant de respecter la phonétique en mettant le moins de signes possible», tout en se montrant créatif. 
 
L’exercice s’inspire de la façon dont les jeunes eux-mêmes s’expriment et communiquent, raccourcissant les mots de façon pragmatique, pour gagner du temps et de l’espace, de l’argent aussi parce que les sms ont souvent un coût. On a ensuite proposé aux élèves de faire la démarche inverse. C’est-à-dire partir d’un texte écrit en sms et le traduire en langue usuelle, en orthographe «normale». Adja Ndèye Khoury Diack pense que «ce n’est pas parce qu’on écrit en langage sms qu’on  est moins bon en français. C’est pour raccourcir les phrases».
 
 Madame Mbengue Aïssatou Bâ pense elle aussi qu’«il faut que les élèves puissent comprendre que le sms n’est pas la langue de l’école». Même s’il faut que les enseignants puissent entrer dans l’univers de ces jeunes-là et se faire à l’idée que «le sms est devenu une langue, et que le principe d’une langue, c’est d’être en mouvement». Betty Sira Habib Diagne n’écrit pas comme cela tous les jours. Elle lit même beaucoup, un vrai rat de bibliothèque, comme elle dit, et qui aime les romans et les poètes engagés. Idem pour Adja Ndèye Khoury Diack qui vient d’achever la lecture d’Elvira, un roman de Henry Denker sur l’apartheid où l’héroïne est aussi une jeune fille noire. Les « poètes en herbe », eux, ont travaillé sur quelque chose comme 14 mots dont il est ressorti des poèmes inspirés de l’actu, mais pas seulement : « mon rêve francophonique », « mélangeons-les », « je l’ai appris en classe », « viens » ou encore « du Bénin au Congo ». Les lauréats sont tous repartis les mains pleines, la tête aussi sans doute, avec des cadeaux bien de leur époque comme des tablettes ou des téléphones portables. Et avec de bons vieux livres qui sentent bon le papier !
 
source:http://www.sudonline.sn/ecrire-s-apprend-par-le-nezdans-les-bouquins_a_21877.html