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Al Maktoum! L’étymologie de ce mot ( le mystique) à lui seul suffit pour traduire le personnage du cinquième Khalife Général des Tidianes Serigne Cheikh Tidiane Sy.
Intronisé quelques heures après la disparition de son frère Serigne Mansour Sy Borom Daradji, Cheikh a pris les rênes de la Tarikha Tidiane. Mais, de toute l’histoire de la confrérie depuis sa création le magistère de Al Maktoum est celui qui a jusque là le plus marqué les esprits.
Plongé dans une retraite spirituelle depuis plus de trois ans, le fils de Serigne Bababacar Sy intrigue par son silence assourdissant. La dernière apparition publique de Al Maktoum remonte au Gamou 2011 où jusque là sa mythique voix n’a plus résonné dans les oreilles. Le gui des Moustarchidines qui déchainait les foules et mettait les fidèles à ses pieds aux champs de courses s’est subitement éclipsé un an avant la disparition de son prédécesseur au Khalifa Serigne Mansour Sy Tout un symbole, tout un mystère. Comme si Cheikh se préparait à cette nouvelle mission. La confidence de son frère cadet à ce sujet est tout simplement troublante: «Je ne l’ai pas encore vu depuis qu’il est khalife, mais nous communiquons par des messages et je lui enverrai un message pour lui rendre compte de tout ce qui a été décidé ici», a récemment dit Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine.
Mais la dimension de Serigne Cheikh Tidiane Sy dépasse tout cela.
Né à Saint Louis il y’a 89 ans, il s’est fait remarquer par sa précocité intellectuelle.
Après avoir parfait sa maitrise des sciences coraniques auprès de Serigne Saybatou Fall et Serigne Alioune Guèye, en compagnie de son frère aîné Serigne Mansour Sy, Cheikh a fait un passage entre les mains de son oncle paternel El-Hadji Abdoul Aziz Sy, qui lui enseigna, notamment, des leçons de diction.
Déjà à l’âge de14 ans, il a bouclé prématurément les cycles inférieur et moyen des études islamiques. A 16 ans, il publie son premier livre : “Les vices des marabouts”. Plus tard, il écrivit “L’inconnu de la nation sénégalaise : El-Hadji Malick Sy”. A la trentaine, il effectue son premier voyage à Paris où il vit, bien plus tard pendant cinq ans, une sorte d’exil.
Fils de Serigne Babacar Sy Serigne Cheikh Tidiane moderne dans l’âme a tenté de réformer son entourage familial. Il installe par exemple le téléphone pour son père et commence à habituer son monde au port de la tenue occidentale et aux apparitions publiques.
Malgré son jeune âge, Cheikh joue les premiers rôles dans l’entourage de son père. Aux toutes dernières années du califat de Serigne Babacar, il animait, sur sa désignation, le Gamou, et il était l’interlocuteur des dahiras (cercles de talibés) et des délégations officielles. Une maturité qui lui permet déjà d’être en contact avec les hommes politiques avec qui d’ailleurs, les relations évoluent en dents de scie. Il fut le fondateur du Parti de la solidarité sénégalaise et devint un grand opposant de Senghor. En 1959, la contestation des résultats électoraux, jugés “tronqués” par le PS et le PAI (gauche) vaudra à Cheikh un séjour carcéral.
Quelques années après, il sera nommé ambassadeur au Caire auprès de la République arabe unie (Egypte et Syrie) par Senghor. Mais, les autorités françaises et certains membres de l’entourage de Senghor voyaient en lui une menace. Du coup, des complots furent fomentés pour écarter le marabout-ambassadeur, devenu très proche des milieux arabo-musulmans” avec lesquels il développait la coopération culturelle en faisant venir des milliers d’ouvrages à destination des arabisants sénégalais. –
Mystique, intellectuel et politique, Cheikh Tidiane n’en était pas moins un modèle d’homme d’affaires. Producteur d’arachides dans le Saloum (centre), il s’est ensuite intéressé à l’industrie (huilerie et tomate conservée) avant de devenir actionnaire majoritaire dans l’unique cimenterie du pays à l’époque, la SOCOCIM à Rufisque. Sa brouille avec le régime d’Abdou Diouf lui vaudra bien des ennuis dans ce portefeuille.
Alors que son frère Serigne Mansour Sy était intronisé Khalife Général des Tidianes, Serigne Cheikh animait annuellement les Gamou aux Champs de Courses où il tenait en haleine ses fidèles avec son charisme inégalé. Réputé pour ses prêches d’une autre dimension valsant entre religion mysticisme philosophie et métaphysique le Cheikh qui n’apparaissait qu’une seule fois au cours de chaque année à l’occasion de la célébration du Maouloud, s’éclipse définitivement de la scène lors du Gamou de 2011. Depuis lors son ombre mystérieux continue de planer sur le Sénégal. Jusqu’à quand? Mystère et boule de gomme.
source: Senenews.com