Le rendez – vous manqué avec la Négritude (1960 – 1980)
Elu Président de la république du Sénégal, Léopold Sédar SENGHOR est resté chantre de la Négritude, idéologie d’intégration des valeurs de civilisation nègre, dans le plaidoyer pour l’émancipation des peuples sous domination coloniale. Vouloir négocier les indépendances, c’était aussi démontrer et illustrer, le droit et les capacités des peuples noirs à inventer et à développer des savoirs élevés dans tous les domaines de la vie humaine, pour ne mériter ni l’esclavage ni la colonisation. Seul un esprit d’aventure de soldats arrogants, bras armés de pays dominateurs, pouvait mépriser le pacifisme de populations qui n’avaient point besoin d’être civilisées. Depuis l’Egypte négro – pharaonique, savants, écrivains et artistes n’avaient cessé de jouer leur rôle de sentinelles des valeurs de civilisation, au sein de sociétés en harmonie avec la nature. Léopold Sédar SENGHOR estimait qu’il fallait surtout entreprendre des recherches approfondies afin de mettre en exergue, les spécificités de la Culture négro – africaine. C’est le sens de son intervention au Deuxième congrès des écrivains et artistes noirs, organisé par la Société Africaine de Culture, en 1959 à Rome.1 Intitulée « L’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro – africaine », cette intervention avait contribué à susciter une résolution sur le principe d’organiser un festival mondial des arts nègres. L’évènement porterait la démonstration, à la face du monde, de la CREATIVITE du peuple noir, afin de conforter le plaidoyer pour la décolonisation.
La Culture au cœur de l’Etat du Sénégal
Léopold Sédar SENGHOR s’est attelé à la construction d’un Etat qu’il voulait rigoureusement organisé et dont le fonctionnement prendrait en charge les valeurs de civilisation négro – africaine. En écrivant les paroles de l’hymne national et en appelant à « créer un art nouveau pour une nation nouvelle »2, il prouvait que sa sensibilité de poète lui offrait de savoir se laisser agir par les forces vitales qui faisaient de chaque œuvre de création artistique ou littéraire, un relais d’essentialisation de ce qu’il a appelé des « idées – sentiments »3, au sein du processus ontologique unissant « Dieu à l’élyme et au grain de sable »4. Et SENGHOR de chercher les illustrations de cette vision du monde dans les valeurs de civilisation négro – africaine qu’il allait implanter au centre d’une triade : Eriger la création culturelle en argumentaire contre l’aliénation, puis en outil de gestion
politique libératoire d’une nation en devenir et enfin en épicentre du dialogue des civilisations. C’est enraciné dans les valeurs de Culture du terroir et ouvert aux apports fécondants des autres Cultures, que le citoyen africain, parce que métissé, apportera sa part de CREATIVITE au « Banquet de l’Universel », au « Rendez – vous du Donner et du Recevoir ».
Du succès du Premier Festival mondial des arts nègres, à la création du ministère de la culture.
En 1966, le Premier Festival mondial des arts nègres connaît un succès retentissant à travers le monde. Le colloque « Fonctions et significations de l’art nègre » voit la mobilisation exceptionnelle de célébrités du monde noir. Le Président SENGHOR relève le défi de l’organisation avec sa jeune administration sénégalaise appuyée par la Société Africaine de Culture dirigée par Alioune DIOP, le fondateur de la Maison d’Edition Présence Africaine. Le prolongement du Festival va être la création d’une structure de veille au niveau national pour la prise en charge, dans le Plan de Développement économique et social, des objectifs de défense et d’illustration des valeurs de civilisation négro – africaine. Pour le Président de la République, ce sera sous la forme d’un ministère de la Culture à créer. Ainsi, à ce rendez – vous avec la Négritude, le gouvernement du Sénégal répondra par ses fonctions d’initialisation, dans la construction d’un Etat de Droit. Le discours officiel portera le principe selon lequel « La Culture est au début et à la fin du Développement », ce qui impliquera la primauté et la transversalité de la Culture dans l’action gouvernementale, de l’Education à la Recherche scientifique, en passant par la création artistique et littéraire. Le Président SENGHOR a explicité le niveau de cette transversalité : « C’est donc à favoriser la création dans tous les domaines – scientifique et technique, économique et
politique, artistique et littéraire – que doit tendre une éducation digne de ce nom : à favoriser la création de l’homme par l’homme.5 »
Puis il va s’atteler à la mise en place d’un dispositif de convergences au cœur de l’administration sénégalaise : Le Bureau Organisation et Méthode (BOM) au sein même de la présidence de la république, les institutions de formation générale, technique et professionnelle, celles de la recherche scientifique et technologique, les structures d’encadrement de la jeunesse. Les écoles de formation artistique vont se déployer et couvrir le vaste champ des métiers des arts, de l’architecture, à la musique, en passant par le théâtre, les arts visuels, la danse et la chorégraphie. Ces écoles seront accompagnées par les institutions de recherches et de valorisation des expressions culturelles comme le Service des Archives Culturelles Sénégal, le Centre d’Etude des Civilisations, le Musée Dynamique, le Commissariat aux Expositions d’Art à l’Etranger. Il en est de même des établissements publics et sociétés nationales comme la Compagnie du Théâtre National Daniel SORANO, les Manufactures Sénégalaises des Arts Décoratifs, le Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur, les Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, l’Université des Mutants, la Société sénégalaise d’Importation, de Distribution et d’Exploitation Cinématographique (SIDEC) suivie de la Société Nationale de Production Cinématographique (SNPC). Etait de l’arsenal juridique la Loi dite du 1% relative à la décoration des bâtiments publics ou recevant du public.
Puisque l’idéologie de la Négritude se voulait une voie pacifique dans la lutte pour l’émancipation, le Président Léopold Sédar SENGHOR et son parti, l’Union progressiste sénégalaise (UPS), y trouvaient matière à expérimentation, dans la gestion de l’Etat. Certes, les initiatives artistiques et diplomatiques se multipliaient. Mais la double identité culturelle et
politique du discours officiel peinait à convaincre une frange de la population sénégalaise et surtout celle des opposants intellectuels. S’y ajoutait une difficulté de transposition et de déclinaison de la Négritude dans l’action de tous les jours. Alors, Il fallait relancer et approfondir la réflexion. Un colloque sur la Négritude va être organisé par l’UPS à Dakar en avril 1971. Des spécialistes de ladite idéologie y participeront à côté d’experts et de hauts responsables nationaux, en présence de Léon Gontran DAMAS, l’un des pères de la Négritude. Différents thèmes seront développés : Problématique de la Négritude, par M. Léopold Sédar SENGHOR, Président de la république ; Les précurseurs négro – américains (Etats – Unis et Antilles) de la Négritude, par M. Merceur COOK, Professeur à l’Université d’Howard de Washington ; Négritude et Civilisation gréco – latine, par le Révérend Père Englebert MVENG, Professeur à l’Université fédérale du Cameroun ; Négritude et African Personality, par M. Abiola IRELE, Professeur à l’Université d’Ife au Nigéria ; Négritude et Développement, par M. Abdou DIOUF, Premier Ministre ; Négritude et Education, par M. Assane SECK, Ministre de l’Education nationale ; Négritude et
politique, par M. Alioune SENE, Ministre de la Culture6 ; Etc.
Le diptyque «Enracinement et Ouverture», le grand malentendu
L’Etat providence, doté d’un mécénat incontestable et conforté par une idéologie revue et corrigée à domicile, multipliait les actions d’envergure de sa diplomatie culturelle. Les Ballets « La Linguère » et « Sira Badral » du Théâtre SORANO parcourraient le monde, dans les salles les plus prestigieuses ; Les tapisseries de Thiès entraient dans les palais des souverains, des chefs d’Etats et des institutions internationales. Dans le contexte d’un « Enracinement » supposé effectif chez les populations, l’Etat était enclin à orienter ses actions vers la promotion à l’étranger, des valeurs de la civilisation sénégalaise. Les voyages officiels du Chef de l’Etat étaient accompagnés de journées culturelles sénégalaises. Si bien que naîtra de cette diplomatie culturelle très active un déséquilibre du diptyque « Enracinement et Ouverture » au profit du second membre. La réception du discours culturel officiel, dans ses concepts essentiels, trouvant ses échos et ses adeptes davantage à l’extérieur du pays. A l’intérieur, il se révélera plus accessible à une certaine élite urbaine. Si bien que, la volonté d’« Enracinement » n’accompagnera que timidement, le Plan national de Développement économique et social. Par exemple, les langues nationales, repères d’enracinement culturel par excellence, malgré la programmation de leur transcription, resteront confinées dans les laboratoires de chercheurs émérites. Si bien que, du fait du rendez – vous manqué de la Négritude avec les populations sénégalaises, la volonté
politique d’éveiller les consciences sur les impératifs du Développement véritable, n’a pu venir à bout d’un déficit d’initiatives, jusqu’au moment où le Président Léopold Sédar SENGHOR quitta volontairement le pouvoir en décembre 1980.
Le rendez – vous avec la démocratie culturelle (1981 – 2000)
Le président Abdou DIOUF, dès son installation à la magistrature suprême, s’est illustré par des actes d’ouverture démocratique. Au plan politique, il supprima la limitation du nombre des partis politiques. Au plan culturel, il décida de convoquer les Etats généraux de l’Education, dont les travaux seront prolongés par les réflexions de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation. Puis, le 10 décembre 1982, dans un discours intitulé « au service de la nation », le Chef de l’Etat et Secrétaire général du parti socialiste, proposera l’élaboration d’une charte culturelle nationale en s’expliquant : « Parce que si les principes de notre
politique culturelle sont clairs et simples, l’enracinement et l’ouverture, il n’en reste pas moins nécessaire de convier tous les hommes de culture, sans exception aucune, à une réflexion pour l’instauration d’un discours culturel devant déboucher, au plan pratique et
politique sur la réactivation et la reprise en charge prioritaire, de nos valeurs de civilisation authentique. »
L’appel ainsi lancé recoupait la définition que l’UNESCO a rappelée, à l’occasion de la Conférence européenne de la Culture tenue en 1972 à Helsinki : « La Culture n’est pas seulement une accumulation d’œuvres et de connaissances qu’une élite produit, recueille et conserve pour les mettre à la portée de tous, ou qu’un peuple riche en passé et en patrimoine offre à d’autres comme modèle dont leur histoire les avait privés ; la culture ne se limite pas à l’accès aux œuvre d’arts et aux humanités, mais est tout à la fois acquisition de connaissances, exigence d’un mode de vie, besoin de communication; elle n’est pas un territoire à conquérir ou à posséder, mais une façon de se comporter avec soi – même, avec ses semblables et avec la nature ; elle n’est pas seulement un domaine qu’il convient de démocratiser, mais elle est devenue une démocratie à mettre en marche. »
Ainsi, l’élaboration de ce projet de charte culturelle nationale a fait l’objet d’une grande mobilisation, sous la direction de hauts cadres. Une réflexion collective impliquant toutes les couches de la population, a largement revisité les valeurs offertes par notre histoire, nos religions, nos langues, notre esprit de tolérance et la laïcité de l’Etat. Il a été aisé de reconnaître « la nécessité d’une
politique culturelle nationale conçue comme une orientation consensuelle de pratiques sociales et d’actions concertées dont la finalité est de satisfaire les besoins culturels par l’emploi optimal des ressources matérielles et humaines du pays. »7 L’objectif majeur visait « l’émergence d’un Sénégalais nouveau, assumant pleinement son héritage culturel, ouvert aux autres et cultivant les vertus, notamment le patriotisme, la probité, la dignité, la tolérance, le culte du travail, qui permettent à l’homme de prétendre à un développement intégral et harmonieux dans les domaines moral, spirituel, culturel et matériel. »8 Naturellement, dans un tel dessein, la préoccupation prioritaire est « d’imprégner la jeunesse des valeurs nationales et de lui donner les moyens de parachever l’œuvre de construction nationale »9. Puis, des stratégies et surtout des interactions ont été esquissées pour un Développement culturel véritable : Culture, Science et Technologie ; Culture, Information et Communication ; Culture, Education et Formation ; Culture et Economie ; Culture et Santé ; Culture, Environnement et Habitat ; Culture, Sports, Loisirs et Tourisme ; Etc.
Qu’est – il advenu de ce travail effectué de 1983 à 1988, une fois son rapport finalisé et remis solennellement entre les mains du Chef de l’Etat ? La réponse immédiate est sans doute la méconnaissance de la charte culturelle nationale par la majorité des populations destinataires. Une promotion vigoureuse aura manqué pour faire adhérer les populations à son application systématique. Une structure de suivi et d’évaluation n’avait – elle pas été prévue ? Assurément, voilà aussi un rendez – vous qui aurait – pu ne pas être manqué avec les populations. Un sursaut collectif de qualité autour du document largement partagé et traduit dans les langues nationales, aurait davantage éclairé la jeunesse pour lui épargner les tares aujourd’hui déplorées d’une contre - culture aux affres insoupçonnées.
Par ailleurs, en 1997, le Projet du Mobilier national et celui des logotypes des ministères étaient élus parmi les projets – phares avec lesquels le Sénégal comptait marquer son entrée dans le Troisième Millénaire. Ainsi, le logotype de chaque ministère, puis de chaque institution de la République, conçu par un graphiste sénégalais, devaient contribuer à rénover la communication graphique du Gouvernement auprès des populations comme des utilisateurs de l’Internet. Quant au Projet du Mobilier national, la plus – value culturelle et économique d’un choix de mobiliers destinés à l’administration sénégalaise dans son ensemble, ouvrait une ère nouvelle du consommer local et du label « made in Sénégal ». Conçus par nos designers et réalisés par nos artisans, sous la supervision d’experts nationaux, ces meubles de bureaux et de résidences révélaient une voie de réappropriation souveraine de notre génie national, face à nos besoins propres.
Le rendez – vous avec le changement
Le 19 mars 2000, date de l’élection du Président Abdoulaye WADE, marquait aussi le rendez – vous des Sénégalais avec le changement. Un vent d’espoir immense souffla sur le Sénégal. Avec le changement promis sous régime libéral, était arrivé le temps des initiatives privées. Des entreprises culturelles nourrissaient l’espoir de sortir de leurs balbutiements. Une attente forte guettait la réhabilitation des infrastructures rendues obsolètes par des années d’austérité, ainsi que l’aménagement des cadres juridiques permettant un véritable déploiement des projets culturels. Le principe connu de l’Enracinement et de l’Ouverture n’a pas fait l’objet d’une remise en cause dans la
politique culturelle du Président Abdoulaye WADE. Mais dès l’An 2000, une forme de précipitation a marqué le passage des ministres en charge de la Culture. Aucun d’entre eux ne restait suffisamment longtemps pour faire approfondir la réflexion sur telle ou telle option d’orientation, encore moins pour initier les stratégies destinées à la revalorisation du patrimoine culturel autant que la CREATIVITE du peuple sénégalais par rapport aux valeurs de civilisation. De 2000 à 2012, une dizaine de ministres se sont succédé à la tête de cette station qui a changé cinq (5) fois d’appellation avec des sièges aussi changeants. Cette instabilité a même atteint la mémoire du ministère. Un projet de Programme National de Développement culturel (PNDC) a connu un début d’élaboration inclusive à travers des Conseils Régionaux de Développement (CRD) avec installation de comités régionaux de formulation. Mais les priorités changeant avec les ministres, la démarche restée inachevée, n’a pu porter les fruits attendus. Finalement, les actions consolidées et les urgences évènementielles ont pris le pas sur la mission de promotion des valeurs de civilisation conférée par la primauté et la transversalité de la Culture. Cependant, l’environnement juridique d’exercice des activités de création artistique et littéraire a continué de faire l’objet d’attention. Seront votées la Loi portant création de la Bibliothèque Nationale du Sénégal et celle portant Règles d’organisation des activités de production, d’exploitation et de promotion cinématographiques et audiovisuelles. De même, sera votée la Loi sur le Droit d’auteur et les droits voisins.
Le rendez – vous avec le Troisième Festival mondial des arts nègres
Après avoir accepté le principe de l’organisation du Festival, à la demande d’hommes et de femmes de culture, le Président Abdoulaye WADE a eu à doter le ministère de la Culture de budgets revalorisés en hausse. L’explication se trouverait en grande partie dans sa volonté de créer les conditions d’une bonne préparation de la troisième édition du Festival mondial des Arts nègres, après celle du Nigéria en 1977. Accueilli par notre pays pour la deuxième fois, le Festival comportait une dimension économique intéressant particulièrement le Président. Il y voyait une opportunité de relancer nos industries culturelles. Devait également y aider son programme d’infrastructures culturelles, dont celles du Parc culturel de Dakar, parmi lesquelles Le Grand Théâtre National et le Musée des Civilisations noires. Elles venaient s’ajouter au Monument de la Renaissance Africaine et à La Place du Souvenir. Cependant, ce programme n’a pas semblé bénéficier d’une réflexion approfondie précisant les statuts et les missions des services devant être abrités par lesdites infrastructures. Quant aux résultats du Festival, ils semblent bien éloignés des buts et objectifs ayant présidé à l’initiative du congrès de Rome. En définitive, les populations sénégalaises semblent se retrouver en face d’un projet inachevé de
politique cultuelle à aspiration économique.
Les perspectives de l’émergence
Le Président Maky SALL a hérité d’une situation culturelle possédant entre autres caractéristiques, les rendez – vous manqués évoqués ci-dessus et dont il ne peut se permettre l’économie d’une rectification. La dégradation déplorée du comportement de beaucoup de nos concitoyens, signifie assurément l’errance des valeurs de civilisation sénégalaise. Le détournement trop facile de la CREATIVITE vers la délinquance
politique, économique, sociale, pédagogique, fait mesurer la part significative qui incombe au secteur de l’éducation et de la formation. Le rendez – vous manqué avec la Négritude continue de produire ses effets surtout à travers un défaut d’appréhension de la primauté et de la transversalité de la Culture.
Portons nos espoirs sur les décisions issues des Conseils présidentiels respectivement consacrés aux conclusions et recommandations de la Concertation nationale pour l’avenir de l’Enseignement supérieur, ainsi qu’à celles des Assises de l’Education.
Par ailleurs, pour certains compatriotes, un retour au comportement de qualité s’impose, puisque le rendez – vous avec le Sénégal émergent est pris depuis le 25 mars 2012. La charte culturelle nationale mériterait de livrer ses secrets à la nation convoquée pour l’émergence. Dans son Discours de
politique générale, le Premier Ministre rappelait : « Voilà pourquoi, nous avons encore fait le choix de promouvoir le talent et le génie sénégalais dans tous les domaines et de soutenir les initiatives créatrices et l’esprit entrepreneurial. »10 Mais au préalable, rendez – vous devrait être pris avec la double contribution des créateurs d’œuvres de l’esprit, dans l’émergence d’un Sénégalais nouveau défini par la charte culturelle comme : un Sénégalais assumant pleinement son héritage culturel, ouvert aux autres et cultivant les vertus, notamment le patriotisme, la probité, la dignité, la tolérance, le culte du travail, qui permettent à l’homme de prétendre à un développement intégral et harmonieux dans les domaines moral, spirituel, culturel et matériel. »11
En effet, les créateurs culturels ont vocation à entrer dans l’univers des mythes et des légendes pour y puiser les valeurs de civilisation qui font la trame de leurs réalisations artistiques et littéraires. En outre, les œuvres de l’esprit ont toujours été les meilleurs vecteurs des messages destinés aux peuples. Le livre a toujours accompagné les révolutions. Notre jeunesse, devrait être intéressée davantage, à nos événements de promotion des créations intellectuelles, artistiques, littéraires, cinématographiques, gastronomiques, architecturale, artisanales, de mode et des cultures urbaines. Nos références, les vraies, méritent de peupler notre imaginaire laissé à la merci de ceux des autres plus audacieux.
Devraient y contribuer, parce que c’est leur vocation, les structures de communication, de connectivité et de gestion des réseaux sociaux. Avec les créateurs culturels devraient être abordées les questions de sensibilisation relatives à la problématique du label « Made in Sénégal », à la sauvegarde de l’image du Sénégal, à l’assainissement et l’embellissement de notre cadre de vie, aux enjeux de l’intégration culturelle africaine, à ceux de la diplomatie culturelle.
Dans ce cadre, une attention toute particulière devrait être accordée à l’application convenable des deux lois que sont la Loi dite Loi du 1% relative à la décoration des édifices publics et la Loi sur le Droit d’auteur et les droits voisins.
Avec la mobilisation de nos énergies dans un sursaut d’envergure, « par nous–mêmes et pour nous – mêmes », dans le discernement de la qualité, le partage et la dignité, rien ne devrait s’opposer au rattrapage de l’essentiel des rendez – vous manqués, pour le bénéfice des générations présentes et futures.
Par Alioune BADIANE
Directeur – Fondateur de l’Académie Internationale des Arts
1 SENGHOR, Léopold Sédar - « L’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro – africaine», Premiers jalons pour une
politique de la culture, (Présence Africaine, Paris 1968, pp 11 à 25).
2 SENGHOR, Léopold Sédar – « pour une tapisserie sénégalaise », in Liberté 3, Négritude et civilisation de l’Universel, page 102, page.
3 SENGHOR, Léopold Sédar - «L’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro – africaine», Premiers jalons pour une
politique de la culture, (Présence Africaine, Paris 1968, pp 11 à 25).
4 Id.
5 SENGHOR, Léopold Sédar - «in La civilisation noire et l’éducation, Liberté 3, Négritude et civilisation de l’Universel, page 539.
6 Colloque sur le Négritude, Publication des communications ; Présence Africaine, 244 pages, Paris – Dakar 1972.
7 Cf. Préambule de la charte culturelle nationale.
8 Cf. Objectifs de la charte culturelle nationale.
9 Cf. Objectifs de la charte culturelle nationale.
10 Cf. Discours de
politique générale du Premier Ministre Mahammed Boun Abdallah DIONNE, le 11 novembre 2014.
11 Cf. Objectifs de la charte culturelle nationale.
Par Alioune BADIANE
Directeur – Fondateur de l’Académie Internationale des Arts
source:http://www.sudonline.sn/des-rendez---vous-manques-_a_22515.html