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MAKHILY GASSAMA, écrivain et ancien ministre de la culture sur le xveme sommet de la francophonie «des gestes excessifs, des dépenses colossales et des louanges...»

CULTURE
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argent publicll n’a pas mis de gants pour exprimer son désaccord sur la façon dont nos autorités ont organisé le XVème sommet de la Francophonie. Makhily Gassama, puisque c’est de lui qu’il s’agit, parle de « gestes excessifs » et de « dépenses colossales » que «rien ne justifie » pour «quelques maigres jours dont les résultats ne sont pas, ne seront pas à la mesure des efforts consentis». L’ancien ministre de la culture sous Abdou Diouf et ancien conseiller culturel de Léopold sédar senghor, après avoir fustigé « l’élan unanimiste » qui a prévalu au cours de ce sommet, il pose sur la table la question du suivi concret des conclusions de cette grande messe. « Qui appliquera les conclusions de tous ces colloques onéreux tenus au cours du sommet francophone, dont certains ont été réalisés par de grands universitaires ? », s’interroge l’homme de Lettres et écrivain de renom.


L’année 2014 est marquée, dans notre pays, par l’organisation du sommet de la Francophonie. En tant qu’ancien ministre de la culture vous n’avez pas assisté à cette importante rencontre. Pourquoi ? 

La tenue de ce sommet a permis une grande révélation à mon avis : les Sénégalais se sont rendus compte qu’il existe encore, dans notre pays, ces admirables hommes et femmes qu’on appelait naguère « grands commis de l’Etat ». Je pensais que la race était éteinte. La grande compétence des responsables de l’organisation du sommet n’est pas en cause dans cette interview, au contraire, elle réveille la fierté que les Sénégalais éprouvaient devant les prestations de ses représentants, en de pareilles circonstances. 

Par contre, très sincèrement, eu égard aux nombreux défis que nous avons à relever, dans l’urgence, dans les pays au sud du Sahara, je pense que les gestes posés étaient excessifs. Je répète : franchement excessifs. A mes yeux, rien ne justifie ces dépenses colossales pour une réunion de quelques maigres jours dont les résultats ne sont pas, ne seront pas à la mesure des efforts consentis. Des louanges adressées à des personnes, des individus qui n’ont fait que le travail pour lequel ils sont grassement payés, des louanges à des pays, tout esprit critique évacué, surprennent. J’avoue que dans nos pays, j’ai horreur d’un tel rassemblement. C’est en Afrique qu’on trouve des usines à fabriquer des réputations, toujours en termes de grandeur, des usines à forger la démesure, des génies, or les produits de ces usines, un petit tour d’horizon effectué autour de l’action menée par ces personnalités dites « fortes », vous révèle que ce ne sont rien de moins que des contrefaçons. Autrement, le Sénégal aurait fait partie, aujourd’hui, des pays émergents. C’est amusant de dresser la liste des hommes et femmes reconnus « grands hommes » ou « grandes dames » du Sénégal, aux attributs extravagants, par l’opinion nationale, avec le concours « inestimable » des médias, et de vous mettre ensuite à établir la liste des actions concrètes qu’ils ont menées durant les divers mandats assumés pendant des décennies. La liste de ces actions est très souvent d’une médiocrité étonnante ! Vous ne trouverez rien que des responsables ordinaires ne pouvaient accomplir dans l’exercice normal des fonctions qui leur sont attribuées. On a beau manipuler les médias, on ne mentira pas longtemps à l’Histoire ; seule l’Histoire, dégagée de tout contexte contrôlé, nous édifiera sur les rôles et sur la véritable valeur de ceux et celles qui nous ont dirigés. L’Histoire, elle est faite de faits concrets ; seul le fait concret sera retenu. Ainsi, ceux que le verbe, par sa puissance du moment, a réussis, aujourd’hui, par toutes sortes d’artifices et de manipulations, à hisser au sommet de nos valeurs, pourront bien se retrouver, demain, dans et de par l’Histoire, dans la fange la plus infecte. Nous allons trop vite pour donner un sens au destin d’un homme ou d’une femme ; et ce n’est pas rendre service à notre jeunesse. Soyons un peu plus exigeants dans les jugements portés sur des hommes et femmes dont le rôle est d’améliorer quotidiennement notre bien-être matériel et intellectuel. Nous n’avons pas le droit de les porter en héros quand nous sommes incapables d’énumérer les actions concrètes qu’ils ont menées au service de notre bien-être, de notre nation. 

Il semble pourtant qu’il y a eu unanimité totale dans le traitement de ces questions. N’est-ce pas ? 

Comme toujours, l’on a beaucoup parlé au cours de ce sommet ; ce qui me désole, c’est cet élan unanimiste que nous recherchons en toutes circonstances or l’unanimisme n’est pas créateur : « Tout est bien » ; « Tout est extraordinaire », « Nous sommes d’accord sur tout », dit-on ; tout jugement contraire est maudit dans le milieu ; aucune critique dans nos médias ; aucune interrogation sérieuse ; et voilà la mission accomplie ! Le suivi, le concret ou le réel, on n’en a cure. Qui appliquera les conclusions de tous ces colloques onéreux tenus au cours du sommet francophone, dont certains ont été réalisés par de grands universitaires? Vous seriez déçus si l’on vous disait le nombre de fois que certains de ces thèmes ont été traités depuis notre indépendance, sans résultats sur le terrain. On parle… on parle… on parle pour rien, on parle à coups de centaine de millions ! Nous semblons donner à la parole un pouvoir magique capable de se passer de tout geste concret, de toute volonté agissante. Du reste, un tel état des choses a fortement ébranlé la crédibilité de la mission de l’intellectuel, surtout francophone. Cette mission est à réhabiliter par le refus de toutes compromissions qui nuisent à l’image du continent et qui ne lui apportent rien de constructif. 

Pourtant, dans les années 1980, depuis sa création, vous êtiez le premier Responsable d’une direction générale de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (Acct) devenue l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (Aif). Vous étiez Directeur général de de la Culture. Alors, qu’est-ce qui explique aujourd’hui ce désamour? 

Il est vrai que j’étais le premier Directeur général africain d’un des secteurs de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (Acct). Au fait, j’ai toujours trouvé misérable de dire qu’on a été le premier africain à tel ou tel poste international. Si c’est glorieux pour soi, ça ne l’est pas pour l’Afrique. Du reste, ce n’est pas le fait d’occuper un poste, quel qu’en soit le niveau, qui est important en soi, comme on le pense en Afrique ; ce qui est important c’est ce qu’on y a fait de particulier, comment la mission confiée a été menée et quels en étaient les résultats. Ici, si j’accepte que vous souteniez que j’ai été « le premier responsable africain d’une direction générale » de l’Acct, c’est pour faire savoir au lecteur qu’à l’époque, le Secrétariat général était réservé à l’Afrique et les directions générales aux pays francophones d’autres continents. Or durant ces années 1980, le Secrétaire général était africain : M. François Owono-Nguéma (1982-1985), puis Paul Okumba d’Okwatsegué (1986-1989) ; je n’avais donc aucun mérite particulier à occuper ce poste en tant qu’Africain. Il est à souligner que la direction générale dont il est question, depuis mon départ de l’Acct, a toujours été tenue par un Africain. Elle s’est négrifiée. 

Je rappelle que vous aviez créé les Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (Clac) Un projet que le journal satirique français avait jugé important et pertinent. Comment il est né ? Qu’est-ce qu’il est devenu depuis sa création en 1986 ? 

Le projet Clac est un vieux rêve d’enfance. Je suis un enfant de la brousse, né à Marsassoum en Casamance. Pas de journaux, pas de livres. La seule bibliothèque qui y existait était celle de mon père ; il n’y avait que des ouvrages en langue arabe. Des camarades et moi allions au marché ramasser des papiers d’emballage composés de vieux journaux. Nous classions ces vieux papiers par thèmes et voilà, à nos yeux, des livres aussi précieux que des ouvrages sortis des grandes maisons d’édition d’Europe ou d’Amérique. Cette absence de livres dans les villages m’a profondément marqué. J’ai profité de l’existence d’un programme d’éditions dans la direction que je dirigeais pour concevoir et proposer le projet Clac en milieu rural. Il y avait certainement là un détournement d’objectif. Ce qui affaiblissait ma position devant mes détracteurs de l’époque. Il avait fallu beaucoup d’entêtement pour faire admettre le projet. 
Depuis la création du programme en 1986, il existe, à ce jour, selon l’Organisation Internationale de la Francophonie (Oif), 225 Clac dans 18 pays d’Afrique, de l’Océan Indien, de la Caraïbe et du Proche-Orient. « Depuis 2003, selon toujours l’OIF, il a évolué en un véritable programme d’appui aux politiques nationales de lecture publique ». La fréquentation annuelle des bibliothèques Clac, dans l’ensemble des pays bénéficiaires, s’élève à 1 089 145. Pour mesurer l’effort admirable accompli par l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (Aif), il suffit de rappeler le coût réel de l’implantation d’un réseau de 10 Clac : 450 000 Euros soit environ 295 155 000 FCFA et les coûts de fonctionnement qui s’élèvent en moyenne à 40 000 Euros par an et par réseau, soit environ 26 236 000 FCFA. 
L’histoire du projet Clac est édifiante, donc je m’attarde sciemment sur ce vaste programme socio-culturel, qui est un programme initié par l’Afrique sans le moindre doute. C’est vrai que c’est, au sein de l’Oif, un des programmes les plus prestigieux, les plus utiles pour nos pays. On a attribué l’initiative de sa création au Canada ; ce qui est faux. A mon humble avis, les péripéties qui ont marqué sa création doivent nous faire réfléchir sur notre rôle dans une organisation internationale quant à la défense des intérêts de l’Afrique. Personne ne connaît ces intérêts mieux que nous-mêmes. Si le Canada a été impliqué dans ce projet très tôt, c’est parce que je sentais que son implication était nécessaire. 

Pourquoi ? 

Parce que, tout d’abord, j’ai toujours eu de l’admiration pour l’esprit américain ; l’Américain a le courage de ses idées et il ne craint pas la nouveauté, donc le risque ; il en cultive le goût ; il a un sens aigu de l’innovation. La présence d’une partie de l’Amérique au sein de la Francophonie a donné à celle-ci un souffle qu’elle n’aurait jamais pu acquérir autrement. Si l’Amérique en était exclue, je me demande si l’on parlerait encore de Francophonie institutionnelle. Il me fallait la caution des pays américains, membres de la Francophonie. 

Mais il vous fallait aussi tout de suite des exécutants autour de vous, n’est-ce pas ? 

Oui, il me fallait des exécutants. Une dame, experte de passage à l’Acct, m’avait frappé par son dynamisme à la direction générale des Sciences ; il est vrai que je ne connaissais ni son nom ni sa nationalité. La direction qui l’avait employée pour quelques semaines, il y avait 2 ans, ne se souvenait plus d’elle ; mais l’image de cette experte dynamique, tantôt chargée de dossiers dans les couloirs, tantôt au milieu d’une montagne de dossiers à classer dans un ordre qui me paraissait rebelle, ne me quittait plus. C’était elle qu’il me fallait pour le suivi du dossier Clac ; je l’imaginais travailleuse, enthousiaste, amoureuse du papier, de la chose écrite. J’ai mis plusieurs mois à la chercher en France. J’ai gardé le projet sous les coudes puisqu’en tant que Directeur général, je ne pouvais conduire un tel projet. Ce projet, au départ, n’a pas suscité beaucoup d’adhésions et, à mon grand regret, les adversaires les plus déterminés du projet étaient des Africains. Donc aucun agent de ma direction, africain ou autre, ne soutenait le projet en gestation ; j’ai refusé de confier le projet à un agent sous ma direction, en dépit du respect que ces agents me témoignaient quotidiennement ; je craignais le sabotage ; ce sera à la prochaine Conférence générale que le projet sera soumis ; mais au préalable, il fallait le mettre en forme, consulter les Etats du Sud. Il fallait donc quelqu’un à mes côtés. J’ai enfin retrouvé cette dame sans nom : c’était Mlle Lucie Alexandre et elle m’apprit qu’elle était québécoise. Une Américaine ! Une Québécoise ! me disais-je, enthousiaste. Le projet n’ayant pas l’adhésion du Secrétaire général, je ne pouvais pas me permettre de créer un poste sur mesure pour elle. Au vrai, j’étais déjà presque dans l’illégalité. J’ai demandé à Mlle Alexandre de m’assister sans salaire pendant quelques mois, persuadé que ce délai me permettrait de trouver une solution. Elle accepta sans hésiter après un examen attentif du dossier du projet. Aujourd’hui, cette proposition audacieuse me fait sourire. 
Quelques mois après, j’ai créé de toute pièce une mission au Québec au Canada. Je comptais sur mon amie Mme Lise Bacon, alors vice-première ministre du gouvernement Bourassa, une femme d’une forte personnalité, une femme de décision. Après une négociation difficile, elle a réussi à convaincre le Parlement (je pense qu’il s’agissait bien du Parlement) et le Québec a octroyé un salaire à Mlle Alexandre qu’elle conserva jusqu’à sa nomination comme fonctionnaire de l’Organisation. Tous ceux qui ont suivi l’œuvre de cette Québécoise à la tête des Clac savent que je ne m’étais pas trompé sur la personne. Sur le terrain, dans les villages, les Africains ont fini par la surnommer « Alexandre l’Africaine ». 
Au cours de ma fameuse mission au Québec, grâce au ministre des Affaires étrangères, j’ai connu un grand fonctionnaire du pays, un expert hors pair de tout ce qui relève de la lecture publique : M. Philippe Sauvageau, actuel Directeur général du Salon du Livre de Québec. Je lui exposai longuement mon projet, je lui fis connaître mes craintes et mes espoirs. Il me parla longuement de ses expériences dans le domaine et me fit visiter les différentes bibliothèques de la ville. Expériences inouïes. Je lui fis tout de suite la proposition de l’avoir comme expert une fois que le projet aura été entériné par la prochaine Conférence générale de 1986. 
Voilà donc au sein de l’Acct, plus tard, deux experts extérieurs talentueux, qui n’appartenaient pas à l’Organisation, qui n’étaient là que pour le projet Clac. Rappelé par le Sénégal pour diriger le ministère de la Culture, j’ai laissé sur le terrain, à contrecœur, ces deux Québécois d’une compétence, d’un sérieux, d’une humilité fort rares. N’ayant pas été colonisateurs, les Québécois sont sans préjugés, ignorent l’arrogance, ignorent tous ces défauts farfelus et ridicules du colon et de l’ancien colon. Vous comprenez pourquoi l’initiative de ce projet est attribuée au Canada non pas à l’Afrique. 

Comment votre projet a été accueilli par votre entourage de l’époque ? 

Au départ, le projet n’a connu aucun enthousiasme auprès des fonctionnaires de l’Organisation francophone. J’avais mené une collecte d’informations sur la faisabilité du projet dans les pays du Sud de l’Organisation auprès des responsables nationaux des bibliothèques. Il est vrai qu’à l’exception du Sénégal, qui l’a désapprouvé, tous ces pays du Sud ont trouvé le projet pertinent surtout que je cherchais à l’installer dans les villages ; ainsi il ne fait pas double emploi avec les bibliothèques des centres culturels français dans les villes. C’était la crainte de certains responsables africains : concurrence entre les Clac et ces bibliothèques françaises ! Cette crainte, le Sénégal n’y avait pas échappé. Du reste, les Clac ne se sont jamais bien portés dans ce pays ! 

Pourquoi c’était au Bénin que les premiers CLAC ont été implantés ? 

Ce projet, à sa naissance, n’avait pas de soutien. Si les premières tentatives échouaient, le projet serait définitivement et rapidement enterré. La réaction négative du Sénégal avait été déjà amplement exploitée par les contempteurs du projet. J’y ai fait face sans demi-mesure. Il me fallait l’installer dans un pays au régime fort, avec un gouvernement respecté par la population, un gouvernement près de sa population. Aucune préoccupation idéologique ne dictait mes gestes ; seule l’efficacité comptait. Pour moi, il n’y avait que le Bénin de Mathieu Kérékou (dit 1er). En relation avec l’ambassadeur du Bénin à Paris, j’improvisai une mission au Bénin alors qu’entre le Secrétaire général et moi il n’y avait pratiquement plus de relations. Un de mes collaborateurs d’origine béninoise a écrit au président Kérékou pour lui faire savoir que j’étais un suppôt de l’impérialisme français et que je tenais à déraciner nos enfants de brousse. Le même reproche, devenu rumeur, avait couru au Sénégal jusqu’à l’oreille du président de la République, alors que j’étais membre du gouvernement. Je dis au président Kérékou après lecture de la lettre qui m’a été soumise : « Oui, il y aura, dans les Clac, beaucoup de livres français, Monsieur le président ; mais ce que je ne comprends pas, chez ces cadres africains, c’est qu’ils sont prompts à envoyer leurs enfants dans les écoles d’Europe ou d’Amérique du Nord, mais ils sont prêts à aboyer après l’impérialisme dès qu’il s’agit de tenter d’assurer aux enfants de nos campagnes le même niveau de formation que celui dont bénéficient leurs enfants en Europe et en Amérique ! » Amusé par cette sortie inattendue, le président rit et me dit : « Vous implanterez ici les premiers Clac, et c’est moi-même qui présiderai la cérémonie d’inauguration ». Oui, il a présidé lui-même la cérémonie d’inauguration et nulle part les Clac ne se portent mieux qu’au Bénin. Il y a toujours quelque chose de fascinant et même fort émouvant chez la plupart des premiers responsables de nos Etats. Ces deux parrains majeurs, le Canada et le Bénin, ont permis incontestablement aux Clac d’être ce qu’ils sont : le programme phare de la Francophonie. 

Certaines personnes qui décrient aujourd’hui la Francophonie mettent l’accent sur sa forte politisation. Ce qui, selon eux, l’a rendu ridicule et inefficace. Etes-vous de cet avis ? 

Je pense que la création de l’Organisation Internationale de la Francophonie (Oif) est une erreur et que L. S. Senghor s’était lourdement trompé. Nous n’avons pas été capables, depuis la création de l’Oua (devenue Union Africaine sans raison), de nous organiser politiquement de façon cohérente et efficace et voilà que nous avons la prétention (une prétention qui me paraît ridicule) de créer avec l’ancien colonisateur un ensemble politique devant œuvrer sur le terrain africain. D’ailleurs, pourquoi essentiellement sur le terrain africain? Les pays membres du Nord ont-ils reçu des observateurs de l’Oif aux différentes élections qu’ils ont organisées depuis la création de celle-ci ? Les observateurs de l’Union Africaine, dont tous les pays africains de l’Oif sont membres, ne suffisent-ils pas, ne nous représentent-ils pas plus dignement ? Quels rôles positifs, qui n’auraient pas dû être menés sans elle, l’Oif avait joués dans la crise malienne aux côtés de la France ? Quels rôles positifs, qui honorent l’Afrique, avait-elle joués dans la crise libyenne ou dans la crise ivoirienne ? Quand une armée étrangère osa diviser la Côte d’Ivoire en deux parties distinctes pendant des années, sous des prétextes fallacieux, et puis osa briser, sur nos terres, les portes d’un palais présidentiel, le palais d’une République d’un pays indépendant, qu’avait-elle dit ou fait ? C’est nous-mêmes qui tissons, avec un cynisme surprenant, la triste image que le monde se fait de nous et dont nos enfants sentent l’impact sur le comportement de leur entourage jusque dans les rues d’Europe et d’Amérique. Hommes et femmes politiques, intellectuels et créateurs, hauts cadres de l’administration et de la finance, l’Histoire nous jugera sévèrement pour avoir vendu, durant notre existence, la dignité de tout un continent, avec une légèreté étonnante. 

A suivre 

SudOnLine Bacary Domingo MANE
 
source: http://www.sudonline.sn/des-gestes-excessifs-des-depenses-colossales-et-des-louanges_a_22637.html