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Hommage au comédien Douta Seck décédé en 1991… ... près d’un demi-siècle plus tard

CULTURE
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  La journée d’hier mercredi 15 avril avait quelque chose de symbolique, ne serait-ce que parce que l’on rendait hommage au défunt comédien Douta Seck, à la Maison de la Culture qui porte son nom. Une cérémonie qui a rassemblé des artistes, des écrivains, les membres de la famille de l’illustre disparu etc. Le ministère de la Culture et de la Communication y était représenté par son Secrétaire général Birane Niang. Si cet hommage accuse un certain retard aux yeux de Serigne Ndiaye Gonzales qui pense que l’on aurait dû s’y prendre plus tôt, le comédien dit aussi qu’«il n’est jamais trop tard pour bien faire».  

 

La passion a l’art de se montrer tenace, se moquant ironiquement de nos choix et de nos précieux argumentaires rationalistes, lorsqu’elle s’adresse à nos émotions et à ce qui nous reste de chair de poule. Le défunt comédien Douta Seck par exemple, s’il n’avait pas «attrapé le virus du théâtre », aurait pu devenir l’un de nos plus grands architectes, et peut-être aussi qu’il nous aurait laissé quelques-unes de nos bâtisses les plus imposantes, mais tant pis s’il n’est pas allé jusqu’au bout de ses études en France, lui qui à 27 ans avait bénéficié d’une «bourse municipale accordée par Lamine Guèye». Parce que sans cela, il nous privait de cette voix singulière, à la fois grave, précieuse et quasi hypnotique, et de ce vibrato qui donnait à ses mots la texture de l’écho. Décédé il y a un peu moins d’un quart de siècle, c’était au mois de novembre 1991, l’homme a eu droit à cet hommage posthume qu’on lui rendait hier mercredi 15 avril à la Maison de la Culture qui porte son nom.

 

 
 
Quand on interroge la mémoire de quelqu’un comme le comédien Serigne Ndiaye Gonzales, qui se retrouva sur scène avec Douta Seck, il explique qu’il se souvient surtout d’un monsieur d’une extrême rigueur, qu’il s’imposait à lui comme aux autres d’ailleurs. Le comédien, dit-il encore, inspirait le respect et une sorte de crainte qui tétanisait parfois ses partenaires de jeu. Serigne Ndiaye Gonzales raconte d’ailleurs comment l’un d’entre eux, impressionné par «la forte personnalité» de Douta Seck, sera subitement pris d’un trac incontrôlable : le trou de mémoire, le grand vide, la réplique qui se perd en cours de route. Le comédien sera sans pitié, renvoyant le malheureux à sa copie. On le verra aussi avec la prestation théâtrale très documentée des élèves du lycée Aimé Césaire de Thiaroye, sur l’itinéraire de Douta Seck. Entre son état-civil et sa carrière, on nous dira qu’il entrait parfois dans des «colères noires», mais pas pour rien. Attentif au moindre détail, avec ce souci quasi obsessionnel de la perfection, le comédien était aussi « fin cuisinier ».
 
Avant de monter sur scène, raconte aussi Serigne Ndiaye Gonzales, Douta Seck n’avait pas vraiment de rituel bien à lui, même s’il lui arrivait de se laisser aller à quelques éclats de rire, lui qui aimait aussi jouer les humoristes. Sinon, il se contentait de s’isoler, histoire de pouvoir se retrouver avec lui-même.
 
Dans sa famille biologique, pas celle du théâtre, on s’est donné pour mission de «rendre pérenne sa mémoire d’homme de culture», mais apparemment pas à tout prix. Au cours de cette cérémonie d’hommage, un artiste prendra la parole pour dire que l’on devrait baptiser le Grand Théâtre National du nom de Douta Seck. Des propos qui laisseront Abdoulaye Seck plutôt «dubitatif». Le neveu de l’illustre comédien pense que cela ne rendrait pas vraiment justice à son oncle, ne serait-ce que parce que l’esprit du Grand Théâtre, qui ne serait que folklore selon lui, ne correspond pas du tout aux principes auxquels se raccrochait Douta Seck, presqu’avec ferveur.
 
Douta Seck, Abdoulaye de son vrai nom, est né le 4 août 1919, mais c’est la seule certitude. Retenons surtout que sa naissance a été officiellement déclarée à Saint-Louis où son père avait été affecté, même si, d’une version à l’autre, il aurait vu le jour à Kayes, à Nioro et peut-être même en Casamance.
 
Douta Seck a eu droit à quelques hommages de son vivant, avec l’implication du  Cours Sainte-Marie de Hann ou du Lycée Kennedy. En août 1991 au Sénégal, il sera fait Commandeur de l’Ordre National du Mérite, un mois après la France qui en juillet 1991 le décorait de l’Ordre du Mérite des Arts et des Lettres, et quelques mois seulement avant sa mort au mois de novembre de la même année. Cet hommage, près de 25 ans après la mort de Douta Seck, accuse un certain retard dira le comédien Serigne Ndiaye Gonzales qui pense que l’on aurait dû s’y prendre plus tôt. Même s’il ajoute aussi qu’«il n’est jamais trop tard pour bien faire».
 
L’EXPO OU LES IMAGES AU-DELA DES MOTS : Douta Seck, noir sur blanc
 
L’hommage à Douta Seck, c’est aussi cette exposition qui a trouvé refuge à la Maison de la Culture dont il est le parrain. L’essentiel de la collecte documentaire se résume à quelques coupures de journaux, quelques témoignages, et à une série de photos prises sur scène ou dans un cadre plus intime, mais que l’on a plus ou moins de mal à localiser parce que la plupart d’entre elles ne sont pas légendées.
 
Les articles de presse, eux, se souviennent surtout de certaines étapes de sa vie : « le retour définitif de Douta Seck » au Sénégal, « pour participer au développement de notre théâtre », dans un numéro du journal « Le Soleil » daté du 21 novembre 1972. On y évoque aussi sa participation au 1er Festival mondial des Arts nègres (FESMAN), mais surtout sa plus belle interprétation du Roi Christophe, un personnage qui avait fini par lui coller à la peau, du haut de cette « voix naturelle (…) «méthodiquement travaillée», et sur des accents graves qu’il tenait de son père disait-il. Le 7 novembre 1991, «le Soleil» faisait aussi ses adieux à «Christophe», décédé deux jours avant, après une première alerte qui ne l’avait pas inquiété outre mesure. « Si la mort vient, qu’elle vienne donc » disait-il avec l’air de la mettre au défi.
 
source: http://www.sudonline.sn/-pres-d-un-demi-siecle-plus-tard_a_24039.html